Chapitre 7

« Tu vas me faire la tête pendant encore longtemps ? »


Je ne répondis pas. Murée dans mon silence, je préparais des crêpes pour Lisa, qui attendait assise sur le comptoir de la cuisine. Elle balançait joyeusement les pieds dans le vide, alors que je me concentrais à faire sauter la crêpe. Et Cameron qui s'était mis dans mes pattes, ne semblait pas comprendre le lourd silence que je lui offrais. Cela devait faire depuis près de trois heures que je me forçais à ne pas lui parler. Et il fallait que je tienne pour lui donner une bonne leçon. Ce sale loup crasseux mériterait bien plus après ce qu'il m'avait fait, et je me trouvais gentille de ne pas m'être enfuie juste pour le plaisir de le lui faire payer. Cela faisait deux jours depuis qu'il était de retour. Deux jours où Cailean avait dû prendre les rênes de la meute, parce que Cameron refusait de quitter le lit et moi avec. C'était tout ce qu'il y avait de plus adorable, et je le vivais plutôt bien, jusqu'à ce que je découvre la véritable raison de tout ça. Ce stupide loup avait osé comploter derrière mon dos. Durant ces deux jours, assez fantastique, ils avaient renvoyé Vlad chez lui, en Russie. Et pas dans le meilleur des états, vu ce qu'il avait fait. Bon sang ! Je n'avais même pas pu entendre l'histoire de Vlad. C'était de la haute trahison.

Cameron soupira alors que je continuais à faire mes crêpes. Il était adossé au comptoir, près de Lisa, qui se réjouissait quand je faisais sauter la crêpe. Peter était présent aussi, il était assis de l'autre côté, amusé par mon comportement. En même temps, je ne pouvais pas agir autrement avec cet abruti d'Alpha. Il savait pertinemment que je voulais résoudre ce problème, et la première chose qu'il avait fait, c'était de relâcher non seulement le suspect numéro 1, mais aussi celui qui détenait la clef de l'énigme ! Je ne pouvais pas lui pardonner, mais je ne pouvais pas non plus le quitter. Donc j'avais décidé de lui faire la tête, et ne plus lui parler. D'ailleurs, ce soir je comptais dormir avec Lisa et non avec lui. Les autres loups voyaient ça comme une simple dispute de couple, le seul qui voyait ça autrement c'était Cailean. Il était venu me voir, il y avait moins d'une heure pour me dire de comprendre le raisonnement de son frère. Bonne tentative, mais perdue d'avance, je voulais parler avec Vlad et ce sale... je n'avais même pas de mot pour décrire Cameron.


« Tu vas le bouder encore longtemps ? Me questionna mon frère, sûrement avait-il pitié de son Alpha.

– Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. Répliquai-je, en finissant de faire sauter la dernière crêpe.

– Je parle du pauvre petit chiot qui cherche ton affection depuis tout à l'heure. Déclara-t-il, en lançant un regard vers Cameron, qui n'appréciait guère cette comparaison.

– Je prends le pot de Nutella, et on va proposer à Kathya des crêpes, d'accord Lisa ? Demandai-je, à ma petite louve qui sauta de son perchoir pour prendre l'assiette de crêpes.

– Oui ! »


Je m'emparai du pot de pâte à tartiner, et nous étions parties dans le salon, où devait se trouver Kathya. Cette dernière parlait avec Rowena et Cailean, en nous voyant arriver, elle nous sourit. Rowena haussa un sourcil, en regardant derrière moi. Je supposais que Cameron nous avait suivis avec Peter, qui devait sûrement se retenir de rire. Je posais le pot de Nutella sur la table basse, tandis que Lisa déposait la pile de crêpes à côté.


« Elle fait encore la tête ? S'enquit Rowena.

– Oui. Soupira Cameron.

– Elle ne lui fait pas la tête. Elle fait comme si il n'existait pas. C'est encore pire. Rectifia mon frère, en ouvrant le pot pour prendre une cuillère et la mettre dans sa bouche.

– Je ne comprends pas pourquoi elle lui fait la tête. Cameron a fait ce qu'il fallait. On aurait pu avoir une guerre entre deux meutes, qui aurait pu dégénérer en conflit international entre les loups de France et ceux de Russie. Et on aurait été largement mené, vu le nombre de loups qu'il y a là-bas. Exposa la mère de Cameron. »


Évidemment pour tout le monde, Cameron avait raison et j'étais juste une petite gamine capricieuse et égoïste. Je n'avais aucun allié ici, mis à part Lisa et Peter. Il devait être les deux seuls qui comprenaient mon point de vue. Enfin Lisa n'était encore qu'une petite fille, et Peter, c'était mon frère. Il me connaissait plus que quiconque. D'ailleurs, ce dernier ne se privait pas pour manger la moitié des crêpes. C'était terrifiant de voir à quel point son appétit s'était accentué depuis qu'il était un loup-garou.


« Leannan, tu ne peux pas m'en vouloir pour voir pris cette décision. Je l'ai épargné et je lui ai donné l'occasion de rentrer chez lui. Tenta Cameron, en se mettant derrière moi.

– Je ne t'en veux pas pour ça ! Je t'en veux parce qu'il avait des réponses à m'apporter sur tout plein de questions et que tu ne m'as pas laissé le temps de lui parler ! M'exclamai-je, en me relevant d'un bond et me tournant vers lui.

– Tu sais qu'il n'est pas le seul qui peut répondre à tes questions. Fit remarquer mon Alpha, en soupirant. »


Je lui lançais un regard noir, avant de m'éloigner. J'étais au courant qu'il n'était pas le seul, mais lui, je l'avais sous la main, alors que maintenant, je devais attendre je ne savais combien de temps, avant d'avoir quelqu'un d'autre. Je demandais à Peter son portable, étant donné que j'avais perdu le mien, pour pouvoir téléphoner à ma mère. Cela faisait un bon moment que je ne lui avais pas parlée, et elle désirait sûrement avoir des nouvelles. Je montais dans la chambre pour être seule et personne ne me suivait. Ce n'était pas plus mal. Lisa et Peter s'empiffraient de crêpes et le reste parlait joyeusement, sûrement de mon caractère de cochon. J'entrai le numéro de ma mère dans le portable, et attendis deux tonalités avant qu'elle ne décroche.


« Allô ?

– Allô, maman ? C'est moi, Haylie. Lui fis-je savoir, afin qu'elle ne pense que c'était Peter.

– Haylie ! Ma chérie. Comment vas-tu ? Peter va bien ? Et avec Cameron, tout va comme tu veux ? »


Ma mère m'ensevelissait sous ses questions qui devenaient un petit trop intime. Je la stoppais avant qu'elle ne commence à me parler de rapports sexuels et de petits bébés. Ça risquait de devenir catastrophique aussi non. La dernière fois que je l'avais appelée, c'était avant l'entrée de Peter dans la meute et ma nomination en tant que F-Alpha. Elle m'avait demandée si j'étais déjà enceinte de Cameron, autant dire que j'avais dû couper court à ses rêves de grand-mère, parce que je ne voulais pas avoir d'enfants. Enfin pas tout suite. Et maintenant encore moins, il y avait trop de problèmes qui surgissaient pour que je puisse penser à un enfant.


« Écoute, maman. Je voulais juste prendre des nouvelles et t'en donner. On va tous très bien ici, même si ce n'est pas tout les jours roses entre Cameron et moi, on s'y fait.

– Tant qu'il sait se faire pardonner et qu'il ne va pas voir ailleurs, je ne m'en fais pas ! S'exclama-t-elle, réjouie même si je pouvais entendre une petite note triste dans le ton de sa voix.

– Oui, tu m'as déjà dit que dans un couple, c'est fait de hauts et de bas. Et toi maman ? Ça va ?

– Et bien, j'ai le droit à un nouveau traitement, même si je doute qu'il fonctionne..., m'avoua-t-elle d'une petite voix et j'avais l'impression d'entendre un reniflement.

– Ne t'en fait pas. On sera de nouveau réuni, je ferai sortir papa de prison et toi, de ton lit d'hôpital ! On ira sur la plage et le soir on se fera une soirée barbecue. Ce sera comme avant. La rassurai-je, en essayant de lui redonner le sourire.

– Haylie... rien ne sera jamais plus comme avant. Répliqua-t-elle, étouffant un sanglot.

– Qu'est-ce que tu veux dire ? M'inquiétai-je, en l'entendant presque pleurer.

– Je suis désolée, ma puce, mais plus rien ne sera comme avant. »


Elle raccrocha et je restais hébétée comme jamais, debout en plein milieu de la chambre. Avant même de comprendre, mes doigts pianotaient sur le portable de mon frère, le numéro d'Harold. J'espérais qu'il n'était rien arrivé parce que je serais incapable de supporter deux problèmes à la fois. On devait déjà s'occuper de la meute de Russie, alors si en plus, je devais découvrir que ma mère était prise dans des embrouilles, je risquais de faire une crise monstrueuse. Harold ne décrocha pas son téléphone, alors j'appelais Benjamin, qui devait lui, au moins répondre. J'attendis quatre tonalités avant que ce dernier ne décroche.


« Benjamin, il se passe quoi ? Demandai-je, sans même savoir si c'était vraiment lui au bout du fil.

– On veut la fille. Me répondit une voix russe et grave.

– Qui êtes-vous et où est Benjamin ?! Répliquai-je, en commençant à paniquer.

– On veut la fille. Me répéta la voix, avant de raccrocher. »


Alors que j'allais rappeler, la porte de la chambre s'ouvrit dans un fracas, et je vis Cameron et Peter entrer dans la pièce. Il me regardait cherchant à comprendre ma panique sûrement, et les yeux de Peter fixaient le portable qui était entre mes mains. Il s'approcha de moi, et me prit par les épaules. Son regard noisette plongea dans le mien, et je crus desceller une sombre envie de meurtre. La haine de mon petit frère était palpable, je pouvais presque la toucher, et ses yeux ressemblaient à deux orbes tourbillonnantes profondément haineuses. Je m'agrippai au téléphone, avant d'ouvrir la bouche.


« Les... les loups russes sont à la Tranche. Articulai-je, avec difficulté. »


Sans même prendre le temps d'en savoir plus, Peter était parti comme une furie. J'avais senti la tension dans son corps, et je savais qu'il risquait une transformation. Même si il se contrôlait suffisamment pour ne pas le faire n'importe quand et n'importe où, ce n'était pas la même histoire quand ses émotions prenaient le dessus. Surtout les émotions négatives. Cameron s'approcha de moi, et me prit dans ses bras. J'en avais vraiment besoin du confort de ses bras chaleureux. Cependant je m'inquiétais pour Peter. Il pouvait être imprévisible. Plus que moi, d'ailleurs. Je me dégageais afin de partir à la suite de mon frère. Cet idiot serait capable d'aller jusqu'à la Tranche sous sa forme animale. Cameron était sur mes talons, il me serait utile pour calmer Peter, après tout c'était lui son Alpha. Il avait sûrement un pouvoir sur lui, du genre : Ordre Absolu, ou un autre truc. Je me dépêchai donc de rattraper mon frère qui se trouvait piéger par un cercle de loups. Cailean était avec lui, au centre, cherchant sûrement à le calmer, mais cela ne semblait pas vouloir fonctionner. Peter semblait même encore plus furieux que tout à l'heure. Je me dépêchai de le rejoindre avant qu'il ne se jette sur le frère de son Alpha.


« Peter ! Calme... toi... »


Je perdis ma voix, en voyant le torse ensanglanté de mon patron. J'espérais que ce n'était pas mon petit frère qui avait ça, parce que ça risquait de très mal finir. Cailean avait beau être son compagnon, il n'en restait pas moins le bêta de la meute, et sur un plan hiérarchique, il était supérieur à Peter. Cameron voulut s'interposer entre eux, mais Cailean lui fit signe de ne pas le faire. Je ne savais pas ce qu'il avait prévu, mais j'espérais qu'il ne comptait pas se laisser tuer par mon petit frère. Ce crétin de fripon semblait être dans une frénésie mortelle. Un peu comme celle de Cameron quand il avait tué Junior, mais en pire. Je ne cherchais même pas à m'approcher plus que nécessaire. Avec Cameron, je savais que je pouvais le raisonner, mais mon petit frère, c'était une autre paire de manche. Lui, il pouvait me déchiqueter et le regretter après, contrairement à mon Alpha, qui préférerait sans doute se couper une patte que de faire ça.

Cailean était de marbre face à la colère brûlante de mon frère. Je me demandais même comment il faisait. Ce devait être un trait de famille, vu comment Cameron réagissait à mes crises de colère. Il réussissait toujours à garder son calme et à me calmer, juste après, que je lui avais balancé tout ce que j'avais sur le cœur. Cette méthode marcherait peut-être avec Peter. Cailean tenta une approche, mais avant même d'atteindre mon frère, ce dernier se changea en loup et grogna contre lui. Cette action eut pour effet que quelques loups suivent son exemple. Je me tournais vers Cameron, qui restait, à présent, les bras croisés.


« Tu comptes ne rien faire ? Interrogeai-je, en fronçant des sourcils.

– Si j'interviens tu risques de ne pas aimer ce qui va suivre. Me répondit-il, en haussant les épaules.

– Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

– Peter ne m'écoutera pas plus que ça, vu son état de colère. Je devrais donc utiliser la soumission forcée, pour qu'il se calme. Ce qui reviendrait à l'entraver par le lien de la meute, et c'est assez douloureux. M'expliqua-t-il, en regardant mon petit frère. »


Il valait donc mieux éviter que Cameron intervienne. Je me retournais donc vers Peter et Cailean, attendant le dénouement de la situation. En espérant qu'elle soit sans trop de blessés. Avec un peu de chance, je pourrais le calmer, mais je préférais laisser ça à Cailean. Après tout le temps qu'ils passaient ensemble, autant dire qu'ils étaient presque mariés.


« Peter..., l'appela Cailean. »


Grognement de la part de mon petit frère. Pas très réjouissant tout ça. Je commençais même à prier pour qu'une force inconnue calme miraculeusement ce loup enragé, sans que ce ne soit Cameron qui en soit la cause. Je n'avais aucune envie de voir mon petit frère se tordre de douleurs. Il avait suffisamment souffert pour le reste de sa vie quand Junior était vivant. Je n'étais d'ailleurs pas sûre de pardonner à mon Alpha si il faisait ça. Il fallait réfléchir à un moyen de le calmer sans le blesser... peut-être que l'odeur des pâtes le fera revenir sur terre. C'était ce qu'il préférait. Je devrais peut-être agiter une boîte de Lustucru devant son nez.

Alors que j'allais en chercher une, pour tester ma théorie, on ne savait jamais, Peter fit un bond pour se mettre au travers de ma route. Ça, c'était bizarre. Il désigna rapidement son dos de sa truffe, et je compris qu'il voulait que je monte. En réalité, mon frère n'avait pas perdu les pédales comme je le pensais. Il voulait seulement rejoindre maman le plus vite possible. Ce petit curieux m'avait suivi et avait écouté ma conversation. Au moins, il ne partait pas sans moi. Avant même que Cameron n'ait le temps de me retenir, je grimpais sur le dos de Peter, et ce dernier fonça comme un boulet de canon vers la forêt, sautant par dessus le cercle de loup. J'étais sur lui, donc si ils retenaient Peter par la force, j'allais forcément être éjectée et blessée. Je ne savais pas trop par quel chemin il comptait se rendre à la Tranche, mais j'espérais que personne ne me verrait le chevaucher.

J'entendis le hurlement des loups, et je ressentais la colère de Cameron. Je risquais beaucoup, et il allait sûrement m'en vouloir, mais c'était de sa faute. Quelle idée de rapatrier Vlad alors qu'il aurait pu nous aider à comprendre la situation. Et puis, je pouvais toujours m'excuser après. C'était la vie de maman et de la meute d'Harold qui était en jeu. De plus, je m'inquiétais pour Benjamin. Ce gamin était comme un deuxième petit frère pour moi. Je n'allais pas le laisser entre les griffes des loups russes. Ce n'était pas moi ça, et pour une fois ma morsure ne me brûlait pas. Ce qui signifiait qu'elle était d'accord avec moi sur le coup. Au moins, elle n'était pas tout le temps du côté de Cameron, ça me rassurait.

Cela devait faire trois heures que Peter était sous forme animale à courir comme un fou, avec moi sur son dos. On avait quitté la forêt et on courait près d'un chemin de campagne. J'ignorais à quelle distance nous étions encore de la Tranche, mais une chose était sûre, c'était que Peter me semblait infatigable. Et cet idiot ne m'avait pas laissé le temps de prendre une carte ou même d'activer le GPS de son portable. Et nous n'avions aucun moyen de communiquer avec les autres, parce qu'il avait eu la crétinerie de casser son téléphone d'un coup de crocs. Ce n'était pas comme si c'était la police qui était à nos trousses. En plus, ça ne servait à rien, étant donné, que Cameron nous retrouverait à cause de la marque qu'il m'avait laissé. Vu la direction où on allait, il n'était pas si con que ça pour ne pas découvrir qu'on allait vers la Tranche. Lui, il avait dû prendre autoroute, alors que nous, on se coltinait les petits chemins pour ne pas se faire voir.


« Peter, à mon avis, on aurait peut-être dû y aller avec Cameron et Cailean. Tu sais... en voiture. Lui dis-je, à l'oreille alors qu'il continuait à courir en coupant un champs de tournesols. »


Il ne me répondit pas, se contentant de courir. Je fermais donc ma bouche, essayant de rester sur son dos et ne pas me faire éjecter. Le trajet dura encore trois bonnes heures, avant qu'il ne s'arrête devant une maison de campagne. Plutôt cosy et très chaleureuse. Il bondit par dessus le muret, avant de gratter à la porte. Cette dernière s'ouvrit sur Harold qui avait le visage tiré de fatigue. Je fus surprise de le voir ici, tout comme lui l'était de nous voir. Il laissa entrer Peter, qui ne se fit pas attendre. Benjamin se trouvait dans le salon, visiblement blessé. Il avait le bras en écharpe. Je descendis de Peter pour courir vers lui. Mon frère reprit son apparence humaine, et Harold lui passa des vêtements. Une fois, habillé, il se tourna vers notre voisin.


« Elle dort au premier. Renseigna-t-il, avant de se faire agresser verbalement par Peter.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Demandai-je, en serrant Ben conte moi.

– Des loups russes sont arrivés, il y a plusieurs jours. Je dirais une semaine. Il voulait juste se poser, avant de reprendre leur route vers l'Espagne. J'ai accepté à condition qu'ils ne fassent pas de vague et qu'ils soient sous la surveillance de l'un des nôtres. Malheureusement, ça ne s'est pas bien passé. Expliqua-t-il, en soupirant.

– Que veux-tu dire par là ? S'enquit Peter, au bord de la crise de colère.

– Ils m'avaient dit qu'ils attendaient l'arrivé d'une louve et d'une petite fille. Ils ont été séparés lors du voyage. Mais comme ça sentait le mensonge à plein nez, j'ai décidé d'enquêter un peu avant de les virer ou les traîner devant la justice des loups russes. Relata Harold, en s'asseyant sur le fauteuil.

– Ils étaient pas nets et ? Résuma Peter, cherchant à comprendre pourquoi maman avait été impliquée. »


Je comprenais ce qu'il ressentait, mais ce n'était pas en nous énervant que ça résoudrait la situation. Je m'appliquais donc à rester calme, et pourtant ce n'était pas mon point fort. Cependant avec Peter qui était sur le point de se déchaîner, je n'avais pas d'autre choix. C'était moi, l'aînée, je devais rester calme.


« Ils ont eu un message de la louve qu'ils attendaient. Et ils ont découvert certaines choses à propos de nous, surtout ce qu'on comptait faire d'eux quand on aurait appris la vérité. Ils ont donc décidé de frapper en premier, en essayant de s'en prendre à Amélie. Je m'en veux de l'avoir mêlée à ce conflit. Soupira-t-il, épuisé par tout ceci.

– Ne t'en veux pas. Tu n'es pas responsable. Et raconte-nous à propos de l'hôpital..., contredit Peter en essayant de calmer sa colère.

– Ils ont attaqué, mais on les a repoussés. Benjamin rendait visite à Amélie, et sans lui, elle aurait été entre les mains de ces salauds. Je suis fier de toi, mon fils.

– Merci, papa. Répondit-il, en souriant.

– Maman... est-ce qu'elle sait à propos de..., tentai-je de questionner.

– De nous ? Non, et pour la faire venir ici, j'ai dit au médecin que ça lui ferait un peu de bien du repos à la campagne et ils ont approuvé. J'ai pour consigne de lui faire prendre ces médicaments et d'aller à l'hôpital le plus proche si quelque chose arrivait. »


Je lâchai un soupir de soulagement, alors que Peter montait la voir. Il devait vouloir se rassurer que tout irait bien. En revanche, je ne voyais pas les autres loups de la meute. Je fronçais des sourcils, et me tournais vers Harold. Mais ce dernier me répondit avant même que je ne pose pas la question.


« Les autres sont dans des maisons, un peu plus loin. Aucun mort, quelques blessés graves seulement. C'est déjà pas mal contre des loups russes. Ça aurait pu être pire. Me confia-t-il, en soupirant. »


Je hochais la tête, et m'assis sur le canapé. J'étirais mes jambes. Après avoir passé près de 6h sur le dos d'un loup, mes jambes étaient en compote. Je me demandais même comment j'avais fait pour ne pas tomber quand j'étais descendue de mon petit frère. L'adrénaline peut-être. Je lâchai un autre soupir. La situation prenait une tournure peu plaisante.


« Au faite, ils sont où, Cameron et Cailean ? Ils ne sont pas venus avec vous ? Lâcha Benjamin, en me regardant, innocent.

– On va dire que c'est compliqué.

– Vous êtes partis sans eux, et sûrement sous leur nez. Conclut Harold, en souriant amusé.

– Comment tu le sais ? Demandai-je.

– Parce que je vous connais ton frère et toi. Dit-il, en riant. Mais ne t'en fait pas, ils seront là dans la nuit ou demain matin ! Pour l'instant, un peu de sommeil ne fera de mal à personne. Avisa-t-il, en s'enfonçant dans son fauteuil. »

Benjamin me montra la chambre à l'étage, en me disant que son père et lui dormiraient en bas. Que la chambre de ma mère se trouvait près de la mienne, et que je n'avais rien à craindre. Je n'avais pas d'affaire de rechange, mais Benjamin eut la gentillesse de me prêter un de ses t-shirts. Ça risquait ne pas plaire à Cameron quand il arrivera ici, mais tant pis, c'était Benjamin, pas un autre loup inconnu. Il savait les liens que j'entretenais avec ce petit loup. Il ne risquait pas de se méprendre. Je me décidais donc de prendre l'initiative d'une petit douche rapide. Je devais sentir le loup Peter, la poussière et la transpiration. Pas très ragoûtant tout ça.

Après la douche, je me mis au lit. Espérant que mon loup n'allait pas me faire une crise à mon réveil, et que je ne ferais pas de cauchemar loin de lui. Même si ces derniers temps, j'étais uniquement dans la clairière avec des loups qui pointaient le bout de leur nez pour jouer des scènes incongrues. Je devrais d'ailleurs essayer d'interpréter ces rêves, ils étaient peut-être prémonitoires, et ça me permettrait d'y voir plus clair. Sur cette pensée, le voile de Morphée s'abattit sur moi, sans même que je ne m'en rende compte...

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