Gayle
Je regarde le radio-réveil qui indique 2 heures. Cette nuit est interminable. D’autant plus interminable que je n’arrive pas à dormir. Je me retourne sur le côté avant de me coucher sur le ventre.
J’avais cru qu’après le baiser, il y aurait une ouverture pour une discussion, mais non. Durant tout le trajet entre ce qui restait du club de Dame Priscilla et la piste où nous attendait l’hélicoptère, aucun de nous n’a desserré les dents.
Je ne savais pas quoi dire, et lui ? Comme d’habitude, quand ça ne va pas, il préfère se taire. Dans l’hélicoptère, pareil, dans la BMW alors qu’il me ramenait chez moi, j’ai eu l’impression d’être à côté du cadavre d’une baleine morte depuis plusieurs mois, sur le point d’exploser.
Je pensais que nous avions dépassé tout ça ; pourtant, il a suffi d’une dispute et de quelques mots mal placés pour que je me rende compte à quel point notre relation est fragile. Quand il m’a déposée devant la maison, j’ai enfin eu le courage de dire quelque chose, mais c’était sans compter sur monsieur qui a appuyé sur l’accélérateur en s’éloignant comme s’il avait le diable à ses trousses.
Une flèche de désir me traverse quand le souvenir de ce moment où il a empoigné mes cheveux avec rudesse, et que sa langue s’est enroulée autour de la mienne, me revient en mémoire. Je pousse un cri indigné qui, par chance, est étouffé par l’oreiller. Je ne suis pas très sainte. Un homme t’ignore toute une soirée, il a fait sauter un club sans aucun égard pour ceux qui étaient à l’intérieur, et toi, tu ne penses qu’à l’incroyable sensation de son corps contre le tien.
Il à une queue enorme ça change tout non ?
– But mama I’m in love with a criminal
And this type of love isn’t rational, it’s physical
Mama please don’t cry, I will be alright.
Plus jeune, je chantais cette chanson sans me rendre compte que la reine prédisait juste mon avenir. Je me redresse avec un soupir. 2 heures 20, ça y est, j’abandonne, je n’arriverai jamais à dormir !
Je fouille dans mes tiroirs pour trouver un livre. Thriller, suspense, dark romance, action, horreur. Seigneur, non, je ne pourrais pas lire ces genres, pas aujourd’hui… Pourquoi je n’achète que ça ? J’ai un sourire triomphant quand je déniche une fantaisie.
Mais je finis par craquer au bout de 10 minutes, je n’arrête pas de tomber sur des noms de pays imprononçables. Je ferme le livre. Ce n’est pas la faute du bouquin, je suis en panne, pas étonnant avec tout ce qui se passe.
Mon regard tombe sur mon téléphone.
Non, ne fais pas ça, il dort sûrement. Mais je ne suis pas raisonnable, je ne le serai jamais. Je compose son numéro avant de lancer l’appel.
Je sursaute quand il décroche. J’appuie sur la touche rouge. Putain, je me sens conne, je ne m’attendais pas à ce qu’il décroche.
Riccardo rappelle. Il a rappelé !
Mais pourquoi je me comporte comme si c’était un étranger ? C’est Riccardo Gaviera, mon meilleur ami, mon amant, et mon fléau personnel.
Mais parfois, j’ai l’impression de ne pas le connaître, peut-être qu’il ressent la même chose à mon égard ?
Il a fait flamber un club et tous ceux qui s’y trouvaient, sans une émotion, sans un remords. Riccardo est sociopathe, de ce que j’ai lu, c’est un être qui souffre du trouble de la personnalité antisociale, ce qui le rend inapte aux exigences de la vie en société. C’est aussi un être qui ne ressent aucune empathie, il est détaché du mal qu’il peut faire comme si ceux qui souffrent n’ont pour lui aucune importance, pire comme s’ils n’ont aucunee raison de souffrir. Mais je n’arrive pas à comprendre pourquoi, moi, j’ai autant d’importance pour lui. Peut-être qu’il joue juste un rôle. Si ça se trouve, à cause de son trouble, il ne peut pas m’aimer.
Je prends une profonde inspiration avant de décrocher. Pendant quelques secondes, aucun de nous ne parle. Mais je me sens bien, juste savoir qu’il est à l’autre bout du fil me rassure.
Je regarde en direction de la fenêtre. C’est peut-être une hallucination, mais Riccardo passe par la fenêtre que je laisse toujours ouverte pour lui. Son téléphone collé à l’oreille, il s’avance vers moi, dans son jean sombre et son tee-shirt blanc. Il grimpe sur le lit. Couchée sur le dos, je suis incapable de regarder ailleurs, mes yeux sont aimantés aux siens, mon corps attiré par le sien. J’écarte les jambes quand il s’avance vers moi, il se place entre elles, buste contre buste, son visage s’avance dangereusement vers le mien…
J’ouvre brusquement les yeux en secouant la tête. Merde, il faut que j’arrête de mélanger le Red Bull et le café, cette vision était beaucoup trop réelle pour mon propre bien.
Je raccroche, en sortant du lit. J’en ai marre, je veux rentrer à la maison, cette fois, il ne rappelle pas, mais peu importe.
Je sors de ma chambre après avoir fermé la fenêtre.
– Emma ! Je pousse la porte de sa chambre, il n’y a personne et du bruit provient de la salle de bain.
– Qu’est-ce que tu veux ?
– Rien, je te préviens juste que je sors.
– Te fais pas tirer dessus.
– Je vais faire de mon mieux.
– Cool, maintenant dégage de ma chambre. Quelle espèce de garce, je remarque une boîte rectangulaire sombre sur le lit. Je m’avance et l’ouvre.
– C’est quoi cette boîte ?
– Bien que ce ne soient pas tes affaires, c’est ma tenue d’Halloween.
– C’est moche. Bonne nuit.
– Tu vas voir Gaviera ?
– Yep.
– Vous allez baiser ?
– Notre relation ne tourne pas autour du sexe. Malgré l’eau qui coule dans la salle de bain, je l’entends rire.
– Tu es bien naïve, ma pauvre sœur. S’il ne baise pas avec toi, il baise avec une autre. Les hommes ne peuvent pas tenir une semaine sans sexe.
– Va te faire voir. Et arrête de gaspiller l'eau, la facture me coûte la peau des fesses.
Je sors de la maison, les mains enfoncées dans les poches de ma jupe. Ça va bientôt faire 6 mois qu’on n’a rien fait et je passe mon temps à le provoquer. Et s’il allait voir ailleurs ? Seigneur, s’il est déjà allé voir ailleurs ?
Non. Je suis peut-être naïve, mais je préfère croire qu’il ne nous infligerait jamais ça.
– Salut James, m’écriai-je avec un énorme sourire.
Le garde du corps sursaute et son téléphone lui tombe des mains. Je fais comme si je n’avais pas vu la vidéo de cul qu’il était en train de mater. Il est rouge d’embarras.
– Bonsoir, Gayle, je veux dire madame Attal.
– Ça te dirait de rentrer chez le démon ? Il grimace.
– Je n’ai rien contre cette idée, mais Monsieur Gaviera m’a formellement interdit de revenir sans vous.
– Ça tombe bien, je veux rentrer aussi.
Quand j’arrive à la villa, Jack me serre contre lui à m’en étouffer, la tête sur mon épaule. Il me soulève et on se met à tournoyer comme deux vieux potes qui ne se sont pas vus depuis longtemps. Je me mets à rire quand il se lamente.
– Je suis tellement content que tu sois revenue, il est d’une humeur de chien.
– Il est toujours d’une humeur de chien, Jack.
– Eh bien, prends son humeur habituelle et multiplie-la par cinq.
– Jack n’a pas tort, marmonne Tara, elle porte encore sa blouse blanche et ses cheveux crépus sont retenus au sommet du crâne. Je m’installe sur l’accoudoir du canapé, les yeux plissés.
– S’il est de mauvaise humeur, ça signifie que je lui ai manqué. Excellent !
La mâchoire de Jack se décroche et Tara secoue la tête en posant une main apaisante sur l’épaule du gamin.
– Ne t’inquiète pas, avec le temps, tu vas t’habituer à ces deux-là. Puis elle tourne son attention vers moi. Comment se porte monsieur Attal ?
– Son corps se rétablit, sa tête par contre… Je laisse ma phrase en suspens, provoquant l’hilarité de Tara.
– Cassandre m’a dit qu’il se prend pour 007.
– Oui et pas qu’un peu. Et Riccardo lui a offert une horrible clochette qu’il est trop heureux d’utiliser. James revient s’installer à côté de nous avec une assiette remplie de tout ce qu’il a trouvé dans la cuisine.
– James, tu ne peux pas manger ici, il y aura des miettes partout.
– Je mange tout le temps ici, et il n’y a jamais de miettes. Je me lève en m’étirant pour aller chercher le démon. Jack me dit qu’il est dans la salle de sport en levant le pouce.
– Je suis un adulte, je peux manger sans en mettre partout…
Les paroles d’Emma n’arrêtent pas de résonner dans ma tête comme un écho d’un jaie moqueur. Je ferme les yeux, pour prendre une profonde inspiration. La maison n’a jamais semblé aussi grande et aussi petite en même temps. J’ai l’impression de marcher trop vite et en même temps pas assez vite.
La salle de sport se trouve au sous-sol, c’est une pièce énorme, brillamment éclairée et équipée de machines modernes dont, pour la plupart, je ne sais même pas à quoi elles servent.
Quand Riccardo était en prison, j’avais commencé à m’y entraîner, mais j’ai fini par abandonner au bout d’une semaine.
Le démon est sur le ring, il est de profil. Torse nu, en short gris et en baskets, il s’acharne sur un sac de sable à mains nues.
Je pousse un profond soupir qui soulève toute ma cage thoracique, en enfonçant durement mes dents dans ma lèvre inférieure. Une vague de désir déferle dans mon corps.
À chaque coup que reçoit le sac de sable, ses muscles se contractent. Sa peau est luisante de sueur, et son short descend légèrement, dévoilant le haut de son boxer. Il est… Sexy ! Il descend du ring au terme d’une dizaine de minutes et se dirige vers la barre de traction. Il prend son élan et ses mains rougies par les coups s’accrochent au métal, tous les muscles de son dos se contractent quand ses jambes commencent à décoller du sol.
Je hoche la tête avec un petit sifflement admiratif, le dos 10 sur 10, le cul ! Perfection, putain.
Une image m’assaille, la nuit durant laquelle on a couché ensemble avant qu’il aille en prison.
Oui, putain oui, j’adore ses muscles !
Riccardo s’arrête brusquement et je me dépêche de me cacher quand il tourne la tête en direction de la porte. Si je croise son regard, je risque de lui sauter dessus comme une affamée. Je me dépêche de m’éloigner de la salle de sport pour pénétrer dans l’ascenseur, le cœur battant à tout rompre.
Il y a une énorme lampe torche posée sur la table de chevet. Au début, je ne lui porte pas attention, plus concentrée que je suis sur la lecture du tome 4 des Seigneurs de l’Ombre, et surtout à jouer avec Persée. Mais mon regard revient constamment dessus. Comme un appel irrésistible à faire une bêtise.
Non, Gayle, concentre-toi. Tu es venue pour parler et régler vos différends, comme un couple normal.
Quand mon regard se pose encore une fois sur la lampe, je craque ! J’éclate d’un rire irrésistible, trop fière de la stupidité que je suis en train de préparer.
Je réussis à dénicher un drap blanc dans le placard et m’en emmitoufle complètement, on dirait presque un énorme burrito blanc. Je réajuste ma prison de tissu pour libérer mes bras.
15 minutes, c’est le temps qui s’ecoule avant que l’ascenseur ne me signale que quelqu’un est à l’intérieur. Étant donné qu’il a changé le code quand Tara nous a surpris sur sa table de massage, je suis persuadée que c’est lui.
Je me lève du lit et me planque dans un coin du mur, près de l’ascenseur mais assez loin pour que les lumières qui en proviennent ne bousillent pas ma couverture.
Riccardo sort de la cabine dans un clic métallique, toujours vêtu de son short. Il passe à côté de moi rapidement sans me voir, la chambre est plongée dans la pénombre. Je lance quelque chose dans sa direction, je ne suis pas une lanceuse hors pair, mais Satan est de mon côté car le crayon l’atteint.
Je me pince les lèvres pour ne pas rire quand il s’arrête brusquement avec un sursaut.
– Ri-ccar-doooo. Il se tourne et j’allume la torche, n’éclairant que mon visage, qui fait une grimace démoniaque.
– Fuck ! hurle le démon en sursautant. Dans un réflexe, il saisit son couteau et le jette dans ma direction, heureusement que je m’écarte sur le côté et l’arme épingle le drap au mur.
Je laisse tomber la torche en appuyant sur le contact qui est juste derrière moi. J’éclate de rire, trop fière de ma blague stupide.
– Oh, tu aurais dû voir ta tête !
– Putain, tu trouves ça drôle. J’aurais pu te tuer.
– Oui, mais tu ne l’as pas fait. Tu es un lanceur lamentable, honte à toi ! Je me débarrasse du drap avant de grimper sur le lit. Il me regarde les yeux plus grands que d’habitude avec une sorte de fascination, pas étonnant, il doit se demander d’où je sors.
Le regard effrontément verrouillé au sien, je replie le doigt pour lui faire signe de s’approcher.
Une lueur amusée passe dans ses prunelles sombres, et les mains enfoncées dans ses poches, il s’avance calmement. C’est bien la première fois que j’arrive à le surplomber comme ça, merci au lit sur lequel je suis perchée, il doit lever la tête pour me regarder. Je pose les mains sur ses épaules luisantes de transpiration, je les fais glisser jusqu’à son cou avant de revenir à ma position initiale.
– Je suis rentrée. Je murmure contre sa joue, sa barbe de plusieurs jours me pique.
– Pourquoi ?
– Papa peut se débrouiller tout seul, Emma est insupportable et je me suis dit que tu devais t’ennuyer sans moi. Je me trompe ?
Je tire sur l’élastique qui retient ses cheveux en demi-catogan, mes doigts s'accrochent à ses mèches soyeuses.
– Oui, tu te trompes. Je lève les yeux au ciel.
– Soulève-moi.
Il le fait sans hésiter, j’enroule les jambes autour de sa taille.
– Il y a quelques mois, je t’aurais peut-être cru, mais plus maintenant. J’ai l’art et la manière de reconnaître un mythomane.
– Tu ne m’as pas manqué parce que je passe toutes mes nuits dans ta chambre.
Mon visage se décompose, ce n’est pas possible.
– Je l’aurais remarqué.
– Tu as un sommeil très profond.
Je grimace. Une fois endormie, il faut un tsunami pour me réveiller. Ça ne m’étonne pas, Riccardo a toujours eu pour habitude de se faufiler dans ma chambre.
– Tu sais que ce n’est pas une attitude très saine ? Il hausse un sourcil ses iris petillant de malice.
– Je sais.
– Pourquoi tu ne m’as pas réveillée ?
– Parce que tu aurais voulu parler, et inévitablement ça aurait viré en dispute. Et j’ai horreur de ça.
– Tu sais, ma mère avait l’habitude de dire que dans un couple, les problèmes sont comme une tumeur. Si elle n’est pas traitée très tôt, elle finit inévitablement par grandir et créer d’autres problèmes plus irréversibles.
– C’est moi la tumeur ? Je hoche la tête avant de rire.
– Tu aurais dû me réveiller.
– Non, je voulais que tu reviennes parce que tu en as envie, pas parce que je te l’ai imposé, mais tu n’imagines pas le nombre de fois où j’ai pensé à te ramener ici de force et t’enfermer au sous-sol. Tu me pousses à faire des choses complètement dingues.
Je plisse les yeux, réellement intriguée.
– Par "choses dingues", tu veux dire avoir une attitude normale et saine ?
– Les choses saines, ce n’est pas mon truc. Son regard appuyé me fait déglutir.
– Pourquoi tu ne reviens que maintenant ?
– Je me sentais mal, je regrette ce que je t’ai dit. C’est juste que ce soir-là, je me suis sentie tellement coupable de ce qui est arrivé à papa. J’ai choisi cette vie en toute connaissance de cause et si c’était à refaire, je le referais les yeux fermés. Mais Emma et lui n’ont rien choisi et j’ai peur qu’ils subissent les conséquences de ma décision.
Il me serre contre lui, je ferme brièvement les yeux en posant la tête sur son épaule. Quand j’ai dit à Emma que je voulais rentrer à la maison, je ne parlais pas de la villa, mais de ça, de cette sensation unique que je ressens quand je suis dans ses bras.
– Je n’aurais jamais dû parler de ta mère.
– Ça m’est égal ce que tu as dit sur cette garce. C’est vrai, tu es la seule femme qui est restée avec moi et qui m’a accepté comme je suis.
Je suis surtout la seule qu’il n’ait pas encore tuée.
– Ce que tu as dit sur les autres femmes, c’était…
– Puéril.
– J’allais utiliser un autre terme, mais oui. Tu m’as blessée, je n’ai jamais pensé que j’étais inestimable, ou différente. Mais je croyais qu’à tes yeux, j’étais un tantinet spéciale. Et que tu parles de toutes ces filles qui seraient prêtes à tout pour toi m’a fait extrêmement mal.
– Tu doutes encore du fait que tu es inestimable à mes yeux ? Je vais te montrer quelque chose, mais tu dois descendre.
J’obéis, intriguée.
Il se met de profil, en levant légèrement son bras. Il y a un nouveau tatouage sur son flanc, à l’horizontale. C’est une phrase en latin, comme celles qu’il a sur le ventre. Mes doigts parcourent les lettres en italique.
– Il est magnifique. Mais qu’est-ce que ça signifie ?
– "La beauté est le fléau de notre société, elle nous empêche de voir qui sont les vrais monstres."
– C’est… Il enveloppe mon visage dans ses grandes mains, me poussant à affronter son regard.
– C’est ta phrase, c’est toi. J'ai toujours une part de toi avec moi. Je ne cesserai jamais de te le répéter tu es mon bien le plus précieux.
– Faisons un pari. Plus de disputes. Riccardo grimace, ce qui me fait rire. Lui et moi savons que c’est peine perdue. C’est inévitable, surtout à cause de moi.
– Je resterai sur le bateau même s’il coule. Je n’ai pas menti.
– Princesse je ne te laisserai pas partir de toute façon. Je le regarde avant qu’un sourire n’ettire lentement mes lèvres, le contraire m'aurait etonné.
– Hé, tu sais que tu es sexy quand tu fais du sport.
– Je sais. Gaviera est un terme latin qui peut se traduire par "parfait". Je le regarde, surprise, ses mains glissent légèrement sur le bas de mon dos.
– C’est vrai ?
Riccardo m’embrasse sur le front avant de s’éloigner.
– Non, c’est faux. Je file sous la douche, tu viens ?
– J’ai une meilleure idée.
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