Chapitre 16

J'avais finalement suivi les consignes qui m'avaient été données, mais j'ajouterai que cela n'avait pas été simple. J'avais envie de m'enfuir. Pas qu'un tête à tête avec Cameron me faisait peur. C'était juste que l'idée qu'il puisse m'emmener dans un endroit chic, alors que je préférais le macdo, me stressait. Je ressemblais peut-être à quelque chose dans cette belle robe, mais je ferais tâche dans un décor luxueux. Un vrai boudin, dans une tenue pareille. Être apprêtée de cette façon me rendait légèrement angoissée. L'envie de fuir me tordait l'estomac, cependant je ne pouvais pas faire ça à Cameron. Sa surprise ne pouvait pas être si terrible que ça, c'était juste moi qui était une épouvantable pessimiste à tout appréhender. Je lâchai un soupir, alors qu'on me conduisait dans la ville en carrosse.

J'avais cru hurler de plaisir en voyant l'attelage, j'adorais tout ce qui était promenade de ce genre. C'était reposant et agréable, mais seulement quand on était en bonne compagnie. J'étais seule avec le conducteur, et le magnifique étalon couleur baie qui tirait le carrosse. C'était une belle surprise, mais j'aurais aimé en profiter avec mon loup. Cela ne m'empêchait pas d'apprécier le bruit des sabots, le balancement doucereux de l'engin. Cela aurait simplement rendu l'instant plus magnifique si j'avais eu les bras de Cameron autour de moi, et ses lèvres sur moi. Un autre soupir s'échappa de mes lèvres, alors qu'on me faisait un tour de calèche. J'aurais préféré avoir de la compagnie, surtout que le cocher était aussi muet qu'une tombe. Je lissais les plis de ma robe tout en triturant un pan juste après. Ça me faisait une occupation, et de ne pas penser au fait que des yeux curieux se posaient sur moi.

Je me trouvais un peu ridicule, et quand j'osais poser un regard sur les gens, ils avaient un large sourire. J'ignorais si il était moqueur ou simplement attendri. Cependant, je n'appréciais pas vraiment ça, me donner en spectacle. J'avais d'ailleurs sûrement les joues rouges d'embarras. Alors que je réfléchissais à un moyen de me planquer ou de fuir. J'avais les yeux scotchés à mes bottines à talons. Je risquais pas d'aller loin avec ces chaussures. Courir était impossible avec des trucs pareils pour moi, Peter le savait et il les avait choisies exprès ce petit traître. Je me mordis la lèvre inférieure, en pensant que je m'étais vraiment fait avoir.


« Nous y sommes, mademoiselle. Déclara le cocher, en m'ouvrant la portière, et me tirant de mes pensées.

- Oh... euh... Merci beaucoup. Répondis-je, en bafouillant un peu, avant de descendre. »


Il me salua d'un hochement de tête, avant de remonter dans la calèche et partir au petit trot. Je le regardais partir, puis je jetais un regard autour de moi. Je ne connaissais pas vraiment cet endroit dans la ville. Je n'y avais jamais été en vérité. Je n'en avais pas eu le temps. Je me tournais vers le bâtiment qui me surplombait. J'avais un peu de mal à lire ce qu'il y avait d'écrit au dessus de la porte, vu qu'il n'y avait aucune lumière, je pouvais seulement distinguer quelques contours. En tout cas, les doubles portes semblaient grandes ouvertes. J'entrais sans trop me poser de question. C'était Cameron qui avait organisé tout ça, enfin je l'espérais.

En entrant, il n'y avait aucune lumière, et franchement, je commençais à peiner pour m'orienter et pour voir. J'avais les mains tendues devant moi, et je faisais glisser mes chaussures sur le sol, plutôt que de marcher. Personnellement, je commençais à croire qu'on cherchait à me tuer, ou bien m'envoyer à l'hôpital. Il faisait d'un noir encre, et j'étais dans des putains de chaussures dont je n'avais pas l'habitude. Je risquais fortement de tomber en ce moment, et me prendre un truc. Si jamais je finissais par me cogner la tête, rien que pour me venger de ce plan tordu, je ferais semblant d'avoir une perte de mémoire. Je tirais la langue à l'idée d'avoir un plan pareil, c'était une méchante vengeance.

Un soupir s'échappa de mes lèvres, tandis que je continuais de tâtonner jusqu'à ce que je touche une sorte de meuble. Enfin pas tout à fait un meuble, un comptoir. Je posais mes mains à plat sur la surface et je fis glisser mes mains lentement dessus. Mes doigts rencontrèrent un objet, un drôle d'objet. Je le palpais afin de savoir ce que c'était. Avec un peu de chance, ça faisait de la lumière. Je sentis une espèce de bouton sur le dessus qui ressemblait à une demi-sphère. Elle était plutôt petite et ma main pouvait l'englober facilement. Enfin bref, je me concentrais sur le bouton et appuyais. Un bruit strident de sonnette retentit me faisant sursauter. Quelques secondes après que le bruit s'estompait et que mon cœur se calmait un peu, des lumières s'allumèrent sur la droite, dans un couloir. C'était une douce lumière tamisée. C'était déjà mieux que rien, je parvenais à voir ce qui m'entourait même si la pénombre m'empêchait de voir distinctement. Je regardais sur quoi j'avais appuyé, et c'était une sonnette d'appel. Je lâchai un autre soupir, mais celui-ci était de soulagement. Avec de la lumière je me sentais moins en danger. Je me tournais vers le couloir éclairé, et je le pris tout simplement.

Les murs étaient foncés et des appliques diffusaient une faible lueur. Je traversais le couloir lentement, en arrivant au bout, tout était noir. Encore. Je sentis l'irritation me prendre, parce que je n'aimais pas trop ce jeu de devinette dans le noir. Je posais ma main sur le mur, et avant de m'enfoncer dans cette obscurité, je me tournais vers les appliques. Cette lumière allait me manquer. J'avançais donc ma main, dans le noir, qui buta contre un interrupteur. Je tâtonnais un peu, et avec de la chance, ça allumait le reste du couloir. Enfin je l'espérais. J'actionnais ce que je pensais était un interrupteur, et c'en était vraiment un. Le sol s'illumina en des guirlandes lumineuses. Bon, si j'avais avancé sans trouver ce truc, je me serais prise les pieds dans les guirlandes et pire encore sur les pots de fleurs qui bordaient le chemin illuminé.

Je m'avançais donc, le cœur battant. L'irritation m'avait quittée, et je n'avais qu'une envie savoir ce que me réservait la fin de ce parcours de surprise. J'avançais donc un peu plus vite, faisant attention à ne pas tomber sur ses talons. Je suivais le chemin, qui déboucha encore sur une profonde obscurité, mais au lieu de m'irriter, ça m'excitait. Je me demandais bien ce que me réservait cette noirceur. Je regardais autour de moi, sans voir d'interrupteur, mais dans le dernier bouquet de fleur, quelque chose capta mon intention. Les bouquets étaient des fleurs blanches, verveine et œillet. Cependant ce bouquet était un bouquet d'orchidées avec un belle rose rouge au centre. Je m'approchais donc du bouquet et me pencha pour attraper la fleur. En la sortant de son bouquet, un message suivi. Je pris le carton où il était écrit le message.


« Avance sans crainte dans cette obscurité pour découvrir le secret qui se cache derrière cette rose. Lus-je à voix haute, alors qu'un sourire abordait mes lèvres. »


Bon dieu, j'avais bien du mal à calmer mes émotions, pire encore, je ne pouvais plus lui en vouloir après ça. Il était sûr que je pouvais tout lui pardonner après un coup pareil. Je ne savais pas encore le secret de cette fleur, mais si c'était un Alpha qui m'attendait le sourire aux lèvres, avec des yeux améthystes, j'allais fondre sur place. Je me tournais vers l'obscurité et avançai, le cœur battant. Je venais à peine d'être englouti par les ténèbres, qu'une petite lueur s'alluma au loin. Je fis un autre pas, et les lumières autour de moi, s'allumèrent. Une lumière bleutée. Je posais d'abord mes yeux sur ce qui m'entourait, et j'ai bien cru crier de peur en voyant l'énorme requin qui passa à côté de moi. Une vitrine nous séparait de l'énorme prédateur des mers. Un aquarium, mon cœur battait à cent à l'heure et quand je regardais autour de moi, des poissons nageaient de toute part. Je serrais la fleur contre ma poitrine. Je finissais par avancer, en observant les poissons. Ils nageaient tranquillement, certains s'approchant de la vitrine.

Je dépassais un aquarium où le requin m'avait fait peur, et de l'autre côté, la lueur que j'avais vu avant que les lumières ne s'allument, y était. C'était une bougie, et sous la lumière de la bougie se trouvait une table dressée, deux cloches se trouvaient sur les assiettes. Il y avait un petit vase vide. Je m'approchais de la table dressée et mis la rose dans le vase à cette disposition. Je regardais autour de moi, mais je ne vis personne. Mes sourcils se froncèrent et mon sourire s'effaça. J'avais pensé voir Cameron, mais il n'était pas là. Je regardais la table dressée avec un léger pincement au cœur, avant de tirer la chaise pour m'y asseoir.


« Ce n'est pas à toi de faire ça. Me souffla la voix de Cameron derrière moi, en m'arrachant un sursaut et un frisson.

- Tu es là. Chuchotai-je, rassurée et collant mon dos à son torse. »


Ses mains se posèrent sur les miennes, qui tenaient la chaise. Ses lèvres étaient toutes proches de mon oreille, et son odeur musqué et viril vint me chatouiller le nez. Mon cœur reprit sa course effrénée et mon sourire disparu, revint à mes lèvres.


« Je suis toujours là pour toi, Leannan. Me répondit-il, en embrassant ma tempe. »


Un soupir de plaisir franchir mes lèvres, alors que ses bras m'entourèrent et me serrèrent contre lui. Je lâchai la chaise pour me tourner vers lui. Son regard violet me dévisageait et il y avait cette étincelle que j'aimais. Celle qui me disait que j'étais la seule pour lui, et que j'étais au dessus de toutes ses espérances. Mon cœur gonflait et battait tellement fort pour lui. Je tendis mes lèvres vers lui, et il m'embrassa tendrement. Sa bouche descendit vers ma gorge. Il émit un grognement, en constatant sûrement qu'une fine couche de dentelle l'empêchait d'embrasser sa marque. Il remonta alors sur ma mâchoire, alors que ses mains descendaient sur mes hanches, me pressant contre lui. Un petit gloussement m'échappa, sans que je le veuille. Il enfouit son nez dans le creux de mon épaule, et je pouvais le sentir sourire.


« Tu ne peux pas m'en vouloir, et ne te moque pas. Souffla-t-il, après un petit grognement.

- Je ne me moque pas, mon loup. Dis-je, en souriant, avant de poursuivre. Mais on peut sauter directement au dessert si tu veux.

- C'est terriblement tentant, mais j'ai tout un programme pour toi, et il est préférable que tu es le ventre rempli avant. Avoua-t-il, en m'embrassant avant de s'éloigner de moi.

- Je suis curieuse de savoir ce que c'est. Soufflai-je, en m'installant à la table. »


Il fronça des sourcils, en me voyant à table sans même avoir eu besoin de son aide. Je lui fis un grand sourire, avant qu'il ne secoue la tête. Je savais qu'il avait eu envie de jouer au gentleman, en tirant la chaise et tout ça, mais j'étais du genre à me débrouiller toute seule. J'avais encore du mal à me laisser bichonner par lui, et ça l'agaçait un peu. Il lâcha un soupir, avant d'aller s'installer en face de moi. Je regardais les deux cloches, puis mes yeux se posèrent sur mon loup.


« Il y a quoi dessous ? Demandai-je, en prenant sur moi pour ne pas me débarrasser de la cloche trop vite.

- Tu le découvriras en la soulevant. Me sourit-il, malicieux.

- J'espère que c'est pas du poisson ou des fruits de mer. Grimaçai-je, en regardant la cloche.

- Pourquoi ? Demanda-t-il, en riant légèrement. »


Je lui lançais un regard éloquent, avant de désigner l'endroit où on se trouvait. Il n'espérait quand même pas que j'allais manger du poisson dans un aquarium, tout de même. Ce serait du harcèlement moral envers ces créatures. Ils ne méritaient pas de nous voir manger leur confrère, même si c'était sous forme de poisson pané. Le sourire de Cameron s'attendrit, alors que ça me contrariait à l'idée qu'il aurait pu prévoir du poisson. Je savais qu'il était plus viande rouge et tout ça, mais je savais aussi qu'il appréciait quelques variétés marines.


« Ne t'inquiète pas. Je ne suis pas cruel à ce point. Il n'y a rien de traumatisant pour eux dans nos assiettes. Me rassura-t-il, en m'offrant un clin d'œil.

- Bon, très bien ! Déclarai-je, en souriant et soulevant la cloche. »


Je posais la cloche sur le côté, et Cameron la prit pour la poser sous la table, avec la sienne. Je regardais le contenu de mon assiette, et sans attendre, j'éclatai de rire. Cameron sourit largement.


« Je n'ai rien à voir avec le menu. Dit-il, en avouant qu'il avait reçu de l'aide pour ce dîner.

- Ça je n'en doute pas. Je vois ici, la touche de Peter. Soufflai-je, entre deux rires. »


Il n'y avait que lui pour mettre en scène un plat secret à ce point. L'assiette était verte. Le plat était couvert de large feuille de laitue. Je les retirais à l'aide de la fourchette et du couteau, prenant soin de ne pas en mettre partout. Je les empilais dans un coin, réfléchissant à savoir si je les mangerai. Sous les feuilles, une belle tourte s'y trouvait. L'odeur familière de la tourte aux champignons avec sûrement des morceaux de poulet à l'intérieur, me parvint au nez. Je clignai plusieurs fois des yeux, avant de comprendre que c'était la tourte de maman. C'était mon plat préféré, et j'étais capable d'en dévorer une entière. Je levais les yeux vers Cameron, je pouvais sentir les larmes venir remplaçant le rire. Son sourire s'effaça, et ses sourcils se froncèrent.


« Leannan, ça ne va pas ? Tu n'aimes pas ça ? S'enquit-il, inquiet.

- Je... j'adore ça. C'est mon plat préféré. Répondis-je, en bafouillant un peu et secouant la tête. »


Mon regard se reposa sur la tourte, et mes souvenirs autour de ce plat me revenaient. Je me voyais dans la cuisine avec maman, attendant patiemment qu'elle la sorte du four. C'était mon rôle d'apporter la tourte à la table, pour que maman s'occupe de la mienne. Je me mordis la lèvre inférieure à ce souvenir, alors que l'image de ma mère dans son lit d'hôpital venait remplacé l'autre plus chaleureuse. Je ne me rappelais pas d'avoir été si émotive.


« Tu as demandé à maman de la faire ? Demandai-je, d'une petite voix, en reniflant. »


Cameron se leva et vint me rejoindre. Il le tourna vers lui sur la chaise, il s'était agenouillé, prenant mes mains dans les siennes. Son regard améthyste plongea dans mes noisettes, et je pouvais voir qu'il se sentait inquiet et désolé. Ce n'était pourtant pas de sa faute. Il voulait bien faire, il n'avait pas pensé que je me mettrais à pleurer comme une fontaine.


« Je suis désolé. Je...

- Non. Je ne t'en veux pas. Ça me touche beaucoup. Merci, mon loup. Soufflai-je, en lui offrant un sourire, alors que quelques larmes dévalèrent mes joues. »


Il se leva et m'attira à lui. Il prit mon visage en coupe et essuya les perles d'eau qui se sont échappées. Il déposa un baiser sur mes yeux, avant de descendre embrasser mes lèvres. Je passais mes bras autour de son cou, alors que ses mains descendaient sur ma taille. Il me serra contre lui, alors que je nichais mon visage dans le creux de son épaule. Je respirais son odeur qui me calma, l'odeur apaisante de la forêt et du soleil. L'odeur de Cameron.


« Je t'aime, Haylie. Me souffla-t-il, à l'oreille avant que mon ventre n'émette un gargouillis bruyant. »


Je me reculais, en écarquillant les yeux, alors qu'il se mettait à glousser. Je cachais mon visage dans son cou, les joues légèrement rouges, alors que mon estomac se lançait dans un concert improvisé de gargouillis. J'avais envie de me cacher dans un petit trou. Pourquoi il se ramenait maintenant lui ? C'était un si beau moment.


« C'est de ta faute. Marmonnai-je, contre sa peau.

- Vraiment ? S'enquit-il, d'une voix moqueuse. »


Je hochais la tête. Je ne voulais pas quitter ses bras, mais mon ventre ne semblait pas de cet avis. Je lui embrassais la mâchoire, avant de m'écarter et de me rasseoir à ma place. Il effleura ma joue et retourna lui aussi s'asseoir. Il me sourit et m'invita à prendre la première bouchée. Je découpais la tourte en plusieurs parts, avant de couper une part en morceaux. Quand je fis glisser une bouchée de tourte entre mes lèvres, je remarquais que Cameron me fixait. Ou plutôt il fixait ma bouche, attendant de savoir ce que je ferais de ce que j'avais mis à l'intérieur. Je sortis ma langue pour me lécher les lèvres, et l'effet fut immédiat dans les yeux améthystes de mon loup. Un désir bouillant de luxure qui éveilla le mien en un battement de cils. Je commençais à sentir les papillons voletaient dans mon ventre autour du feu qui crépitait à l'intérieur.


« Alors ? Demanda-t-il, d'une rauque et carrément sexy.

- Dois-je t'écrire mes impressions en 800 mots ? Plaisantai-je, en souriant et frissonnant de plaisir.

- Pas forcément. Soupira-t-il, en fermant les yeux. »


Je le regardais, et l'envie de le titiller un peu me vint. Je repris une bouchée et lâchai un petit gémissement exquis. Il rouvrit les yeux, et des éclats dorés apparurent à l'intérieur. Je l'avais peut-être poussé un petit peu à bout. Je posais mon regard sur mon assiette et continuais à manger, sans vraiment me soucier du regard brûlant qu'il m'envoyait. Enfin, j'aurais au moins un aperçu de la fin de la soirée. Chaude et torride, après ces jours d'abstinence, ça risquait d'être une explosion époustouflante. J'avais hâte d'y être.

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