Chapitre 25
Assise à la table à manger, j'attendais patiemment que Cameron me prépare le petit déjeuner. Il me faisait des crêpes et avait disposé la confiture, le Nutella et le sucre pour que je choisisse ce que je voulais mettre dedans. Il m'avait préparée du thé, et je le buvais tout en le fixant de dos. Mon loup était beau comme ça. Quand il se tourna vers moi, une assiette remplie de crêpes, avec un sourire malicieux sur les lèvres, je ne pus m'empêcher de sourire aussi. Il déposa l'assiette face à moi, me faisant un clin d'œil.
« Les crêpes spéciales du chef. Déclara-t-il, en s'installant à côté de moi.
- Je préfère les baisers du chef. Soufflai-je, en capturant ses lèvres, et reposant ma tasse. »
Il répondit à mon baiser, sa main caressant mon la ligne de mon cou. Il m'attira sur ses genoux, et je passais mes bras autour de ses épaules. Ses mains agrippèrent mes hanches, me serrant contre lui. Un sourire fleurit sur ses lèvres, alors qu'il déposait quelques baisers dans mon cou. Je lâchai un soupir d'aise, alors qu'une de mes mains descendait sur son torse. Il mordit doucement sa marque, m'arrachant un petit gémissement de plaisir. J'allais passer ma main sous sa chemise, mais mon portable et le sien sonnèrent en concert. Il fit la sourde oreille, alors que je fermais les yeux et me mordis les lèvres pour ne pas glousser. Les portables continuèrent de sonner en concert, jusqu'à ce que mon loup s'éloigne de mon cou en grognant. Il savait que pour avoir la paix, il fallait tout simplement répondre, surtout en connaissant Peter et Cailean. Cameron attrapa son portable et décrocha tout en mettant le haut-parleur.
« Quoi ? Grogna-t-il, en enfouissant son nez dans mon cou.
- Ouh... ça, ça veut dire qu'on dérange. Ricana le frère cadet de mon loup, et ce dernier confirma en grognant une nouvelle fois.
- Haylie ? Tu vas bien ? S'enquit mon frère, ignorant mon loup et le sien.
- Oui, je pense en avoir appris un peu plus, mais j'étais trop épuisée hier pour vous appeler. Désolée de vous avoir inquiétés. Répondis-je, en les entendant soupirer de soulagement. »
J'entendis quelques bruits à l'autre bout. La voix de Rowena et celle d'Audrick venant de loin, ainsi que celle de Donovan et quelques autres loups. Ils s'étaient tous inquiétés pour moi, je m'en voulais un peu, mais seulement un tout petit peu. Cameron déposa un baiser sur ma marque, alors que je me blottissais un peu plus contre lui.
« Donc ces nouvelles ? S'enquit Cailean, curieux de savoir.
- Un symbole. Répondis-je, simplement, faisant relever la tête à Cameron.
- Quel symbole ? Questionna-t-il, en fronçant des sourcils.
- Je pensais que c'était un cercle avec deux anneaux, mais c'était un serpent qui se mord la queue. Relatai-je, en réfléchissant au symbole. »
Je vis le visage de Cameron se fermer, et un silence plutôt dérangeant s'installa, même de l'autre côté du téléphone. Je me mordis l'intérieur des joues, en espérant que cela ne voulait rien dire de grave pour eux, non pas que ce n'était pas déjà grave d'un certain point de vue, mais j'avais espéré que cela ne soit pas si stressant. Cameron me serra un peu plus contre lui, ses muscles s'étaient crispés, et cela m'angoissait un peu.
« Papa. Appela-t-il, seulement.
- Un serpent qui se mord la queue. Ce symbole représente l'Ouroboros. Commença Audrick à l'autre bout du fil.
- Et c'est quoi ce truc ? Soupira Peter, essayant de paraître nonchalant mais je le savais tendu.
- L'Ouroboros est le symbole de la Renaissance, ou plutôt il désigne le cycle du temps et de l'éternité. Dans l'Égypte ancienne, on dessinait ce symbole sur les cercueils, car il était perçu comme un signe de rajeunissement et de renaissance. Raconta le père de mon loup.
- C'est plutôt un bon symbole non ? Interrogea mon petit frère, alors que j'étais plutôt sceptique sur le sujet.
- Cela dépend. Il y a beaucoup d'interprétations différentes pour ce symbole. Par exemple, dans la mythologie nordique, on pense que ce serpent qui se mord la queue peut être considéré comme Jörmungand, l'un des trois enfants de Loki, le dieu de la discorde. Il a tellement grandi qu'il encercle le monde et peut saisir sa queue, maintenant les océans en place. Ou il y a encore celle de Ragnar Lodbrok... Qui dans cette histoire ce symbole représente le début et la fin de toutes choses. On le considère donc comme un symbole d'espoir et le renouveau. Il apparaît dans bien d'autres cultures. Informa Audrick. »
Un silence s'abattit après cette explication. Le père de mon loup avait raison, il y avait beaucoup d'interprétations possible pour un simple symbole. Peut-être ne devrait-on pas prendre la symbolique mythologique. Les mythologies étaient toutes différentes, après tout. Il valait mieux faire des recherches sur son symbolisme simplement. Pas avec les mythologies, juste le symbole.
« Et si nous écartons les mythologies ? Juste en savoir sur le symbole en lui-même. Proposai-je, en regardant Cameron.
- Je fais une recherche internet. Intervint Peter, alors qu'un nouveau silence allait s'abattre. »
Je lâchai un soupir, alors que le visage de Cameron était toujours fermé. Je déposais un baiser sur l'arrête de sa mâchoire pour essayer de lui faire penser un peu à autre chose. Il devait réfléchir à un moyen de comprendre tout ceci, et de monter un plan. J'avais vraiment hâte d'en finir avec cette histoire pour pouvoir m'occuper de choses bien plus intéressantes et bienfaisantes pour nous. Mon petit frère revint quelques secondes plus tard, se raclant la gorge par la même occasion.
« Le serpent qui se mord la queue, symbolise un cycle d'évolution refermé sur lui-même. Ce symbole renferme en même temps les idées de mouvement, de continuité, d'autofécondation et, en conséquence, d'éternel retour. Cette connotation de circularité et d'indécidabilité fit du serpent Ouroboros le symbole des paradoxes qui, comme lui, se "mangent la queue", comme dans la formule : "Cette phrase est fausse", variante du paradoxe d'Épiménide-le-Crétois (Je mens) : il y a du vrai dans le faux, et du faux dans le vrai, un enchevêtrement indémêlable de causes et de conséquences. Commença-t-il, à lire.
- Wikipédia ? M'enquis-je, en fronçant des sourcils.
- Oui. Confirma-t-il.
- Continue. Lui intimai-je.
- La forme circulaire de l'image a donné lieu à une autre interprétation : l'union du monde chthonien (du grec khthôn : "qui est né de la terre", qualificatif appliqué aux dieux infernaux), figuré par le serpent, et celui du monde céleste, figuré par le cercle. Cette interprétation serait confirmée par le fait que l'ouroboros, dans certaines représentations serait moitié noir, moitié blanc. Il signifierait ainsi l'union de deux principes opposés, soit le ciel et la terre, soit le bien et le mal, soit le jour et la nuit, soit le Yang et le Yin chinois, et toutes les valeurs dont ces opposés sont les porteurs. Poursuivit-il, prenant un temps de pose attendant une réaction ou un commentaire de notre part. »
Je réfléchis un instant aux informations que Peter venait de nous partager. Le symbole de l'Ouroboros tendait à être vraiment difficile à interpréter dans ce cas. Je lâchai un soupir, avant d'inciter mon frère à continuer sa lecture.
« Une autre opposition apparaît dans une interprétation à deux niveaux : le serpent qui se mord la queue, en dessinant une forme circulaire, rompt avec une évolution linéaire, marque un changement tel qu'il semble émerger à un niveau d'être supérieur, le niveau de l'être céleste ou spiritualisé, symbolisé par le cercle ; il transcende ainsi le niveau de l'animalité, pour avancer dans le sens de la plus fondamentale pulsion de vie ; mais cette interprétation ascendante ne repose que sur la symbolique du cercle, figure d'une perfection céleste. Au contraire, le serpent qui se mord la queue, qui ne cesse de tourner sur lui-même, s'enferme dans son propre cycle, évoque la roue des existences, le Samsâra, comme condamné à ne jamais échapper à son cycle pour s'élever à un niveau supérieur : il symbolise alors le perpétuel retour, le cercle indéfini des renaissances, la continuelle répétition, qui trahit la prédominance d'une fondamentale pulsion de mort. Finit-il de lire, en lâchant un soupir.
- Ce symbole désigne beaucoup de choses, mais on en revient sur le symbole de renaissance et tout ça. Fit remarquer Cailean.
- Oui, et il est utilisé dans bien d'autres choses. Il y a En héraldique où il est sur le blason. En alchimie Gréco-égyptienne et kekulé... En alchimie, l'ouroboros est un sceau purificateur. Il symbolise en effet l'éternelle unité de toutes choses, incarnant le cycle de la vie (naissance) et la mort. Confirma-t-il, et lisant un autre bout de la page Wikipédia. »
J'avais envie de me taper la tête contre la table. Ils ne pouvaient pas choisir un symbole plus simple, au lieu de nous compliquer la tâche à ce point. Je lâchai un soupir, avant de me lover un peu plus contre Cameron qui restait silencieux. Il caressait distraitement ma hanche, plongé dans ses pensées. Je savais qu'il écoutait aussi Peter. En revanche je n'aimais pas trop les plis sur son front et le fait qu'il contracte si durement sa mâchoire. Je déposais un baiser sur cette dernière, mais aucune réaction. Je lâchai un autre soupir.
« Autres choses ? Questionnai-je.
- Il est aussi utilisé en satanisme. Déclara-t-il, avant de poursuivre en lisant. De plus le caractère chthonien s'oppose avec le caractère céleste et donc s'assimile à l'opposition : Satan (monde souterrain) et Dieu (monde céleste). L'ouroboros représente également le démon-dieu Léviathan, le serpent du vide et du chaos initial.
- Ça ressemble déjà plus à l'A.O.S ou du moins à l'organisation qui se trouve derrière. Marmonnai-je.
- J'ai regardé un peu plus haut, et l'Ouroboros est aussi un symbole d'autodestruction et d'anéantissement. Tu penses que l'A.O.S ou ce qui se trouve derrière essaie d'asservir le monde comme dans un film ? S'enquit Peter, en soupirant.
- Je ne pense pas. Répliquai-je. »
Un nouveau silence s'abattit entre nous. Toutes ses informations me donnaient mal à la tête, et je devais encore leur dire à propos de moi. Je voyais déjà les réactions... je devrais peut-être attendre cet après-midi. La matinée était déjà assez chargée, et mon Alpha avait besoin de se détendre un peu. Je décidais de le tirer de sa chaise pour l'emmener vers le canapé. Je savais parfaitement comment lui changer les idées et finir la matinée sur une bonne note.
***
Je regardais le plafond, alors que Cameron me caressait tendrement. On devrait sans doute se lever et aller se doucher, mais j'étais un petit peu trop paresseuse sur le moment. En tout cas, mon loup avait meilleure mine. Il avait un sourire sur les lèvres, les yeux fermés de contentement. Je traçai de mon index les lignes de son torse, machinalement. Un soupir de bien-être s'échappa de mes lèvres, quand il me serra un peu plus contre lui. On était bien là, en paix, sans rien pour nous déranger. Ces moments-là n'avaient rien de spéciaux mais c'était les meilleurs. On pouvait profiter de l'un et l'autre sans être pressé par quoi ou qui que ce soit. Je devrais peut-être tenter de lui avouer pour moi. Le moment semblait être fait pour ça.
Je redressai la tête pour pouvoir voir son visage. J'ouvris la bouche, mais avant même que je ne le puisse, je sentis le corps de mon amant se tendre et il me projeta sur le sol, me plaquant de tout son poids. Des tirs se firent entendre, et mon cœur rata un battement. On nous tirait dessus. Je lançai un regard à Cameron, qui déposa un baiser sur mes lèvres avant de rouler sur le sol. Je voulus le retenir, mais en vain, il était déjà entrain de changer de forme pour devenir un loup. Il s'ébroua une fois la mutation complète. Son regard se posa sur moi, m'intimant clairement d'aller me mettre à l'abri. Un homme débarqua dans le salon, me visant avec son arme. Je clignai des yeux, et mon loup était déjà sur lui. Je déglutis et roula pour me mettre à quatre pattes. J'attrapai le t-shirt de Cameron, avant de me faufiler jusqu'à derrière un fauteuil. Je passais le vêtement de mon loup sur moi, parce que s'essuyer une attaque à poil, c'était pas vraiment le top. Je tentais de donner un peu d'ordre à mes cheveux, tandis qu'on continuait de tirer. Il fallait que j'atteigne le meuble de la télé, ou encore les tiroirs de la cuisine.
Je jetai un coup d'œil hors de ma cachette, les tirs n'allaient plus vers moi, mais vers le jardin. Cameron avait dû s'attirer tout les tirs pour que je ne me fasse pas trouer comme du gruyère. J'espérais en revanche, que lui, n'en devienne pas un. Je sortis de ma cachette discrètement, pour rejoindre la télé. La pauvre avait essuyé les balles. J'espérais que l'assurance couvrait ce genre de dégâts. J'ouvris le troisième tiroir à droite, et retirer le faux fond, pour en sortir un pistolet. Je priais pour viser juste et pas à côté. Mon père m'avait appris, mais je n'étais pas sûre de réussir à tirer sur quelqu'un. Une personne n'était pas tout à fait une cannette de coca. J'inspirais un bon coup, avant de charger l'arme, de retirer le cran de sûreté et d'aller dans la cuisine. Je serrais l'arme dans ma main, et la soulevais un peu face à moi, prête à tirer. Je lançai un coup d'œil dans la pièce, et à travers la baie vitrée, je pouvais voir Cameron éviter les balles et faire de la charpie des hommes qui se trouvaient trop près de ses griffes ou de ses crocs.
Je me demandais si je devais vraiment intervenir. Je regardai la scène, et remis le cran de sûreté de l'arme. Je ne voulais pas me tirer une balle dans la jambe par inadvertance. Surtout que je me sentais bien capable de le faire sans le vouloir. Mon regard se reporta sur la scène de massacre qui avait lieu dans mon jardin. Cameron était vraiment incroyable.
Les balles ne faisaient que l'érafler et il était bien trop rapide pour qu'il le suive. Incapable de me focaliser sur la silhouette de mon loup, bien trop rapide pour moi, je surveillais les hommes en noir. Les singes que le serpent avait envoyé pour nous tuer, visiblement. Moi qui pensais qu'ils me voulaient en vie. C'était bien beau, à moins que ce ne soit Steven Brock qui en avait marre. Je tirais une légère grimace quand une main s'abattit sur mon épaule, me faisant sursauter. Je balançais mon coude en plein plexus pour le déstabiliser, instinctivement. Les heures d'entraînement que j'avais subi n'était pas vain après tout. J'entendis un grognement et Peter légèrement plié en deux, se frottant le torse.
« Bon sang, quel violence envers ton petit frère. Couina-t-il, en grimaçant.
- Désolée... réflexe. Je ne pensais pas que c'était toi. Rétorquai-je, avec un sourire contrit.
- Je vois ça. Souffla-t-il, en s'approchant de nouveau de moi.
- Pourquoi vous êtes venus ? Questionnai-je, en retournant au spectacle sanglant.
- Au début, on voulait vous surprendre nus, mais on dirait qu'on nous a doublés. Bougonna mon petit frère.
- Je sais pas lequel des deux est le mieux. Toi ou eux. Soupirai-je, en levant les yeux au ciel. »
J'entendis mon petit frère ronchonner encore un peu, avant de voir une boule de poils foncée vers les hommes armés. Je reconnus Cailean. Forcément, il n'allait pas laisser Peter venir tout seul. Maintenant que son frère était là, les hommes de main de l'A.O.S n'avaient plus vraiment de chance, si ce n'était qu'elles étaient déjà nulles dès le départ. Peter était de nouveau dans mon dos, regardant avec une moue boudeuse le spectacle. Il avait les bras croisés sur son torse, faisant ressortir son côté grognon.
« Qu'est-ce qu'il y a ? M'enquis-je, en le voyant ainsi.
- Tu ne lui as toujours pas dit, n'est-ce pas ? Et tu caches encore quelque chose. Marmonna-t-il, en posant son regard sur moi.
- Je comptais le faire, mais ils m'ont interrompue. Visiblement, je ne pourrais pas le lui dire, tant qu'on aura ce problème sur le dos. Avouai-je, en grimaçant et en désignant les hommes qui tombaient sous les coups de griffes et de crocs des deux loups.
- Bon très bien, je veux bien mettre ça sur le compte du bon Dieu qui ne veut pas que tu le lui dises tout de suite. N'empêche qu'il y a des choses que tu caches. Et ça n'a pas un rapport avec ton ventre, mais plutôt de ce que tu as appris de papa. Déclara-t-il, en fronçant des sourcils.
- Je vous dirais ça, ce soir... ou demain, en fonction du temps que ça nous prendra pour nettoyer ce carnage. Soupirai-je, en regardant la montagne de corps. »
Peter haussa des épaules, en voyant quelques hommes faire une tentative de retraite. Mon petit frère ne se dévêtit même pas, avant de bondir en se changeant en loup, dans un déchirement de tissus. Il s'en prenait à tout ceux qui voulaient fuir. Je regardais les trois loups faire du jardin de maman, un champ de bataille, avec un amoncellement de corps. Je me demandais bien ce qu'elle dirait à cet instant. J'étais presque persuadée, qu'elle en crierait au meurtre, et qu'elle irait attraper les oreilles des trois loups, tout en les rouspétant. Amélie était une femme forte et douce à la fois.
Heureusement qu'elle n'était pas là, et que cette scène allait être passé sous silence. Il en valait mieux pour tout le monde. En revanche, j'aurais bien dû mal à expliquer à maman, comment ses plants de tomates se sont retrouvés ainsi.. enfin comment son potager a pu être sans dessus dessous. Je pressentais déjà une crise de colère terrible chez elle. J'espérais que ces trois idiots connaissaient un moyen de rendre le jardin en état, parce que moi, je n'allais certainement pas prendre leur parti.
Quand il ne restait plus que deux ou trois hommes debout, je me détournais du spectacle pour rejoindre le salon. Je reposais l'arme à sa place, avant d'inspecter les lieux. Je me demandais si l'assurance prenait tout en charge quand on essuyait une fusillade pareille. Je lâchai un soupir, avant de rejoindre le canapé. Ce dernier n'avait pas trop souffert, quoi qu'il ressemblait à une passoire. Mon pauvre canapé. Je testais sa solidité, mais il se mit à grincer. Ces grincements ressemblaient à des complaintes qui me brisaient le cœur. Mon meilleur ami venait de subir des dégâts. Avant même de poursuivre mon analyse du canapé, je filais vers le jardin. Je fronçais des sourcils, en voyant Cameron qui s'apprêtait à bondir pour arracher la gorge du dernier homme debout. Sans même réfléchir, je me précipitais vers eux, esquivant les cadavres.
« Stop ! M'écriai-je, en arrivant à côté d'eux et assez fort pour les surprendre. »
Ils avaient tous lever leur truffe vers moi. Peter se rapprocha de moi d'un côté tout comme Cailean de l'autre. Bon, je venais de m'opposer à ce que mon Alpha le tue, alors qu'il était dans son bon droit, mais ce n'était pas ma priorité. Je lançai un regard vers le dernier petit singe debout. Un grognement de la part de Cameron, juste pour me dire de ne pas m'emmêler, me tapa directement sur le système. Je savais bien qu'il était dans son putain de bon droit, mais mon canapé passait avant lui.
« Oui, oui ! Tu pourras faire ce que tu veux de lui, mais je veux d'abord qu'il fasse quelque chose pour moi. Maugréai-je, en toisant l'homme en noir. »
Cameron lui mordit tout de même le bras, afin qu'il lâche son arme. Le singe hurla de douleurs. Mon loup s'écarta de l'homme, et ce dernier se remit lentement sur les pieds, tenant son bras contre son torse, gémissant légèrement. Il me lança un petit regard et je l'invitai à me suivre. Il lâcha un soupir tremblant, alors que Cameron grogna derrière lui, le faisant se dépêcher de me suivre. Je le fis venir jusque dans le salon et leva une main pour qu'il s'arrête. Je me tournais vers lui.
« Dîtes-moi ce que vous voyez dans cette pièce, et dépêchez-vous, si vous ne voulez pas qu'il vous mordre la jambe ou que l'un d'eux vous pisse dessus avant de vous tuer. Ordonnai-je, en le fusillant du regard.
- Le résultat d'une fusillade. Répondit-il, d'une petite voix.
- Oui, et savez-vous pourquoi je vous ai fait venir ici ? Questionnai-je, en croisant les bras sur ma poitrine.
- Vous voulez me faire payer pour les dégâts. Supposa-t-il, en haussant les épaules.
- Je doute que vous puissiez payer quoi que ce soit une fois mort. Soupirai-je, en levant les yeux au plafond.
- Je ne sais pas. Avoua-t-il, honnêtement me faisant soupirer.
- Ce que je veux. C'est que vous vous excusez auprès de mon canapé ! Il n'a jamais rien fait de mal et vous l'avez troué, vous et vos camarades ! Alors excusez-vous ! Tout de suite ! Grommelai-je, en le toisant d'un regard dur et froid. »
J'entendis Cailean rire, alors que Cameron semblait surpris et perplexe. Peter soupira et lâcha un petit couinement. L'homme me regarda comme si j'avais perdu la tête, avant que je ne claque la langue sur mon palais, faisant rapprocher Peter de lui tout en dévoilant ses crocs. L'homme se figea et commença à bégayer des excuses. Une fois, satisfaite, je me tournais vers Cameron avec un grand sourire. Ce dernier ne bougea, alors je me tournais vers Peter qui leva les yeux au ciel. J'allais d'un pas presque sautillant dans la cuisine, et j'entendis l'homme émettre son dernier cri. J'attrapai une tasse pour me préparer un peu de thé. Ça me ferait du bien et ça me réconforterait.
« J'y crois pas. Tout ça pour un canapé. Souffla Cailean en entrant dans la cuisine, en enfilant un boxer quelques minutes plus tard.
- Tu ferais mieux. Elle est complètement gaga de ce canapé. C'est presque comme si elle vouait un culte à ce truc. Gloussa mon petit frère, tout aussi habillé que son compagnon.
- Je ne sais pas si je dois te plaindre ou t'envier Cameron. Soupira son frère cadet.
- Ni l'un ni l'autre. Tu as ton bonheur et j'ai le mien. Pourquoi cherches-tu quelque chose que tu as déjà, chez quelqu'un d'autre ? Répondit mon loup, en venant directement me prendre dans ses bras, dans la même tenue que les deux autres. »
Cailean le regarda un instant, avant qu'un rictus amusé ne s'étire sur ses lèvres. Il haussa les épaules, avant de s'installer sur une chaise. Heureusement la cuisine n'avait pas été trop touchée par le carnage. Peter alla s'installer à côté de lui, s'affalant sur la table. Un silence aurait pu s'installer entre nous, si le ventre de mon petit frère ne s'était pas mis à grogner.
« Haylie, ma grande sœur d'amour que j'aime très fort. Gémit-il, en me lançant un regard d'espoir.
- Ça va, ça va.. j'ai compris. Pas la peine de me sortir des compliments au miel et au sirop d'érable dégoulinant de partout. Le coupai-je, avec un rictus amusé sur les lèvres. »
Je déposais un baiser sur les lèvres de mon loup, qui alla les rejoindre. Je les regardais ensemble deux minutes. J'étais prêt à parier que beaucoup de filles ou de garçons seraient morts comblés avec ces trois spécimens en sous-vêtements à leur table à manger. Je me mis à rire sous leurs regards interrogateurs, avant d'aller leur préparer à manger. Je devrais peut-être éviter d'imaginer la scène que je devais me jouer, mais cette dernière tournait en boucle dans ma tête, me faisant rire de plus bel à chaque fois. Je les imaginais tous tomber en dominos, avec une surchauffe du cerveau, et moi, je serais certainement morte de rire si je continuais ainsi. Je finis par me calmer, après avoir fini de déposer les cordons bleus sur la plaque et de les mettre au four, puis je me mis à faire des pâtes. C'était plutôt rapide à faire et ça faisait le bonheur de mon petit frère. Une pierre, deux coups. Je jetai un coup d'œil par dessus mon épaule. Cameron parlait avec Cailean, et Peter balançait quelques commentaires de temps à autres, tout en jetant un coup d'œil de mon côté. Je souris face à la situation. On aurait presque dit une jour comme les autres, dans une famille normal.
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