🌟 15.1 : Le livre de Céline
Sur Terre, dans la ville de
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Weirdfield.
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Yann contemplait avec anxiété l'espèce de trou noir en face de lui. Cela ressemblait à une sorte de vortex, de passerelle conduisant vraisemblablement à un monde hostile...
Ébahi, le garçon gardait le silence. Comment Céline s'était-elle prise pour qu'au milieu de sa chambre apparaisse ce trou noir ?
En détachant les yeux de la cavité sombre pour le sol carrelé, il remarqua que le trou se tenait juste au-dessus d'un livre ouvert, l'un de ceux prêtés par Veronica.
— Comment ? s'enquit-il d'une voix flageolante.
La jeune fille déglutit. Une profonde angoisse se lisait sur son visage.
— Je... je n'en ai aucune idée. J'avais le livre entre les mains, réfléchit-elle en tournant en rond, je cherchais un sort qui puisse m'aider à manifester mes pouvoirs quand je suis tombée sur quelque chose, une incantation...
Elle respira, se remémorant la scène.
— Comme il n'y avait personne à la maison, j'ai récité l'incantation. Ce truc était dans un jargon incompréhensible, j'ai certainement dû me gourer en la prononçant, car tout de suite après, le livre m'a glissé des mains et a ouvert cet espèce de machin là. J'ai paniqué...
— Y'a de quoi !
— J'ai pensé appeler Linda mais j'ai vite compris que c'était une mauvaise idée. Elle en aurait parlé à tata Véro et je n'imagine même pas ce qu'elle me ferait, cette vieille barjo !
Céline frissonna rien qu'en y pensant.
Elle avait voulu appeler Théa. Encore une mauvaise idée car son amie aurait paniqué puis l'aurait sermonée parce qu'elle était au courant que le livre possédait des sorts dangereux. Ce qui la conduisit finalement à Yann. Comme elle, il souhaitait que ses pouvoirs se manifestent. Céline crut donc qu'il serait le seul à comprendre...
Elle plongea son visage au creux de ses paumes, perdue. Sa voix était empreinte de chagrin.
Le garçon compatit, il avait fait la même chose. Dans son cas, rien d'étrange n'était survenu, de ce qu'il pensait...
— Je vais t'aider. Si la situation s'aggrave, nous n'aurons pas d'autres choix que d'avertir Veronica, sachant qu'elle le prendra mal.
Céline hocha positivement la tête.
— Bon ! Tu n'as touché à rien avant que je n'arrive ?
— À rien.
— Je vais commencer par m'emparer du bouquin et le refermer. Si le trou est toujours là, on va devoir trouver là-dedans un moyen expliquant son procédé de fermeture.
Avec précaution, Yann ramassa le livre en évitant de toucher le trou noir, machinalement, Céline s'écarta. Au moment où il ferma le livre, elle clôt ses yeux, apeurée.
En les ouvrant, elle vit que rien n'avait changé, le trou était toujours à sa place, face à eux.
— Plan B, soupira Yann.
Céline se rapprocha du garçon avant qu'il n'ouvre le livre. Elle se stationna dans son dos, fixant l'ouvrage par-dessus l'épaule de Yann. Alors qu'il allait fendre le bouquin, un bip produit par le réveil de la jeune fille les fit sursauter. Celine regarda l'heure. Il était tard, Karen, Alizée ou Harry ne tarderaient pas à rentrer. Il leur fallait se dépêcher.
Yann souffla, paré. Il ouvrit le livre. À la minute où il déposa ses doigts dessus pour le feuilleter, il se referma net. Un vent impétueux se libéra du trou, une force invisible qui se mit à aspirer les deux jeunes.
Céline et Yann n'eurent pas le temps de crier que déjà, ils disparaissurent dans le trou qui devint tourbillon et qui s'entrebâilla après que le livre les eut rejoint...
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Quelque part dans l'Univers
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Magique.
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Peu à peu, Yann revint à lui. Une voix familière récitait frénétiquement son prénom comme pour le faire réagir tandis que ses yeux clignaient, étourdis.
Au-dessus de son visage, une silouhette floutée lui faisait de l'ombre. Lorsque sa vue devint claire, il distingua la face de Céline, penchée sur lui. Sans savoir pourquoi, il lui sourit aimablement. Bien qu'elle paraissait affolée, il la trouva étrangement jolie, ses mèches blondes désordonnées masquant quelques traits de sa frimousse angélique.
— Yann ! Yann ?! réagit-elle face au sourire de ce dernier. Dieu merci, tu es vivant !
— Ouch ! gémit-il en tentant de se relever.
Céline qui se tenait à genoux près de Yann, les mains posées sur la poitrine de ce dernier, se retira immédiatement en le sentant se relever.
Yann se tenait son dos quelque peu endolori.
— Où sommes-nous ?
— Je ne sais pas. Après nous avoir largués ici, le trou s'est refermé.
Yann examina les lieux. Ils se trouvaient dans une vaste pièce vide, aux quatre murs de briques rouges et éclairée par ce qui ressemblaient à d'anciennes torches de flammes crépitantes. Au-dessus de leurs tête, un sombre plafond, sur le sol gris de l'endroit demeurait le livre, devant eux un écriteau sur lequel apparut, instantanément, des inscriptions lumineuses.
Arrivées de nulle part, elles firent tressaillir Céline tandis que Yann les contemplait. On aurait dit qu'ils lui étaient familiers.
Il s'en approcha, laissant Céline quelques centimètres derrière.
— Tu as une idée de ce que c'est ? interrogea la blonde, intriguée par le comportement du garçon face aux inscriptions.
— Ça m'a l'air d'être une sorte de langage codé. Je ne sais pas où, mais j'ai déjà vu des caractères identiques à ceux-ci.
Le garçon répondit sans quitter les écrits du regad.
— Tu comprends ce que ça dit ?
La question de Céline le fit réfléchir. Il se concentra, les yeux plissés devant l'écriteau et récita machinalement :
— Seuls des êtres au cœur et à l'âme purs pourront traverser le passage du jugement sans aucune crainte.
Céline battit des paupières, le visage froissé par la réponse insensée de Yann.
— Qu'est-ce que tu racontes là ?
— C'est ce qui est écrit.
Alors que Yann se tourna vers Céline, les runes s'évaporèrent, faisant place à un rideau lumineux.
La fille écarquilla les yeux sous ce changement brusque.
— C'est quoi encore, ça ?
Yann se retourna.
— C'est sûrement le passage mentionné dans le message, je crois.
Céline soupira. Elle déposa ses doigts au-dessus de ses triceps et s'avança de quelques pas.
— S'il faut avoir l'âme et le cœur purs pour passer ça, je démissionne. Ces deux-là son loin d'être purs en ce qui me concerne, tu peux me croire !
— Ben... moi non plus. Personne n'est parfait. Essayons tout de même, qui ne tente rien n'a rien.
Yann saisit le livre. Céline se mit près de lui puis lui serra la main. Le garçon rougit. Elle lui lança un regard embarrassé qu'il lui rendit.
Déterminés, ils traversèrent le rideau avec un soupçon de peur.
À leur grande surprise, les adolescents traversèrent sans accroc. Ils sourirent, se disant qu'ils devaient avoir le cœur et l'âme purs.
De l'autre côté, les attendait un autre mur orné d'un écriteau.
— Il faudra vous armer de force, de courage et de détermination dans l'accomplissement de votre quête, traduisit Yann.
D'autres écrits remplacèrent les précédents.
— Pour la force, une épée, une lance, un sabre, un arc, une massue et un bâton. Pour le courage, le cœur. Pour la détermination, l'âme.
— C'est quoi ce charabia ? minauda la jeune fille.
Sous leurs yeux, les armes citées dans le message se matérialisèrent, lévitant dans les airs.
Les écrits prirent soudain un sens pour Yann.
— Si je comprends bien, on va avoir besoin de force, de courage et de détermination pour trouver la sortie. Ces armes représentent sûrement la force. On devrait en prendre une chacun.
Céline soupira, lasse.
— Je choisis l'arc et les flèches, dit Yann. J'ai fait un peu de tir à l'arc et sans vouloir me vanter, j'étais doué. Et toi, tu sais te servir d'une de ses armes ?
— Le bâton.
Leur choix fait, les autres armes s'éclipsèrent. Le mur se fendit, offrant une vue dégagée sur plusieurs couloirs tous aussi éclairés par les même torches archaïques.
En avançant de quelques pas vers les couloirs, une silhouette fantomatique leur apparut. Ils faillirent avoir une crise cardiaque en la voyant.
C'était une grande femme, le corps emprisonné dans une sublime robe longue et flottante. De curieux tatouages rehaussaient ses tempes. Ses pieds étaient nus. Son visage beau, quoique terne, arborait une chevelure tombant dans son dos, ornée de perles et tresses magnifiquement entre-croisées.
— Eardek van troc diao stelk os ov kalal vek eoraodeovoros os ov velt sakski dorho velok a sed Aora.
La silhouette se volatilisa après ces mots.
Céline pointa son regard vers Yann qui devina ses pensées.
— Elle a dit : « la force vous servira à croiser le fer avec vos adversaires, le courage sera votre guide dans le labyrinthe et la détermination illuminera vos pas jusqu'à l'objet de votre quête, le bien d'Aora ».
— Je ne comprends toujours pas le sens de tout ça. C'est du grand n'importe quoi, un fantôme, des trucs indéchiffrables, un labyrinthe, des adversaires, un bien !
— Pour sortir d'ici, faudra suivre toutes ces instruction.
Céline souffla, toujours en proie à la lassitude.
— Je te fais confiance, sors-nous de là, s'il te plaît.
— Je vais essayer.
Céline fixa le garçon avec curiosité. Une question lui traversa la tête. Une question qu'elle aurait dû se poser ou exprimer depuis un moment déjà.
— Comment arrives-tu à déchiffrer tout ce charabia ?
Surpris par l'interrogation, Yann prit le temps d'y réfléchir. C'était une bonne question. Il n'y avait pas pensé. Il sortit donc la réplique la plus évidente.
— Je sais pas, c'est peut-être mon pouvoir.
Céline haussa les épaules comme si cette réponse lui était indifférente.
Yann retira la chemise à manche longue sur lui, se retrouvant en tee-shirt. Aidé de Céline, il s'attacha le livre dans son dos en se servant du vêtement. S'ils étaient supposés se battre contre quelqu'un où quelque chose, ils devaient avoir les mains chargées uniquement de leurs armes.
Face aux nombreux couloirs devant eux, Céline s'en remit au garçon afin qu'il choisisse le bon.
— La dame nous a conseillé de suivre notre cœur, il nous guidera dans le labyrinthe. Le mien me chuchote de prendre celui-là, assura-t-il en désigant l'un des couloirs.
Ils se fièrent au cœur du garçon, pénétrant ainsi à l'intérieur du labyrinthe. Les briques rouges de ce dernier se révélaient opulentes sous l'éclairage des torches accrochées aux murs. Aucun son ne ponctuait les lieux, juste un silence de mort.
Ils marchèrent tout droit, encore tout droit, jusqu'à atteindre un embranchement. Après quelques réticences quant au chemin à prendre, ils suivirent leur cœur en allant à gauche.
Les adolescents sillonnaient, à pas feutrés, les galeries de l'endroit depuis plus de trois quarts d'heure. Céline commençait à avoir mal aux pieds tandis que Yann sentait son dos faiblir sous la masse du bouquin.
En prenant un énième virage, ils croisèrent cinq géants.
Deux mètres et demi environ, ces géants portaient des masques de fer ainsi que des pantalons. Leurs torses nus laissaient clairement voir l'étrange couleur de leur peau, bleue. Armés d'épées et de haches, ils affichaient une masse musculaire impressionnante. Leur posture tenait plus de la bête que de l'homme.
Les adolescents se regardèrent puis les observèrent une seconde fois. La frayeur les envahit à l'idée de se frotter à eux.
— Amis... ou ennemis...? hésita la blonde.
Ils repondirent par des grognements bestiaux et menaçants.
— On va dire ennemis alors.
Les deux groupes se faisaient face à trois mètres de distance au moins.
Yann sortit une flèche de son carquois, la positionnant sur son arc. Il tendit la corde, le regard sur la poitrine d'un des géants. Il expira et, d'un geste, lâcha la corde.
La flèche alla aussitôt se loger dans la poitrine de la cible qui se brisa comme du verre.
Cette action marqua les hostilités.
Les quatre géants restant s'élancèrent sur les jeunes tout en vigueur. Yann recula, gagnant assez de temps pour décocher une seconde flèche.
Céline fonça, bâton en avant. Alors qu'un des géants courait dans sa direction, prêt à lui trancher quelque chose, elle se laissa glisser au sol. Dans son action, elle frappa l'abdomen du géant. Le coup fut si violent et adroit que l'adversaire de la fille s'écrasa sur le mur de droite puis se brisa.
Pendant qu'un autre grand tas de muscles allait sauter sur elle, Yann décocha sa seconde flèche, stoppant l'ennemi. Céline inclina la tête pour le remercier et s'attaqua toute seule aux deux derniers. Elle exécuta une succession de prises d'arts martiaux qui les envoya rejoindre les précédents.
Yann en resta scotché, la bouche entrouverte.
— Mais où t'as appris à faire tout ça ?!
Il la dévisagea comme s'il s'agissait d'une super-espionne parfaitement entraînée au combat.
— Dans un dojo, fit-elle simplement.
— Depuis quand ? dit-il toujours ébahi.
— C'est une longue histoire, si tu veux, je te la raconterai plus tard. On devrait partir d'ici avant que d'autres ne rappliquent.
— Tu as raison, allons-y.
Ils continuèrent.
Yann n'arrêtait pas de dévisager la jeune fille. Si on lui avait raconté que cette fille à l'apparence frêle était en fait une version féminine de Jackie Chan, jamais il ne l'aurait cru. Le proverbe disant que les apparences étaient souvent trompeuses semblait se vérifier.
Il se posait plusieurs questions sur elle. Si elle leur avait cachés ses compétences en art du combat, que d'autre leur cachait-elle ?
Dire qu'elle leur avait dissimulé son coté Jackie Chan n'était pas totalement exact, car personne ne lui avait posé la question.
Quoi qu'il en était, cette fille commençait à l'intriguer.
Sur leur chemin, ils croisèrent deux ou trois ennemis, rien de compliqué à battre.
En prolongeant, ils attérirent dans un vaste corridor où ils furent rapidement encerclés par une cinquantaine d'êtres en armures...
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