Gayle

Mes paupières s'abaissent, et une seule pensée me traverse l'esprit : je suis dans la merde, et pas qu'un peu.

Mon cœur bat trop vite, et ce n'est pas à cause d'Orazio, dont je me suis débarrassée il y a moins de vingt minutes. J'ai passé la journée à le provoquer, mais je ne suis pas sûre maintenant de pouvoir supporter ce que ses yeux ténébreux me promettent.

– Il n'est pas question que tu me touches, pas avec cette tache sur ta chemise.

Son sourire s'agrandit. Il s'avance vers moi à petits pas tout en déboutonnant sa chemise. Il s'en débarrasse d'un coup sec et la jette à travers la chambre. Mon corps se contracte d'anticipation à la vue de son torse massif couvert de tatouages.

– Tu as testé mes limites, à moi de tester les tiennes. Et crois-moi, princesse, j'ai beaucoup de choses à te faire payer.

Merde, merde, merde ! Il y a moyen que je m'enfuie par la fenêtre ou suis-je prise au piège ?

C'est maintenant que je dois dire quelque chose, genre "non" ? Mais comment dire ce mot alors que mes jambes me portent à peine tant je tremble d'un désir trop longtemps contenu ?

Riccardo s'arrête à quelques mètres de moi, je dois lever la tête désormais pour croiser son regard brillant.

– Tourne-toi !

Sa voix veloutée caresse ma peau, et ce ne sont plus mes jambes qui tremblent, mais tout mon être. J'assiste sans aucune honte à la reddition de mon propre corps. Je me tourne conformément à son ordre. Devant moi, il y a un petit bureau en bois sombre. C'est maintenant que je remarque le grand lit et les murs couleur chair recouverts de posters de Scarface, de Taxi Driver, d'armes à feu et même un poster grandeur nature de plusieurs voiture. Mais l'élément le plus important, et le plus déstabilisant dans la position où je me trouve, c'est le grand miroir qui nous fait face et qui me renvoie mon reflet et celui du démon derrière moi.

– On peut négocier.

Je tente, parce que je ne sais pas ce qu'il me réserve. Ma peur de cet inconnu bataille avec le désir de mon corps, qui lui fait entièrement confiance et qui veut succomber.

Riccardo, pour toute réponse, claque la langue contre son palais.

– Je prends ça pour un non ?

Il tire sur l'élastique qui retient mes cheveux avant de prendre son temps pour retirer toutes les épingles. À mesure qu'elles tombent sur le sol, je sens ma résistance et ma lucidité quitter la pièce. Soudain, sa lenteur me rend folle. Je veux qu'il me touche, qu'il me touche vraiment, mais il cherche les épingles dans mes cheveux comme s'il avait hérité de la rapidité d'un escargot. La pression de ses doigts sur mon cuir chevelu est exaltante.

Son autre main survole la peau de mon dos, de mes hanches, de ma taille. Il me touche sans jamais s'arrêter nulle part, et mon pouls commence à battre plus fort. Une tension prend possession de mon ventre, de moins en moins supportable.

– Ric...

– Chut. Il embrasse mon oreille avant de murmurer :

– Tu n'es pas en position de négocier. Pose ton genou sur le bureau.

Nos regards se croisent dans le miroir, et le sien me fait comprendre que c'était un ordre auquel je suis tenue d'obéir. Que se passera-t-il si je lui résiste, si je le provoque ?

Seigneur Gayle, pourquoi ne retiens-tu jamais les leçons ? Tu es dans cette situation parce que tu n'as pas arrêté de le provoquer.

Je prends une profonde inspiration et je pose mon genou sur le bureau. Il est légèrement froid, et le contraste avec mon corps brûlant est saisissant.

Riccardo s'avance encore. Je gémis quand son torse brûlant entre en contact avec mon dos. Il oscille des hanches contre mes fesses.

– Dis-moi que tu mouilles autant que je suis dur.

Je secoue la tête. Comme chaque fois que je suis prise par le désir, j'ai du mal à garder mes paupières ouvertes.

– Je n'ai aucune raison de mouiller.

Il a un rire diablement sexy qui me pousse à me plaquer contre son torse.

– Menteuse.

Je vais y rester. Non, pire, je vais avoir une avalanche d'orgasmes juste à cause de sa voix.

Sa main se pose sur ma cuisse, qu'il écarte légèrement. Le tissu de cette robe étant extrêmement fin, je ne porte pas de sous-vêtements, ce qui lui donne plus de liberté. Riccardo remonte lentement le long de ma cuisse. Il n'a même pas atteint mon intimité qu'il recueille déjà ma mouille qui dégouline le long de ma cuisse. Il prend une brusque inspiration, et la force du juron qu'il laisse échapper fait battre mon pouls beaucoup trop vite.

– C'est le fait de me provoquer qui te met dans cet état ?

Je hoche la tête en gémissant. À quoi bon nier ?

Ses doigts glissent le long de ma fente, il me pénètre brusquement de deux doigts. J'expulse tout l'air contenu dans mes poumons, ma tête bascule en arrière, et j'ai l'impression de me faire lécher par les flammes ardentes d'un volcan tant la sensation est délicieuse. Mes replis intimes enserrent convulsivement ses doigts. Riccardo s'enfonce plus profondément en moi.

– Putain non, princesse, je t'interdis de fermer les yeux, grogna-t-il d'une voix éraillée. Je veux que tu me regardes avec la même effronterie que quand tu me caressais sous la table. Je veux que tu mettes dans ton regard la même détermination que quand tu m'envoyais des messages.

Merde, mais de quoi il parle ? Je ne me rappelle pas avoir fait tout ça !

Toute ma vie se résume désormais à ses caresses osées. Je le regarde à travers le miroir, notre image enflamme mon visage, me troublant encore plus. Je regarde sa grande main qui recouvre ma chatte et ses doigts qui bougent inlassablement en moi. Je me mords la lèvre, des larmes de plaisir commencent à perler sur mes paupières et si ça continue comme ça, je ne pourrai rien faire pour les empêcher de dévaler sur mes joues.

– Dis-moi ce que tu ressens... Il ordonne en recourbant un doigt. Je convulse, mes hanches bougent instinctivement pour aller à la rencontre de la délivrance, je suis tellement proche...

– C'est divin. Ses dents se plantent dans la chair de mon épaule. Il retire brusquement ses doigts, me laissant haletante, ma poitrine se soulève. Je le regarde à travers le miroir avec une accusation dans les yeux.

– Et maintenant, qu'est-ce que tu ressens ? J'essaie d'aligner mes pensées pour lui répondre, sa main revient à la charge. Cette fois, il ne me pénètre pas, il fait rouler mon clitoris avant de le pincer. Mes mains perdent de leur force, et je manque de basculer vers l'avant. Mais Riccardo, qui avait sûrement anticipé la réaction de mon corps, me retient d'un bras enroulé autour de mon bassin. Sa main continue de besogner mon bourgeon gorgé de plaisir.

– Tu n'arrives plus à t'exprimer ? Je vais te le dire. Il arrête de me toucher pour glisser les mains dans ses poches avec désinvolture, comme si la frustration n'était pas en train de me tuer. Il le fait exprès, il m'empêche délibérément de jouir !

– Tu es tenaillée par le besoin, la frustration lèche petit à petit chaque parcelle de ton magnifique corps, pas vrai ?

Je secoue légèrement la tête, juste pour le provoquer, mais il a raison, putain. Je le veux tellement que j'en ai mal.

– Je ne sais pas de quoi tu parles, je suis détendue.

– Ma beauté à la peau caramel, aussi belle que bornée. Ce que raconte ta bouche n'a aucune importance, ton corps, lui, ne me mentira jamais.

Il revient à la charge. Écartant le tissu de ma robe pour exposer mon intimité à la vue du miroir. J'ai toujours la jambe gauche repliée et le genou posé sur le bureau, les mains à plat sur celui-ci également.

– Regarde le miroir ! J'obtempère à son ordre pour le regarder, lui, torse nu, luisant d'une légère couche de sueur qui rend ses tatouages encore plus sombres qu'ils ne le sont déjà, dans son pantalon noir qui ne cache rien de son désir. Mon regard remonte sur son visage, ses grands yeux luisants et ses cheveux en bataille. Il se dégage de chaque parcelle de sa peau une énergie mâle, virile qui est en train de me consumer.

– Dis-moi ce que tu vois.

– Un homme dont l'énergie me happe. Il embrasse encore une fois mon épaule avec cette douceur qu'il ne semble réserver qu'à moi. Sa grande main enveloppe entièrement mon ventre, et il descend caressant mon clitoris avant de jouer avec l'ouverture de mon sexe. Je suis tellement humide que je vois à travers le miroir ses doigts s'imprégner de cette humidité.

Ils se font aspirer par mon intimité avide, je le sens me remplir, mais ce n'est pas suffisant. Ce vide semble impossible à combler, et ce n'est pas simplement physique, c'est beaucoup plus profond. Je gémis quand une série de spasmes me secoue, mais Riccardo attend ce moment pour déserter mon intimité. Je souffle de frustration, il cherche à tester mes limites, comme je n'ai pas arrêté de le faire avec les siennes depuis sa sortie de prison. À ce jeu-là, il se révèle bien plus doué que moi.

– Non, je vois la plus belle femme du monde avec une chatte avide qui aspire mes doigts. Je te sens, chaude et mouillée, au bord de l'explosion, mais tu en veux plus, pas vrai ?

Je secoue la tête, le défiant du regard. Il retire entièrement ses doigts, titille mon clitoris avant de revenir en moi avec cette même brusquerie qui déclenche un feu d'artifice dans mon ventre. Bordel, j'en peux plus, c'est trop bon, et je veux plus, mais il ne va jamais me donner ce que je veux tant qu'il n'aura pas ma reddition.

Je manque de hurler quand il arrête de me caresser pour s'éloigner.

– Ne bouge pas, Princesse.

Je fais ce qu'il me demande. J'ai l'impression d'être de la pâte à modeler qu'il façonne selon ses désirs. Riccardo, d'une démarche féline, traverse la pièce et saisit un fauteuil qu'il tire jusqu'au bureau, juste derrière moi.

– Tourne-toi.

– Tu vas me tourmenter longtemps ?

– Jusqu'à ce que tu craques et que tu prononces les mots magiques.

Et c'est quoi, ces putains de mots magiques ? Riccardo s'installe sur le fauteuil. On se regarde ainsi dans un silence entrecoupé par les battements de nos cœurs et nos souffles erratiques.

– Installe-toi sur le bureau, obéis ! ajoute-t-il quand je suis sur le point de lui dire quelque chose.

Je souffle et me laisse aller sur le bureau. Désormais, le miroir est derrière moi, mais quelle importance quand les yeux de l'homme que j'aime me donnent l'impression que je peux y voir mon âme se refléter ?

– Donne-moi tes jambes.

Merde, quelqu'un a déjà eu un orgasme à cause d'une voix, ou vais-je être la seule ? J'écarte ma robe qui commence sérieusement à me taper sur le système, et je lui donne mes pieds qu'il embrasse amoureusement avant de les jeter sur ses épaules.

– Skin.

J'écarquille les yeux, il veut que je reprenne la même position que le soir où j'ai dansé pour lui au club. Du moins, c'est ce que je comprends quand il me donne le titre de cette chanson. Je m'approche assez du bord du bureau, il me saisit par les hanches sans effort apparent. Je m'accroche à ses larges épaules, une partie de mon dos contre le bureau. Mes jambes enveloppent sa tête. Cette fois, je ne suis pas saoule, et je me rends compte à quel point cette position est osée et, putain, diablement excitante.
Contrairement à la dernière fois au club, il ne me fait pas attendre. Avec un grognement guttural, il fond sur mon intimité. Au premier coup de langue, je perds pied, mes doigts s'accrochent à ses cheveux et mon dos bascule contre le bureau.

– C'est le paradis, putain ! déclare Riccardo d'un ton haché, Une tension extrême naît dans mon ventre, puis se diffuse dans tout mon corps. Mes ongles lui éraflent le cuir chevelu, il a resserré son étreinte, me dévorant plus fort. Mes jambes se sont crispées en même temps que mes plis enserrent ses doigts...

Juste avant que l'orgasme ne me foudroie, il se dérobe. Déstabilisée, je le regarde avant de laisser échapper un gémissement de frustration.

– Riccardo, je te hais.

– Patience, princesse.

– Ce n'est pas mon fort.

– La mienne non plus, mais j'ai attendu.

– Qu'as-tu attendu ?

– J'ai attendu que tu tombes amoureuse de moi, comme je l'ai été la première fois que je t'ai vue dans ce restaurant.

Son souffle devient erratique, ses doigts se crispent sur mes hanches, et il me maintient sur place. Le premier coup de langue me fait convulser comme une folle, le deuxième, puis il aspire mon clitoris avant de le libérer. Je me plaque contre sa bouche, incapable de le laisser partir. Mais il s'éloigne à nouveau. Cette fois, j'ai envie de le mordre, mais je me force au calme.

– Putain.

– Mot de passe incorrect.

Je le sens rire contre ma cuisse, ce type est pire qu'un monstre.

– Riccardo, j'en veux plus.

– Mot de passe incorrect.

– Va te faire foutre avec ton mot de passe.

– Tu crois vraiment être en position de t'énerver ?

Je prends une profonde inspiration. Il embrasse mes lèvres intimes avant de s'éloigner de nouveau.

– J'en sais rien.

– Cherche, tu veux un indice ?

Je cambre le dos, sentant le bois inconfortable sous moi. Ce que je veux, c'est qu'il me fasse jouir. Il me rend folle à parler ainsi contre mon intimité.

– Oui.

– Je. Ne. L'ai. Jamais. Dit.

À chaque mot, il lèche mon clitoris avant de le couvrir avec sa langue. Je me mets à trembler, mes mains se crispent sur le bord du bureau. Putain, il ne m'a jamais dit quoi ? Comment suis-je censée réfléchir dans ces conditions ?

– Je sais pas, putain, baise-moi.

– Mais je compte bien le faire, mais avant tout, je vais te faire payer tes provocations à répétition jusqu'à ce que tu trouves le mot magique. Et seulement là, je te ferai jouir.

Comme pour confirmer ses dires, il s'éloigne, me soulève à nouveau, et je me retrouve à califourchon sur ses cuisses massives. Je commence à le haïr, pourquoi me laisse-t-il constamment au bord de l'orgasme avant de s'arrêter ?

Ok, je l'ai mérité, mais tout de même.

– Ok, tu as gagné, j'ai atteint mes limites.

– Mot de passe incorrect.

Il m'embrasse avec brusquerie, me partageant mon goût, et je m'en délecte. Quand je cherche à enrouler les bras autour de ses épaules, il les retient et les guide entre nous, sur son ventre jusqu'à la boucle de sa ceinture. Il gémit et sa langue s'enroule autour de la mienne. Je défais la boucle de sa ceinture avant de baisser sa braguette. Aussitôt, j'écarte son boxer. Riccardo, sans cesser de cajoler ma langue, se soulève légèrement pour me permettre de tout baisser. Il retient à nouveau mes mains quand je tente de le caresser, il réunit mes bras à l'arrière de mon dos, les maintenant d'une main, de l'autre il me soulève alignant nos sexes.
J'ai un léger hoquet d'appréhension parce que je sais ce qu'il s'apprête à faire et je suis intimité par sa taille.
– Détend toi. Je te ferai jamais de mal.
Comme pour en attesté, il m'embrasse doucement, amoureusement me rassurant non seulement avec ses mots mais encore plus avec ses geste.
Le seul avertissement que je reçois, c'est son piercing qui frotte contre mon ouverture avant qu'il ne lève brusquement les hanches pour s'enfoncer en moi. Sous la brusquerie des sensations qui nous envahissent, ses dents se plantent dans ma lèvre inférieure, mais je me moque de la douleur, putain de merde, enfin !

C'est trop bon... Je ferme les yeux en inspiration plusieurs fois.

Riccardo grimace comme s'il lui coûtait de rester immobile le temps que je m'adapte à son intrusion.

Son sexe palpite en moi, cette sensation d'être remplie est presque insupportable. Le démon lève les hanches sans me quitter des yeux, s'enfonçant entièrement avant de se retirer et de revenir à nouveau. Je gémis en me mordant la lèvre, déjà à vif à cause de sa morsure. Mue par un instinct aussi vieux que le monde, je me mets à onduler en rythme.

Mes muscles intimes se contractent, le serrant à l'en étouffer. Je halète, ma tête partant en arrière. Riccardo en profite pour plonger son visage dans mon cou, sa bouche s'ouvre sur ma peau tendre. Je projette le bassin en avant pour venir à sa rencontre, et sa respiration devient lourde, comme s'il avait courut un marathon.

Il se retire brusquement, nous laissant tous les deux frustrés. À quoi il joue ?

– Mon cœur, je suis désolé d'accords ,je te promets de me tenir tranquille à compter d'aujourd'hui, promis promis je me comporterais comme une parfaite  Lady anglaise, promis promis.
Il arc un sourcil me laissant finir mon plaidoirie, j'ajoute avec un regard mauvais pour lui.

– C'est de la torture !

– Ah vraiment, tu crois ? Et ton mot de passe est encore incorrect.

Je le regarde à travers mes cils, me forçant à trouver ce mot de passe, mais rien ne me vient à l'esprit.

– Chevauche-moi.

Je plante mes dents dans ma lèvre inférieure avant d'enrouler ma main autour de son sexe humide de mon excitation. Il pulse contre ma paume, devenant encore plus dur quand je le serre. Me soulevant légèrement, je le place à l'entrée de mon vagin. Mes plis s'ouvrent, encerclant son gland et son piercing. La poitrine de Riccardo tremble.

– Ne bouge pas, il gémit tout bas, et ne ferme pas les yeux, je veux voir tes yeux quand ma queue va te remplir.

Facile à dire, mes paupières sont aussi lourdes que mon corps qui frémit d'impatience. Il saisit mes hanches, et je dois me faire violence pour ne pas me laisser glisser le long de sa verge. Heureusement, il met fin à mon supplice en me pénétrant d'un coup de reins. Je pousse un cri, et mes paupières se ferment d'elles-mêmes. Putain, c'est trop bon de l'avoir en moi.

– Tu n'as jamais été douée pour obéir aux ordres.

La conscience de l'avoir en moi se mêle à la sensation, encore plus forte, qu'il est à la maison. Je me suis toujours sentie chez moi dans ses bras, mais quand il me fait l'amour, il me donne l'impression d'avoir bâti une forteresse qui nous éloigne du monde.

Riccardo relâche mes poignets, je soupire de soulagement. Je tends les mains en arrière et les pose à plat sur ses genoux.

Maintenant, je suis libre de le rendre fou de désir, comme il n'a pas arrêté de le faire avec moi. Je soulève mon bassin, avant de m'abaisser avec une lenteur calculée, sans le quitter des yeux. Les mains sur ma taille, il me guide. L'entente de nos corps est effrayante : peu importe les horreurs qui se passent autour de nous, les horreurs dont nous sommes parfois dépositaires, il suffit qu'il me touche pour que le monde disparaisse.

– Putain... Il grogne d'une voix gutturale alors que j'ondule sur ses cuisses. Je le laisse sortir de mon intimité, ne laissant plus que son gland et ce bijou étrange qui semble avoir été créé pour me conduire au paroxysme du plaisir. Je coulisse lentement profitant de chaque friction. Il écartèle ma chair intime, je suis au bord de l'orgasme, et son regard assombri planté dans le mien ne fait que précipiter les choses. Il halète quand je le reprends jusqu'à la garde.

– Je t'interdis de jouir.

Il se lève brusquement sans se retirer et me pose sur le bureau. Sa main s'enroule autour de mon cou, il soulève ma jambe et la pose sur son épaule. La pression sur mon cou augmente, et il me pilonne durement. Chaque coup de reins fait remonter mon corps plus haut sur le bureau. Bordel ! Son corps claque contre le mien avec des bruits obscènes qui augmentent mon calvaire. C'est officiel, je vais mourir.

– Riccardo, j'en peux plus c'est trop...

– C'est ça, ouvre-toi à moi... Putain, tu es tellement belle, j'arrive pas à croire que tu es à moi.

Je m'arc-boute pour aller à sa rencontre, j'essaie de bouger en tandem mais impossible tant il est trop rapide pour moi.
Son ventre se contracte quand il revient à la charge. Je comprend alors qu'il se retient pour ne pas se laisser envahir par le plaisir, mais moi j'en suis incapable. Je tremble convulsivement, gémissant sans aucune honte, je me laisse aller sur le bureau, mais la main sur mon cou me force à rester partiellement assise pour accueillir ses assauts.

Quand une vague menace de m'envahir, je mon contracte autour de la colonne de chair profondément fiché entre mes replis, Riccardo se retire.

– Oh merde, je te hais.

– Tu es très loin du mot de passe, mon cœur.

Il me retourne avant de me donner une tape sur les fesses. Il écarte ma robe et saisit l'arrière de ma cuisse, Riccardo soulève ma jambe et mon pied se retrouve sur le canapé. Derrière moi, il embrasse mon oreille. Ses doigts caressent mon intimité sensible, je me frotte contre lui.

– Alors, qu'est-ce que ça fait d'être constamment maintenue au bord de l'orgasme ? Tu comprends ce que je ressens ?

– Tu ne joues pas franc jeu. Tu es en train de me tuer, là. Malgré la frustration que je ressens ma voix est douce et persuasif.

Ses doigts sont bientôt remplacés par son sexe. Putain, il est énorme, je n'arrive toujours pas à m'y faire.

– Mais toi, tu me tues chaque fois. Tout en toi me rend fou de désir. Ta façon de parler, de marcher, ta façon de rire, de manger, ta simple respiration me met au supplice, mais le pire, ce sont tes yeux. Tes yeux incapables de cacher le moindre sentiment, qui me hurlent à chaque fois à quel point tu me veux.

Tout en disant cette phrase, il s'est frotté contre moi, imprégnant son érection de ma mouille.

– Penche-toi en avant, les mains sur le dossier du fauteuil.

Je fais ce qu'il me dit, et je suis aussitôt récompensée. Il retient son souffle en s'enfonçant en moi par derrière. Je ferme les yeux, la sensation dans cette position est si intense que des larmes dévalent sur mes joues.

Il touche un point dont je n'avais même pas conscience. Il empoigne mes seins en marmonnant d'une voix méconnaissable.

– Ce n'est pas fini.

En effet, putain, il n'était pas entièrement en moi. Riccardo prend son temps pour combler le vide, son métal titille mon point G. Si son but était de tester mes limites, je crois qu'il a réussi. Il se retire avant de revenir en force. Je crie de plaisir et de surprise et... il arrête tout...

– Merde, tu n'es qu'un sadique, je te détes...

Il revient encore à la charge. Sa main lâche mon sein pour couvrir mon ventre. Il suffirait d'une pression de son doigt sur mon clitoris pour que j'atteigne l'orgasme. Il le sait que c'est ce que je veux, et ce monstre laisse sa main à portée sans me toucher. Putain, en une seule soirée, j'ai rencontré Riccardo Gaviera, l'homme qui a à mon égard une grande affection, et la pieuvre de l'ombre, le monstre qui cherche toujours les points faibles des autres pour les torturer.

Si je veux que cette douce torture s'arrête, je dois moi aussi trouver son point faible, quelque chose qui le déstabiliserait pour qu'il lâche prise.

Mais quoi ? Brusquement, quelque chose me revient en mémoire.

Je lâche le dossier du canapé pour plaquer mon dos contre son torse. Il grogne et glisse son sexe entre mes replis mouillés. Son petit doigt survole mon clitoris, mais il s'éloigne beaucoup trop vite. Je tourne légèrement la tête pour le regarder. Il presse ses lèvres contre mon front, tout en besognant ma chatte. Que je puisse tenir debout relève du miracle.

– Mes yeux ne reflètent pas que le désir que j'ai pour toi.

Il fronce légèrement les sourcils, son sexe arrête de bouger, mais il est profondément fiché en moi, chaud, palpitant, et comme moi, au bord de l'explosion.

– Qu'est-ce qu'ils reflètent d'autre ? IL questionne avec impatience, il gémit tous les deux quand il se retire. Je me tourne pour lui faire face avant de l'embrasser, c'est un moyen de prendre le temps de réunir mon courage parce que la dernière fois que je lui ai dis ça, Riccardo m'a repousser m'intéressant de répéter ses mots.

– Je t'aime. Mes yeux reflètent avant tout cet amour que je suis incapable de cacher.

Son propre regard se trouble, reflétant une grande vulnérabilité.

Savoir que mon amour est le point faible de la pieuvre de l'ombre remplit mes yeux de larmes.

– Bordel, j'ai bien cru que tu n'allais jamais trouver ce maudit mot de passe. Tout en parlant, il déchire ma robe, me forçant à m'en débarrasser.

– Riccardo, non, c'est une Paolo Sebastian...

– Rien à foutre. L'urgence dans sa voix me fait comprendre que sa maîtrise venait de s'écrouler. Il se débarrasse de son pantalon avant de me soulever, mon dos rencontre le lit alors qu'il me pénètre d'un coup maîtrisé.

– Putain, je t'aime.

Il réunit mes bras au-dessus de nos têtes en se retirant.

– Dis-le... encore. Dis-le-moi encore. Il halète contre mes lèvres avant de les mordre.

Et c'est ce que je fais, encore et encore.

– Merde. Il souffle d'une voix nouée par l'émotion, ses hanches oscillent contre mon bassin.

– Je ne te mérite pas, putain... je ne mérite pas tout ce que tu as à m'offrir... Mais putain, tu es à moi... à moi...

Il s'arrête à chaque fois pour un nouveau coup de reins, y mettant toute sa force, ma tête roule sur le côté, une larme roule sur ma joue. La chaleur là où nos corps se rejoignent devient insupportable, je cambre le dos.

Il se retire doucement de moi, avant de revenir avec une ardeur telle que le lit cogne contre le mur. Je plante mes dents dans ma lèvre inférieure pour m'empêcher de gémir trop fort, afin de ne pas faire de bruit et attirer l'attention de ceux qui sont à l'extérieur. Mais c'est tellement difficile...

J'écarte les cuisses plus largement en enserrant son sexe en même temps. Un spasme me traverse, bientôt suivi par d'autres, plus forts. Je me mets à trembler, mes doigts se contractent sur les siens. Un son guttural franchit ses lèvres quand mes hanches viennent à sa rencontre. Quelque chose se brise en moi, poussant la chaleur de mon corps à devenir presque insupportable. Riccardo se retire, il frotte son gland sur mon clitoris. La friction de sa peau contre ma chair sensible et de son métal me fait vibrer. Mon souffle se bloque. Il plante ses yeux dans les miens et, dès qu'il me pénètre, l'orgasme me submerge. Je crie son nom en rejetant la tête en arrière.

– Merde, Gayle, laisse-moi me retirer... Je n'ai pas de préservatif... Putain...

Je suis incapable de soutenir son regard, incapable d'arrêter les spasmes qui redoublent. Mon sexe le serre tellement fort qu'il se met à trembler. Il halète, son ventre se contracte comme s'il se retenait pour se retirer, mais mes jambes l'enserrent, l'empêchant de bouger, je ne veux pas qu'il s'éloigne, je veux qu'il me donne tout mais je n'arrive pas à le dire, alors je le lui montre.

– Eh merde... Sa voix n'est plus qu'un râle. Il plante ses dents dans mon épaule alors que ses doigts se contractent dans les miens. Je gémis longuement.

Riccardo me donne trois coups de reins rapides. Sa bouche s'ouvre sur la veine palpitante de mon cou pour l'aspirer. Il lâche prise dans un grognement, il s'écroule sur moi alors que son sexe gonfle avant que l'orgasme ne le terrasse. Je réussis à libérer une main de l'étreinte de ses doigts et je le serre contre moi en caressant ses cheveux. Ses tremblements redoublent, je frémis à chaque poussée de son sperme chaud dans mon ventre.

– Je prends la pilule, je finis par dire au bout d'une dizaine de minutes. Je sens son rire contre mon sein avant qu'il ne suce mon téton. Il roule sur le côté.

– Je reviens. Couchée sur le dos, je le regarde s'éloigner en direction de la salle de bain, je laisse échapper un long soupire en regardant le plafond, je n'avais pas remarqué les affiches qui y sont exposés.
Je me lève et le suis dans la salle de bain les jambes tremblantes.
Riccardo tombe nez à nez sur moi quand il sors de la cabine de douche.

Mes yeux parcourent ses jambes musclées, l'étoile qu'il a tatouée sur la cuisse avant de remonter sur sa verge. Il est tellement tendu qu'elle s'est collée à son ventre, je sens mes muscles intimes se contracter dans le vide, je remonte sur son torse massif puis sur son visage d'une beauté irréel.

– J'en veux encore. Je murmure en l'embrassant. Seul un grognement guttural me répond, il me soulève et me pose sur le lavabo. 

***

Je relève brusquement la tête une heure plus tard, avec un énorme sourire. Je suis couchée sur le ventre, retenant mon poids avec mes coudes, et Riccardo est sur le dos, il m'observe à travers ses paupières.

- Je viens de prendre une grande décision.

- Celle d'enfin me laisser me reposer ?

Je secoue la tête, je le chevauche, prenant appui sur son ventre, je me laisse descendre sur son sexe en érection. Ses yeux se révulsent et il prend une profonde inspiration. Il replie les jambes en controlant le mouvement de ses hanches, sa levre inferieur disparaît entre ses dents.

- Celle de te provoquer à chaque fois que j'en aurai l'occasion.

Riccardo lève les yeux au ciel avant de rouler sur le côté pour se mettre au-dessus de moi. Il embrasse mon front en empoignant mes seins, ses lèvres se pressent sur le bout de mon nez, elles atteignent mes lèvres, qu'il mordille avant de titiller ma langue avec la sienne. Il descend, dévorant mon cou.

Je cambre le dos quand il atteint ma poitrine qu'il libère de ses mains. Il aspire mon téton gauche dans la chaleur de sa bouche avant de faire de même avec le deuxième.

Il rit contre ma peau quand je tente de le retenir pour qu'il n'arrête pas. Il descend, traçant un sillon brûlant sur mon ventre.

- Écarte tes jambes, troublemaker.

Je suis trop heureuse d'obéir. Les mains de Riccardo se plantent sur le matelas de chaque côté de mes hanches.

Ses lèvres frôlent mon piercing au nombril et il descend. Un son étranglé s'échappe de ma gorge quand je sens son souffle au-dessus de mon intimité sensible.

Mais brusquement, Riccardo roule sur le côté et saute hors du lit.

- J'ai faim, pas toi ?

Je me relève, estomaquée. Je saisis un oreiller et le lance dans sa direction. Il esquive avec un salut militaire avant de prendre son pantalon et de l'enfiler.

- Je te hais.

Je me laisse aller sur le lit, la tête à l'envers, les pieds sur le montant en bois, un oreiller serré contre moi.

- Quoi, qu'est-ce que tu me reproches ?

Je lui fais un doigt d'honneur, il se penche pour lécher mon doigt avant de m'embrasser sur le front.

- Attends-moi, je reviens.

- Où est-ce que tu vas ?

- Chercher de quoi manger. Tu ne l'as pas remarqué, mais tu pèses une tonne et te soulever m'a vidé.

J'éclate de rire en lui lançant le deuxième oreiller.

- Dans cette tenue ? Il y a du monde partout.

Il écarte les bras et bande les muscles de son torse.

- Alors, ils vont profiter du spectacle du plus beau corps du monde. C'est un spectacle aussi rare qu'un loup qui chante du reggae.

- Le seul loup qui peut chanter du reggae, à ma connaissance, c'est le seul, l'unique, le grand Roman Reigns.

Riccardo serre les poings, il frappe deux fois sur le sol avec son pied gauche, avant de rejeter la tête en arrière et de faire le bruit du loup, comme le fait son catcheur préféré.

- Je suis tellement gênée, je vais aller me noyer dans la salle de bain, je reviens.

Quand je me lève, il frappe encore son pied sur le sol. Il fonce droit sur moi, me soulève et me jette sur le lit comme si on était sur un putain de ring de la WWE. Mon corps rebondit sur le lit, je hoquette, choquée, avant d'éclater de rire.

- Mais ça ne va pas ? D'où il sort, ce mec ? Lâche-moi.

- Et Gayle vient de déclarer forfait. Quelle déception. J'y vais.

- À la bonne heure !

Je souffle avant de le chasser d'un signe de la main, j'ai besoin d'un moment seule pour me remettre de ce comportement typiquement Riccardo Gaviera.

Restée seule, je fixe longtemps le plafond avec un sourire comblé avant de me ressaisir. Je saute hors du lit. Je déniche un vieux tee-shirt dans le placard. Quand je découvre qu'il est à l'effigie de Roman Reigns, à l'époque de sa rivalité avec Brock Lesnar, c'en est trop, j'éclate de rire. Pas de doute, c'est bien la chambre du démon. Je prends aussi un jogging avant d'aller dans la salle de bain.

Quand je ressors 10 minutes après ma douche, il y a quelqu'un dans la chambre, mais ce n'est pas le démon.

Une femme se trouve près de la commode. Elle tient dans ses mains une photo de Riccardo et Luca adolescents. Elle est grande et mince, et ses cheveux sombres sont retenus au sommet de son crâne en un chignon savamment élaboré. Elle porte une robe sombre qui lui va à merveille.

Elle tourne brusquement sa tête dans ma direction, et je me sens mal à l'aise. Elle est très belle, mais elle a deux yeux de couleur différente, l'un d'un bleu limpide et l'autre blanc, comme un œil de verre.

- Vous vous demandez qui je suis.

Plutôt que de reposer la photo de Riccardo là où elle l'a trouvée, elle jette le cadre à travers la pièce. Je sursaute et me précipite pour le ramasser.

Il s'est fissuré, mais ce n'est pas grave. Je le mettrai dans un autre cadre.

- Je me moque de qui vous êtes, j'aimerais par contre savoir ce que vous faites là.

Elle sourit, son œil bleu se plisse, mais l'œil de verre demeure immobile.

- Jadis, cette maison était à moi. J'étais la femme du redouté Giousé Gaviera.

J'écarquille des yeux, je la regarde de nouveau plus intensément. Cette femme ne peut pas être Cora, Cora a des cicatrices sur tout un côté du visage et il lui manque un œil.

- La chirurgie réparatrice de nos jours fait de vrais miracles, pas vrai ?

Je déglutis.

- Je suis contente que vous ayez pu pallier ce problème.

Elle s'avance.

- Vraiment ? Laissez-moi en douter. J'étais curieuse, durant toute la soirée je n'ai pas arrêté de vous observer, vous et Antonio. J'étais curieuse de voir de plus près la femme qui semble le rendre si heureux.

Antonio ? Ah oui, Riccardo m'a confié que c'était son deuxième prénom.

- Vous êtes venue ici juste pour ça ? Je suis déçue.

Elle esquisse un sourire, j'ai l'impression de voir Riccardo en ce sourire, et ça me met mal à l'aise. Après tout ce qu'elle lui a fait en étant petit, j'ai du mal à accepter que cette femme soit sa mère.

- Vous avez quelque chose à me dire ou vous êtes juste là pour me dévorer du regard ? Vous me mettez mal à l'aise.

- Vous ne m'aimez pas.

- Je n'ai aucune raison de vous aimer.

- Vous savez, on est toujours la méchante dans l'histoire racontée par quelqu'un d'autre. Peu importe ce qu'Antonio...

- C'est Riccardo. Et vous allez être surprise, il n'a jamais rien raconté pour vous faire passer pour la méchante, il n'a même pas eu besoin de parler pour que je sache le genre de mère immonde que vous êtes.

Je ne sais pas ce que j'espérais. Mais certainement pas qu'elle éclate de rire.

- Vous l'aimez, et vous croyez que vous serez différente de moi. Ne vous trompez pas, Antonio vous détruira, il brisera votre cœur, votre corps, vos espérances, il éteindra cette lueur que je vois dans vos yeux. C'est un monstre.

- Vous n'en savez rien.

- Oh si, je le sais. Antonio est exactement comme son père. Giousé aussi m'aimait, mais il a commencé à me soupçonner d'être infidèle et mon enfer a débuté. Ils sont paranoïaques, c'est dans le gène des Gaviera. Dans leur tête, il y a plusieurs démons qui bataillent, et ces démons détestent l'amour. Un Gaviera n'est un vrai Gaviera que quand il éteint la lumière autour de lui.

- Vous avez fini ? Laissez-moi vous dire un truc, vous ne pourrez jamais me faire détester Riccardo.

Elle s'avance, son parfum emplit mon espace.

- Il s'en chargera lui-même, vous allez tellement le haïr que vous le voudrez mort. Vous pensez être différente des autres.

Elle regarde ma bague.

- Aura Gaviera, elle, était différente. Son mari l'a tuée dans cette maison-même, l'histoire se répétera inlassablement.

- Je ne suis pas Aura Gaviera. Et vous...

Je ne termine pas ma phrase, quelqu'un vient de pénétrer dans la chambre. Giacomo. Il regarde sa mère puis moi. C'est étrange, mais Giacomo me rend encore plus mal à l'aise que Cora, il

me regarde constamment comme s'il m'en voulait pour quelque chose en particulier.

- Maman, qu'est-ce que tu fais là ? Je t'ai cherchée partout.

Cora, à la vue de son fils préféré, se métamorphose, son œil bleu est plus doux et elle a même un sourire tendre.

- Mon chéri.

Elle se dirige précipitamment vers Gia et le prend dans ses bras. Ne pouvant en supporter davantage, je sors de la chambre comme si j'avais le diable aux trousses, pour tomber nez à nez avec Riccardo.

- Hey, où est-ce que tu vas ?

- J'en sais rien. J'avais juste besoin de sortir de la chambre.

- Pourquoi ?

La raison ouvre la porte, je croise les bras sur la poitrine avec une grimace alors que Cora et Giacomo sortent de l'ancienne chambre du démon. Ce dernier, à côté de moi, se fige. Ça ne dure qu'une fraction de seconde, mais les mains qui tiennent nos plats tremblent légèrement. Il revêt très vite son masque de société, une froideur glaciale s'empare de lui. Cora aussi s'est figée pour le regarder. Elle lâche le bras de Giacomo et s'avance vers Riccardo. Je me force à rester immobile, mais j'ai envie de me mettre entre eux. Il me faut des montagnes de self-control pour me rappeler que ce n'est plus un petit garçon, mais un homme dont la simple évocation fait trembler plus d'un.

- Antonio, tu as bien grandi. Elle s'est arrêtée devant lui. Mais quand elle tente de poser une main sur sa joue, je craque. Je saisis sa main et la repousse parce qu'elle me fait peur, parce que je refuse qu'elle détruise l'adulte comme elle a détruit l'enfant.

Cora me regarde brièvement, la colère que je vois sur son visage me laisse de marbre.

- Et tu es heureux. L'accusation claque entre nous, elle a dit ça sans nous lâcher du regard. Comme si Riccardo n'avait pas le droit d'être heureux. J'ai l'impression que, dans cette famille, ils attendent beaucoup de lui, mais qu'il le fasse en étant seul et triste.

- J'aimerais te parler.

- Pourquoi ?

- Je vous laisse. Je marmonne en prenant les plats, je ne veux pas être de trop.

- Non, reste. Je ne lui dirai rien que tu ne puisses entendre.

- Peut-être que je n'ai pas envie que ta copine reste.

- Ma femme. Et ce que tu veux n'a aucune importance.

- Je t'interdis de parler à notre mère comme ça. Riccardo se met à rire, le genre de rire qui ne me dit rien qui vaille. On est bien loin de l'amant consommé qui m'a rendue folle de désir il y a moins d'une heure.

- De ta mère! En ce qui me concerne, je ne l'ai jamais considérée comme telle.

- Oh, comme c'est triste de vouloir jouer les durs. À mes yeux, tu seras toujours le petit garçon baveux qui quémandait mon amour.

Je me fige, comment peut-elle être aussi fourbe ? Elle a détruit sa vie et en parle avec sarcasme.

- En parlant de ça, je veux savoir pourquoi tu m'as toujours méprisé. Tu me dois au moins ça.

Je me tourne quand j'entends des pas précipités. La pieuvre et son fidèle Bran remontent le couloir.

- Tiens, tiens, mais regardez qui voilà. Le redoutable Gieusé Gaviera et son chien.

- Qu'est-ce qu'elle fait là ? questionne la pieuvre.

- Je l'ai invitée. Son regard plein de mépris survole Giacomo et sa mère. Puis il ordonne à Bran de raccompagner Cora vers la sortie.

- Non, mère reste. Si tu n'es pas content, c'est à toi de partir. Je ne supporte pas de te voir.

Père et fils se défient, même la pieuvre semble, surprise de l'élan de rage de son fils. J'ai l'impression de regarder un documentaire animalier où l'un des loups se croit assez puissant pour défier l'alpha pour être chef de meute.

- J'allais partir de toute façon, mais avant tout, je vais répondre à la question d'Antonio. Tu me demandes pourquoi je te déteste ? C'est simple, ton père a abusé de moi. Et quand il a su que j'étais enceinte et que je voulais avorter, il m'a enfermée dans une chambre, m'attachant à un lit. Durant neuf mois, je n'avais pas de liberté, même les rendez-vous avec le gynéco se passaient dans cette chambre. Je t'ai détesté à l'instant où j'ai su que tu étais dans mon ventre. Chaque coup de pied me faisait prendre conscience que tu étais là. Et quand tu es né, sans que je ne puisse rien faire pour l'arrêter, j'ai haï ton petit corps frêle. J'ai maudit le moment où tu as poussé ton premier cri. Tu n'as pas idée de ce que ça me fait de te voir ici, grand, en bonne santé et heureux.

S'il est blessé, il ne laisse rien transparaître ; il va même jusqu'à arquer un sourcil.

- Très intéressant, mais tu n'as toujours pas répondu à ma question : pourquoi moi ? Si j'ai bonne mémoire, enfant, je ne t'ai jamais rien fait. Pourquoi as-tu essayé de me tuer ? Si père t'avait fait du mal, tu aurais dû t'en prendre à lui.

- Faire du mal à Gieusé Gaviera ne sert à rien. Il faut s'en prendre à ceux qu'il aime. Et toi, même s'il ne te l'a jamais montré, il t'aime.

- Tu n'as toujours pas répondu à ma question, insiste Riccardo avec un ennui évident.

- Parce que je ne voulais pas que tu grandisses pour devenir comme ton père. Petit, déjà, tu avais cette mine sérieuse qui me rappelait Gieusé.

Je ne peux pas m'empêcher d'intervenir.

- Et la seule solution, selon vous, c'était de le tuer ? Pas une seule fois vous ne vous êtes dit que votre amour pourrait l'aider à devenir un homme meilleur ? Pas une seule fois vous ne vous êtes dit qu'en tant que mère, vous aviez le pouvoir de changer les choses ?

- Reste à ta place, jeune fille. Tu n'es pas une mère, tu ne peux pas me comprendre.

- Mais vous n'êtes pas une mère. Juste une génitrice.

- On en reparlera quand ce monstre te détruira.

- Mère, ça suffit, ne parlez pas de mon frère ainsi.

- Ne l'appelle pas comme ça ! Je ne supporte pas que tu l'appelles ton frère !

- Pourtant, il est mon frère. Cora se met brusquement à rire ; je comprends qu'elle est en colère, et à côté de moi, Riccardo est calme, trop calme, ce qui m'inquiète. Je partage un regard avec Bran, et le garde du corps de Don Gieuse saisit mes plats sans un mot et s'éloigne pour les ramener. Je suis soulagée d'avoir les mains libres, même si je ne sais pas quoi en faire.

- Alors, si c'est ton cher frère, tu lui as dit la vérité ?

- Cora ! La voix de la pieuvre claque comme un fouet. Je rêve ou il a peur ?

- Maman, ça suffit.

- Oh, tu n'as pas envie de perdre ton petit frère. Antonio, tu t'es toujours senti coupable à cause de mon œil et de mon visage, n'est-ce pas ? Je vais te dire un secret : tu ne m'as jamais rien fait. C'est Giacomo le coupable.

- C'est impossible, père m'a dit...

- Ton père est un menteur et un félon. Quand tu étais petit, je t'ai fait tomber du berceau ; le but était de te tuer, mais ça n'a pas marché. À la place, tu avais des douleurs au crâne si violentes que tu perdais souvent connaissance. Le jour où Gieuse m'a enfin permis de quitter cette maison avec Giacomo, tu n'arrêtais pas de pleurer et de te rouler par terre parce que tu ne voulais pas que je t'abandonne. Giacomo aussi ne voulait pas partir, il était très en colère, et c'est lui qui m'a attaquée dans le but de me tuer. Tu as essayé de t'interposer pour me sauver, mais tu étais faible à cause du poison que je mettais dans ton lait. Rajoute à ça tes fortes migraines, tu t'es évanoui.

Quand tu t'es réveillé, ton cher père a mis dans ta tête les images qui l'arrangeaient. Ton frère n'a jamais contredit parce que lui aussi, ça l'arrangeait de ne pas passer pour un monstre. Et moi, je me suis tue parce que je savais que tu souffrirais toute ta vie comme j'ai souffert de t'avoir porté. Voilà ta vérité, Antonio. Voilà qui sont ton frère et ton père : deux êtres qui ont comploté pour te rendre plus fou que tu ne l'étais déjà.

Je suis tellement choquée que j'ai du mal à respirer. Toute sa vie, Riccardo s'en est voulu pour ça, pour découvrir de cette manière qu'il n'a jamais été le coupable ?

Il s'avance vers Giacomo, les deux frères se font face : l'un est détaché, l'autre a les yeux rougis par les larmes.

- Je suis désolé, halète Giacomo, qui ne fait rien pour masquer ses larmes.

- Venant de père, ça ne m'aurait pas étonné, mais toi...

- J'ai fait une erreur.

- Fils... Riccardo se tourne brusquement et dégage la main que Don Gieusé essaie de poser sur son épaule. Pour la première fois, il m'apparaît comme ce qu'il est vraiment, un vieillard fatigué, les yeux voilés par le regret.

- Ne m'appelle plus jamais comme ça. J'ai accepté tout ce que tu m'as fait subir, parce que tu avais reçu la même éducation pour devenir Pieuvre. Je n'ai jamais su si je t'aimais, mais je te respectais. Je pouvais mourir pour toi. Tu as préféré me cacher la vérité ; tu n'as pas la moindre idée du mal que ça me faisait de vivre avec ces images que tu as imprégnées dans ma tête.

- Je suis désolé.

Entendre la pieuvre s'excuser me fait brusquement prendre conscience de la gravité de cette affaire. Riccardo prend une brusque inspiration avant de se tourner vers moi.

- Partons, princesse. Je hoche machinalement la tête avant de saisir sa main. Elle tremble... de rage ou de douleur ?

- Fils, ne me tourne pas le dos, tu es ce que j'ai de plus précieux. On a fait quelques pas quand Riccardo s'arrête brusquement. Il se tourne vers son frère.

- C'est toi qui as payé le gang de dame Priscilla.

- Riccardo...

- Putain, mais c'était évident. J'aurais dû me douter que tu chercherais à te débarrasser de Gayle après la conversation qu'on a eue chez toi. Tu voulais que je prenne ta place, j'ai refusé parce que devenir Pieuvre voudrait dire épouser Adela. Et tu as voulu pallier le problème en tuant Gayle. Et n'essaie même pas de nier. Je sais que c'est toi.

- J'ai regretté mon acte. Mais tu n'aurais pas fait la même chose si tu étais à ma place ?

- Giacomo, jamais je n'aurais commandité un meurtre, je l'aurais fait moi-même, pour commencer. Et deuxièmement, jamais je n'aurais commandité la mort de la femme que tu aimes. Pas une seule putain de fois tu ne t'es dit que tu allais me blesser en me privant de la seule personne qui m'a acceptée comme j'étais ? Putain, si monsieur Attal n'avait pas prit la balle...

Giacomo pleure à chaudes larmes à présent, et je me détourne avec dédain. Je ne peux pas en supporter davantage, il me dégoûte.

- Riccardo, je veux rentrer. J'ai surtout envie de m'éloigner pour aller pleurer, pas question de me montrer faible devant ces gens.

Riccardo hoche la tête. Je croyais qu'on allait partir, mais il lâche brusquement ma main et saisit l'arme coincée à sa ceinture. Il la pointe en direction de Giacomo.

Cora pousse un cri et tente de s'interposer. Mais une voix derrière nous la rappelle à l'ordre.

- Je vous conseille de ne pas bouger, Cora. J'ai toujours voulu exploser votre jolie cervelle, ne me donnez pas de raison.

Je regarde par-dessus mon épaule, Luca, dans son smoking, pointe une arme sur la génitrice de Riccardo qui s'est figée.

- À quoi tu joues, Luca ? Je suis la future Pieuvre, tu me dois fidélité.

- Ma fidélité va à une personne qui mérite mon respect. En disant cela, il a regardé Don Gieusé qui a baissé les yeux. En une seule soirée, la Pieuvre a perdu le respect de son fils et du fils qu'il a adopté. Mais je n'arrive pas à ressentir de la peine pour lui.

- Te tuer, ce serait trop facile. Je pourrais tuer Adela, mais tu ne l'aimes pas. Je ne ferai rien à Cass ; vivante, elle te fera plus de mal parce qu'elle va épouser un autre homme et tu es trop lâche pour faire quoi que ce soit. Mais je connais une personne que tu as toujours aimée et qui t'aime inconditionnellement. Riccardo sourit en penchant la tête sur le côté. Je ne comprends pas ce qui se passe ; je vois seulement son canon changer brusquement de trajectoire et il décharge tout le chargeur sur la poitrine de Cora. Giacomo hurle et se jette sur sa mère au moment où je me jette sur Riccardo pour retenir son bras.

- Merde, ça suffit. Il fait la moue avant de sourire.

- Tu as raison, je n'ai plus de balles. Il coince le Glock dans son pantalon avant de s'éloigner en me tirant à sa suite. J'ai l'impression d'être abrutie par le bruit des détonations. Cette soirée est passée de 0 à 100 en moins de quatre secondes. Je regarde derrière moi, Giacomo pleure à chaudes larmes en serrant contre lui le corps de Cora. La Pieuvre me regarde ; j'ai l'impression qu'il veut me dire quelque chose, mais je me détourne.

- Ça va, vieux ? questionne Luca quand on arrive à sa hauteur. Riccardo hausse une épaule.

- Ce qui est mort ne saurait mourir. Luca lève les yeux au ciel avant de me tapoter la joue.

- Je te le laisse, s'il te fatigue avec ses blagues à deux balles, appelle-moi.

- Compte sur moi.

***

Jusqu'à ce qu'on arrive dehors, Riccardo n'a pas desserré les dents. Et il m'inquiète, son calme m'effraie.

- Tu veux une clope ? Il se met à rire.

- Tu détestes que je fume.

- C'est vrai, mais ton calme m'inquiète. On est arrivé devant la Challenger, mais ni lui ni moi ne faisons mine de monter. Il a les bras croisés sur son torse nu et m'observe avec un sourire béat. Ses pupilles sont très dilatées. C'est le signe qu'il risque d'avoir une autre crise de schizophrénie.

- Je suis soulagé.

- Tu viens de tuer ta mère...

- Ma génitrice, corrige-t-il doucement.

- Tu as le droit d'être triste, de montrer tes émotions. Il lève les yeux pour regarder le ciel étoilé puis moi.

- Je n'ai aucune raison d'être triste. Comment être déçu quand on n'attend rien ? Je me sens juste con de ne pas avoir compris ce que Giacomo préparait. Viens là et donne-moi mon antidote. Je m'approche de lui, posant la tête sur son torse. L'air s'est rafraîchi, mais son corps est brûlant.

- Riccardo, il faut que je te parle.

Putain, cette fois je crois que c'est moi qui vais tuer quelqu'un. Riccardo soupire en me relâchant. Rebecca, dans sa robe rouge qu'elle m'a volée, s'avance.

Je me fais violence pour ne pas lui sauter dessus.

- Rebecca...

- Non, laisse-moi parler, je sais ce que tu vas me dire. Mais je t'aime et je refuse de te voir te ridiculiser, cette fille se moque de toi.

Mais qu'est-ce qu'elle raconte encore ? La détermination dans sa voix me met tout de suite en alerte.

- Rebecca, on en reparle une autre fois.

- Non, tu vas m'écouter. Tu mets cette fille sur un piédestal et tu lui donnes ce qu'elle ne mérite pas. Si tu penses qu'elle en vaut la peine, demande-lui ce qu'elle faisait quand tu étais en prison.

Riccardo souffle comme s'il en avait marre d'entendre des inepties, mais quand nos regards se croisent et qu'il est confronté à mon expression, il penche la tête sur le côté avant de se détacher de la voiture. Il fait un pas dans ma direction et je recule.

Putain, il a compris que Rebecca, pour une fois, ne dit pas n'importe quoi.

- De quoi elle parle ?

Mon Dieu, je crois que je vais vomir.

- Je voulais te le dire. Il pose brusquement une main sur ma joue, l'air inquiet quand je me mets à pleurer. J'ai tellement peur, mais pas de finir comme Cora, pire. J'ai attendu trop longtemps et désormais, quoi que je dise, il ne me croira jamais.

- Elle va te mentir comme elle n'a jamais arrêté de le faire. Moi, je vais te montrer la vérité. Rebecca tapote sur son téléphone et le dirige vers le Démon.

- J'ai pris cette vidéo dans son téléphone. Non seulement elle t'a trompé, mais elle a gardé sa sextape.

J'ai désormais l'impression d'être déconnectée de mon corps. Plusieurs émotions se superposent sur le visage de Riccardo avant que ce calme glacial ne l'envahisse. Je sais ce qu'il est en train de regarder : moi, en train d'embrasser Franco, ce dernier, le corps au-dessus du mien, se frottant contre moi.

Il écarte le bras de Rebecca. Sa main est toujours sur ma joue, elle s'est crispée, recouverte de mes larmes. J'arrive pas à parler, j'ai même du mal à respirer.

Je ne sais pas à quoi m'attendre, mais certainement pas à ce qu'il m'embrasse sur la bouche avec un élan presque désespéré avant de prendre une grande inspiration et de poser son front sur le mien.

- Si tu me dis que ce n'est pas toi, je te croirai. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que ce n'est pas toi. Et je te jure que je te croirai, la vidéo n'a aucune importance. Seule compte pour moi, ta vérité.

C'est aussi simple ? Il suffit que je lui dise ce qu'il veut entendre pour transformer la vérité ?

- Je suis désolée... Mes excuses sont l'aveu de ma culpabilité. Il se fige avant de s'éloigner brusquement comme s'il ne supportait plus que je le touche.

Il fourrage dans ses cheveux en les tirant, puis se dirige vers la portière de la Challenger.

- Riccardo, écoute-moi, je t'en prie. C'est bien plus compliqué que cette simple vidéo.

- Mais j'en ai rien à foutre de cette vidéo, putain ! Il hurle, me faisant sursauter. Tu m'as rabattu les oreilles avec la maudite honnêteté dans un couple alors que tu te tapais mes ennemis ? J'étais en prison pour toi et tu... Putain.

Je comprends qu'entre nous, plus rien ne sera jamais plus pareil quand ses yeux se remplissent de larmes. Je viens de briser le cœur d'une personne qui avait tout misé sur moi.

- Je suis... Tellement désolée. Je n'arrive même pas à parler tant mon torrent de larmes est énorme, j'ai la poitrine oppressée et les épaules qui tremblent.

- Mais si tu me laisses t'expliquer...

- Putain, oui, explique-moi ce que tu as ressenti quand Franco t'a baisée. Depuis quand tu couches avec lui ? Si ça se trouve, tu travailles pour lui... Explique-moi, putain ! Tout le monde n'arrête pas de répéter que je vais te briser, alors que pendant tout ce temps, tu me brisais en cachette. Bordel, j'avais tout misé sur toi...putain...

Sa voix se brise et une larme roule sur sa joue. J'hoquette alors qu'un gémissement de douleur franchit mes lèvres. Il ne va jamais me croire si je lui dis que Franco m'a droguée. Désormais, pour lui, j'ai perdu toute crédibilité.

- Non, putain, je t'interdis de pleurer, je t'interdis de te mettre dans cet état. Il y a moins d'une heure, tu m'as donné ton corps en me répétant que tu m'aimais alors que tu cachais quelque chose d'aussi grand ? C'est à lui que tu pensais quand je te baisais, c'est ses mains et sa queue que tu imaginais à la place des miennes ? Réponds-moi, putain !

Je tressaille sous la violence de l'accusation. Je recule en croisant les bras sur mon ventre. Par ses simples mots, il me fait me sentir tellement souillée.

- Non, c'est toi. Ça a toujours été toi.

- Non, Gayle, ce n'est pas moi sur cette putain de vidéo, mais c'est bien toi. Tu n'as pas la moindre idée de ce que tu viens de détruire.

Il disparaît dans sa voiture et démarre brusquement. Je recule avant de prendre conscience que s'il s'éloigne, je le perdrai à jamais.

- Riccardo, écoute-moi. Mais il s'éloigne du parking de la maison. Je me mets à courir pour essayer de le rattraper, mais peine perdue, il est trop rapide et bientôt sa voiture s'enfonce dans la nuit. Mes jambes perdent de leur force et je me laisse tomber sur le sol.

- Laisse-moi au moins m'expliquer, je chuchote dans le silence de la nuit, avant de ramener mes jambes contre moi. J'entends des pas précipités, mais je ne me retourne pas. Des jambes entrent dans mon champ de vision, James, mon garde du corps beaucoup trop discret, et Jack. Ce dernier s'accroupit en face de moi en posant sa veste sur mes épaules.

- Qu'est-ce qui se passe ? Je secoue la tête en pleurant de plus belle. Il me prend dans ses bras comme pour partager ma douleur.

- Jack, je crois que j'ai fait une très grande bêtise.

- Il te pardonnera, il est juste en colère.

Je le serre plus fort contre moi. Non, il était en colère contre son frère et son père, moi je l'ai blessé. Par mon silence et ma peur, j'ai fait pleurer une personne qui a toujours tout fait pour me rendre heureuse.

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