Chapitre 25: Son bien le plus précieux !
Moins il y avait de verres remplis sur notre table, plus je sentais mon corps et mon esprit échapper à mon contrôle. Je ne suis pas assez saoule pour ne pas comprendre ce qui se passe autour de moi, mais je le suis assez pour rire à une blague de ma sœur. Elle est venue accompagnée d'une fille que je ne connais pas, qu'elle nous a présentée comme son amie, et de Nathan. On est installés sur la plate-forme surplombant la foule en contrebas, sur des banquettes en cuir blanc. Au centre, se trouve une énorme table en verre.
Avant d'entrer ici, je ne savais pas à quel point j'avais besoin de me détendre, mais ce qui me rend le plus heureuse, c'est de savoir que le Comte Dracula est attaché dans la chambre. Je pouffe en portant mon verre de tequila à mes lèvres.
J'avoue être allée un peu loin avec le coup de Cendrillon, mais je préfère prendre ça comme une bonne action. Peut-être que si moi, j'avais eu quelque chose à regarder quand il m'a attachée, le temps aurait filé plus vite.
Putain, je me sens bien. J'adore ma vie !
– Je peux savoir ce qui t'arrive ? demande Cass, face au sourire euphorique qui ne me quitte pas et qui est décuplé par l'alcool. On est installées sur le même fauteuil, mes jambes entre les siennes. Je me penche pour lui murmurer ce que j'ai fait à l'oreille. Sa bouche prend un pli étonné, puis elle éclate de rire.
– Putain, je bénis le jour où Giacomo t'a ramenée à la maison. Il etait temps que quelqu'un donne une bonne leçon à monsieur intouchable. Elle lève son verre, et je m'empresse de trinquer avec elle.
Quand le DJ lance une chanson de Reyli Barba, Cass se lève avec un cri, prend ma main et m'entraîne vers la piste de danse. Je ne me fais pas prier ; nous dansons aussi mal l'une que l'autre, presque de manière aléatoire, mais peu importe, on s'amuse et c'est tout ce qui compte. On est bientôt rejointes par Maddy et Emma. Je sens quelqu'un derrière moi, il enroule ses mains autour de ma taille et me plaque contre lui. Cass me fait un clin d'œil, ce qui me fait rire. Je continue de danser, et mon cavalier improvisé est bientôt remplacé par Maddy. De nous toutes, c'est celle qui danse le mieux ; son corps pulpeux bouge avec harmonie, captant toute l'attention autour d'elle.
– Ne te retourne pas, mais un type au bar ne te quitte pas des yeux, dit Maddy. Évidemment, je fais le contraire de ce qu'elle me demande. Je me retourne, posant mes mains sur son épaule pour avoir vue sur le bar. Je frissonne, je n'ai pas besoin de chercher longtemps pour trouver le type en question. Un homme comme ça ne passera jamais inaperçu. Du haut de ses deux mètres, avec sa musculature saillante, son crâne rasé et son visage aux traits doux, Franco éclipse tout le monde autour de lui. Aujourd'hui encore, il porte un pantalon de camouflage et un tee-shirt vert. Il lève son verre dans ma direction avec un sourire narquois. Je lève le menton avec un air de défi, ses yeux se mettent à briller et un sourire éclaire son visage. J'ai un flash-back du moment où il a tiré sur la rousse. Je ne connaissais pas cette fille, mais j'ai envie de faire payer à Franco ce qu'elle a subi.
La voix rationnelle dans ma tête m'ordonne de rester tranquille. Je ne suis pas de taille contre quelqu'un comme lui. Le serai-je jamais ?
– Gayle, ça va ? Je me détourne de Franco pour me concentrer sur ma cavalière.
– Désolée, j'étais sur la lune. Cass se colle contre mon dos.
– La Sacra Corona Unita est là, ce maudit Franco n'arrête pas de te regarder, dit-elle d'un ton rempli de dégoût.
– Je l'ai vu. Mais c'est sans importance.
– Je ne dirais pas que c'est sans importance si j'étais toi, intervient Maddy, Franco a une sacrée réputation avec les femmes. Méfie-toi de lui.
J'acquiesce, désireuse de changer de sujet. De toute façon, je n'ai pas besoin des conseils de Maddy pour me méfier de cet homme. On continue de danser et cette fois on fait en sorte d'imiter Maddy, mais évidemment avec Cass ça vire toujours au drame.
– C'est mon tour d'aller chercher les boissons ! Je me lève trop vite et je tangue sur mes jambes. Nathan vient à mon secours. J'éclate de rire en me retenant à ses avant-bras. Je crois qu'il est grand temps de ralentir sur la liqueur.
– Merci, je suis maladroite. Nathan me relâche en reculant de quelques pas, puis il propose poliment.
– Tu veux que je t'accompagne ?
OH NON !
– Je pense que ma sœur peut trouver le bar toute seule, déclare Emma d'un ton calme mais ô combien menaçant, le pauvre Nathan se decompose. Je lève les yeux au ciel avant de m'éloigner. Alors que je me dirige vers le bar, je tombe sur Giacomo. Je suis médusée de le voir en jeans et tee-shirt, lui qui est constamment en costume trois pièces.
– Waw Gia, quel bad boy !
– Toi, tu as beaucoup bu. Je me demande dans quel état est Cass.
Au même instant, Cass et Maddy se mettent à danser sur la table, faisant tomber plusieurs verres. Une ombre passe dans le regard de Giacomo puis il secoue la tête avec un petit sourire amusé.
– Comme tu peux le voir, j'ai une mission. Ciao ! Je m'éloigne vers le bar. Il y avait tellement de monde que la barmaid ne me remarque même pas, tant pis, je vais patienter ; elle finira bien par se rendre compte de ma présence.
– J'ai cru que c'était cet uniforme de serveuse qui te rendait sexy, mais tu l'es quoi que tu portes. Je lance à Franco un regard noir. Je me serais bien passée qu'il se rende compte de ma présence. Il n'a pas de filles à kidnapper ou toute autre activité qui le pousserait à se tenir loin de moi ?
– Je ne suis pas assez saoule pour oublier ce que tu m'as fait. Il porte son verre à ses lèvres. Sa main est si grande qu'elle disparaît complètement. Il a un squelette tatoué sur le bras, et d'autres tatouages que je n'arrive pas à identifier sous la lumière changeante du club.
– Allez Gayle, rien de personnel. C'est du business. Où est ton mec ?
Attachée sur mon lit, en train de fulminer, je réprime un sourire. À l'heure qu'il est, le film doit être terminé. Peut-être qu'il s'est endormi. J'imagine Riccardo couché sur mon lit, son visage paisible, un frisson me parcourt. Il a quelque chose d'attendrissant quand il dort, comme si tout devenait possible avec lui. Mais dès qu'il se réveille, ouvre la bouche, tout vole en éclats.
– Il n'est pas loin, je mens. Par contre, toi, tu ferais mieux de rester loin de moi.
Ses grands doigts se posent sur mon épaule et glissent plus bas, effleurant la naissance de mes seins. Je m'écarte et lui envoie un coup de pied au tibia qu'il ne sent même pas, ou alors c'est un acteur hors du commun.
– Ne me touche pas, tu es malade !
– Il m'arrive de me masturber en pensant à toi et à ton tempérament de feu.
– Tu ferais mieux de revoir tes techniques de drague, Franco, aucune femme n'aime entendre ça.
– Quoi, savoir que je rêve de ta chatte autour de ma queue ?
J'ai une grimace de dégoût. Il y a sûrement un problème avec moi. Pourquoi ces derniers temps, tous les hommes qui entrent dans ma vie sont-ils complètement cinglés ? Le seul qui semble normal, c'est Giacomo, et même lui, je sens juste que Gia a une énorme maîtrise.
– Cette conversation est inconvenante même pour toi.
– Franco ! Je sursaute en reconnaissant la voix. Une main se pose sur ma taille et une autre s'enroule autour de mon cou.
Qu'est-ce que je vous disais ? Tous des détraqués ! Je frémis quand le torse de Riccardo se plaque contre mon dos. Il rejette ma tête en arrière pour que je croise son regard sombre, et sa main exerce une pression autour de mon cou.
– Salut Gaviera, déclare Franco sans nous quitter des yeux, j'avais une petite conversation avec ta copine.
Mais comment a-t-il réussi à se détacher ? C'est moi qui ai les clés ! Riccardo commence vraiment à me faire peur.
– Salut, ma petite furie. Son souffle balaie mon oreille, je ferme les yeux. Bon sang, je sais qu'il se retient de m'étrangler. Attacher le démon était une très mauvaise idée. J'aurais dû fermer la porte à clé, même si je doute que ça puisse l'arrêter.
– Comment ? je questionne, réussissant à me retourner pour le regarder.
Contrairement à ce que je pensais, il ne semble pas en colère. En fait, il est très calme. Il jette un regard en direction de Franco avant de se détourner avec cette indifférence et cet orgueil qui le caractérisent. Depuis quand est-il là ? A-t-il assisté à notre petite altercation ? Non, je ne pense pas.
– Quand tu décides d'attacher quelqu'un, assure-toi de ne laisser aucun moyen de communication sur lui, réplique-t-il assez bas pour que je sois la seule à entendre.
– Mais j'ai pris ton téléphone. Il lève son bras. Putain, il a une Apple Watch. C'est bien ma veine, je n'ai pas fait attention à la montre qu'il a choisie aujourd'hui. J'ai un sourire moqueur. Qu'il ait réussi à se tirer d'affaire ne change absolument rien. J'aurai ma vengeance.
– Peu importe, je t'ai quand même eu. Tu as apprécié Cendrillon ? Riccardo a une grimace, comme s'il se remémorait un souvenir douloureux.
– Le prince est un putain de con. Il n'y avait aucune putain de différence. Si tu veux mon avis, il est fétichiste des pieds.
J'éclate de rire.
– Tu abuses. Il ne l'a juste pas reconnue à cause de la magie.
Il penche la tête sur le côté.
– Aucune magie ne sera assez forte pour me faire oublier les traits de ton visage.
Oh.mon.Dieu ! Ça recommence. Je suis en train de perdre le contrôle de mon cœur, qui se met à battre beaucoup trop vite.
– Es-tu en train de dire que tu es mon prince charmant ?
– Ouaip, ton prince beau comme le diable, avec une bite magique.
Évidemment, je m'attendais à ce genre de réponse. À côté de nous, un type de petite taille, tout de cuir vêtu, hurle qu'il attend ses boissons depuis une bonne vingtaine de minutes et qu'il exige de s'entretenir avec le manager.
Je me tourne vers le bar. La barmaid est en grande conversation avec un homme. Avec un soupir, je glisse une mèche de mes cheveux derrière mon oreille avant de poser mon pied sur l'appui en fer qui court le long du bar, et je me hisse en serrant au maximum les bras pour mettre en valeur ma poitrine. Oui je suis assez saoule pour envoyez mes seins sur le trotoir.
La barmaid me remarque enfin et vient vers moi avec un sourire, ignorant le type en cuir qui agite une liasse de billets devant son visage. Elle est vêtue d'un ensemble en cuir rose qui dévoile son ventre, et ses cheveux volumineux, en boucles souples, cascadent sur ses épaules frêles.
– Salut, je m'occupe de toi, juste après monsieur "je veux voir le manager". Sans la quitter des yeux, je me mordille la lèvre.
– Je peux essayer de me montrer persuasif. Elle se penche en avant, observe ma poitrine puis mes lèvres.
– Essaye, tu as toute mon attention ! On se regarde et la seconde d'après, nos lèvres se touchent. Putain, je vais arrêter de boire, mais juste après ce baiser.
La barmaid s'éloigne après quelques secondes avec un sourire.
– Tu es ma priorité, chérie.
Je me laisse retomber, satisfaite.
– Tu as entendu ce qu'elle a dit ? Je suis sa priorité.
– J'en connais une qui ne va plus jamais boire. Je pouffe en laissant aller ma tête sur l'épaule de Riccardo. Franco est toujours là, à présent installé sur un tabouret, il nous observe. Il me met mal à l'aise, mais j'essaie de faire comme s'il était invisible.
On récupère nos verres et on retourne au carré VIP, . En plus de Giacomo, il y a Dante. Comme à son habitude, il me fait un sourire éclatant. J'entends Riccardo marmonner à côté de moi, en regardant son téléphone.
On pose les verres sur la table, et aussitôt Cass, installée sur les genoux de Giacomo, s'empare de la tequila. Il n'y a plus qu'un seul fauteuil disponible, alors le démon s'y installe. Il n'est pas question que je m'assoie à côté de lui, mais il ne me laisse même pas réfléchir qu'il me tire par le bras pour me faire asseoir sur ses genoux. Je lui envoie mon coude dans le bas-ventre.
– Putain ! Il éructe. Dante nous fait un sourire, mais il semble hésitant. Ses yeux passent de Riccardo à moi avec incompréhension ; j'ai l'impression qu'il veut nous demander quelque chose, mais il hésite.
– Bud et Luca ne devraient pas nous rejoindre ? questionne Dante. Je fronce les sourcils. Je ne connais pas de Bud, mais Luca est le fils adoptif de la Pieuvre et la personne dont Riccardo est le plus proche.
C'est Cass qui répond à sa question.
– Non, ils sont en mission. Ils reviennent demain, si tout se passe bien. Je me penche pour saisir un verre, mais le démon s'en empare et le termine d'un trait.
– Tu as assez bu comme ça.
– J'étais tellement bien quand tu n'étais pas là, je murmure à son intention en le regardant par-dessus mon épaule.
– C'est vrai ? Qu'as-tu fait en mon absence ?
– J'ai dansé. Je rejette la tête sur son épaule.
– J'aurais bien voulu te voir te trémousser dans cette robe.
Pas moi. Je suis rassurée qu'il n'ait pas assisté à cette catastrophe que j'ai appelée danse. Le connaissant, il se serait moqué de moi pendant des semaines.
– Excusez ma curiosité, mais vous êtes ensemble ? Riccardo et moi mettons assez de temps à comprendre que la question d'Emma nous est destinée. Je me redresse comme un petit soldat, outrée par la question.
– Non, je le déteste. Cass pouffe, les jambes repliées, confortablement installée contre le torse de Giacomo. Elle me lance un regard lourd de sens.
– Quoi, tu sais que c'est vrai !
En plus, être en couple avec Riccardo, je le pressens, c'est se mettre à dos toutes les filles de cette île. J'ai déjà assez de problèmes comme ça.
– Je n'ai rien dit.
Comme toujours, Giacomo vient à mon secours en prenant la parole.
– Laissez-la tranquille, Riccardo est détestable. Il oriente ensuite la conversation vers un autre sujet, ignorant le doigt d'honneur de son frère.
– Tu me détestes ? questionne Riccardo. Je pose la main sur son avant-bras enroulé autour de mon ventre. J'adore son tatouage, je pourrais passer des heures à le contempler et à suivre les motifs tribaux avec mes doigts. Merde, je n'arrête pas de me contredire, mais pour ma défense, ce tatouage n'a rien fait, il est victime d'appartenir à un être aussi démoniaque.
– Évidemment ! Sa main remonte sur mon ventre, je frémis quand il effleure mes seins, assez brièvement pour que ça paraisse accidentel, mais avec assez de pression pour me faire gémir. Je suis déjà à fleur de peau depuis que je l'ai aguiché il y a quelques heures.
– Arrête ton petit jeu.
– Lequel ? Celui-ci ? Ses doigts parcourent la peau nue de mon épaule. Je rejette la tête en arrière quand il pince mon téton. Mon bas-ventre s'enflamme, et je plante mes ongles dans son bras tatoué. Riccardo me presse contre son érection, je laisse échapper un souffle.
– Ton corps adore mon petit jeu.
Il faut que je m'éloigne de lui, tout de suite, sinon je risque de me retourner pour lui faire face et faire n'importe quoi ! Je me redresse, ayant l'impression que le monde tourne autour de moi.
– Cass, allons danser !
– Oh, mais... D'accord. Elle se redresse et me suit après avoir embrassé Gia sur la joue.
– Riccardo me rend dingue.
– Il te plaît surtout. Je vois bien comment tu le regardes quand tu penses que personne ne te regarde.
– Mais pas du tout. Il est insupportable, et il ne veut jamais me laisser tranquille. C'est épuisant.
Cass se mord les lèvres.
– Viens, on va danser avec des étalons et rendre les frères Gaviera jaloux.
***
Plus tard, au cours de la nuit, je me réveille avec une soif carabinée. Je ne sais même pas qui m'a porté jusqu'à ma chambre. Je rejette les couvertures ; en descendant du lit, je me rends compte qu'Emma et son amie sont couchées sur la moquette : Cass sur mon lit et Maddy sur le canapé. Putain, comment sommes-nous arrivés là ? J'ai du mal à aligner deux pas, et mon esprit est embrumé.
Je sors de la chambre pour me rendre dans la cuisine. Je reconnais la maison du démon, mais je n'ai aucun souvenir de comment on s'est retrouvés là. C'est lui qui nous a amenés ici ?
Je descends difficilement les marches ; j'ai une oppression à la poitrine. Je n'ai pas l'habitude de boire. Il me faut de l'eau, sinon je risque de vomir.
À quelques pas de la cuisine, je me fige en reconnaissant la voix de Dante. Attends une minute, je suis chez lui ? Je regarde autour de moi ; non, c'est vraiment la villa de Riccardo.
– ... Piste cette fois ? J'allais me manifester quand le démon réplique.
– Non, je ne suis sûr de rien, mais je ne peux pas l'abandonner. Je dois au moins ça à Rebecca.
– Ça fait un an, tu crois vraiment que Tommaso l'aurait gardée vivante tout ce temps ? Je ne le vois pas, mais je suis persuadé que Riccardo fait la moue.
– J'en sais rien. De toute façon, je dois trouver Tommaso pour rayer son nom de la liste.
– Et... Gayle ? Il a un rire, avant de questionner après quelques secondes de silence.
– Qu'a-t-elle à voir avec cette histoire ?
– Vous semblez proches.
– J'aime la faire chier, elle est impulsive, c'est divertissant.
Le tout dit avec une certaine désinvolture. Je grince des dents, c'est tout ce que je suis pour lui, un divertissement ? Je l'ai toujours su, mais l'entendre de sa bouche me blesse.
Reprends-toi, jeune fille !
– Je vais être honnête avec toi, elle me plaît, mais je n'ai rien tenté par égard pour toi.
Il y a un moment de silence ; je risque un coup d'œil dans la cuisine, mais ils sont de dos. Je peux néanmoins distinguer la fumée qui s'échappe de la cigarette du démon. J'espère qu'il va s'étouffer avec la nicotine !
– J'aimerais l'inviter à sortir, ajoute Dante. J'ai un froncement de sourcils ; j'avoue ne pas savoir comment réagir à ça. Dante est sympa, mais je ne veux pas sortir avec lui, ni avec personne d'ailleurs. J'ai pour projet de finir vieille fille dans une maison au milieu de nulle part avec une ribambelle de chats.
– Ça m'est égal. Tant que tu ne poses pas tes mains sur elle. Ma bouche forme un O de surprise, qui est vite remplacé par la colère. Pour qui se prend-il pour décider qui doit poser ses mains sur moi ou pas ? Je me retourne pour regagner la chambre ; je n'ai soudain plus soif. Évidemment, maladroite comme je suis, je me cogne contre quelque chose.
Quelqu'un me rappelle pourquoi j'ai bu, déjà ?
Je saisis mon pied, massant mes orteils.
– Merde, fais chier, je lâche au comble de la douleur. Il y a un bruit de siège, puis, la seconde d'après, Riccardo est devant moi.
– Qu'est-ce que tu fais là ? Je laisse tomber mon pied et le fusille du regard.
– J'ai soif. Écarte-toi, tu me pompes l'air.
Je le contourne pour me diriger dans la cuisine. C'est enfin là que je remarque que je ne porte plus ma robe, mais un tee-shirt qui ne m'appartient pas du tout. J'ai un hoquet ; merde, qui m'a débarrassée de ma robe ? J'espère vraiment que c'est Cass.
– Salut, Dante.
– Salut, poupée.
– Je n'ai pas pu m'empêcher d'écouter votre conversation. Je serais ravie de sortir avec toi.
Un énorme sourire illumine son visage. J'ai envie d'ajouter qu'il pourra me toucher autant qu'il veut, mais je ne suis pas assez bourrée pour être aussi audacieuse. En plus, je n'en ai pas envie. Je me rends compte que je suis plus excitée à l'idée de faire chier Riccardo que par la perspective qu'un homme comme Dante me touche. Il a tout pour lui, mais il n'est pas... Non, je ne dois pas me diriger sur ce terrain.
– Je te ramène au lit, déclare le démon en se manifestant devant moi, la mine sombre. Il se penche soudainement pour me soulever.
– Hey, qu'est-ce que tu fais ? Pose-moi tout de suite !
Ma voix se veut autoritaire ; à la place, il arque un sourcil avant de sourire. Pourquoi ne me prend-il jamais au sérieux ? Il fait quelques pas et ouvre le réfrigérateur pour saisir une carafe d'eau, puis se dirige vers la sortie après avoir refermé l'appareil d'un coup d'épaule.
– Bonne nuit, Dante. J'aime beaucoup ton tatouage !
Je verrouille mes bras autour du cou de Riccardo en me convainquant que c'est pour ne pas tomber, avant de le regarder.
– Toi, par contre, je n'aime pas tes tatouages. Riccardo a un sourire en coin ; il se penche pour frotter le bout de son nez sur ma joue avant de dire :
– Quel putain de menteuse tu fais, petite serveuse, ils te font mouiller ! Je décide de ne pas répondre. De toute façon, il a raison.
Riccardo se dirige vers l'ascenseur, il appuie sur un bouton, et les portes métalliques se referment avant que l'appareil ne se mette en marche dans un doux ronronnement. Il sent vraiment très bon pour quelqu'un qui passe son temps à fumer. Je m'écarte quand je me rends compte que j'ai plongé la tête dans l'espace entre son cou et son épaule.
– Bienvenue dans la suite royale ! Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur la plus grande chambre qui m'ait été donnée de voir. Une énorme baie vitrée prend toute la place, puis, de chaque côté, deux murs peints en noir. Le lit se trouve au centre avec des draps en satin noir ; lui-même est en chaîne noire avec des bordures en or massif. Il y a une porte noire qui doit être la salle de bain et une autre pour le dressing. Pas une seule photo, aucun tableau, rien. Enfin, non, à l'exception d'une mitraillette en or encadrée et accrochée au-dessus du lit.
– On dirait la chambre du comte Dracula !
– Dracula ? Ne me compare pas à ce buveur de sang, il s'indigne, je suis bien pire. Je pouffe alors qu'il me pose sur la moquette noire sans surprise, avec des dessins or.
– Excusez-moi, je ne voulais pas offenser votre majesté des ténèbres. Sérieusement, tu es allé chercher ta décoratrice en enfer ?
– Je me suis inspiré du bureau de Tony Montana. Je m'avance vers la baie vitrée, la mer s'étend à perte de vue.
– Je préfère Sosa. Riccardo a un rire amusé avant de remplir un verre d'eau et de venir me le donner. Je me laisse aller, le dos contre la baie vitrée ; il y a quelque chose de grisant à me dire que seul un morceau de verre me sépare du vide.
– Tout espoir n'est pas perdu pour toi, si tu connais ce film. Je prends le verre ; un courant électrique me traverse quand nos doigts se touchent.
– Et Manny n'aurait pas dû mourir.
– Je retire ce que j'ai dit, tu es beaucoup trop sentimentale. Manny a touché à quelque chose qui lui était interdit ; à ma place, je lui aurais brûlé les mains avant de le tuer. Je lève les yeux au ciel avant de vider le verre. Il se tient devant moi, les mains dans les poches de son jogging, une cigarette coincée entre les lèvres. L'alcool me donnant du courage, je lui arrache le mégot et le fait tomber dans le reste de l'eau.
– Il l'a épousée, je réplique comme si de rien n'était. Ça compte.
– Sans la permission de Tony. Ça reste une trahison ; Gina n'était pas à lui.
– Cette attitude de mâle alpha est dégueulasse ! Gina était une femme adulte, libre de faire ce qu'elle veut ! Un lent sourire étire ses lèvres, et il comble la distance pour se rapprocher de moi. Il ne me touche pas, mais j'ai l'impression de sentir chaque cellule de sa peau contre la mienne ; la chaleur de son corps m'enveloppe et son parfum me happe.
– Parlons-nous toujours de Gina ? Je plisse des yeux.
– Oui, mais ça s'applique aussi à moi. Tu n'as aucun droit d'interdire à Dante de me toucher. Il penche la tête sur le côté, emportant dans le mouvement quelques mèches de ses cheveux.
– Oh, mais tu es libre de laisser n'importe qui te toucher. Mais à la fin, je le tuerai.
Je frissonne, sans que je ne sache pourquoi ; je sais qu'il dit la vérité.
– Tu ne feras pas de mal à Dante, c'est ton ami, ton coussin. Avant même qu'il n'ouvre la bouche, je sais quel est son argument : rien qu'a la lueur malicieuse qui brille dans ses yeux.
– Manny aussi était l'ami de Tony. Je pardonne les trahisons de mes ennemis, mais jamais celles de mes amis.
– C'est ridicule !
Il enroule son doigt autour de mon collier, m'attirant le plus près possible de son torse, avant de dire :
– Les choses sont simples : je protège jalousement ce qui est à moi, et pour ton malheur, Gayle, tu es en train de devenir mon bien le plus précieux.
Comme si ses paroles n'étaient pas assez troublantes, il saisit mon menton entre son pouce et son index et m'attire encore plus contre lui. Mes mains se referment sur le bas de son tee-shirt, empoignant le tissu de toutes mes forces quand ses lèvres effleurent mon front.
– Il faut dormir, une longue semaine nous attend.
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