Riccardo
– Gayle, putain attends. Ce n'est pas ce que tu crois.
Merde, avec tout ce que j'ai à me reprocher, comment vais-je lui expliquer ça ?
Elle m'a embrassé exactement au moment où tu es entrée ?
Je me laisse glisser sur la rampe d'escalier et réussis à la rattraper. Je la plaque contre le mur en reprenant mon souffle, il faut que j'arrête de fumer.
– Écoute-moi, putain. Le baiser n'a duré que quelques secondes.
Putain, elle va me démolir ! Gayle écarquille les yeux et me repousse, la seconde d'après une gifle claque violemment contre ma joue, mais je n'ai pas le temps de reprendre mes esprits qu'elle enfonce son genou dans mes couilles.
Putain. Je me plie en deux, en proie à une douleur indescriptible. J'aurais peut-être dû penser à protéger mes bijoux de famille avant de venir voir cette folle. Encore une fois, elle s'échappe, mais j'attends de reprendre mon souffle avant de la poursuivre.
– Riccardo, ça va ? Rebecca dévale les marches, la mine inquiète. Je me contente de hocher la tête, j’ai du mal à respirer, Gayle m’a sûrement explosé les boules.
– Riccardo, qu'est-ce que tu as encore fait ?
Pitié, pas maintenant.
– Ce n'est pas le moment, Camille. Je parcours la pièce du regard, elle est encore introuvable, elle a un putain de don d'invisibilité ou quoi ?
– Gayle est partie en courant, que lui as-tu fait ?
– Elle m'a vu embrasser Rebecca.
– Tu as quoi ?
– Putain, gueule moins fort. Je la contourne et me dirige vers la sortie, juste à temps pour voir Gayle pénétrer dans la Bentley.
– Gayle, attends putain ! Je m'acharne sur la portière en lui hurlant d'ouvrir. Mais elle ne m'accorde pas un putain de regard, elle attache sa ceinture avant de glisser la clé dans le contact et de démarrer. Merde, non elle ne va pas m'échapper comme ça.
Elle manœuvre pour sortir du parking, j'en profite pour me mettre devant sa bagnole les bras écartés comme un pauvre débile.
– Descends de cette voiture tout de suite, putain je peux tout t’expliquer ! Elle plisse les yeux, nullement impressionnée, il y a un avertissement dans son regard, mais je l'ignore. Je ne vais pas la laisser partir. Il y a des hommes adultes qui se pissent dessus devant moi et cette fille...
– Il faut que tu m'écoutes, il ne s'est absolument rien passé. Le type de la moto, celui à qui j'ai piqué la place, est toujours là, d'ailleurs il me regarde en souriant comme s'il assistait à un foutu film, adossé à sa bécane, il n'a pas de vie ou quoi ?
Les rétroviseurs de la Bentley éclairent la rue, Gayle les mains sur le volant m'observe avec toute la colère du monde. Merde elle ne va pas faire ça, pourtant si, elle démarre et fonce droit sur moi. La voiture me percute puis je roule sur le côté, cette grosse folle en profite pour accélérer et s'éloigner. Elle fonce tout droit sur ma bagnole qu’elle percute de plein fouet.
– Bordel, mais tu dois te faire soigner. Je hurle toujours au sol. Les femmes ne sont pas censées être douces et aimantes ? C’est quoi ce tyrannosaure.
Je reste couché sur le béton ahuri avant de me mettre à rire. Putain, survivre cinq mois en prison pour se faire tuer par la fille dont je suis dingue.
Je me redresse pour foncer en direction de ma voiture, enfin de ce qu’il en reste. Le motard fait mine de regarder son téléphone en riant. Je plisse des yeux et lui envoie mon poing dans la figure avant de me diriger vers le SUV. J'ai un pied dans la voiture quand je suis interpellé par Rebecca, elle est accompagnée de Camille.
– Riccardo, attends.
Oh merde, je suis maudit ou quoi ?
– Rebecca, je ne sais pas si ça se voit mais je n'ai pas le temps là.
– Elle t'a roulé dessus, tu ne devrais pas aller la retrouver.
– J'irai la retrouver même si elle m'avait brûler.
Une émotion que je ne comprends pas passe dans ses yeux.
– Pourquoi ?
– Parce que c’est Gayle.
– Moi, je trouve qu'elle a été sympa. À sa place, je t'aurais tiré dessus. Je fais un doigt d'honneur à Camille.
– Je viens avec toi, déclare Rebecca d'un ton ferme. Putain, si je la vois encore, je vais lui foutre une balle entre les deux yeux elle m'a foutu dans le merde avec son baiser à la con.
– Non !
– Mais je suis venue avec toi.
– Camille va te ramener.
– Mais jamais de la vie. Je m'installe derrière le volant et claque la portière. J'ai perdu beaucoup trop de temps à cause d'elles.
Quand je m'engage sur l'autoroute, j'ai beau chercher comme un demeuré, la Bentley n'est nulle part.
Putain, c'est comme si elle s'était volatilisée.
***
Après plus d'une heure à sillonner les rues à sa recherche, j'ai enfin eu la bonne idée de contacter les gardes du corps que j'avais moi-même embauchés et dont j'avais complètement oublié la présence. James m'a alors calmement dit que Gayle était rentrée à la maison. J'ai senti la colère monter en moi comme la flèche d'un thermomètre quand on a de la fièvre. Je suis allé chez elle, au restaurant d'Ellen, j’ai sillonné tous les coins de cette fichue île pour rien. Je claque la portière de la SUV et remonte l'allée qui mène à la maison. Medusa se trouve en haut des marches ; dès qu'elle me repère, elle les dévale et vient à ma rencontre.
– Salut mon cœur. Je m'accroupis pour la caresser. Alors, Gayle a bien prise soin de toi ?
La femelle et l'humaine ne se sont jamais entendues, j'espère que les choses ont changé depuis cinq mois. Au moins, ma fidèle compagne n'a pas été transformée en manteau de fourrure. Accompagné du léopard, je pénètre dans la maison. Tout est calme dans le hall d'entrée.
– Ne fais pas un pas de plus, Riccardo Gaviera !
Je m'arrête net. Gayle est près de l'escalier, toujours vêtue de ses vêtements de soirée et de ses cuissardes. Depuis la dernière fois, ses cheveux bouclés ont poussé ; ils lui arrivent au milieu du dos et encadrent son visage à l'ovale parfait. Elle m'observe, les yeux plissés, une carabine pointée dans ma direction.
En un sens, cette petite femme au comportement explosif a pris beaucoup trop de pouvoir. Elle utilise mes armes, dort dans ma chambre, conduit mes bagnoles. Et putain, j'adore ça. Un énorme sourire éclaire mon visage, qu'est-ce qu'elle m'a manqué bordel !
– Tu te paies ma tête en plus ? La trajectoire du canon change, jusqu'à se poser sur mon entrejambe. Mon sourire disparaît aussitôt. J'aurais dû garder mes flingues à double tour avant de partir.
– Tu as cinq minutes pour me dire pourquoi tu as disparu sans explication.
Si je lui donne mes raisons, elle va me zigouiller c'est sûr. Même moi, je sais que j'ai complètement merdé, et avoir embrassé Rebecca n'arrangera certainement pas mon cas.
– On pourra en discuter comme des gens normaux, autour d'une tasse de thé de préférence. Non, j'ai mieux : tu vas me masser les pieds et je vais tout t'expliquer.
Je regrette automatiquement ma blague.
Elle arme la carabine avant de tirer. La balle passe entre mes deux jambes et se plante dans le mur derrière moi. Putain, je crois que je l'ai un peu trop bien formée.
– Mais tu dois te faire soigner, putain.
– Comment oses-tu ! Le deuxième coup de feu aurait explosé ma cervelle si je ne m'étais pas baissé.
Fini la rigolade. Je sors mes deux flingues et mon couteau que je lance dans sa direction. Gayle bascule sur le côté pour éviter le canif qui part se ficher dans un pot de fleurs.
– C’est tout ce que tu sais faire, la pieuvre de l’ombre, mon œil.
Elle me sourit de manière narquoise avant de se précipiter vers l'escalier.
– Oh non, tu ne vas pas m'échapper !
J'admire l'arrondi de ses fesses moulées dans la jupe en cuir alors qu'elle monte les marches, elle prend ensuite à gauche, là où se trouvent les deux chambres d'invités, mon bureau que je n'utilise jamais et la bibliothèque. Elle n'a nulle part où se cacher, je connais cette maison comme ma poche.
– Petite furie, je sais où tu te caches. Viens un peu par ici et montre-moi tes progrès.
Je souris, elle ne cesse jamais de me défier. Pour quelqu'un comme moi, habitué à ce que les gens fassent exactement ce que je veux par crainte des représailles, c'est déstabilisant. Et divertissant. J'ouvre la première porte avec patience en sifflotant, parce que je sais qu'elle m'entend. Elle est vide, plongée dans le noir.
J'ouvre la seconde. Je sais parfaitement où elle est, la bibliothèque est la seule pièce équipée pour qu'elle puisse se cacher. Mais je veux faire durer les choses, l'angoisser le plus possible. J'ouvre la porte du bureau avec fracas.
– Je te croyais plus courageuse que ça. Tu t'enfuis quand les choses tournent à ton désavantage, tu me déçois beaucoup.
– Tu parles de toi là, je suis toujours restée !
D'un coup de pied, j'ouvre la porte de la bibliothèque. C'est une pièce horrible qui a appartenu au conseiller qui a précédé le père de Dante. J'aurais voulu me débarrasser de tous ses bouquins mais père tient à ce qu'ils restent où ils sont, comme la maison où vit mon frère ; celle-ci est dans ma famille depuis des générations.
Un livre vole à travers la pièce, sans réfléchir, je tire sur le bouquin. Gayle sort derrière une étagère, les yeux écarquillés.
– Tu es malade, tu viens d'abîmer un volume plus vieux que toi.
– Pose cette arme, Princesse, toi et moi savons que tu ne vas pas l'utiliser.
– Je te conseille de ne pas me défier, je suis très en colère.
– Et moi, j'ai très envie de toi. Cinq mois, c'est long. Ton corps m'a manqué.
Ses yeux se troublent. Je suis dans la provocation, mais si j'étais honnête, ce n'est pas seulement son corps qui m'a manqué. Oui, j'ai envie d'elle. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis masturbé en pensant à Gayle. Mais ce n'est pas qu'une question de sexe, tout en elle m'a manqué.
Je fronce les sourcils quand elle laisse tomber la carabine. Elle me sourit, puis se mordille la lèvre inférieure avant de l'aspirer entre ses dents. J'ai l'impression de recevoir un coup de poing au ventre. Je serre plus fort mes armes, les muscles bandés. Gayle tire sur le bas de son pull, et elle le retire d'un mouvement rapide, elle glisse les mains dans ses cheveux pour les discipliner dans un mouvement à la fois innocent et sensuel dont elle ne se rend peut-être même pas compte. Je sens mon sexe gonfler et se presser de plus en plus sous la ceinture de mon pantalon. Mes yeux se baissent sur ses seins, moulés dans le soutien-gorge en dentelle blanche. Putain, les tétons sont durs comme s'ils n'attendaient que mes caresses.
– Ce corps t'a manqué ? Elle se dirige vers moi, seulement vêtue d'une jupe en cuir, des cuissardes, ses seins généreux prisonniers de la dentelle montent et descendent au rythme de sa respiration. J'enfonce ma lèvre entre mes dents alors que je sens mes yeux se dilater. Je dévore sa taille fine et ses hanches du regard avant de m'attarder sur le piercing sombre qu'elle a sur le nombril.
– Moi aussi, tu m'as manqué, dit Gayle d'une voix caressante. Je me suis senti très seul dans ton énorme lit, encore plus seul quand j'ai dû me donner du plaisir en pensant à toi.
Bon sang, l'image de Gayle se caressant sur mon lit envahit mon esprit en même temps qu'un besoin impérieux me submerge. J'avale difficilement ma salive quand elle s'arrête devant moi, son odeur délicate envahit tout l'espace. Ses mains se posent sur mes poignets en une caresse innocente qui me donne pourtant l'impression de recevoir un torrent sur le corps, elle s'empare de mes armes avant de sourire.
– Leçon numéro deux : déstabiliser l'ennemi en usant de tes charmes. Tu vois que j'ai fait des progrès.
Un flingue est pointé sur ma gorge et l'autre sur mon entrejambe. Je suis con, putain. Je bande pour une meuf qui veut ma peau.
– Maintenant, dis-moi ce que je veux savoir.
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