Chapitre 45: ... Il reviendra au galop

William est un ivrogne.

Aussitôt arrivée chez lui, une petite maison au bord d'un lac construite sur deux étages, il nous a présentés sa femme Monica, petite et ronde, enceinte jusqu'aux dents.

Elle est vraiment très gentille, elle m'a accueillie à bras ouverts et m'a gentiment proposé de prendre un bain et m'a prêté une robe.

Riccardo aussi a pris une douche et porte des vêtements appartenant à William. Ce dernier est assis devant nous, sa femme à côté de lui et son fils au bout de la table. Son nez a enflé et il n'arrête pas de me regarder. Il m'a même fait un clin d'œil une fois ou deux. Le père de famille passe son temps à boire et à parler. William est l'un des associés de la Cosa Nostra. Il s'est planqué dans ce village car il a eu quelques démêlés avec la justice. Pour être plus exact, son ex-femme, la mère de Fabio, a porté plainte contre lui pour viol et tentative d'assassinat. Mais il jure, je cite : « cette salope n' en a qu'après mon argent ! »

– Assez de parler de moi. Riccardo, parle-moi de cette charmante créature. C'est la remplaçante de Rebecca ? Mes dents s'enfoncent dans ma lèvre inférieure. Je n'ai rien contre Rebecca, mais je ne suis la remplaçante de personne !

William éclate de rire après son commentaire, puis il porte son verre à ses lèvres. Son visage est devenu tout rouge.

– Elle travaille avec moi.

– Tu dois être un sacré coup au lit, jeune fille. Riccardo n'a jamais voulu travailler avec personne. Je me crispe, j'ai envie de lui envoyer mon poing sur la figure. Monica pâlit suite aux mots de son mari et elle me fait un sourire d'excuse.

Soudain, Riccardo plante son poignard sur la table, nous faisant sursauter. Il a manqué de très peu la grosse main de William. Un long silence rempli de tension tombe dans le salon. Un froid glacial s'empare de nous à mesure que les secondes s'écoulent et que les deux hommes se regardent dans les blancs des yeux. William déglutit, fait glisser sa main hors de la table, puis il a un rire sans joie.

– Je te reconnais bien là, mon pote, toujours aussi impulsif. J'ai compris : pas de commentaires sur ton associé !

– Exact. Et si ton fils pouvait arrêter de lui faire des clins d'œil, ça m'éviterait de le lui arracher. Fabio sursaute en laissant tomber son verre de tequila.

– Dites-moi, Gayle, vous appréciez le village ? questionne Monica. La pauvre, je ne sais pas comment une femme aussi douce fait pour supporter un ivrogne comme William.

La critique est facile. Je te rappelle que l'alcool t'a fait oublier ce que tu as fait la veille.

– Oui, il est très charmant. Je sens la main de Riccardo se poser sur ma cuisse. Je me crispe et lui lance un regard, il est absorbé dans sa conversation avec William.

– C'est un petit village, mais les gens ici sont très accueillants. Je me suis tout de suite sentie comme chez moi. Et dans deux jours, il y aura une grande fête sur la plage.

– Vous n'êtes pas d'ici ?

– Non, je viens de Naples. Veuillez m'excuser, je vais surveiller le ragoût. Elle se lève, emportant avec elle son sourire.

– Dis-moi, William, tu dois connaître tout le monde dans ce petit village ?

– Oui, il y a à peine 300 habitants, alors... Il conclut en vidant son verre.

– Je cherche quelqu'un. Il est venu s'installer ici il y a un an environ, peut-être avec une femme. Grande, avec des cheveux noirs et des yeux bleus. Tout en parlant, sa main se déplace plus haut, écartant le tissu de ma robe. Je frissonne quand elle se pose sur ma cuisse nue. Je lui envoie un coup de pied, qui ne le fait même pas broncher.

C'est Fabio qui répond à la question de Riccardo parce que son père est trop occupé à remplir son verre.

– L'année passée, une seule famille s'est installée ici : un couple de lesbiennes et leurs enfants, un garçon et une fille qu'elles ont adoptés. Elles ne sont pas très appréciées, les mentalités dans ce village ont été importées de l'époque des pharaons. En plus d'elles, il y a le prêtre et l'homme d'église qui vient tout droit du Vatican. Il n'est pas marié.

Fabio se fait le devoir d'expliquer des faits logiques.

Riccardo repousse ma jambe et sa main rugueuse glisse plus haut, traçant un sillon brûlant à l'intérieur de ma cuisse. Je ne porte pas de sous-vêtements et je refuse qu'il se rende compte à quel point son toucher me rend humide.

– Personne d'autre ?

– Non, mes gars et moi connaissons tout le monde ici.

– L'homme d'église dont tu parles ne s'appelle pas Lorenzo ?

– Ouaip, un illuminé qui n'arrête pas de parler de jugement dernier, de rédemption et de paradis. Monica nous traîne chaque dimanche à l'église. À chaque fois qu'il ouvre la bouche, j'ai envie de me tirer une balle et j'ai toujours une envie folle de l'empaler au mur, celui-là.

J'espère qu'il est meilleur empaleur que kidnappeur.

– Comment se fait-il que tu le connaisses ? questionne le démon. J'ai serré les cuisses, emprisonnant sa main par la même occasion.

– Je l'ai rencontré une fois devant la maison. D'ailleurs, il m'a parlé d'un drame et de bénédiction. Je n'ai rien compris.

– Un illuminé, s'écrie Fabio. Personne ne comprend jamais ce qu'il raconte.

– Peut-être que si tu ne dormais pas durant la messe, tu comprendrais.

Monica revient s'installer autour de la table. Elle me sourit et glisse devant moi un verre contenant une boisson rose. Elle sent la fraise.

– L'une de mes spécialités.

– Merci beaucoup, Monica.

– C'est vrai qu'un drame s'est déroulé dans la maison de vacances l'année passée. Note William, son ton est bourru à cause de l'alcool.

Le démon réussit à écarter mes jambes, il saisit ma cuisse et pose d'autorité ma jambe par-dessus les siennes. Je me débats pour lui échapper et, dans la lutte, on se cogne contre la table. William sursaute face au bruit, son verre se verse sur sa chemise.

– Désolé, quelque chose m'a piqué.

– Ce n'est rien, s'empresse de déclarer Monica. En été, ces bêtes sont très voraces.

Vorace, en effet !

Riccardo se pince les lèvres pour ne pas sourire, sans quitter William des yeux. Ce dernier remplit un autre verre avant de continuer son histoire.

– Chéri, tu devrais arrêter, intime Monica d'une petite voix en observant la bouteille qui diminue dangereusement. William ne bronche pas, c'est à se demander s'il l'a entendue ; à la place, il déclare :

– Si ma mémoire est bonne, l'année précédente, la maison a été louée par des Chinois pour l'été.

– Non, c'était des Japonais, intervient Monica. Il balaie l'intervention d'un mouvement des doigts.

– C'est la même chose. C'était un couple, ils avaient une petite fille et un chien foutrement moche. Qu'est-ce que ce chien était moche !

Monica éclate de rire, suivie par son mari et son beau-fils.

– Je crois que c'était un chien chinois à crête. Attendez, Gayle, il faut que je vous montre.

J'apprécie qu'elle fasse absolument tout son possible pour que nous ne soyons pas exclus de la conversation. Elle fait une rapide recherche sur son téléphone et me montre la photo d'un chien trop bizarre.

– Oh mince, ce n'est pas la beauté qui l'étouffe. Ma voix s'est brisée à la fin à cause des doigts de Riccardo. Ahh, je le déteste !

– Putain ! s'exclame le démon, ses doigts ont atteint l'intérieur de mes cuisses où ma mouille dégouline. Je ne peux désormais plus rien faire pour lui cacher mon état.

– Un problème, Ric ?

– Le chien est mouillé... Je veux dire moche. Je lui envoie un autre coup de pied, mais à quoi il joue !

– Continue ! C'est moi ou sa voix est devenue plus éraillée ?

– Leur fille a disparu, commence Monica. Ils l'ont cherchée durant des mois, aidés par les villageois, mais ça n'a servi à rien. La police a conclu que c'était une fugue. La mère de famille a fini par perdre la tête, elle s'est suicidée en se jetant du haut de la fenêtre de l'une des chambres. Depuis, les villageois font courir un nombre incalculable de rumeurs sur la maison des touristes, disant qu'elle est maudite et habitée par les fantômes de la mère et de sa fille. Certains pêcheurs vont plus loin en affirmant qu'ils voient une femme tenant le corps inerte d'une petite fille sur la plage. Les gens dans ce village ont une imagination débordante.

– J'y vis, mais jamais aucun fantôme ne m'a attaquée, déclare Riccardo. Il fait courir son pouce le long de mes petites lèvres, la sensation est telle que je dois débourser des montagnes de self-control pour ne pas me jeter sur lui. Je saisis mon verre pour me donner de la contenance.

William rit suite à son commentaire. Sa femme lui lance un regard mécontent avant de plaider.

– Ce n'est pas une blague, mon garçon, vous devriez laisser le père Lorenzo bénir la maison. Je ne doute pas que ses prières vont éloigner les démons.

– Ennuyeux comme il est, les démons vont plutôt s'endormir, commente Fabio.

J'interviens en regardant Monica.

– Monica, s'il fait ça, j'en connais un qui va se retrouver à la rue. Les lèvres de Riccardo frémissent ; il sait que je parle de lui. Il verrouille ses yeux aux miens en enfonçant un doigt en moi. Mince, mon ventre se contracte et mon dos se cambre, c'est tellement bon...

– Ah oui, qui ? Je regarde la maîtresse des lieux sans comprendre. De quoi parlions-nous ? Riccardo ajoute un autre doigt et j'oublie absolument tout, là où je me trouve, avec qui. Je suis happée par la pression dans mon bas-ventre, par mes seins qui se sont alourdis et aux doigts qui entrent dans mon intimité de plus en plus vite. Mon ventre se contracte et j'ai l'impression que des millions de flèches électriques me traversent, mes parois intimes serrent ces doigts à les étouffer.

– Gayle, Monica attend une réponse. Je fusille le démon du regard. Comment veut-il que je parle alors qu'il me torture ainsi ?

Je m'éclaircis la gorge.

– Ça serait bien, en effet, que le prêtre vienne... mince. Il tourne son pouce autour de mon bourgeon gonflé, un véritable feu d'artifice explose en moi et mon intimité se met à palpiter plus fort autour de ses doigts. Mon corps est secoué de spasmes incontrôlables. Ma main empoigne le tee-shirt de Riccardo sous la table ; je sens son corps frémir quand mes ongles éraflent ses abdominaux par accident.

C'est la deuxième fois que Riccardo et moi faisons des choses intimes en public. OK, les gens qui nous entourent n'ont aucune idée de ce qui se passe sous la table, mais la première fois, au club, tout le monde avait les yeux braqués sur nous.

Je suis adepte de l'exhibitionnisme ou quoi ?

Je laisse tomber ma tête sur son épaule, à bout de force.

– Gayle, vous êtes sûre que ça va ? Vos yeux sont humides. Merde, je fais un effort surhumain pour retenir des larmes dues au plaisir.

– Ça va, j'ai juste mal aux yeux, j'ai oublié mes lunettes chez moi. Mais dites-moi, comment s'est terminée l'histoire de la famille asiatique ?

– Mal, le père est devenu complètement fou. Il errait dans le village, répétant à qui voulait l'entendre que sa femme ne s'est pas suicidée, qu'elle a été poussée car elle en savait trop.

– Je me rappelle de lui, reprend William. Ce n'était plus qu'un ivrogne de merde. Il crache avec dédain en remplissant un nouveau verre !

C'est l'hôpital qui se fout de la charité, par contre.

Riccardo recourbe ses doigts, changeant d'angle pour me pénétrer plus profondément. Mes ongles s'enfoncent dans son ventre, puis soudain il s'arrête. Je sens ses doigts glisser hors de mon intimité ; j'ai envie de hurler de frustration. Il me fait un clin d'œil avant de se caler contre le dossier du siège, son verre à la main.

Merde, je le hais. Il va me le payer !

– Le pauvre, il est interné à l'hôpital psychiatrique du village, il ne méritait pas ça.

– Ce petit village a une section psychiatrique ? je questionne, sincèrement étonnée. J'espère que nos hôtes ne vont pas remarquer à quel point ma voix a changé. Riccardo, lui, le remarque et n'arrête pas de sourire.

– C'est un grand village ! s'indigne Fabio.

Après ça, nos hôtes orientent la conversation vers des sujets plus agréables, comme la fête à venir, malgré mon désir inassouvi. Mon cerveau tourne en plein régime : Tommaso s'est installé dans le village il y a un an. C'est exactement à cette même période que la petite fille a disparu. Sachant son implication dans le réseau pédocriminel de Belluci, je refuse de croire que c'est une coïncidence et le père de famille qui affirme que sa femme ne s'est pas tuée. Je suis mitigée, le désespoir pousse les gens à faire des choses inimaginables, mais s'il avait raison ? Peut-être que sa femme a vraiment été tuée par la personne qui a kidnappé sa fille.

– Je vais aller fumer. Riccardo repose ma jambe avant de se lever. Je regarde l'heure sur l'horloge accrochée au mur. Il ne va pas fumer, il va prendre la mystérieuse pilule qu'il prend toujours deux fois par jour.

Je décide de ne pas le suivre. Je ne sais pas pourquoi, mais ça le gêne d'aborder l'utilité de ses médicaments avec moi. Je vais respecter son choix et peut-être qu'un jour il me fera assez confiance pour m'en parler.

Et s'il ne le fait jamais ?

– Je viens avec toi ! Depuis qu'il sait qui est Riccardo, Fabio tombe littéralement d'admiration. Dans le monde de la mafia, la pieuvre de l'ombre est une vraie légende.

Je présume que je me sentirais comme ça si je me retrouvais face à George R.R.

N'ayant aucune envie de rester seule avec un William à moitié endormi, je suis Monica en cuisine.

– Besoin d'aide ? Elle détourne son attention du four pour me sourire.

– Tu te sens capable de faire une salade de fraises ? Je hoche la tête avec un sourire, reconnaissante qu'elle ne m'ait pas envoyée gentiment balader, puis je commence à me laver les mains.

– Tout est là.

Sur le plan de travail, il y a plusieurs fraises dans un bol, du citron, du sucre et un bouquet de menthe fraîche. Je saisis le couteau et commence à découper les fruits.

– Alors, Riccardo et toi, ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ? Un rire m'échappe.

– Nous ne sommes pas en couple, Monica fronce les sourcils.

– J'aurais juré, il a cette façon de te regarder.

J'ai l'impression d'entendre la voix d'Arya qui hurle : il veut ta petite fleur !

– Crois-moi, Monica, tu te fais des idées.

– Je sais ce que j'ai vu et les femmes enceintes ne se trompent jamais, elle tapote son ventre. Je lève les yeux au ciel, mêlant mon rire au sien.

– Bon, je vais chercher mon service spécial invitée, je reviens. Je l'observe quitter la cuisine d'un pas chaloupé, une main protectrice sur son ventre, avant de me concentrer sur ma tâche.

Monica semble réellement ravie d'avoir des invités, elle ne doit pas avoir beaucoup d'occasions de sortir son service spécial. Sait-elle ce que son mari et son beau-fils font pour gagner leur vie ? Ça m'étonnerait qu'elle l'ignore. Mais elle les aime et reste avec eux. Tout comme Arya et Luca. L'amour est vraiment un sentiment étrange, il t'attache à une personne, à tout ce qu'elle est et à tout ce qu'elle fait.

Je sursaute quand la porte moustiquaire menant à l'arrière de la maison s'ouvre, heureusement ce n'est que le démon.

– Tu as réussi à te débarrasser de Fabio ? Il grimace, ce qui m'arrache un rire, Riccardo étant facilement irritable, je doute que les bavardages de Fabio l'enchantent.

– Non, il est allé chercher sa collection de couteaux. Je ne savais pas que j'avais des admirateurs.

– Je rêve ou ça te gêne ?

– Je ne suis pas un exemple à suivre. Tu es jolie dans cette robe.

Son compliment me prend au dépourvu et une nuée de papillons explose dans mon ventre. Il comble la distance et entoure ses bras autour de moi, mon corps se moule parfaitement au sien. Depuis quand c'est devenu aussi naturel entre nous ? Depuis quand avoir Riccardo Gaviera contre moi est devenu quelque chose d'aussi vital ?

Je me rappelle encore de l'époque où il me tapait tellement sur le système que je lui versais au visage tous les verres d'eau qui avaient le malheur de se trouver dans les parages.

– Je suis toujours jolie.

– Je croyais être le fanfaron ? Mais c'est un fait, tu es la plus belle femme du monde.

Je ne comprends plus rien, une chose est sûre, j'ai perdu le contrôle de ma vie le soir où j'ai croisé son regard au restaurant, il a suffi d'un battement de cil et d'un verre de champagne pour que mon existence monotone se transforme radicalement.

Il tente de saisir une fraise, mais je lui donne une tape du plat du couteau.

– Sois sage ! J'en prends néanmoins une et la porte à ses lèvres, me dépêchant de retirer mes doigts, ce qui le fait rire.

– J'essaie, mais c'est de plus en plus difficile avec toi à mes côtés.

Je tourne la tête et Riccardo baisse la sienne, me regardant à travers ses cils incroyablement longs.

N'y tenant plus, je me mets sur la pointe des pieds, scellant mes lèvres aux siennes. Aussitôt, un son entre le grognement animal et un gémissement traverse son torse. Ma main s'enroule autour de sa nuque, celle de Riccardo descend le long de mon corps pour saisir ma main droite, et il entrelace nos doigts. Ce baiser est différent de tout ce que j'ai connu avec lui, il est empreint de tendresse, comme s'il voulait me communiquer quelque chose qu'il n'arrive pas à me dire avec des mots. Sa langue titille la mienne, l'effleurant en une lente caresse lascive, ses doigts se contractent, serrant les miens plus fort et mon corps est comprimé contre le sien.

Je sens tout mon être m'échapper comme dans une course folle pour lui appartenir, et je ne résiste pas, je lui donne tout ce dont il a besoin.

Il me retourne et me soulève, me posant sur le plan de travail, il baisse légèrement ma robe et aspire mon téton entre ses dents.

Je gémis en fourrageant dans ses cheveux, sa langue trace un sillon brûlant le long de mon cou, nos lèvres se retrouvent à nouveau.

– Tu me rends dingue. Il gémis contre ma bouche, je me cambre contre lui, incapable de dire quoi que ce soit, je suis un vrai perroquet, ce n'est un secret pour personne, mais quand il me touche, je perds l'usage de la parole, seule une série de sons désarticulés s'échappe de ma bouche. La main sur sa nuque, je lui mordille le lobe de l'oreille, je le sens trembler contre moi. On est complètement dingues. Cette pensée lucide réussit à me traverser : on est dans la maison de nos hôtes ! Pourtant, ma main entre nous se pose sur son ventre, elle descend plus bas. Je commence à le caresser à travers son jogging d'emprunt.

Riccardo me regarde comme s'il voulait ma permission, je l'attire plus près pour réclamer un autre baiser, je suis comme une assoiffée dans le désert, ma plus grande crainte est de ne jamais réussir à me désaltérer. Mes jambes se verrouillent autour de ses hanches, en même temps qu'il mordille ma lèvre inférieure, il baisse son jogging et aussitôt il est sur moi. Je frémis en sentant sa chair dure palpiter contre la mienne.

– Merde. Il articule d'une voix éraillée.

Loin de m'effrayer, son ton autoritaire émoustille encore plus mon désir. Oui, je veux lui appartenir.

Sans me quitter des yeux, il entre doucement en moi, écartelant ma chair sensible, il ferme les yeux.

– Tu es la personne dont je ne pensais pas avoir besoin. Je n'imagine plus ma vie sans toi. Son aveu me bouleverse, je ressens exactement la même chose et je suis rassurée de ne pas être la seule. Parce que ça signifie qu'il y a un espoir.

– Ric, viens voir mes armes ! On se fige quand la voix de Fabio réussit à percer notre bulle, ma langue se délie de la sienne avec un râle de protestation.

Riccardo me repousse comme si ma proximité l'avait brûlé, il remonte rapidement son pantalon. Il se tient à bonne distance, son large torse se soulevant au rythme d'une respiration saccadée, les poings serrés et le jogging déformé par une monumentale érection.

Ses yeux sont dilatés, comme s'il était défoncé.

– Je suis désolé, c'était une erreur. J'ai l'impression de recevoir un uppercut en plein cœur, qui me sort de mon état de transe. Fabio l'appelle de nouveau, la voix de ce dernier me parvient comme dans un brouillard.

– Une erreur ? Tu te moques de moi ?

– Je ne suis pas celui que tu espères.

– Alors qui es-tu ? Tu viens de dire que tu n'imagines pas ta vie sans moi !

Sa mine est impassible, si ce n'est à cause des tremblements de sa main, je serais prête à croire que ce qui s'est passé n'est qu'un rêve sorti de mon imagination débordante.

– Je ne m'en souviens pas. J'écarquille les yeux, sans même réfléchir, je saisis le bol contenant l'eau dans laquelle Monica a lavé les fraises et lui verse au visage.

– Je te déteste ! Je m'écrie, la lèvre tremblante.

– Gayle.

– Non, ne me touche pas. C'est ma faute en réalité, je ne sais même pas ce que j'espère. Mais je ne suis pas un jouet, je t'interdis...

Je m'arrête net, j'ai soudain mal à respirer. Je viens de comprendre pourquoi son attitude me touche toujours autant. Je suis tombée amoureuse de lui.

Putain, je suis sûrement la fille du nain simplet, comment ai-je pu être négligente au point de faire une erreur aussi monumentale ? Je me retiens au plan de travail pour ne pas tomber.

Je suis tombée amoureuse de Riccardo ? Comment peut-on être désespéré au point d'aimer quelqu'un qui ne sait même pas ce qu'il veut ?

– Va t-en, je veux être seule, je souffle d'une petite voix.

– Gayle... L'expression inquiète sur son visage me met hors de moi. Je ne veux pas de sa pitié, je dois être pâle comme un linge. Comment est-ce arrivé ? Comment ai-je pu être aussi stupide ?

– Dehors !

Riccardo laisse échapper un juron avant de quitter la cuisine comme s'il avait Hadès à ses trousses. J'ai eu le temps d'apercevoir une lueur de douleur dans ses yeux, mais je l'ai sûrement rêvée. C'est certainement de la pitié à mon égard.

Je lave mes mains tremblantes avant de pousser la porte moustiquaire, j'ai besoin d'air.

Je n'arrive ni à calmer les battements de mon cœur ni le torrent qui se déchaîne dans mon ventre. Les bras croisés sur la poitrine, je m'avance vers l'arbre qui se trouve au milieu du jardin.

Je fais beaucoup d'efforts pour ne pas pleurer. Bon sang, je ne comprends vraiment rien.

Qu'est-ce qu'il attend de moi ? Et moi, qu'est-ce que j'espère ?

Je suis complètement perdue, si je comprends bien Riccardo peut se permettre de me caresser et faire ce qu'il veut, pour ensuite clamer que c'est une erreur ? À cause de Rebecca ?

J'étouffe les murmures du diable sur mon épaule, mais il est impossible de me débarrasser de mon sentiment de jalousie. Je me rends compte que je n'ai jamais été jalouse avant Riccardo, mais ce sentiment de possessivité devient de plus en plus impossible à réprimer.

Est-ce égoïste de ma part de souhaiter être la seule qui compte à ses yeux ?

Je cale mon épaule contre le tronc rugueux et me passe une main tremblante sur le visage. J'ai tout d'un coup envie de rentrer chez moi et de me blottir dans les bras de mon papa. Le seul homme dont je suis sûre des sentiments.

Parfois, je suis persuadée qu'il tient à moi, puis il gâche tout en se comportant comme un con !

Peut-être que je me fais juste des illusions. S'il tenait à moi, il ne passerait pas son temps à me repousser.

Aghhg, je le hais !

Soudain, je sens quelque chose se plaquer contre mon dos. Je suis attirée en arrière et un truc se pose sur ma bouche, m'empêchant de hurler. Mon corps se met tout de suite en alerte, je reconnais l'odeur du chloroforme pour l'avoir beaucoup trop sentie. Mon ventre est oppressé dans un étau de fer et mes jambes ne touchent plus le sol. La personne qui me tient avance, et moi avec elle.

Je bloque ma respiration pour ne pas inhaler les effluves toxiques du chloroforme, ma poitrine se gonfle et ma tête se met à tourner. Je me débats, mais mes mouvements sont de moins en moins précis, je sens quelque chose s'enfoncer dans ma hanche.

Bordel, ça fait mal, qu'est-ce qui se passe ? Je donne un coup de pied à la personne qui me retient, mais je ne rencontre que le vide, mes membres sont engourdis. La personne laisse échapper un juron et la seconde d'après, je reçois un énorme coup sur la nuque qui me fait perdre connaissance.

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