Riccardo

18 heures 30, quelques minutes avant le dîner d'Emma.

La voiture conduite par Camille s'arrête devant la maison de Monsieur Attal dans un crissement de pneus.

L'hiver prenant ses droits, le soleil se couche de plus en plus tôt. Il fait déjà nuit, pour mon plus grand bonheur. Je suis planqué derrière un amas de buissons, tout de noir vêtu. Je me fonds parfaitement dans la masse.

Gayle descend de la voiture, tenant contre elle son sac. Dès que je la vois, un sentiment d'urgence naît dans mon ventre. Je serre les poings en me mordant les lèvres avec force. Camille baisse la vitre côté conducteur, il y a Arya à côté d'elle.

– Tu es sûre que tu ne veux pas rester avec nous ? On pourrait regarder des films où des hommes se font tuer en maudissant Riccardo.

Je grimace, ce n'est pas vraiment le genre de chose que j'ai envie d'entendre. Mais je ne peux pas leur en vouloir, je me suis comporté comme un vrai con. Encore.

Je me rends soudain compte que quelque chose ne tourne pas rond chez Gayle. Comment a-t-elle pu accepter de m'épouser ? Ok, j'ai un sacré paquet et le visage de la gloire, mais tout de même, je m'étais attendu à tout sauf à un oui. Cette fille ne cessera jamais de me surprendre.

Après avoir pris la parole, après s'être penchée en avant pour être sûre que Gayle la voit, Arya continue :

– J'ai commandé sur Amazon une poupée grandeur nature, on pourrait lui mettre une perruque et lui dessiner de gros yeux pour lui jeter des fléchettes en imaginant que c'est Ricky.

Gayle baisse les yeux. Elle se sent coupable de ne pas leur avoir dit pour le mariage, mais inviter tout le monde à la chapelle aurait attiré l'attention. Elle secoue la tête.

– Non, ne t'inquiète pas.

Après avoir échangé quelques paroles, Camille redémarre. Gayle se retourne et se dirige vers la modeste maison construite sur deux étages et peinte en blanc. Je sors des buissons sans faire de bruit, les mains dans les poches, la capuche de mon pull ramenée sur ma tête.

Je cale mes pas aux siens pour ne pas me faire repérer. Elle porte un jean et un tee-shirt, un look basique, mais voir ses fesses moulées dans le tissu bouger au rythme de ses pas enflamme mes reins.

Tout doux dragon, on n'est pas là pour ça.

Gayle s'arrête pour introduire sa clé dans la serrure. Cette manœuvre prend beaucoup trop de temps, il faut que je change la serrure et installe un système de badge qui lui permettrait de rentrer plus vite.

Je fonds brusquement sur elle. Je pose une main sur sa bouche pour étouffer son cri et une autre sur son ventre. Je la soulève avant de la plaquer contre moi.

Elle se crispe d'abord avant de se débattre, mais ça ne dure que quelques secondes. Alors que je m'éloigne avec elle, Gayle prend une forte inspiration. Elle se calme soudain avant d'enfoncer ses dents dans ma paume. Je souris, je sais qu'elle m'a reconnu.

Je ne la lâche que quand on arrive à l'abri dans les buissons.

– Putain, j'en ai marre, grandis !

Je retiens le poing qui se dirige vers mon visage.

– Salut, ma petite serveuse.

– Va te faire voir, j'ai failli avoir une attaque. Qu'est-ce que tu fais là, et si on te voit ?

Je souris en l'attirant contre moi, elle pose les mains sur mes épaules en prenant appui pour enrouler ses jambes autour de ma taille.

– Je viens consommer mon mariage.

– Je crois que tu l'as assez consommé, tu as même traumatisé la pauvre dame qui a célébré la cérémonie.

Elle glisse les mains sous ma veste en cuir, puis sous mon tee-shirt. Je frissonne quand elle caresse la peau de mon dos. Gayle commence à me mordiller le cou.

Dès l'instant où elle nous a déclarés mari et femme et m'a donné l'ordre d'embrasser la mariée, j'ai pris Gayle dans mes bras pour obéir au meilleur ordre du monde. Sauf que j'étais tellement en manque d'elle que j'ai fini par la soulever, et nous sommes sortis de la chapelle sans cesser de dévorer sa bouche. On a pris un taxi. Heureusement que le chauffeur a remonté la vitre de séparation sans que je le lui demande. J'ai consommé mon mariage dans un taxi avant de continuer la soirée dans une maison qui se trouve à l'écart de la ville. Elle appartient à ma famille. J'avais peur que Père y soit, mais heureusement la résidence était vide.

Une chose est sûre, j'ai inauguré toutes les pièces de la maison. J'ai tellement baisé que j'en avais mal à la queue. Mais ce n'est jamais suffisant avec elle.

– Riccardo...

Elle gémit mon nom en se frottant contre moi.

– Un coup rapide ?

– Oublie, espèce de pervers. C'est ça que tu appelles être discret ?

– Ne t'inquiète pas. J'ai pensé à tout.

Je la soulève assez pour que ses seins soient juste devant mon visage. Je relève son tee-shirt en plissant les yeux.

– Vilaine fille...

Je marmonne, ravi de découvrir qu'elle n'a pas de soutif. Je presse ses seins avant d'attirer son téton dans la chaleur de ma bouche.

Je vois flou quand elle enfonce ses ongles dans la chair de mon dos.

– Plus fort, marque-moi. Montre à tout le monde à qui j'appartiens. J'ordonne en suçant l'autre téton.

– Pas maintenant, on n'a pas le temps pour ça.

Sa voix haletante me fait sourire.

– Ok. Je ne veux pas te faire oublier ce que tu dois faire.

Je la laisse descendre avant de me réajuster. Bordel, avec une trique pareille, c'est moi qui risque d'oublier ce que je dois faire. Je sors un sachet en plastique de mon sac.

– Mets ça dans le repas de ton père et d'Emma. Le type avec qui ta sœur sort est un homme de Dominguez. Il a pour but de les tenir en otage.

– Tu penses vraiment que c'est nécessaire de les endormir ?

– Oui, ton père est une personne sensée, si le type meurt, il va appeler la police et on n'a pas besoin de ça.

Elle hoche la tête en prenant la poudre.

– J'ai peur que ça tourne mal et qu'il les tue dès qu'il sentira le danger.

C'est un risque à prendre. Mais je ne lui dis pas, pour ne pas la stresser davantage.

– Contente-toi de mettre cette poudre dans les plats d'Emma et de Monsieur Attal, et veille à ce que l'homme s'installe près de la fenêtre. Je m'occupe du reste.

– D'accord, champion. Je dois y aller.

Je hoche gravement la tête après avoir vérifié ma montre. Gayle commence à s'éloigner et je ne sais pas pourquoi, mais j'ai soudain tellement peur que mes jambes se mettent à trembler.

Bon sang, j'ai l'impression que c'est la dernière fois que je la vois. C'est une peur irrationnelle, je ne permettrai pas que quoi que ce soit lui arrive.

– Hey, petite serveuse...

Je reconnais à peine ma propre voix. Elle regarde par-dessus son épaule et j'arrive à distinguer ses traits dans la pénombre.

– Oui ?

Rien, je voulais juste contempler ton visage pour me rendre compte à quel point je suis chanceux.

– Si tu meurs, je te tue.

– Je vais partir et te laisser réfléchir à la logique de ta phrase.

Elle sort des buissons, mais à peine quelques secondes plus tard, elle revient et se jette dans mes bras. Ma bouche est sur la sienne, et mes mains parcourent son dos. Elle s'attaque à ma braguette et j'en fais de même. Je bataille contre son pantalon sans cesser de l'embrasser. À chaque coup de langue, je me sens fort et vulnérable en même temps, c'est une sensation destabilisante qui me pousse à m'accrocher à elle comme un boat. J'ai envie de lui hurler de ne pas me quitter, de ne pas partir. De surtout ne pas mourir quand cette longue nuit sera terminée et que le soleil éclairera un jour nouveau. Quand tous nos ennemis seront exterminés, je la veux vivante et à moi. Je tire ses cheveux pour incliner sa tête sur le côté.

Quand ses jambes sont libres de leurs entraves, je la soulève, en écartant sa culotte sur le côté. Elle est humide et brûlante de désir pour moi. Elle se met à trembler quand je caresse sa chair sensible. Gayle agrippe mes cheveux, tirant si fort qu'elle m'arrache quelques mèches. Mais putain, qu'est-ce que c'est bon. Sans la quitter des yeux, j'entre lentement en elle, en me retenant de justesse de lui hurler à quel point je l'aime.

***

22 H 55

J'ai du mal à redescendre de mon orgasme. Mes épaules me brûlent à cause des griffures de Gayle. Cette façon presque désespérée qu'elle avait de murmurer mon nom à chaque assaut n'arrange pas les choses.

Même sans ouvrir la bouche, on partage la même angoisse. Mais il faut que je me concentre.

Quand Gayle sort de la maison, comme un automate, je comprends que les festivités ont commencé. J'ai mis son téléphone sur écoute, alors j'ai entendu la conversation avec Dominguez, mais la voir comme ça rend les choses beaucoup plus réelles. Elle marche droit devant elle, comme un robot, jusqu'à la voiture sombre qui est garée sur la route.

Un type sort de l'obscurité quand Gayle arrive près de la portière. Il se plaque contre elle en braquant une arme sur sa nuque.

Je reste calme, la main serrant de plus en plus mon flingue alors qu'il lui parle. De là où je suis, je ne peux pas entendre. Il commence à la fouiller, sûrement pour prendre ses armes. Gayle se laisse docilement faire. La fouille ne dure pas longtemps, mais voir les mains d'un autre homme se balader sur son corps, même de manière aérienne, m'énerve.

Elle place ses mains derrière son dos pour qu'il lui mette les menottes, puis elle entre dans la voiture.

Dès que le bolide s'éloigne, je retire le cran de sécurité et vise la main du type. Il pousse un hurlement en laissant tomber son arme. Je ne perds pas de temps et vise son genou, puis sa cuisse.

Je sors de ma cachette, le type, qui n'est autre que James, le garde du corps de Gayle, essaie de ramper pour récupérer son arme, mais je lui tire un autre coup à la hanche.

J'ai compris que c'était lui le traître quand Gayle m'a expliqué comment Franco a réussi à l'attirer chez lui. James était son garde du corps, il avait ordre de ne pas la lâcher d'une semelle, pourtant il n'a pas intervenu quand Franco l'a prise, ni quand Stella l'a torturée pour obtenir des informations. Ça ne veut dire qu'une seule chose : il a tout vu mais n'est pas intervenu parce qu'il était de mèche avec Franco et Dominguez. Ce que j'aimerais savoir à présent, c'est pourquoi Dominguez a tué Franco pour protéger Gayle et pourquoi il l'a sortie de la boîte.

– Surprise ! m'écrié-je en me penchant sur lui. Il essaie de s'éloigner, les yeux écarquillés, plantés dans les miens.

– Ricccardo ?

– Oui, ce n'est que moi, le bon vieux Riccardo, pas l'ange de la mort. J'ai horreur quand les gens sont surpris de me voir. Alors James, je t'ai payé pour protéger ma femme et toi, tu as mis sa vie en danger ?

– Je suis désolé, mais Dominguez me tient par les couilles.

– Épargne-moi les explications, je sais tout ce qu'il y a à savoir. Je veux juste que tu me dises pourquoi il tient tant à Gayle. Et qui est cette Éloïse dont il n'arrêtait pas de scander le nom dans la forêt.

James est blanc comme un linge, il tente de bouger, mais je lui tire une autre balle dans le bras. Il éructe en se laissant tomber sur le sol, roulant comme un maudit ver.

– Tu étais là ? Je penche la tête sur le côté.

– Tu me prends pour un idiot ? Tu penses que j'aurais mis Gayle dans cette boîte sans avoir une idée derrière la tête ?

Encore une fois, ma réputation de connard a joué en ma faveur. Dominguez sait que je ne pardonne jamais la trahison. Il savait que je ferais quelque chose à Gayle après ce que j'ai appris sur Franco, alors j'en ai profité. Le même soir, j'ai intercepté un appel entre lui et Rebecca où il disait à cette garce qu'elle pouvait désormais me faire confiance. Après ce dont il a été témoin, pas sûr que Gayle compte encore pour moi.

– Qu'est-ce qu'il lui veut et qui est Éloïse ? je répète en articulant pour lui faire comprendre de ne pas jouer avec ma patience.

– J'en sais rien. Il est obsédé par elle et s'est mis en tête de la protéger, mais je ne sais pas pourquoi. Et je ne sais pas qui est Éloïse.

J'ai un tic, décidément, il ne me sert à rien.

– Tu as de la chance que j'ai beaucoup de choses à faire cette nuit, sinon je t'aurais fait la misère.

– Riccardo, écoute-moi, je peux t'être utile. Dominguez est déterminé à voir Gayle morte et il...

Je lui tire une balle dans la tête avant de m'éloigner avec indifférence, en laissant son corps se vider de son sang. J'ouvre doucement la porte de la maison et traverse le jardin d'un pas déterminé.

De là où je suis, je vois l'intérieur.

Monsieur Attal et Emma ont déjà perdu connaissance, Gabriel, le type de la Sacra Corona Unita, parle au téléphone.

Je l'entends dire d'une voix paniquée qu'ils se sont évanouis et qu'il ne comprend rien. Je m'avance sans faire de bruit. Je pourrais faire irruption dans la maison, mais il a déjà dégainé. S'il se sent menacé, il pourra tirer sur eux, inconscients ou pas. Il faut que j'agisse calmement, j'ai promis à Gayle que son vieux ne serait pas mêlé à la purge de cette nuit, et je compte bien tenir parole.

Je m'arrête près de la fenêtre, en visant sa tête. Il est près de l'escalier et il bouge beaucoup. Je recommence plusieurs fois, en fermant un œil. Il est de profil, son appareil collé à son oreille. Je vise sa tête, la balle traverse sa main, explose le téléphone, et il s'effondre après avoir maculé le sol d'une tache rouge.

Bordel, je ne me lasserai jamais de cette sensation. La seule chose qui est mieux que l'adrénaline qui coule dans mes veines quand je tue, c'est l'adrénaline qui enflamme mes veines quand ma femme me prend en elle en gémissant mon nom.

Je pénètre dans la maison silencieusement, je n'ai pas de temps à perdre. La Sacra Corona Unita a brûlé plusieurs de nos clubs et ils se préparent à nous attaquer en masse, il faut que j'aille rejoindre les autres à la base. Je soulève le type et le sors de la maison. Je place ensuite son corps et celui de James dans la voiture avant de retourner dans la maison pour nettoyer le sang qui macule les murs et le parquet. Heureusement, ça n'a pas eu le temps d'atteindre la moquette. Je prend quelque objets pour faire passer Gabriel pour un cambrioleur.

À leur réveil, qui sera sûrement dans plusieurs heures, ils seront confus, et Emma aura le sentiment de s'être fait plaquer, mais au moins ils seront vivants.

***

– Mec, je viens de recevoir l'appel de Cassandre. Stella a réussi à s'enfuir. Elle a tué Bran et un autre de nos hommes.

Bordel, père ne va pas être ravi. Bran et lui, c'est un peu comme Luca et moi, ils sont inséparables depuis leur enfance. Comment vais-je lui dire ça ?

Luca, qui est venu me rejoindre, doit penser la même chose.

– Il n'est pas question que je lui annonce.

Il se braque, je hausse une épaule.

– Je lui dirai. De toute façon, lui, mieux que quiconque, sait que la mort fait partie du jeu. C'est notre lot quotidien dans la mafia.

– Comment ça s'est passé ?

Je le regarde avec mon orgueil habituel : comment ose-t-il me poser une question pareille ?

– Bien, James est mort et Gayle est allée rejoindre Dominguez.

Petit à petit, je vais défaire la toile qu'il a tissée autour de nous. Luca souffle en attirant son anneau labial entre ses dents. En général, quand il fait ça en ma présence, c'est que je l'agace.

– Tu penses que c'est une bonne idée de la laisser seule avec lui ?

Je souris en faisant craquer ma nuque.

– Gayle est la personne la plus imprévisible que je connaisse. Si j'étais toi, je m'inquiéterais pour Dominguez. Elle va s'en sortir.

Elle a intérêt à s'en sortir. Je refuse de réapprendre à vivre sans elle.

Et dès que j'en aurai fini avec ce soulèvement ridicule de la Sacra Corona Unita, j'irai la rejoindre.

Luca et moi prenons la petite ruelle qui mène au point. Le club est partiellement brûlé, mais ce qui nous intéresse, c'est d'aller au sous-sol où sont entreposées nos armes.

– On sait où est Stella ?

– Cass lui a montré la vidéo, alors elle se rend sûrement dans la résidence de son père où sont réunis tous les dignitaires de son organisation.

Avec un peu de chance, elle croira que nous nous y trouvons déjà et elle va rappeler tous ses hommes là-bas. L'enjeu, c'est d'éviter un affrontement dans la rue pour ne pas mêler la police à nos problèmes. Cette pimbêche a déjà créé le chaos en brûlant trois de nos clubs. Je lui tire mon chapeau, mais il est grand temps de mettre fin à sa rébellion. Que les médias, l'opinion publique et les flics s'en mêlent n'est jamais une bonne chose.

Ce maudit Dominguez... Je dois me retenir pour ne pas aller le rejoindre. Il a tout préparé avec une minutie qui force le respect : tuer Franco, faire porter le chapeau à Gayle et laisser la colère de Stella faire le reste, pendant que du haut de son trône, il nous regarde nous entretuer.

Luca tire la trappe et nous empruntons l'escalier qui mène au sous-sol. L'ascenseur n'est plus opérationnel, ce qui est dommage.

Plusieurs de nos hommes sont là, dont Bud et Dante qui sélectionnent des armes. Il y a aussi Pedro, qui s'occupe des nouvelles recrues un peu plus loin.

– Je suis un comptable, pas un combattant, se plaint Dante. Mon travail, c'est de gérer les comptes.

Je l'observe en plissant les yeux avant de prendre plusieurs couteaux que je mets dans la poche de mon pantalon cargo. Je prends ensuite un M16, le tout en souriant à Dante. Il se trouble d'ailleurs.

– Quoi ? Putain mec, tu es flippant quand tu fais ça.

Je m'avance en tapotant son épaule.

– Ne t'inquiète pas pour la Sacra Corona Unita, c'est moi qui vais te tuer. Je n'ai pas oublié que tu étais sur le lit de ma femme. Si je vois ta maudite tête blonde, je tire. Les accidents, ça arrive très vite sur le champ de bataille. Je t'ai vu courir dans ma direction, mais pensant que tu étais un ennemi, j'ai tiré. C'est ce que je dirai à ta mère.

Il grimace un sourire.

– Arrête de dire n'importe quoi, il me montre son oreille. On s'est fait attaquer et j'étais en état de choc, je dormais.

– Sur le mauvais lit. Je maintiens en bouclant mon holster.

Je vérifie ensuite que mes neuf millimètres calibres 22 et 16 ont assez de munitions avant d'y mettre des silencieux.

– Pense ce que tu veux, mais je n'arrêterai pas de voir Gayle parce que tu es un connard possessif. Je tiens à notre amitié.

Je penche la tête vers le bas en souriant, tout en ramassant le Smith et Wesson.

– Un malheur, un accident... et Dante n'est plus...

– Les mecs, vous croyez qu'une queue de cheval ça m'ira ? questionne Bud.

Pedro, qui est de la vieille école, lui lance un regard plein de jugement, ce qui fait rire Luca. Bud adore jouer les idiots pour détendre l'atmosphère, mais c'est un combattant redoutable, et tous ceux qui l'ont sous-estimé l'ont toujours regretté.

– Riccardo.

Dante et moi nous tournons en direction de la voix qui vient de m'interpeller. Rebecca se tient fièrement devant l'entrée de l'armurerie.

– Je m'occupe de toi plus tard, j'intime à mon cousin en commençant à m'éloigner, mais il me retient de sa main gantée.

– Je sais que je suis très mal placé pour dire ça, mais si tu fais du mal à Gayle, c'est moi qui te tuerai.

– En effet, tu es très mal placé.

– Riccardo, elle t'aime, bien que ça me dépasse. Ne lui fais pas ça.

Je m'éloigne de lui. C'est malin, maintenant c'est moi qui me sens coupable de ne pas leur avoir dit, à lui et à Bud, que je me suis marié.

Je saisis Rebecca par le bras et on s'éloigne en direction des toilettes.

– Je sais que c'est risqué ce soir, mais je voulais te voir.

– Pourquoi ? je questionne avec détachement en pénétrant dans les chiottes.

Rebecca a le genre de gloussement qui me donne la migraine.

Je garde une mine impassible, alors qu'elle entortille une mèche de ses longs cheveux sombres autour de son doigt avec un sourire aguicheur.

– Je voulais te voir. J'ai fait absolument tout ce que tu m'as demandé, je suppose que je mérite une récompense.

Je lui fais mon sourire le plus charmant. Une rougeur teinte ses joues.

Une récompense... Je peux compter sur les doigts de la main les gens qui font quelque chose pour moi sans rien attendre en retour.

– Qu'est-ce que tu veux comme récompense ?

Elle rejette ses épaules en arrière pour mettre en valeur son décolleté très plongeant.

– C'est toi que je veux. Tu m'as promis qu'on coucherait ensemble si je réussissais à mettre Tomma hors d'état de nuire. J'ai tenu parole. À toi maintenant.

Tomma... Bien plus que les remarques de Gayle, c'est cette familiarité qui m'a mis la puce à l'oreille. Rebecca a bien voulu me faire croire qu'elle était terrorisée par lui, mais ça ne collait pas. On ne donne pas de surnoms affectueux à quelqu'un qu'on déteste.

Plusieurs fois, Tommaso est venu la voir, et ils couchaient ensemble. Il l'a tellement bien dressée qu'elle faisait tout ce qu'il lui ordonnerait sans la moindre hésitation. Réussir à briser son emprise sur son cerveau a été un vrai challenge.

– Viens plus près.

Je sors mon arme, mais elle est tellement obnubilée par mon visage qu'elle ne le remarque pas. Je soulève Rebecca et la place sur le lavabo. J'écarte ses jambes et me glisse entre elles.

Je la laisse faire quand elle enroule ses jambes autour de ma taille, je la laisse également faire quand elle place ses bras autour de mes épaules.

– Te sentir comme ça contre moi m'a manqué.

J'aspire ma lèvre entre mes dents en penchant la tête sur le côté.

– Vraiment ?

– Oui, comment peux-tu en douter ? Touche-moi pour vérifier.

Je me penche pour murmurer contre son oreille.

– J'y compte bien.

Rebecca frissonne, ma main gantée se pose sur sa cuisse, puis je remonte en écartant le tissu de sa robe rouge. Je souris en découvrant qu'elle n'a pas de sous-vêtements.

– Je voulais être prête pour toi.

– Tu es mouillée ?

Elle hoche la tête, en se mordant la lèvre inférieure avant d'ajouter :

– Moi, je te suis loyale, pas comme cette Gayle. Elle t'a menti et trahi. Mais moi, je suis toujours la même.

Je ne sais pas lequel entre Rebecca et Tommaso est le plus obsédé par Gayle. L'obsession de la première m'agace, celle du second m'effraie. Je n'ai jamais eu peur de personne, ni de rien. Mais je sais mieux que quiconque ce qu'un esprit malade peut imaginer comme horreurs.

Tommaso souffre de psychose religieuse, il entend des voix. Il a toujours été persuadé de parler à une divinité dont lui seul connaît l'existence. Et il fait absolument tout ce que cette divinité lui ordonne.

– Écarte les jambes, Rebecca.

Elle obéit avec enthousiasme, levant la jambe plus haut. De mon arme, je trace une ligne jusqu'à son entrejambe ; elle est en effet humide, ce qui facilite les choses. Sans la quitter des yeux, j'introduis doucement le canon en elle, d'abord lentement, puis avec plus de force. Elle gémit longuement, fermant les yeux, la tête légèrement rejetée en arrière.

– Quand la Sacra Corona Unita sera exterminée, on se mariera, pas vrai ? Mon père y tient, et tu sais qu'il n'est plus tout jeune.

Je retire le canon lubrifié avant de l'enfoncer à nouveau.

– Je ne pense pas que c'est le moment idéal pour parler de ton paternel.

Elle éclate de rire, ses yeux brillants de désir.

– Ne sois pas si prude. Mais on va le faire, n'est-ce pas ? Je sais que tu tiens à moi, sinon pourquoi aurais-tu passé plus d'un an à me chercher ?

Je plisse les yeux. Elle croit vraiment que c'est à cause de sentiments amoureux ? Mon premier mariage avec Rebecca était une énorme erreur, imposée par mon père, qui voulait maintenir de bonnes relations avec le sien.

– L'amour n'a jamais fait partie de l'équation, Rebecca. Je t'ai recherchée parce que mon ego avait pris un sacré coup. Je suis Riccardo Gaviera. Mon nom doit inspirer la crainte. Si quelqu'un peut se permettre de kidnapper mon ex-femme et s'en sortir, dis-moi, pourquoi les autres me craindraient-ils ?

Elle oscille les hanches, voulant que je bouge. Je lui donne ce qu'elle veut, mais quand elle tente de m'embrasser, je me dérobe.

– Tu sais que je n'embrasse pas. Mais dis-moi, Rebecca, depuis quand nous espionnes-tu pour le compte de Tommaso ?

Elle sursaute légèrement, comme si elle ne s'attendait pas à cette question. Ses yeux, noyés de désir, s'écarquillent un peu.

– Je n'ai jamais...

– Chut... Je te conseille de ne pas me mentir.

J'incline l'arme, changeant d'angle pour la pénétrer.

– Je n'avais pas le choix, Tomma... il a joué avec ma tête.

– C'est lui qui t'a ordonné de mentir à Gayle ?

– Je n'ai jamais menti à Gayle, c'est elle la manipulatrice. Elle joue les gentilles quand tu es là, mais c'est un vrai monstre.

Je souris. Gayle n'a jamais joué les gentilles en ma présence : elle est passée de me lancer un verre d'eau au visage à me poignarder, sans oublier la fois où elle m'a percuté avec la voiture.

– Tu lui as dit que tu venais en prison pour des visites conjugales. As-tu la moindre idée de ce que ce mensonge a provoqué ? Tu lui as fait très, très mal.

– C'est faux, je ne lui ai jamais dit ça. Je l'ai juste remerciée de m'avoir sauvée de la maison de Tomma. Pourquoi tu n'arrêtes pas de me parler d'elle ? Je croyais que tu ne la supportais plus.

– Et tu m'as cru ? Rebecca, je préfère voir le monde se faire engloutir par les eaux que de perdre Gayle. Et toi, tu lui as fait du mal avec tes mensonges alors que j'avais déjà beaucoup de choses à me reprocher.

Je ne sais pas ce que Rebecca voit sur mon visage, mais elle tremble et tente de s'éloigner. J'empoigne ses cheveux pour la maintenir en place et j'enfonce l'arme en elle jusqu'à ce que le canon disparaisse complètement.

– Alors, ces dernières semaines... tu m'as manipulé pour que je piège Tomma ? Elle m'accuse, sa voix remplie de colère.

Je ne repond pas. Decontenancé elle poursuit d'une voix voilée par la peur.

– Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? Tu ne peux pas me tuer, mon père est très important dans l'organisation.

– Tu as raison, si je te tue, ton père ira se plaindre chez le mien.

Je retire doucement l'arme jusqu'à ce que la bouche du canon effleure ses petites lèvres, puis je l'enfonce brusquement tout en appuyant sur la gâchette. Rebecca tressaille sur le lavabo, comme si la force de l'impact cherchait à soulever son corps, les yeux exorbités, la bouche légèrement ouverte.

– Mais mort, ton père ne pourra pas se plaindre.

Je termine en tirant une nouvelle rafale. Ses mains, posées sur mes épaules, perdent de leur force, et elle s'affaisse contre le miroir.

Je m'éloigne pour laver mes mains protégées par mes gants en cuir, puis j'essuie l'eau avec une serviette.

En sortant de la salle de bain, je jette un dernier regard à Rebecca. La tête contre le miroir, la bouche et les yeux grands ouverts, les mains le long du corps. Elle a les jambes écartées, exposant son entrejambe d'où dépasse le manche de mon arme, un filet de sang s'en échappe, maculant le sol blanc des toilettes.

Je fais craquer ma nuque avant de m'éloigner.

Les autres sont prêts pour l'offensive. J'envoie un message à Camille, qui est chargée de surveiller la résidence du chef de la Sacra Corona Unita, pour lui demander si tout le monde est encore là. Elle me répond que oui, mais que Stella a dépêché ses hommes pour les protéger. Parfait, ils sont exactement où on les voulait.

Au début, je pensais que le plan de Luca n'allait pas fonctionner. Pourquoi foncerait-elle tête baissée dans une maison, alors qu'il est fort probable que ce soit un piège ? Mais cette Stella, aussi intelligente soit-elle, laisse son impatience lui faire prendre de mauvaises décisions.

– Mesdames et messieurs, place à la purge. S'ecrie Bud en souppessant son kalashnikov.

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