Chapitre 47: Dominance & manipulation
Jusqu'au cinquième jour de ma captivité, rien ne se passe. Rebecca ne s'était pas manifestée depuis le jour où je lui avais révélé sa véritable identité, soit il y a deux jours. À la place, il y avait Tommaso qui ne me quittait jamais.
Ce n'est pas un homme bavard, il se contente de mettre de la musique classique, un verre de vin toujours posé sur la table à côté de lui tandis qu'il peint. De temps en temps, je sens son regard sur moi comme s'il voulait décrypter les mystères de mon âme avant qu'il ne se concentre à nouveau sur sa toile.
Folle, son calme va me rendre folle. J'en viens à espérer qu'il se passe quelque chose, n'importe quoi.
À chaque fois qu'il termine ce qu'il a à faire, Tommaso tourne son œuvre dans ma direction avant de s'en aller.
Je compare constamment ses toiles récentes avec la première qu'il a faite de moi. Et là, la peur me submerge parce que j'ai l'impression que je risque de prendre le même chemin que Joyce Rivens.
Rester seule, je pense à papa, à Cass et Gia, mais surtout au démon. Je pense constamment à Riccardo Gaviera. Même s'il ne mérite pas que ma tête et mon cœur convergent vers lui, je ne peux pas m'en empêcher.
C'est drôle comme une personne peut entrer dans votre vie brusquement et tout chambouler.
Continue-t-il de me chercher ?
Les paroles de Tommaso me reviennent en mémoire avec la force d'un boomerang, il m'aurait utilisée pour attirer l'attention de ce dernier. Ça ne me surprend pas, mais ça ne fait pas moins mal. Je me rappelle surtout de la dernière fois que je l'ai vu et de la manière dont il m'a repoussée. Il ne l'aurait certainement pas fait s'il tenait à moi autant que je tiens à lui.
La trappe s'ouvre. Je ne bouge pas, m'attendant à voir un Tommaso élégamment habillé comme à son habitude, mais à la place, j'ai une Rebecca au visage inondé de larmes.
Elle commence vraiment à m'agacer avec ses états d'âme ! Je serre les dents, me traitant de monstre. Elle n'est pas dans son état normal !
– Nous avons grandi ensemble. Mes parents travaillent pour l'organisation depuis ma plus tendre enfance. J'en pinçais pour lui, comme toutes les filles d'ailleurs. On le trouvait beau et tellement mystérieux. Mais il a commencé à s'intéresser à moi que quand nous avons eu 16 ans. J'ai fait absolument tout mon possible pour qu'il s'intéresse à moi, et ça a marché. On a fini par se marier quelques années plus tard, c'était de la folie, mais on était jeunes, insouciants et surtout tellement amoureux...
Tellement amoureux...
C'est peut-être pour ça qu'il n'arrête pas de me repousser. Je lui plais. Mais ce qu'il ressent pour moi n'égale pas ce qu'il éprouve pour elle.
Bordel, Gayle, concentre-toi sur la perche que Rebecca est en train de te tendre.
À mesure qu'elle parle, elle comble la distance. Elle a un petit rire à la fin de son discours puis se laisse tomber à côté de moi.
– Ma mère était folle de rage suite à notre mariage. Elle a toujours voulu une grande cérémonie, montrer à tout le monde que sa fille a réussi à mettre le grappin sur un Gaviera, mais c'était le cadet de mes soucis. J'étais heureuse d'avoir uni ma vie à celle de l'homme dont j'étais éperdument amoureuse.
Tandis qu'elle parle, j'essaie de m'imaginer un Riccardo plus jeune, plus insouciant, un Riccardo amoureux et heureux. Mais je n'y arrive pas. Il m'est impossible de coller la personnalité que le démon m'a laissée entrevoir à l'image que Rebecca est en train de dépeindre.
Peut-être que Rebecca le connaît mieux que moi. Soudain, je ressens une vive colère et un sentiment de haine encore plus vif contre Riccardo. Pourquoi avoir chamboulé toutes mes convictions à ce point si je ne représente rien pour lui ? Et après, quand Rebecca sera délivrée des griffes de Tommaso, que se passera-t-il ? Ils se remettront ensemble et moi, dans tout ça.
Je le hais pour cette incertitude que je ressens constamment. J'aimerais tellement retourner en arrière et m'empêcher de tomber amoureuse de lui, mais maintenant, c'est trop tard, même ma haine est une extension de cet amour qui défie toute logique.
Elle me saisit la main, me prenant au dépourvu. Elle est chaude et moite, elle tremble. Je réprime un frisson, elle est tellement maigre.
– Comment il va ? Comment..., Il est toujours aussi beau, toujours aussi surprenant, il m'attend ?
Surprenant, c'est le mot. C'est un con, à lui tout seul, il a réussi à me surprendre plus que toutes les saisons de *Game of Thrones* réunies.
– Il, je passe la langue sur ma lèvre sèche, il n'a jamais arrêté de te chercher.
Son visage aux joues creuses s'illumine d'un grand sourire.
Quelque chose qui ressemble à de l'espoir apparaît dans son regard. Je dois saisir ma chance, je dois réussir à la persuader de m'aider à nous sortir d'ici.
– Il était ici, pour toi. Rebecca, il faut qu'on sorte d'ici. Tommaso n'est pas ton allié, il t'a tout pris. Il faut que tu m'aides.
– Mais comment ?
Soudain, on entend un rire.
Tommaso descend les marches d'un pas tranquille, il porte un pantalon de toile et une chemise immaculée dont il retrousse les manches sur ses avant-bras. Quand il arrive à notre niveau, Rebecca se lève, la tête courbée, regardant ses pieds, ses cheveux tombent devant son visage comme un rideau d'ébène.
Elle ressemble désormais à une enfant soumise.
– J'ai dit exactement tout ce que vous m'avez demandé de dire, êtes-vous satisfait ?
Tommaso, sans me quitter des yeux, lui caresse les cheveux, comme on ferait d'un chien qui a accompli quelque chose de remarquable.
– Tu veux me rendre heureuse, Rebecca ? La voix de Tommaso est à la fois dure et caressante, empreinte de l'autorité d'un homme habitué à être obéi au doigt et à l'œil quoi qu'il demande, sans jamais hausser le ton. Il se dégage de lui une impression de pouvoir écrasante ; il sature tout l'espace alors même que la pièce est immense.
– Je ne vis que pour ça. La voix de Rebecca, par contre, est faible, effacée, brisée.
Qu'est-ce qu'il prépare ? Je n'aime pas ça !
Il caresse de nouveau ses cheveux avant de glisser la main dans sa poche et d'y sortir un couteau. Rebecca examine l'arme avant de la saisir, et ils se mettent soudainement à me regarder. J'ai un sursaut quand elle s'avance vers moi comme une automate, sans jamais rencontrer mes yeux. Merde, elle ne va pas faire ça ?
Et pourquoi elle agit comme une marionnette ?
Mon dos rencontre le mur quand je recule, et j'essaie de me débattre, mais ce n'est pas évident avec les membres entravés.
– Merde, qu'est-ce que tu fabriques ? Ne t'approches pas de moi. Elle me regarde brièvement avant de s'accroupir. Sans aucune hésitation, Rebecca plante la lame dans ma cuisse ; la douleur me transperce, une sensation aiguë et glaciale se répand dans ma cuisse. Le choc me saisit et mes oreilles se mettent à bourdonner ; j'entends à peine le cri qui franchit mes propres lèvres.
Elle retire le couteau, faisant jaillir le sang avant de le planter à nouveau au même endroit.
Bordel, ça fait mal !
Rebecca s'apprête à retirer le couteau quand la voix de Tommaso retentit.
– Ça suffit, viens ici Rebecca. Je la regarde s'éloigner avec soulagement, le visage couvert de sueur et la respiration haletante, l'arme toujours plantée dans ma jambe et du sang s'écoulant de mes entailles. Maintenant, je sais comment ce matelas est devenu rouge.
Si Tommaso ne lui avait pas dit d'arrêter, elle aurait frappé encore et encore. Qu'est-ce qu'il lui a fait ?!
– Je suis très satisfait, Rebecca. Tu veux ta récompense ?
– Oui !
– Alors prends-la.
Rebecca se met instantanément à genoux devant Tommaso, et de ses mains rouges de mon sang, elle attache ses longs cheveux noirs avant de commencer à défaire la boucle de sa ceinture puis de s'attaquer à sa braguette. Bientôt, le sexe de Tommaso jaillit, fièrement dressé. Rebecca le caresse avant d'ouvrir la bouche et de l'engloutir.
Je suis incapable de détourner le regard ; je dois être pâle comme un linge, les yeux ronds comme des soucoupes. Je prends une profonde inspiration pour tenter de calmer les battements de mon cœur et les tremblements de mon corps. Mais en vain.
La scène me donne envie de vomir !
– Gentille fille, tu es une gentille petite chienne, pas vrai ?
Elle laisse échapper un couinement quand Tommaso saisit ses cheveux et se met à la sucer plus fort en creusant les joues. Ce dernier rejette la tête en arrière en hurlant des insanités. Il la frappe sur le visage avant de déclarer dans un râle.
– Plus fort, salope ! Tu adores avoir ma grosse queue dans ta bouche. Il halète, serrant tellement fort les cheveux de Rebecca qu'il lui arrache des mèches, mais elle ne semble pas s'en préoccuper. Elle accueille les coups de reins de Tommaso avec de petits gémissements, il bute contre le fond de sa gorge provoquant à la malheureuse un haut-le-cœur. Ses yeux deviennent rouges et des larmes dévalent le long de ses joues.
– Arrête, arrête. Je murmure comme une automate, mais ma voix, faible, est couverte par le bruit qu'ils font. Ils se répercutent dans toute la pièce. Assourdissant, insupportable.
J'en viens à souhaiter être aveugle pour ne pas voir ça et sourde pour ne plus entendre leurs bruits. Surtout ceux qui proviennent de Tommaso.
– À quatre pattes, salope ! Comme une automate, Rebecca relève sa robe avant de se mettre à quatre pattes. Je remarque les marques de brûlure sur sa peau et les entailles qui ressemblent à des coups de couteau. La peau de ses jambes est complètement abîmée.
Mais bordel, qu'est-ce qu'il lui a fait subir ?
Tommaso retire sa cravate et l'attache autour de son cou.
Rebecca laisse échapper un gémissement quand il s'enfonce durement en elle. Ses ongles griffent le sol alors qu'il saisit à nouveau ses cheveux tout en tirant très fort sur le bout de la cravate. Son visage commence à virer au rouge et elle prend de grandes inspirations comme pour remplir ses poumons d'air. C'est un échec !
Tommaso lui donne une claque qui résonne dans toute la pièce, se mêlant aux bruits des corps qui se rencontrent, aux grognements et aux gémissements aigus.
– Salope, salope, tu aimes être prise comme une sale chienne. Il saisit sa tête et la plaque contre le sol, écrasant son visage. Tommaso redouble d'ardeur, la pilonnant avec une violence presque désespérée.
Je suis soudain projetée à Avignon ; je sens le souffle alcoolisé d'Adrian Leblanc, la douleur que j'ai ressentie quand il m'a prise de force. Je me recroqueville sur moi-même, j'ai envie de hurler, les images se superposent dans mon esprit : des sons, des odeurs. Un kaléidoscope de mauvais souvenirs que j'ai tenté d'enfouir au plus profond de mon être durant tout ce temps.
Ils refont surface comme des monstres. Leurs griffes crochues s'acharnent à me tirer dans les néons.
Ma respiration devient sifflante, mais même les bourdonnements dans mes oreilles ne m'empêchent d'entendre le grognement libérateur que laisse échapper Dominguez.
– Tu as aimé avoir ma grosse queue en toi ?
– Oui, comme toujours.
– Je suis fière de toi, Rebecca. Je me tourne vers eux, les fesses de Rebecca sont rouges à cause des claques. Elle se lève, les jambes tremblantes, regardant toujours ses pieds. Ses genoux sont écorchés. Ça sera peut-être la dernière chose que je ferai de ma vie, mais je jure que je la sortirai de cet enfer.
– Laisse-nous maintenant. Tommaso saisit quelque chose sur la table supportant son matériel de peinture avant de venir s'accroupir devant moi. Il tient une bouteille d'alcool et un rouleau de compresse.
– Vous voulez que je vous dise ? Ma voix est éraillée à cause des émotions qui m'ont traversé. Tommaso me regarde, attendant que je termine.
– Votre queue n'est pas aussi grosse que ça ! Un éclair de colère traverse ses yeux, mais il le cache bien vite. Il faut vraiment que j'apprenne à la fermer. Tommaso regarde le couteau planté dans ma jambe. Merde, il va me tuer !
– Mon père était maître-chien dans la section canine de la police de New York. Il était capable de transformer le chien le plus récalcitrant en un toutou joyeux qui obéit au doigt et à l'œil. Je me rappelle encore de ce Dogo Argentino, Cao ; ses maîtres devaient s'en débarrasser parce qu'il était violent. Il attaquait tout le monde, il avait même arraché le doigt d'un petit garçon. Ils l'aimaient beaucoup et ne voulaient pas le laisser partir, mais malgré tous leurs efforts, Cao était incontrôlable, trop dangereux pour vivre en société.
Cao ? Avec un nom pareil, tu m'étonnes que le pauvre bougre ait pris un mauvais chemin !
Tommaso est si proche que je sens son souffle. Il tire sur la lame, du sang chaud jaillit, m'atteignant au visage et lui sur le torse. Il dévisse la bouteille d'alcool et verse l'intégralité sur ma jambe, puis il continue son histoire comme si je n'étais pas littéralement en train de cuire à côté de lui. Je ferme les yeux sous l'intensité de la douleur. Merde, je n'aurais pas dû me moquer de sa queue.
– Le couple a confié Cao à papa. Je me rappelle avoir pensé que jamais il n'y arriverait, ce chien était une bête sauvage, un mâle enragé. Pourtant, il a fallu un mois à mon père pour transformer l'alpha en une petite chatte à la langue pendante.
Il déroule la compresse autour de ma jambe avec un sourire, les yeux brillants d'excitation.
Cet homme est malade. Je peux dire que, depuis le temps, j'ai eu mon compte de personnes complètement dégénérées, mais lui... Il est au niveau au-dessus.
– J'ai été fasciné, je ne comprenais pas, mais voir le chien obéir à chaque ordre m'excitait. Le soir, dans mon lit, je me caressais en imaginant quelqu'un suivre mes ordres de la même manière. Je voulais la même chose, mais avec une femme. Ma première copine était une furie qui n'en faisait qu'à sa tête, elle m'agacait, je l'ai quittée avant de céder aux pulsions meurtrières qu'elle déclenchait en moi. Je me suis rabattu sur les putes. Je les payais, donc elles m'obéissaient, mais un jour, je me suis interrogé : ces putains, m'obéissaient-elles à moi ou à l'argent que je leur offrais ? J'ai fini par me lasser de jouir sans plaisir. Puis j'ai rencontré Joyce Rivens. Je l'aimais, mais elle faisait ressortir tout ce qu'il y avait de pire en moi.
Il prend une grande inspiration, comme si la simple évocation de Joyce Rivens réussissait à le mettre hors de lui.
– C'était une salope, membre d'une association féministe à la con. Elle me tenait constamment tête et ça me rendait complètement fou. J'ai décidé de la retenir captive et de la dresser, mais ça a été un putain d'échec. Joyce était une salope aussi belle que déterminée. Je l'ai mise en pièces, mais elle n'a jamais flanché. Cette gigolette s'est laissée mourir de faim.
Gigolette ? Mais d'où il sort avec son vocabulaire préhistorique !
– Tu ne l'aimais pas. Si tu l'aimais, tu l'aurais acceptée comme elle était.
– Insoumise et folle ? Elle appelait sa dépravation la liberté. L'obéissance aveugle, c'est la seule forme d'amour que je connaisse, que j'accepte.
Tommaso souffle de manière théâtrale et me caresse les cheveux comme il le faisait avec Rebecca il y a quelques instants. Je ne bouge pas.
Eh merde, je ne suis pas Rebecca. Je tourne la tête et plante mes dents dans sa main, juste là où il y a sa grosse veine. Il pousse un petit cri de surprise et éloigne son bras.
Il me regarde à présent comme si j'étais une chienne enragée qu'il prendra plaisir à briser, puis il reprend son histoire.
– Il y a eu tellement de femmes après Joyce : des noires, des arabes, des asiatiques, des blondes, des brunes, mais mon plus grand succès reste Rebecca. Si je lui demande de sauter d'un pont, elle le fera en posant une seule question : quand ?
– Vous l'avez torturée.
– Non, je l'ai dressée. Rebecca est ma plus belle œuvre d'art, mon cheval de Troie et je compte bien l'utiliser à mon avantage contre mon ennemi. Riccardo veut sa Rebecca, je lui en ferai cadeau.
Un cadeau empoisonné !
Il compte utiliser Rebecca comme appât pour piéger Riccardo et le tuer ? Ses coups de couteau et ce viol n'étaient qu'une démonstration de Tommaso pour que je n'ignore rien de l'emprise qu'il a sur le mental de cette pauvre femme. Il l'a transformée en un objet malléable qu'il peut utiliser à sa guise.
Sa vengeance contre Riccardo ne se limitait pas à capturer Rebecca ; non, son plan a toujours été de la dresser et faire d'elle le bras armé qui le débarrassera de la pieuvre de l'ombre.
Il est intelligent, faut lui reconnaître ça. Mais ce n'est pas un scoop, les psychopathes font partie des personnes les plus intelligentes de la Terre. Ed Kemper a un quotient intellectuel de 136 et Ted Bundy a été assez fourbe et manipulateur pour être son propre avocat lors de son procès.
– Et moi, dans tout ça ?
– Toi, quand je te regarde, je vois de l'argent, des montagnes de billets. Nous allons retourner en France, mais on en parlera plus tard. J'ai des fidèles qui m'attendent pour l'office du dimanche. Je reviendrai te peindre avec ce rouge sur le visage, tu seras suprême.
– Votre beauté ne doit pas être extérieure : coiffure compliquée, bijoux en or, robes trop élégantes. Elle doit être cachée à l'intérieur de vous-mêmes. Un cœur doux et calme, voilà la beauté qui a beaucoup de valeur pour Dieu, et elle ne disparaît pas.
Il me fait un clin d'œil à la fin de sa litanie, que j'ai reconnue comme un verset biblique. Enfin, je pense.
– Aujourd'hui, je vais faire un prêche sur la vanité.
Quel hypocrite ! Il doit lire tout mon dégoût sur mon visage, ce qui l'amuse.
Il monte les marches deux à deux et disparaît, refermant la trappe derrière lui.
Il faut que je sorte d'ici avant qu'il n'envoie son cheval de Troie au démon.
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