🌟 9.1 : Révélations
Sur Terre, dans la ville de
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Weirdfield.
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Le lendemain, Yann se réveilla, le sourire aux lèvres, ravie d'avoir passé une bonne soirée. Pour la première fois depuis plusieurs mois, il s'était amusé. Il avait dansé, joué, rigolé, bu, mangé et par dessus tout, avait fait la connaissance de nouvelles personnes.
Au fond de lui, il sentait que cette année promettait énormément. Un nouveau lycée dans une nouvelle ville, une vielle amie ainsi que de nouveaux amis.
Yann quitta ses draps, ouvrit la fenêtre de sa chambre et pénétra la salle de bain. Le garçon passa rapidement sous la douche et s'habilla.
Il rejoignit Liliane en cuisine pour se remplir la panse.
Hier soir, après que Céline les eut laissés lui ainsi que Théa et Will pour chercher son portable, ils étaient immédiatement rentrés.
Yann tenta plusieurs fois de joindre Céline afin de savoir si son téléphone avait été retrouvé. La blonde ne répondit jamais aux appels insistants du garçon ainsi qu'à la multitude de messages laissés. Peut-être n'avait-elle pas récupéré son portable, imagina-t-il. Ou, elle n'avait certainement plus de batterie.
Toute la nuit, il dormit comme un bébé.
Yann contait, à table, la soirée d'hier à Liliane lorsque leur attention fut portée en direction du poste radio de Tom logeant sur un meuble près du plan de travail.
Le père de Yann avait l'habitude d'écouter les informations au moment du petit-déjeuner.
Liliane se leva de sa chaise, abandonnant sur la table le sandwich qu'elle dégustait. Elle marcha vers le poste radio puis augmenta le son de l'appareil.
La femme se rassit en écoutant d'une oreille attentive :
« Nous interrompons momentanément ce programme, pour un flash info !
- Ici Lori Schneider, en direct de Green Park, au sud de Weirdfield, dans le paisible quartier de Quair où, l'incroyable s'est produit ! En effet, cette nuit, une partie du parc a sauvagement été dévastée ! Les habitants sont horrifiés à la vue de cet abominable spectacle et se demandent ce qui a pu arriver à leur espace vert favoris. Interrogeons l'un des experts présents sur le terrain pour en savoir davantage.
- Bonjour inspecteur, pouvez-vous nous en dire plus sur cet incident ?
- Bonjour ! Mon équipe et moi pensons qu'il s'agit là de l'œuvre d'un phénomène météorologique. Certains indices, comme ces marques présentes sur quelques arbres ainsi ces trous dans le sol, semblent soutenir notre hypothèse. Toutefois, rien ne saurait être affirmé tant que l'enquête ne sera pas close. Et nous demandons à quiconque ayant remarqué quelque chose d'étrange ou quoi que ce soit cette nuit, de bien vouloir nous contacter, merci !
- Merci ! Et maintenant, la suite de vos programmes avec David ! »
- Tu as entendu ? s'écria Liliane avec inquiétude.
Le fils haussa les épaules.
- Il se passe des trucs vraiment bizarres dans cette ville.
Liliane soupira, les yeux révélant son anxiété.
- Avec ce que l'on vient d'entendre, il serait plus sage que toi et moi rentrions tôt tous les soirs.
Le garçon sortit de table en portant son sac à son épaule.
- T'as raison, dit-il l'air songeur. J'y vais, à ce soir, m'man !
- Fais attention à toi, mon poussin !
Yann sortit de la pièce, puis de la maison après avoir muni sa bouche d'une tartine pour la route.
L'action fit glousser la mère, son fils aimait s'empiffrer.
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Hier, une heure après que Céline soit sortie en douce de la maison pour aller à la soirée, Keren s'était aperçue de la disparition de la fille jeune.
Karen se bilait à propos de Céline. À son retour du lycée, l'adolescente était restée enfermée dans sa chambre, boudant. Histoire de voir si elle se portait bien et de lui faire comprendre pour la énième fois qu'elle agissait par souci, Karen se présenta devant la chambre de Céline. Elle frappa. Encore et encore, pendant plus d'une demie-heure. Au début, elle pensa que Céline n'avait pas envie de lui ouvrir. En insistant, elle se rendit compte que sa fille n'était pas à l'intérieur. Afin d'en avoir le cœur net, Karen partit chercher le double de la clé de la chambre de Céline et finit par découvrir, en ouvrant la pièce, qu'il n'y avait personne.
Visiblement, Céline ne semblait pas au courant pour le double des clés, faute de quoi, elle aurait trouver un moyen plus ingénieux de tromper Karen.
Pendant plus de la moitié de la nuit, Karen l'avait attendue de pied ferme, sans que celle-ci ne rentre. Vers vingt-et-une heure, elle avait essayé de joindre son portable, en vain.
Ce matin, alors qu'elle venait de regarder le flash infos sur ce qui était arrivé à Green Park, Karen attrapa Céline tentant de quitter la maison à pas feutrés.
Cette dernière contractait sa main posée sur la poignée de la porte de sortie. Karen, dans son dos, possédait une expression faciale indiquant une fureur folle.
- À quelle heure es-tu rentrée hier soir ?
La jeune femme encore en pyjama, avait une tête épouvantable. Le genre de tête indiquant une mauvaise nuit de sommeil.
Céline crut, en entendant la mauvaise humeur de sa mère au son de sa voix, que son cœur allait exploser.
Elle fit demi-tour et lui fit face, placide.
-Je... je ne m'en souviens plus, répondit-elle d'une voix à peine audible.
Karen lui jeta un énième regard hargneux qu'elle affronta bravement.
- Tu ne t'en souviens plus ? Il était plus de vingt-trois heures quand j'ai fini par m'endormir en t'attendant ! hurla-t-elle. Où as-tu passé la nuit ? À cette soirée ? Dis-moi ?
Céline soupira, lasse. Que pouvait-elle bien sortir comme excuse ? Karen la croirait-elle si elle lui racontait ce qui lui était arrivé dans le parc ? Comment réagirait-elle à la phrase « Hier soir, j'ai été kidnappé par un sorcier-psychopathe-maléfique qui souhaitait m'offrir à son maître et n'a pas hésité à battre mes amies jusqu'à la mort ! » ? Non, elle ne goberait jamais une histoire pareille. Pas assez crédible. Elle même ne l'aurait pas crue si elle ne l'avait vécue.
De plus, comment expliquer sa désobéissance et la façon dont elle avait échappé à Zod, sans oublier la magie ? Au mieux, on la priverait de sortie jusqu'à la fin de ses jours, au pire, on l'enfermerait dans un asile psychiatrique.
Elle décida de se taire. Face à son mutisme, Karen explosa.
- As-tu perdu ta langue ? Je t'avais pourtant interdit d'aller à cette fête ! Comme d'habitude, tu n'en as fait qu'à ta tête. Quand je pense qu'il aurait pu t'arriver Dieu sait quoi ! Mais à quoi tu penses, bon sang ! Tu peux me le dire ? As-tu la moindre idée de l'état dans lequel je serais maintenant si tu avais été retrouvée morte, avec une jambe en moins ou...
Karen souffla puis marcha en rond dans l'espoir d'évacuer sa colère. Elle était entièrement rouge et des veines parcouraient ses tempes, son front ainsi que son cou et ses bras. Même sa vision prit cette teinte.
- Cette discussion n'est pas terminée ! Nous reparlerons de ton comportement et de la punition qui va avec ce soir, tu peux me croire ! Allez, va-t-en.
Céline ne se fit pas prier.
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Sur le chemin du lycée, Céline repensait aux événements de la veille. L'attaque, le combat entre les filles et Zod, sa décision de partir avec lui et la manière dont elle lui avait échappé pour se retrouver chez elle. Il lui fallait des réponses à ses tracas et les seules personnes capables d'éclairer sa lanterne restaient Linda et Stany, si toutefois elles n'avaient pas succombé aux coups de Zod.
En classe, aucune trace de Stany. L'absence de celle-ci la tourmenta pendant toute la durée des cours.
Lors de la pause, aucune trace de Linda non plus. Une terrible angoisse commença à la ronger. Étaient-elles mortes ou mal en point ?
Théa et Yann virent de suite qu'elle ne semblait pas dans son assiette. Ils n'en firent aucun commentaire, ils demandèrent simplement pourquoi n'avait-elle pas répondu aux appels et messages laissés.
Fatiguée, elle répondit que son portable n'avait plus de batterie.
Will, Tony, Théa et Yann remarquèrent eux aussi l'absence de la rousse et la brune, sans s'éterniser sur le sujet.
Le reste des cours de la journée s'enchainèrent rapidement.
Céline qui se sentait tel un oiseau en cage n'aspirant qu'à être libre, fut soulagée d'entendre la sonnerie finale. Elle n'avait qu'une envie, mettre les choses au clair et pour cela, elle devait se rendre au 279 rue Des Cèdres.
Dans la cour de l'enceinte, elle fut stoppée dans son élan par Théa et les trois garçons.
- Céline ! Ou vas-tu comme ça sans nous attendre ?
Elle fit volte face.
- Euh... si, j'allais justement vous attendre... dehors...
- Tu es certaine que ça va ? poursuivit Théa en plissant les sourcils, sceptique.
- Depuis ce matin, on ne t'a pas sentie, rajouta Yann en s'approchant de Céline.
- Oui. Ben... enfin... non. Maman m'a encore crié dessus...
Céline détourna la visage puis soupira. Elle frottait ses paumes contre ses triceps, un geste exprimant son agacement plutôt que l'envie de se réchauffer.
Yann la fixa, confus. Il ne l'avait encore jamais vue dans un état pareil : marri. Ses yeux bleus, semblables aux siens, semblaient gris, ses lèvres se courbant tout le temps en un sourire suave, âpre et ses mèches blondes coiffées de façon à frôler la perfection, emmêlées. Où avaient donc disparu sa célèbre joie de vivre, son humour insouciant et cette assurance franche qu'il lui connaissait ?
- Tu veux en parler ? fit Théa d'un ton marqué de sollicitude.
Céline secoua négativement la tête.
- Céline, entonna précautionneusement Tony, je n'ai pas eu l'occasion de te le demander, mais, sais-tu pourquoi Stany et Linda ne sont pas venues ?
L'interrogée se tourna vers lui, l'air nerveuse.
- Pourquoi tu me demandes ça à moi ? réagit-elle sur la défensive.
Tony parut vexé et baissa timidement la tête.
- Excuse-moi, je ne voulais pas t'offenser. Puisque tu es la dernière à les avoir vues hier, je me suis dit que tu savais peut-être quelque chose...
Céline se rendit compte de sa maladresse. Sa réaction n'avait rien contre Tony, elle avait simplement mal pris les mots du garçon, interprétant par là une accusation. Elle lui fit un doux sourire faisant office d'excuse.
- Non, je ne sais rien... finit-elle d'un air calme.
Yann sentit son portable vibrer dans la poche arrière de son pantalon. En le sortant, il découvrit un texto de Linda.
- Elle a ton numéro ? questionna Will après que Yann les eut informés de la réception du message.
- Oui. On les a échangés pendant la soirée, juste après la danse.
- Que dit ce message ? demanda Céline, les mirettes emplis de curiosité.
Yann pianota l'écran tactile de son portable avant de déclarer :
- Il dit : « Salut ! Passez tous à la maison après les cours, c'est urgent ! »
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