Chapitre 15: Le roi de la manipulation a dit non !
Le lendemain matin, je me rends dans la cuisine. Quand Riccardo m'a ramenée la veille, j'étais si énervée et ébranlée par les événements surréalistes de la nuit que je me suis cru incapable de trouver le sommeil. Mais maman avait l'habitude de dire qu'on s'habitue même au malheur, c'est peut-être mon cas puisque j'ai dormi comme un bébé.
Vêtu d'un short gris et d'un tee-shirt blanc, je me dirige vers la cuisine. J'ai encore sommeil mais je dois me dépêcher d'aller travailler. Cette semaine mon service est de 8 heures à 14 heures, après je suis libre.
Je suis surprise de trouver Riccardo dans la cuisine, discutant avec Giacomo. Cass me fait un signe de la main.
– Bonjour Gia , Cass. Je fusille le démon du regard, ce qui fait rire Gia, je prends les céréales et le lait avant de m'installer autour de la table de la cuisine avec eux.
– Riccardo nous a dit ce qui s'est passé, pas trop peur ?
Je remplis mon bol de céréales avant d'y ajouter du lait. Mince, j'ai oublié de prendre une cuillère.
– Non ça va, j'avoue que j'ai paniqué mais ce n'est pas la première fois que ça m'arrive.
Je réplique en ouvrant un tiroir pour prendre une cuillère. Quand je reviens à table, je trouve que Riccardo a pris mes céréales.
Je passe une main lasse sur le visage. Le pire c'est qu'il ne me regarde même pas, il continue de parler à Giacomo tout en mangeant mes céréales. Je retourne prendre un autre bol quand j'ai soudain une idée, un grand sourire se dessine sur mon visage. Je saisis le sel que je cache derrière mon dos, je m'installe avant d'en saupoudrer un maximum dans le bol que ce démon immature m'a volé.
Cass éclate de rire alors que Giacomo soupire.
– Tu es vraiment trop immature, Abbygael.
– Ne m'appelle pas comme ça. Je lui donne un coup de pied sous la table, malheureusement pour lui je touche ses boules.
– Putain, adieu la descente. Il se laisse tomber lourdement sur la table avec une grimace de douleur.
Merde !
– Crois-moi, le monde s'en portera mieux, commente Cass qui dévore un toast à l'avocat dégoulinant d'huile d'olive.
– Bon, ça suffit ces enfantillages. Gayle, dis-moi ce qui s'est passé hier.
– Eh bien, il y a cette fille, Sasha. Elle s'est présentée à moi comme une Américaine venue faire une année sabbatique sur l'île. Elle m'a demandé de l'aider car une de ses amies se faisait agresser par son ex-mari.
– Comment as-tu pu la croire ? Tu venais à peine de la rencontrer. Questionne le demon en penchant la tête sur le côté. Mon cœur rate un battement, Dieu qu'il est beau.
– Moi, j'ai un cœur...
– ...Faible, et tu vois où il t'a mené, je lance mon pied dans sa direction, mais cette fois il réussit à s'en emparer.
– Riccardo, laisse-la tranquille. Les filles comme Sasha sont de plus en plus utilisées pour être appâts par centaines organisation. Continue.
J'aimerais bien, mais Riccardo ne veut pas lâcher mon pied. Je finis par abandonner, c'est un vrai gamin.
– Elle m'a conduit jusqu' à un parking, il n'y avait personne, juste des voitures.
– En général, les parkings sont faits pour les voitures, dit le démon avec un sourire.
– Je te hais. Bref, un homme est venu derrière moi, Franco. Il a donné de la cocaïne à Sasha et lui et un autre homme m'ont mis dans un van. Il y avait 7 filles avec moi, et les autres étaient dans le deuxième van.
Alors que je parlais, les doigts de Riccardo n'arrêtent pas d'exercer une pression sur mon pied. Il remonte jusqu'à mes doigts avec une lenteur envoûtante. Il a un énorme sourire presque rêveur.
– Tu es sûr que tu vas bien ? demande Cass en le regardant avec fascination, les yeux plissés.
– Tout baigne. Parfois je me demande si je ne devrais pas ouvrir un salon de massage, je m'étrangle presque avant de reprendre.
– Quand le van s'est arrêté, Franco a voulu me faire descendre, mais je l'ai frappé, enfin sur son point faible. Ça n'a été d'aucune utilité car un autre homme est venu me frapper au visage... Aïe ! J'ai hurlé à la fin de ma phrase alors que Ricardo avait serré mon pied très fort.
– Ça va ? Je hoche la tête à l'intention de Giacomo qui regarde ensuite son frère avec méfiance.
– Elle fait une reconstitution du cri qu'elle a poussé quand on l'a frappée, je pense, dit Riccardo dit le plus sérieusement du monde.
J'ai du mal à croire que cet homme est le même qui la veille m'a terrorisée, aujourd'hui il se comporte comme... Riccardo quoi. Une fois j'ai vu un film sur un homme qui avait un trouble de la personnalité bipolaire, je ne peux m'empêcher de le comparer à Riccardo Gaviera il m'effraie autant qu'il me fascine, je me suis toujours targuée de comprendre les gens mais le démon est un mystère de plus en plus insaisissable.
– Oui, c'est ça. Hm, Ils nous ont emmenées à l'intérieur, j'ai compté en plus de moi, il y avait 14 personnes.
Mais il y avait beaucoup d'autres filles dans le bâtiment, elles semblaient complètement à l'ouest. Puis il y a cette femme aux cheveux rouges, elle inspecte les nouveaux arrivant.
– Dona, elle s'occupe de former les nouvelles recrues. C'est une pointure dans le business.
– Je lui ai cassé la poignée.
– Tu as fait quoi! s'écrie Cass. Dona a la dent dure, je hausse les épaules.
– Elle m'a énervée.
– Je commence à comprendre pourquoi mon frère t'a emmenée ici,sourit Giacomo.
J'ai du mal à croire que ses deux-là sont frères. Giacomo est toujours si gentil, si courtois, et puis vous avez l'autre qui tantôt est calme, tantôt pique des crises et... oh, je retiens un gémissement quand ses doigts passent entre les miens.
– Il s'est passé quoi après? questionne Cass.
Ah oui, je racontais une histoire. Je me racle la gorge.
– Eh bien, je ne voulais pas lâcher le pied..., je veux dire la poignée de Dona. Alors Franco m'a menacée quand j'ai refusé d'obéir. Il a tué l'une des filles avec qui j'étais en voiture. C'est tout, après Riccardo a explosé les portes.
– Du grand art, commente ce dernier. Cass et moi levons les yeux au ciel.
– Je suis fier de toi, tu ne t'es pas laissé faire, me complimente-t-elle, ça me fait chaud au cœur.
– Tu aurais dû tuer Sasha leurs faire comprendre ce qu'il en coûte de s'en prendre à toi.
– Non, merci; Je ne veux plus avoir de sang sur les mains.
– Tu es beaucoup trop naïve, ça te perdra. Je souffle, balayant ses propos d'un geste désinvolte de la main, les yeux de Cass et de Giacomo n'arrêtent pas de jouer au ping-pong entre nous deux.
– Et toi, tu es sans cœur, je ne veux plus jamais ôter une vie.
– J'ai un cœur, s'indigne le démon.
– Ah oui, dans une boite sous l'évier ?
– Non, il déplace mon pied, je réprime un frisson quand je touche son sexe en érection la chaleur se répand dans tout mon corps en partant de mon pied.
– J'ai un cœur qui palpite dans mon froc. Il me fait un clin d'œil avant de replacer mon pied sur sa cuisse, mais trop tard je suis troublé par ce que je viens de sentir et des imagine n'arrêtent pas de défiler dans mon esprit.
Cass et Giacomo me regardent sûrement attendant que je réplique mais la partie est finie pour la première fois de ma vie quelqu'un à réussi à me clouer le bec.
Alors que les deux frères reprennent leur conversation dans une langue que je ne comprends pas, je remplis mon bol de céréales puis de lait. La discussion entre eux est sérieuse même si leur ton est calme, je le devine par le pli soucieux qui barre le front de Giacomo.
Riccardo à chaque fois qu'un truc le contrarie, il serre plus fort mon pied. Je termine de manger et me lève pour débarrasser la table. Cass insiste pour que je ne fasse pas la vaisselle, mais dès qu'ils sortent tous les trois de la cuisine, je nettoie tout avant de remonter dans ma chambre pour me préparer. Après une douche rapide, j'enfile une jupe en satin sombre et un top bleu. Avoir les cheveux courts est un avantage, je ne passe plus des heures à me coiffer.
En bas des marches se tient le démon, vêtu d'un pantalon sombre et d'un tee-shirt de la même teinte, il est dos à moi. Je lui passe devant sans lui accorder un regard en priant pour qu'il me laisse tranquille.
– Hop, hop, petite serveuse, reviens ici ! Je soupire avant de le regarder par-dessus mon épaule avec une expression de pur ennui.
– Je. Dois. Aller. Travailler ! Il hoche très longuement la tête.
– Ne t'inquiète pas, je veux juste te parler, c'est important.
Alertée par son air sérieux, je suis soudain inquiète.
– Est-il arrivé quelque chose à mon père ? Ou c'est peut-être Adrien Leblanc qui m'a retrouvée ? Le démon prend place sur l'avant-dernière marche des escaliers et tapote la place vide près de la rampe.
– Tu vas te dépêcher, je n'ai pas que ça à faire. Dit-il ensuite avec impatience.
– Tu dois être très occupé, c'est vrai que zigouiller des gens ça prend du temps. Je me laisse tomber à côté de lui, alors que Riccardo sourit avec béatitude.
– Non, ce qui prend du temps, c'est de se débarrasser du corps et de nettoyer la scène du crime.
– Épargne-moi les détails. Et dépêche-toi, je ne veux pas être en retard !
Il sort un paquet de clopes de sa poche et en coince une entre ses lévres. Je comprends ce que certaines femmes lui trouvent, ce monstre est à tomber, sa mâchoire forte, son nez aquilin légèrement tordu, et ses lèvres, seigneur oui, il a des lèvres magnifiques, celle du bas est beaucoup plus grosse que celle du haut, ce qui donne un peu d'harmonie à son visage. Rajoutez à ça ses muscles bâtis dans du granit, ses jambes interminables et ses cheveux noirs, vous avez une combinaison parfaite pour l'homme au physique idéal. Mais ce qui me fascine ce sont ses yeux, ils sont à la fois si expressifs et tellement secrets. Par exemple, hier, rien dans son expression ne m'avait préparée au fait qu'il allait tuer cet homme, il était amusé. Dans ma vision des choses, peut-être suis-je naïve, mais une personne normalement constituée ne peut pas trouver du plaisir en tuant. J'en ai tué deux, et pour être honnête, je préfère être dans le déni ; moins j'y pense, plus je me sens bien. Mais quand il m'arrive de m'y attarder, j'ai envie de vomir. Mon reflet dans le miroir me renvoie celui d'un monstre, je ne me reconnais plus. Ce qui m'effraie le plus, c'est cette absence de remords. Pour aller plus loin, je voudrais tous les tuer pour ce qu'ils ont fait à ma maman chérie et ça, ce n'est pas moi.
Je sens quelque chose sur mon visage, je sors de mes pensées pour me rendre compte qu'il me souffle sa fumée âcre dessus.
– J'espère que les prix de ces saletés vont grimper en flèche ! Riccardo hausse un sourcil avant de sortir son paquet de cigarette et de me le donner. Il est de couleur bleu électrique avec des inscriptions en or. Le nom de la marque c'est Gaviera. Un énorme G court tout au long du paquet.
– Gaviera, comme Riccardo Gaviera ?
– Ouais, ma famille est un peu dans tous, alors techniquement, c'est moi qui décide si les prix de ce bijou augmentent. Pour conclure, il me souffle dessus, agacé, je lui arrache le mégot et l'écrase sous ma chaussure.
– Que voulais-tu me dire ? Il s'allume une nouvelle cigarette.
– Il t'arrive d'arrêter de fumer ?
– Ouais, le temps d'allumer la prochaine. La tête penchée sur le côté, j'observe son profil parfait, mes yeux dévient sur la pieuvre monstrueuse à la base de son coup avant de descendre sur les motifs tribaux sur son bras.
En a-t-il d'autres sous ses vêtements ?
– Tu baves, petite serveuse.
– Quoi, m'importe quoi !
– Je préfère trancher tout de suite dans le vif, tu ne m'intéresses pas. Je lève les yeux au ciel, cette fois sincèrement amusée.
– ''Quand le soleil se lèvera à l'ouest pour se coucher à l'est. Quand les mers seront asséchées, et quand les montagnes auront au vent le frémissement de la feuille'', Alors seulement, je m'intéresserai à quelqu'un comme toi.
Il applaudit faussement, impressionné.
– Très poétique, mais la dernière fois que quelqu'un m'a lancé un défi j'ai réussi à infiltrerl'une des résidences les mieux gardées de France et tu t'es retrouvé en Sicile.
– Que t'importe que je te lance un défi, tu viens tout de même de dire que je ne t'intéresse pas.
– Moi j'ai le droit, toi quand tu le dis, tu titilles mon ego.
D'un mouvement souple il se retrouve au-dessus de moi, j'ai un hoquet quand ses mains se posent sur les marches tout près de mon visage et ses genoux de part et d'autre de mes hanches.
– Riccardo, va jouer ailleurs tu es plus envahissant que de la moisissure ! Contre toute attente ma pique lui tire un rire moi, qui m'attendais à ce qu'il s'emporte comme la veille.
– Je ne joue pas là.
Ses cheveux lui tombent sur le front dans cette position. J'ai soudain envie d'y glisser les doigts, comme la nuit où il s'est endormi sur mon lit, mais je me retiens. Cette nuit était une exception, je ne dois jamais l'oublier. Je suis persuadée qu'il n'était pas dans son état normal. L'alcool ou la drogue, peut-être.
– Toi, il faut que tu apprennes à te défendre.
– Moi ? Mais je sais me défendre, tiens, rien que la nuit où j'ai été attaquée, je me suis débrouillée comme une guerrière.
Tu parles ! se moque la voix dans ma tête. Tu n'as pas été capable d'empêcher Adrian de souiller ton corps. Ta petite rébellion a conduit ta mère au tombeau.
J'ai sûrement un problème. Pourquoi je ne réagis pas comme les autres ? Une personne qui a subi tout ce que j'ai subi devrait être anéantie, triste, je devrais me morfondre jour et nuit. Pourtant, j'ai parfois l'impression que ce n'était pas un viol, comme si je l'avais mérité. Je ne ressens absolument rien par rapport à ce qu'il m'a fait. Mais ce qu'il a fait à ma mère, cependant, ils vont le payer. Je ne sais pas quand, ni comment, mais je lui ferai regretter, à lui et à Jawad, d'avoir croisé son chemin.
J'en fais le serment. C'est peut-être cette soif de vengeance qui a pris trop de place, c'est peut-être à cause d'elle que je refuse de me catégoriser comme une victime. Parce que quand j'en aurai fini avec lui, c'est lui qui sera la victime.
Le démon, inconscient de la bataille que je me livre intérieurement, m'observe, ou plutôt observe la blessure sur ma joue. Quand je suis rentrée la veille, j'y ai mis de la glace et une pommade offerte par l'un des gardes. C'est moins enflé, mais les marques sont toujours visibles. Je sursaute quand il y pose ses doigts légèrement rugueux.
– J'aurais dû tuer ce connard de Franco aussi.
– Pourquoi, hier, il n'a pas répliqué quand tu as tué l'un de ses hommes ? Vous étiez en infériorité numérique.
– Disons que ma famille est plus puissante que celle pour qui il travaille.
– Je ne comprends pas.
Ses lèvres frémissent.
– Oh si, tu le comprends, tu sais très bien tout ce qui se passe autour de toi. Mais tu préfères vivre dans le déni.
Comme si elles étaient dotées de leur propre volonté, mes doigts écartent les cheveux qui lui tombent sur le front encore une fois. Je m'émerveille de leur texture soyeuse. Riccardo m'observe à travers ses paupières qui se sont alourdies.
Encore une réaction de mon corps que je ne comprends pas. L'avoir près de moi ne me dégoûte pas. Pourtant, quand un autre homme me touche depuis ce qui s'est passé avec Leblanc, j'ai un frisson de révulsion, parfois même de la pure terreur.
C'est avec Riccardo que je devrais ressentir ça. Il n'y a pas plus agaçant que ce type sur la terre entière, pourtant je suis là et je ne pense qu'à flirter avec lui.
– C'est quoi cette tête ?
Je fronce les sourcils. Il est vraiment la dernière personne avec qui je veux en parler. Mais voilà, je n'ai personne ici. Je n'ai pas envie de me confier à Cass sur les abus que j'ai subis. L'avantage, c'est que Riccardo, lui, le sait déjà.
– Tu penses que je suis bizarre.
– Oui, mais pourquoi tu te considères comme ça ?
Je lui lance un regard agacé suite à sa première affirmation, avant d'inspirer en déclarant :
– Je... Tu ne trouves pas que je suis un peu trop détachée après tout ce que j'ai vécu ? J'ai perdu ma mère et, même si ça n'a pas duré, Adrian m'a quand même fait vivre l'horreur. Pourtant, il m'arrive de l'oublier. Et j'ai toujours été comme ça. Peu importe ce que je peux vivre comme drame, ça ne m'a jamais atteinte au point de me mettre plus bas que terre.
– J'arrive pas à croire que je vais dire une connerie pareille, mais... tu as déjà pensé à consulter un psy ?
– Non.
Il fait mine de réfléchir, puis un sourire en coin étire ses lèvres. Je me doute que je ne vais pas apprécier ce qu'il va me dire.
– Je pense que tu es une psychopathe. Attends avant de t'enflammer, tous les psychopathes ne sont pas tous des tueurs que dépeint la culture populaire. La psychopathie est un trouble de la personnalité caractérisé par un manque d'empathie, une impulsivité, une manipulation et une absence de remords. Et toi, tu coches toutes les cases.
Une peur viscérale me noue le ventre. Non, ce n'est pas de la peur, mais de l'effroi. J'ai un trouble de la personnalité pareil, moi ? Mais c'est horrible !
Pourtant ça explique beaucoup de choses. Non ?
– C'est un sacré avantage pour moi. Les fondations sont déjà là, je n'ai plus qu'à y ajouter quelques finitions et faire de toi une tueuse à mon image.
– Ça n'arrivera jamais, Riccardo. Je ne serai jamais ton petit projet.
Ses yeux sombres comme les abysses se mettent à briller de malice. Il pince mon menton entre son pouce et son index, obligeant mon visage à rester immobile.
– Je suis d'accord, petite serveuse, tu seras ma plus grande réussite. À la seconde où je t'ai vue, j'ai su que tu es mon alter ego.
Ma bouche s'ouvre sans qu'aucun son n'en sorte. Ses mots tourbillonnent dans ma tête. Une part de moi veut les accepter, une autre, plus faible, essaie de se raccrocher à mon humanité.
– Tu as une bouche faite pour le péché, et je pressens que le jour où je céderai à la tentation de prendre tout ce que cette bouche peut offrir, je retrouverai mon âme.
Je prends une grande inspiration. Sa voix grave coule sur ma peau, faisant naître des frissons impossibles à réprimer.
– Tu sous-entends l'avoir perdue ?
– Oui, et je ne veux pas la retrouver.
Riccardo saisit l'une de mes mains et la pose sur les marches plus hautes. Je frémis quand ses doigts dessinent le contour de mes lèvres avant qu'il n'en glisse deux dans la chaleur de ma bouche. Je sens une tension naître entre mes reins. Elle est chaude et puissante. Les pointes de mes seins deviennent dures. Il le remarque : sans soutien-gorge, impossible de me soustraire à son regard.
Sa respiration s'accélère quand je mordille ses doigts avant d'y passer ma langue. Riccardo pèse à présent son poids sur moi, il ferme les yeux en prenant une grande inspiration. Puis, soudain, je sens quelque chose de froid s'enrouler autour de mes poignets, suivi d'un clic métallique.
Je regarde derrière moi, vers la rampe d'escalier, et me rends compte que ce démon m'a menottée. Riccardo se relève en ajustant son jean avec un sourire fier.
– À quoi tu joues ? Ce n'est pas drôle.
Ma voix monte dans les aigus. Je me sens... trahie par lui, comme s'il m'abandonnait alors que j'espérais quelque chose dont je n'ai pas conscience. Ce salaud m'a manipulée pour ensuite m'attacher.
– Tu n'iras pas travailler aujourd'hui, ni jamais d'ailleurs. J'ai des projets pour toi.
Il enfonce les mains dans ses poches et s'éloigne en sifflotant.
Non, c'est une blague. Il ne va pas me laisser menottée ici ! Je tire sur mon bras, provoquant une douleur et un tintement métallique.
– Sois sage !
– Riccardo, s'il te plaît.
– Quand Giacomo rentrera, dis-lui qu'il sait où est la clé.
– Tu vas me le payer. Je vais te tuer, tu vas voir !
– Je t'avais prévenu que je te donnerai envie de tuer. Garde constamment cette colère en toi.
– Espèce de...
Je regarde la porte qui vient de se fermer complètement ahuri. Comment a-t-il osé me faire ça ? Des larmes de colère et d'impuissance dévalent sur mes joues. Cette fois, il est allé beaucoup trop loin, il va me le payer.
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