Chapitre 31: La chasse aux informations.

– Tara, à l'aide ? Je dois sortir dîner avec Dante, et je ne sais pas quoi mettre ! Je déboule dans la chambre de Tara complètement paniquée. Plusieurs fois, j'ai saisi mon téléphone dans le but d'annuler le rendez-vous avant de me raviser. Ce n'est qu'un dîner. Puis j'ai passé l'autre moitié de mon temps à prier pour que Dante annule le rendez-vous, mais rien ne s'est passé.

Il vient me chercher dans une heure et je ne suis absolument pas prête.

– Tu vas sortir avec Dante ? Riccardo ne sera pas content !

– Il s'en moque. Aide-moi ! Je pose mes vêtements sur son lit. L'air pensif, Tara soulève une robe noire.

– Il s'en moqu ? On verra ça.

– Tara... Il y à plus urgent que les états d'âmes du démon.

– Celle-là est trop décolletée, ça dit "je te montre la moitié maintenant, mais tu verras l'autre moitié quand on sera seuls."

– Il ne verra jamais l'autre moitié, qu'est-ce que tu racontes.

– Donc, pas la noire. La rouge dit trop : "je veux te séduire avec mon élégance."

– Mais je ne veux séduire personne avec mon élégance, je veux juste manger et regarder un film.

– Alors oublie les robes. Mets ça ! Elle soulève une combinaison brune à manches courtes. C'est une tenue simple qui ne dévoile presque pas de peau.

– Tu as raison, elle est parfaite.

– Avec les chaussures à talons, oui. Je regarde la montre accrochée au mur de la chambre de Tara.

– Mince, je suis en retard, merci Tara ! Je récupère mes vêtements avant de m'enfuir de la chambre en courant. Quand j'arrive dans la mienne, je ferme la porte à clé avant de jeter négligemment les vêtements sur le lit. Ils tombent sur Persé, mais ça ne le réveille pas.

Je prends une douche rapide et me sèche les cheveux, je me maquille en un temps record avant d'enfiler mes vêtements et mes chaussures.

Dante m'envoie un message, me prévenant qu'il m'attend en bas. Génial, juste à temps.

Je mets quelques affaires dans mon sac puis je sors de la chambre. Je vérifie mon téléphone, en consultant mes messages. Je n'ai pas reçu de message de Riccardo et ça m'inquiète de ne pas savoir où il se trouve. Peut-être que je devrais lui écrire ?

Gayle

Salut, tu vas bien ? Tu as disparu toute la journée...

Aussitôt que le message part, je regrette de l'avoir envoyé parce que je sais qu'il ne va pas répondre.

Dante m'attend dans la cour, adossé à une voiture de sport rouge. J'ai le souffle coupé en le voyant. On peut dire ce qu'on veut, mais les Gaviera sont magnifiques.

Il porte un pantalon en toile et un polo sombre. Ses vêtements sont mis en valeur par sa grande taille et sa musculature développée. Comme à son habitude, il me sourit de ce sourire tendre et contagieux.

– Tu es très jolie. Je sens mon visage s'enflammer.

– Merci, toi aussi, tu es très jolie... mince, je voulais dire tu es joli... enfin beau.

Dante éclate de rire, il comble la distance et pose une main sur mon épaule.

– Tu me trouves joli à quel point ?

– Arrête, n'en rajoute pas. Je dis en me joingnant à son rire.

– Respire. C'est juste un dîner entre amis, pas notre lune de miel... enfin, pas encore ! Il me fait un clin d'œil, et durant une fraction de seconde, je retrouve les traits de Riccardo en lui. Je n'avais jamais remarqué leur ressemblance jusqu'à cet instant.

Gayle, concentre-toi, tu es avec Dante, pas Riccardo !

– Où est-ce que nous allons ? Il contourne la voiture pour m'ouvrir la portière avant de s'installer derrière le volant.

– Je te conduis dans mon restaurant préféré, puis nous irons regarder un film. Le volet deux de Dune. Je regarde en direction de la maison dans l'espoir d'apercevoir le démon, mais il n'y a que les gardes qui surveillent l'entrée. Je serre fort mon sac. Où est-ce qu'il est ? Est-ce qu'il va bien ?

Peut-être que c'est moi qu'il fuit ? C'est ce que je voulais, je n'ai pas arrêté de le fuir et de le chasser depuis que je le connais. Je crois qu'il s'est enfin décidé à me donner ce que je cherchais.

Tout le monde veut que je parte, pourquoi serais-tu différente ? Ces mots n'arrêtent pas de résonner dans ma tête. Parlait-il de sa mère ? L'ai-je blessé en le repoussant ?

Merde, mais sors de mes pensées !

– Un restaurant italien sûrement. Le beau blond démarre et sort de l'allée avant de répondre.

– Je suis plein de surprises.

Je ne pense pas que tu pourras me surprendre plus que ton cousin. Lui, il a fait un point d'honneur à me surprendre à chaque instant.

– J'en doute ! Dante s'arrête le temps que le portail s'ouvre.

– Tu sais qu'il est dangereux de mettre au défi un Gaviera. Relever les défis est dans nos gènes.

Je ne le sais que trop bien. C'est parce qu'on lui a lancé un défi que Riccardo m'a sauvée. C'est assez ironique de se dire que ma vie n'a tenu qu'à son désir de ne jamais perdre la face. Je consulte mon téléphone, toujours aucune réponse.

Peut-être qu'il n'a pas vu.

– Je peux t'emprunter ton téléphone ? Je n'ai plus de forfait et j'aimerais envoyer un message à quelqu'un.

– Bien sûr. Dès que je prends son téléphone, je compose le numéro du démon et je lui envoie un message.

Dante

Salut mec !

J'écarquille les yeux quand la réponse arrive à peine quelques secondes plus tard.

Ric

Qu'est-ce que tu veux ? Je suis occupé.

– Quelle espèce de... putain je le hais !

– Tout va bien ? Je tourne légèrement l'écran pour qu'il ne voie pas ce que je fais.

– Oui, c'est ma sœur, elle est insupportable...

Dante

Tu vas bien ?

Ric

Tu es sûr que tu n'es pas tombé sur la tête ? Depuis quand tu demandes si je vais bien ?

Je grimace. Que répondre à ça ? Je n'aurais jamais dû lui demander s'il va bien. Riccardo commence à écrire. Par contre, pour répondre à mon message, il n'y a personne.

Ric

Attends une minute... Gayle, c'est toi. Je sais que c'est toi.

Dante

Va te faire foutre.

J'efface la conversation et je rends son téléphone à Dante.

– Je vois que les choses vont bien entre vous.

– C'est de l'ironie ?

– Ce n'est pas évident ?

Dante avait raison. Je confirme qu'il est plein de surprises quand il se gare devant un restaurant appelé Les saveurs du Maghreb.

– Alors là, je suis sans voix.

– Et la soirée ne fait que commencer !

***

Avec un soupir, je me débarrasse de mes escarpins et de ma combinaison. Persée se trouve toujours sur mon lit et Médusa devant la porte de la chambre, me fixant de ses yeux luisants.

Je prends une douche rapide et j'enfile un pyjama, mais je sais que je serai incapable de dormir, alors je sors sur le balcon pour admirer le jardin du démon.

J'ai passé une excellente soirée, même si la plupart du temps j'étais sur les nuages à penser à la mauvaise personne. Sans aucune raison, il a ignoré mon message ! Ça m'apprendra à me soucier de lui.

Le jardin est bien entretenu avec des lampes placées ici et là dans l'herbe pour donner une ambiance presque féerique, mais ce qui capte le plus l'attention, c'est le flamboyant, cet arbre majestueux aux fleurs rouges striées de jaune qui donne tout son charme à ce lieu.

Plongée dans mes pensées, je mets quelque temps à remarquer qu'il y a du mouvement tout près de l'arbre. Je me redresse avant de m'avancer de ce côté, en alerte. Comme si elle pensait comme moi, Médusa s'avance aussi, et je sens sa fourrure frotter contre ma jambe nue. J'ai souvent peur qu'elle prenne la décision de me mordre, mais elle n'en fait rien.

Un homme traverse le jardin à grandes enjambées. De là où je suis, je ne peux pas savoir qui c'est, mais il tient quelque chose. Il s'arrête sous le flamboyant, et je le vois se pencher pour soulever un objet sur le sol. La seconde d'après, il disparaît comme par magie.

Je cligne plusieurs fois des yeux.

Ça alors ! Je retourne dans la chambre, j'enfile mes chaussures avant de sortir. Tara doit dormir et je ne croise aucun des gardes dans la maison, juste deux qui patrouillent à l'extérieur ; ils ne m'accordent aucun regard.

Je contourne la villa, traversant le jardin en courant, et je me dirige là où se trouve le flamboyant. Je ne tarde pas à trouver la trappe. La curiosité est un vilain défaut, mais au point où j'en suis, je ne vais pas me gêner.

Je la soulève avec beaucoup de mal, ce putain de truc est lourd !

La trappe cache un tunnel sombre, des barreaux en fer permettent de progresser à l'intérieur. Je regarde autour de moi : personne, à l'exception de Persée qui m'a suivie. Je caresse le léopard avant de commencer à descendre. La progression est facile au début, mais plus j'avance, plus les marches deviennent humides, et plusieurs fois mes chaussons glissent. Je grimace de dégoût en atteignant le sol mouillé.

La seule source de lumière provient du bout d'un long passage étroit. En plus de la lumière, il y a une chanson. J'ai l'impression de la connaître. Déglutissant avec peine, je m'avance, mon cœur bat à tout rompre sans que je sache pourquoi. Je pressens que je vais découvrir en ces lieux quelque chose de décisif. Plus j'avale la distance, plus la musique devient forte et je la reconnais. C'est le générique de Scarface, l'un de mes films préférés. Je me rappelle l'avoir regardé un nombre incalculable de fois avec papa, et d'avoir pleuré à chaque fois en voyant la scène de la mort de Manny, tout comme je continue de croire qu'il y avait de la place sur cette maudite planche pour Jack. J'affirme haut et fort que Manny n'aurait jamais dû mourir. Mais d'un autre côté, la fin était logique : c'était un film sur des criminels, pas une comédie romantique.

Arrivée au bout du passage, je pose une main à plat sur le mur en pierre avant de risquer un regard à l'intérieur. Je manque de hurler quand je sens quelque chose contre ma cuisse, mais je me calme en reconnaissant Persée. Il se couche à mes pieds, sa queue fouettant mes jambes.

– Tu as eu le temps de réfléchir, je présume ?

La pièce devant moi est un sous-sol en pierre basique, il y a une petite fenêtre dans le coin, qui doit être la seule source de lumière en journée. Riccardo est en face de Bellucci. Il porte un pantalon cargo noir et des bottes Timberland, des gants en cuir et une cigarette coincée entre les lèvres. Il est torse nu, dévoilant ses tatouages.

Ses cheveux humides lui collent au front. En face de lui, Bellucci est attaché à ce qui ressemble à une roue. Il est complètement nu, son visage est ensanglanté, et sa jambe pend de façon anormale comme si elle était cassée. Dans un coin de la pièce, il y a une table en métal munie de plusieurs sangles en cuir.

Plusieurs lampes pendouillent au mur. De l'autre côté, il y a une table en bois où sont posées des armes de tout type, même des grenades. Je regarde à nouveau Bellucci, l'état lamentable dans lequel il se trouve. J'essaie de trouver en moi ne serait-ce qu'une once de pitié, mais rien ne vient. Je ne ressens absolument rien pour lui, au contraire...

Mon Dieu, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Cet homme nu et brisé n'a plus rien de l'homme qui a retiré mon masque. Il a perdu de sa superbe. Combien de temps faut-il pour briser psychologiquement un homme ?

Et pourquoi je veux savoir ça ? C'est évident, parce que je veux briser Adrian Leblanc comme il a essayé de le faire avec moi. Je lui retirerai le moindre gramme d'humanité... La voix de Bellucci me sort de mes pensées. Même son ton est lamentable.

– Je t'ai dit tout ce que je savais, Riccardo, pitié, pitié.

– Tu parles à tort et à travers sans jamais me dire ce qui m'intéresse. Dis-moi où est Tommaso.

Bellucci halète.

– Je ne peux pas. Si je te le dis, il n'hésitera pas à tuer mes filles.

Il a de l'empathie pour sa progéniture ? Alors qu'il n'en avait pas pour les enfants placés sous sa responsabilité dans cet orphelinat ? Il les a exploités dans le but de s'enrichir et maintenant il cherche la clémence ?

– Bellucci, c'est moi qui vais me charger de tes filles, et crois-moi, je leur réserve un sort pire que la mort.

Je grimace. Et Riccardo dans tout ça ? Serait-il capable de faire du mal à des enfants ou sa menace a-t-elle pour seul but de faire réagir Bellucci ?

Il a un petit sourire rêveur, le genre de sourire dont seul Riccardo a le secret, même dans des moments critiques. Il s'avance vers le mur et actionne un bouton sombre que je n'avais pas remarqué. Aussitôt, la roue se met à tourner. Bellucci pousse un hurlement à réveiller les morts et j'entends, malgré ses cris et le générique de Scarface, le bruit que font ses articulations en se brisant. La roue tourne de plus en plus vite, et les piques censées stabiliser le quinquagénaire font plus de dégâts, éraflant sa peau. L'une d'elles s'enfonce dans sa cuisse, déchirant sa chair. Il y a du sang partout. La vitesse augmente encore et encore, en écho avec ma respiration qui devient erratique. Bellucci réussit à hurler.

– Arrête, arrête, je t'en prie !

Riccardo éclate de rire avant de lâcher le bouton. Aussitôt, la roue s'immobilise. Bellucci est couvert de sueur et de sang, son corps a viré au rouge, et il s'est même fait pipi dessus. La musique de Scarface est remplacée par Euphoria de Kendrick Lamar.

Riccardo s'éloigne vers la table où sont situées les armes. Il saisit un jerrican et revient vers sa victime.

– J'ai tout mon temps, mais plus tu résistes, plus je te ferai vivre un enfer, et tu sais que j'adore ça.

– Je te dirai tout si tu promets de ne rien faire à mes filles. Elles sont innocentes. Arrête la musique, je t'en prie !

Le démon fait une moue.

– Mais les gamines dans cet orphelinat l'étaient aussi.

Bellucci prend plusieurs inspirations, comme si parler était devenu trop difficile. Il éclate de rire avant de fondre en sanglots. Ses émotions oscillent, échappant à son contrôle. Il pleure très longtemps sous l'œil indifférent de son bourreau, avant de dire entre deux hoquets :

– On baise tous les gamins Gaviera, moi avec ma bite et toi par ton silence ! Son rire redouble jusqu'à devenir hystérique, Riccardo le yeux plissée s'avance vers lui, très calmement il commence à arroser d'essence un récipient en verre sous les pieds de Belluci contenant des morceau de bois, avant de craquer une allumettes qu'il jette à l'intérieur.

Je sursaute quand le feu prend, devenant de plus en plus haut jusqu'à atteindre les pieds de l'homme d'affaires ce dernier se met à se tortiller mais ses membres entraver l'empêche de bouger. Il essaie de résister au début comme pour mettre Riccardo au defit montrer à ce dernier que personne ne peu l'abattre mais il fini par craquer.

– Arrêtes, il est au village des pêcheurs, il se cache au village des pécheurs, je t'en pris arrête !

– Quel village ? Ce n'est pas ce qui manque dans ce pays. Questionne calmement Riccardo, il ne cils même pas alors que les pieds de Belluci sont en train de brûler, une odeur caractéristique se répand déjà dans l'air. Et le quinquagénaire se fait encore pipi dessus

– M- arzamemi, Marzamemi, Ça suffit, je t'en prie ! Je ferme les yeux, je le déteste mais ça devient insoutenable pour moi. J'ai l'impression d'étouffer. Dès que je me met en mouvement Persée marchant à côté de moi telles un compagnon silencieux et rassurant. Tout le contraire de son maître, je n'aurai jamais du venir ici.

***

Plus tard au cours de la nuit, j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir. Je ne dors pas, malgré tous mes efforts, je suis incapable de fermer l'œil. Je sais que c'est lui, je le reconnais grâce à son parfum et au frisson qui me traverse l'échine. Il y a un long moment de silence. Les yeux fermés, je m'efforce de ne pas bouger alors que mes doigts serrent le drap de plus en plus fort. Puis, j'entends la porte se fermer et des pas se rapprocher de moi.

Riccardo empoigne le drap juste au niveau de mon épaule, effleurant ma peau au passage avant de se glisser sur le lit, juste derrière moi.

– Arrête de faire semblant, tes paupières bougent.

Je grimace avant d'ouvrir les yeux, mais je ne me tourne toujours pas. Il enroule les bras autour de ma taille et m'attire à lui.

– Salut, petite serveuse.

– Qu'est-ce que tu veux ?

– Dormir !

– Ce n'est pas ta chambre.

– C'est ma maison.

– Très bien, j'irai ailleurs, lâche-moi.

Il me serre plus fort, glissant une jambe entre les miennes.

– En parlant de maison, je ne parle pas de cette vieille villa.

– Tu parles de quoi alors ?

Un silence, uniquement interrompu par les ronronnements de Persée.

– Tu t'es bien amusée avec Dante ?

– Oui !

– Vous avez fait quoi ?

– Qu'est-ce que ça peut te faire ?

– On t'a déjà dit que tu avais un sacré caractère ? Je demande par politesse, sinon ton garde du corps m'a tout raconté. Je sais ce que tu as mangé, bu et ce que tu as pris en dessert.

– Mon garde du corps ?

– Tu pensais vraiment que j'allais te laisser sortir avec un autre homme sans prendre des dispositions ?

J'ai un garde du corps ? Il doit être invisible parce que je n'ai rien remarqué.

– Tu n'as pas le droit de faire ça, d'ailleurs pourquoi tu n'as pas répondu à mes messages ?

– Je ne savais pas quoi te dire.

Au moins, ça a le mérite d'être honnête.

– Et j'ai tous les droits.

– Où étais-tu toute la journée ? Ses lèvres bougent contre ma nuque, je jurerais qu'il sourit.

– J'étais à la chasse aux informations.

Je déglutis. Une chasse aux informations, c'est comme ça qu'il appelle ce qu'il faisait à Bellucci ?

– Tu as appris quelque chose ?

J'ai envie de lui dire que je l'avais vu dans le sous-sol, mais j'ai très peur qu'il ne s'emporte, après tout c'est Riccardo et il est d'humeur très changeante.

– Tomasso se planque dans le village des pêcheurs. Il a subi une chirurgie esthétique pour changer d'apparence, mais cette fois, je le tiens.

– Je vois, c'est génial.

Je ne savais pas quoi dire d'autre. Je décide de changer de sujet.

– Je peux savoir ce que tu fais dans mon lit ?

– Tu as pris l'habitude de dormir contre moi dans la voiture, j'ai senti que mes muscles impressionnants devaient te manquer.

Je lève les yeux au ciel, agacée par la confiance qu'il affiche.

– Être réveillée à coups de taseur ne me manque pas. Je ne parle pas de la nuit dans l'avion, c'était beaucoup trop intime. J'ai adoré dormir avec lui contre moi, je me suis sentie protégée, et cette façon presque désespérée qu'il a eue de me tenir. Se souvient-il de ce qu'il m'a confié ? Non, j'en doute, il était beaucoup trop saoul.

– T'entendre ronfler ne me manque pas non plus.

Je me retourne pour lui faire face. Ses cheveux sont humides et il sent le propre, il a pris une douche avant de venir dans ma chambre.

– Je ne ronfle pas. Je réplique d'un ton hésitant sans le quitter des yeux, j'essaye aussi d'agir comme si l'érection qui se presse contre ma cuisse est la chose la plus normale du monde.

– C'est vrai, mais tu fais du bruit.

Riccardo saisit ma jambe nue et la pose à travers sa hanche, il bascule en avant, approchant son corps du mien. Je retiens mon souffle quand il frotte brièvement contre une partie de mon anatomie qui me cause beaucoup de problèmes depuis que je le connais. Il éloigne son bassin du mien, me sauvant la vie au passage.

– Tu produis des petits gémissements foutrement sensuels quand tu dors, plusieurs fois j'ai cru perdre la tête dans cette voiture. Bellucci était le cadet de mes soucis. Ce que je voulais, c'était t'entendre crier plus fort.

Il parle contre mon cou, empoignant ma hanche très fort comme s'il voulait y laisser son empreinte. Son corps musclé et lourd se place au-dessus du mien, d'elles-mêmes, mes cuisses s'écartent et je verrouille les jambes autour de sa taille comme j'en meurs d'envie depuis qu'il s'est couché sur le lit.

– Ça n'arrivera pas.

Je dis d'une voix haletante, incapable de résister à l'envie de le défier. Sa main empoigne mon cou, il serre sans pour autant me faire mal, rejetant ma tête en arrière. Sa main est bientôt remplacée par son visage, ses lèvres brûlantes tracent un chemin de feu sur ma peau. Sa barbe irrite mon épiderme, ce qui me fait frémir de la tête aux pieds. Je me cambre contre lui comme un appel irrésistible, et mes mains s'enroulent autour de ses épaules. Un rire rauque fait trembler sa poitrine, l'effet qu'il produit sur mon désir est immédiat, mes ongles s'enfoncent dans son dos alors que des ondes électriques me traversent, je serre très fort les paupières.

– Le jour où je serai en toi, tu crieras mon nom tellement fort que ce sera le seul qui te restera en mémoire.

Je suis sur le point de répliquer quand le générique de Scarface retentit, nous sursautons tous les deux, pris de court, avant de nous rendre compte que ça provient de son téléphone.

– Putain. Éructe le démon avant de retenir son poids au-dessus de moi d'une main et de prendre le téléphone.

Mes jambes sont toujours enroulées autour de ses hanches. Quand je fais mine de bouger, il me lance un regard d'avertissement, puis met son téléphone en haut-parleur avant d'aboyer.

– Quoi encore !

Un rire cristallin retentit, je reconnais aussitôt la voix de Giosué Gaviera. Riccardo fait la moue, il balance le téléphone sur l'oreiller comme si ce n'était pas important.

Il se penche pour remonter mon débardeur, exposant ma culotte et mon ventre.

– Tu as une drôle de façon de répondre à ton vieux père. Venant d'un homme qui a tué son propre père...

– Qu'est-ce que vous voulez ?

Entre eux, il n'y a aucune chaleur, aucune affection, juste de la froideur et un certain respect. Riccardo parsème mon ventre de baisers humides alors que la pieuvre commence d'une voix remplie d'ennui.

– J'ai passé la soirée avec quelqu'un qui doit beaucoup à l'organisation. Quand je lui ai parlé de ses dettes, il s'est montré, comment dire... condescendant. Il commence à avoir du pouvoir et à oublier à qui il le doit. Rappelle-lui à qui va sa loyauté.

Le démon me mordille la peau du ventre avant de me saisir la taille. Il me soulève légèrement avant de poser ses lèvres sur mon nombril. Il y passe sa langue, m'arrachant un gémissement, je rejette la tête en arrière alors que mes doigts s'égarent dans ses cheveux.

– Je m'en occuperai demain.

Il a parlé contre ma peau, me faisant vibrer, et je dois me retenir pour ne pas le supplier de me toucher là où j'en meurs d'envie.

– Non, tu le fais maintenant !

Riccardo me regarde avec un sourire insolent tout en descendant plus bas. Je passe le bout de ma langue sur ma lèvre inférieure. Suivant mon mouvement, ses pupilles s'assombrissent.

– Je ne peux pas, si tu ne peux pas attendre, trouve-toi quelqu'un d'autre.

– Luca et toi êtes mes meilleurs hommes et ce petit con est déjà occupé. Mais dis-moi, fils, comment va ta petite protégée ? Gave, Game, et un truc comme Gare... oh oui, Gayle Attal.

Entendre mon nom dans la bouche de l'homme le plus puissant de l'île ne me rassure pas du tout.

– Merde !

Riccardo se crispe, il laisse échapper un juron avant de rouler sur le côté, de saisir son téléphone et de s'asseoir sur le lit.

– C'est bon, je m'en occupe.

– Brave garçon, je t'envoie toutes les informations par mail. Du propre, comme toujours. Montre-lui qui gouverne. En fait, félicitations pour Flora, tu es bien mon fils.

Le père Gaviera raccroche sous ses notes approbatrices. Riccardo se redresse en se passant la main sur le visage.

– Je dois y aller, essaie de dormir.

Il déclare sans me regarder.

– Tu rentres quand ?

– Quelle importance.

– Si ce n'était pas important, je ne t'aurais pas posé la question, Riccardo.

– Quand j'aurai fini.

– Je viens avec toi.

Il se crispe devant la porte, me regardant par-dessus son épaule.

– Non, je ne veux pas te donner encore plus de raison de me voir comme un monstre.

Mon opinion à son sujet lui importe à ce point ? Ma poitrine se serre. Je ne me comprends pas moi-même, mais une chose est sûre : je ne veux pas le laisser seul.

– Je viens !

Je dis d'un ton qui n'admet pas de réplique. Sans desserrer les dents, le démon acquiesce.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top