🌟 6.1 : L'invitation

Sur Terre, dans la ville de
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Weirdfield. Environ deux
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semaines plus tard.
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Yann franchît l'entrée de Jonathan Odd. Il traversa l'immense cour où, dans un coin, il aperçut Théa, Tony et Céline qui conversaient.

Le garçon se joignit à eux.

La cour de Jonathan Odd était incroyablement vaste. Hissant des bâtiments à l'architecture ancienne, elle restait arpentée par des allées de pierres grises soulignant le verdoyant gazon sur lequel se tenait une multitude d'étudiants.

Quelques arbres et autres plantes odorantes apportaient air et douceur à ce lieu assez strict.

Au centre, dominait la célèbre statue du Docteur Jonathan Odd, résidant sur une sorte d'estrade en pierre qui comportait un écriteau relatant l'existence de ce dernier.

Cela faisait plus d'une semaine que Yann, Tony, Théa, Céline et Will formaient un groupe presque inséparable. Et depuis, ils se retrouvaient tous les jours avant le début des cours, histoire de parler de trucs d'ados.

- Qui a regardé le film « Tic-tac : course contre la montre » hier soir ? lança Yann.

Céline leva la main droite, comme pour prêter serment, et avoua :

- Pas moi !

- Moi non plus ! répondit Tony en haussant les épaules.

- D'après la bande annonce, il devait passer à neuf heures. Je ne regarde pas la télé au-delà de sept heures, avoua Théa.

Yann réajusta le sac à dos qui pendait à son épaule droite puis poursuivit d'un ton navré :

- Croyez-moi, vous avez raté l'un des meilleurs films policiers de tous les temps.

- Quelqu'un sait pourquoi Will n'est pas encore là ? Les cours vont bientôt commencer, dit Céline.

Tony fixa Yann comme s'il avait la réponse à cette question.

- J'en sais rien. Ces derniers jours, il me semblait en mauvaise santé. Je présume qu'il est malade.

Céline baissa machinalement la tête, déçue. Quelques-unes de ses mèches blondes lui tombèrent sur le visage. Elle releva ce dernier d'un seul mouvement, suivi d'un soupir.

Depuis qu'elle l'avait rencontré, Céline était tombée sous le charme de Will.

Les cours allaient bientôt commencer. Ils se quittèrent, chacun prenant le chemin de sa classe.

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Peu avant que les quatre adolescents ne se quittèrent, deux jeunes filles les suivaient d'un regard insistant. Deux lycéennes.

La première, brune, avait les cheveux longs, l'œil marron incrusté d'éclats verts, le teint d'une pâleur exquise, de jolies lèvres rosées, un visage soulignant une beauté purement envoûtante ainsi qu'un corps de sirène marqué d'une petite robe légère et de sandales bridées.

La seconde, rousse, avait une intense chevelure rebelle, peau de cuivre, yeux couleur émeraude, silhouette ferme, fine, assez musclée, habillée d'un jean, d'un tee-shirt et d'une paire de converses.

- Es-tu bien certaine que ce sont eux ? insista la rousse.

La brune gémit, l'air excédée par l'interrogation de la rousse.

- Oui. Je reconnaîtrais Céline entre mille, assura-t-elle.

La rousse qui dévisageait toujours le quatuor, les vit s'éloigner.

- Ils se séparent. Que faisons-nous ?

- Nous suivons le plan. Comme eux, allons en cours.

La rousse souffla d'inquiétude.

- J'ai le sentiment que cette histoire risque de sentir aussi fort que l'haleine puante d'un Gouark !

La fille brune toisa la fille rousse avec caractère, balayant, d'un geste délicat de la main, une mèche lui barrant la vue.

- Écoute, rien ne sentira quoi que ce soit si tu agis comme nous l'avons convenu. Respire et joue ton rôle à la perfection.

Elles se secouèrent, puis se rendirent au bâtiment où devait se trouver leur classe.

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Yann et Tony, avaient quitté Northland pour l'Angleterre. Ils avaient cours d'anglais.

Yann ne semblait pas plus emballé que cela. Bien qu'il paraissait doué pour cette langue, comme toutes les autres qu'il apprenait, il ne la portait pas dans son cœur, préférant le mandarin.

Tony également n'affectionnait pas particulièrement cette langue. Pour lui, cela restait un cours obligatoire.

Théa, de son côté, assistait à un cours de sciences naturelles. La jeune fille aux origines africaines se sentait comme un poisson dans l'eau. Elle se laissait emporter par les explications du professeur sur le métabolisme cellulaire.

De toutes les sciences naturelles, Théa aimait précisément la botanique, et généralement la biologie. Et ça se distinguait à chaque fois qu'elle en parlait.

Quant à Céline, elle avait droit à de la littérature, chose qu'elle détestait. Rien de ne l'ennuyait plus qu'écouter parler de chefs-d'œuvres littéraires.

Histoire de dissimuler son ennuie mortel, elle fit l'une des choses pour lesquelles elle restait étonnement douée ; à savoir, faire semblant d'écouter en classe tout en ayant l'esprit ailleurs.

Le professeur n'y vit que du feu.

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À l'heure de la pause, la cantine fut envahie par les lycéens qui déambulaient, discutaient, mangeaient, riaient ou faisaient la queue, un plateau entre les mains, devant les serveurs.

Cette grande salle possédait plus d'une centaine de tables à six places chacune, un coin spécial pour les profs et autres membres de l'administration scolaire, ainsi qu'une terrasse annexée à elle.

Théa, Céline, Yann et Tony déjeunaient tout en papotant tranquillement.

Yann relata le résumé de son super film, Céline fit part de son ennuie pour ses cours du matin, puis Théa confia qu'elle avait hâte de rentrer afin de dévorer le livre sur le monde végétal que lui avait offert son père, la veille. Tony, qui n'avait rien à partager, écouta tout en mangeant.

La conversation vira ensuite vers leur vie sociale de lycéens. Céline, qui venait de rejoindre le club très sélect des élèves populaires, se fit une joie de mettre ses amis à la page. Elle commença par balancer quelques histoires croustillantes sur les profs et les élèves, pour finir par les évènements les plus importants du lycée, notamment la journée portes ouvertes aux clubs, la soirée costumée de Novembre, les rencontres inter-lycées, le concert de charité et le bal de fin d'année.

Alors qu'ils écoutaient parler la jolie blonde au visage d'ange, deux jeunes filles vinrent les aborder.

- Bonjour ! Excusez-nous, pouvons-nous prendre place ?

En tournant vers la voix mélodieuse qui les retira de leur discussion, ils virent une fille brune escortée d'une autre, rousse, tenant chacune un plateau garni.

Yann et Tony furent aussitôt subjugués par le charme fou, l'élégance, la beauté pure et indéniable de celle aux cheveux teints de brun.

- Bonjour. Oui, allez-y, les convia Théa.

Elles prirent place aux côtés de cette dernière, déposant leur plateaux sur la table.

Tony remarqua que plus du tiers des occupants de la cantine dévorait la brune des yeux.

Il y avait de quoi, vu ce qu'elle dégageait...

- Moi c'est Linda, voici ma cousine, Stany, dit cette dernière en entamant les présentations.

- Salut, sourit Stany.

- Yann ! rétorqua le garçon, quelque peu groggy par la présence de Linda.

- Moi c'est Théa, ravie de vous connaître !

- To... Tony, balbutia l'asiatique, intimidé par la fille brune.

Toute excitée, Céline s'empressa de parler.

- Je suis Céline ! Tu es la nouvelle de ma classe, non ?

- Exact ! acquiesça Stany.

Yann posa le bout de sandwich qui logeait entre ses mains afin de mieux admirer Linda, que Céline scrutait curieusement.

Tony, avait du mal à avaler les bouchée de son déjeuner. Ses mains tremblaient et sa gorge était serrée de malaise. Lui qui, habitué à la discrétion, se retrouvait assis avec quatre filles dont deux, Céline et Linda, attiraient tous les regards sur leur petit groupe.

- Linda... ça veut dire jolie en espagnol, expliqua Yann.

- C'est juste, approuva Linda.

- Ben... il te va à ravir, ton prénom...

- Merci !

Théa posa un œil dubitatif sur Yann. Depuis quand faisait-il des compliments aux jolies filles ? L'ami qu'elle connaissait aurait simplement souri. Il ne l'aurait jamais dévisagée comme si elle n'était qu'une barre de chocolat super appétissant.

Céline fixait aussi Linda, mais différemment de Yann. Elle s'amusait à tortiller une mèche de cheveu dans un tic de réflexion profonde. Le visage de la fille brune, associé à son prénom, lui rappelaient vaguement quelque chose.

- On s'est pas déjà rencontrées par hasard ? Ton visage et ton prénom me disent quelque chose.

Linda opina un rictus amusé avant de répondre.

- Effectivement, nous étions très bonnes amies à l'école primaire de Net-Ville.

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