🌟 13.1 : En équipe

Sur Terre, dans la ville de
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Weirdfield.
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Yann se réveilla, blasé. Il avait passé la moitié de la nuit à se questionner sur ses pouvoirs. Pourquoi Veronica était-elle incapable de lire son énergie comme avec les autres ? Qu'est-ce qui clochait chez lui ?

Il secoua la tête pour échapper à la migraine que lui causait cette intense réflexion. Il se traîna lourdement en baillant vers la salle de bain. Il attrapa sa brosse à dent ainsi que du dentifrice sans prendre conscience de ce qu'il faisait. Face au miroir carré au-dessus du lavabo, il dévisagea son reflet. Ses cheveux étaient sens dessus dessous, ses beaux yeux bleus arboraient de petites cernes.

— Faudrait que tu te réveilles, mon vieux, t'as la tête d'un mort-vivant, se dit-il.

Il soupira.

Une fois ses dents brossées, il se mit sous la douche. Il préféra la prendre froide. Comme ça, au moins, il serait bien éveillé.

Tandis que l'eau parcourait la moindre parcelle de sa peau, une pensée lui vint à l'esprit. Plus jeune, lorsqu'il se laissait emporter dans l'intensité de ses émotions, dont la colère, d'étranges phénomènes se produisaient.

À l'époque, ses crises fulminantes inquiétaient ses parents qui ne savaient de quelle façon leur si jeune enfant était en mesure de causer autant de dégâts. À plusieurs reprises, Tom et Liliane avaient frôlé la mort. Despérés de guérir leur fils de ce mal qui empoisonnait leur vie de famille, le couple s'était employé corps et âme dans la recherche d'un remède miracle. Ce fut à ce moment-là qu'ils avaient fait la connaissance du docteur Morgan, un psychologue qui au prix de nombreuses thérapies, avait appris au jeune garçon à maitriser ses émotions.

Yann était trop petit pour s'en souvenir convenablement, cependant, quelques souvenirs flous de cette époque lui revenaient parfois.

De cette pensée, il conclut que les dégâts orchestrés lors de ces états de crises étaient sans doute la manifestation de ses pouvoir.

Yann sortit de la douche et se promit de revenir à son hypothèse le soir, et avec de la chance, il trouverait quelque chose dans le livre que Veronica lui avait prêté. Ce dernier devait sûrement se trouver dans le sac à dos qu'il avait hier.

Yann s'empressa de se vêtir et de descendre avaler son petit déjeuner avant de se rendre au lycée. Il demanda à sa mère de l'y conduire.

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À la fin d'une journée de cours assez similaire aux autres, Yann, Will, Linda, Théa, Stany, Céline et Tony prirent le bus pour Quair, partant ainsi pour le manoir de Veronica.

Céline, avec l'accord de Théa ainsi que sa participation, mentit à sa mère que son amie l'avait invitée à rejoindre son groupe de travail et qu'elle avait immédiatement accepter pour montrer sa détermination à vouloir devenir une élève travailleuse. Karen, doutant de l'honnêteté de sa fille, appela Théa, qui lui confirma la chose. Voir sa fille s'engager dans la voix du responsable, la remplit de joie. Cependant, elle garderait un œil sur elle.

Dans la propriété de Veronica, ils se rendirent directement au jardin arrière. Ils furent surpris de voir la grande dame les attendre de pied ferme aux côtés de Nils et Nett. Et ce que celle-ci avait fait à son jardin les inquiéta.

Plus de trace de la piscine, de la serre, du barbecue, des meubles de la terrasse, des arbres et fleurs nulle part. Il n'y avait que le gazon et les murs délimitant le domaine.

Les adolescents s'avancèrent vers leur professeur, appréhendant ce qui les attendait lors de ce second cours de magie.

— Bonjour, entonna Veronica en souriant sarcastiquement. Aujourd'hui, je ne m'affligerai nullement une tornade de discours conduisant à des questions auxquelles je ne veux répondre. Ce sera de l'action. J'espère que vous vous êtes hasardés à lire les ouvrages d'hier, ce que vous avez pu y lire vous sera d'une grande utilité.

Elle proféra une série de termes d'une langue très étrange, semblable à une incantation.

D'on ne sait où, une gigantesque bête avoisinant les deux mètres apparut près de celle qui venait de l'invoquer. Cet animal ressemblait à un lion possédant des cornes de taureau, des griffes d'aigle et une queue de kangourou. Malgré sa physionomie étrange, il était vraiment beau. En outre, sa fourrure jaune pastel lui donnait l'air majestueux.

Les adolescents reculèrent presque immédiatement après la matérialisation de la bête.

Nett, qui reconnut l'animal, se mit à trembler. Lui et les autres déglutirent d'inquiétude et de frayeur. Quel rôle comptait jouer cette chose dans le cours ?

— Ceci est un torcalion, précisa-t-elle en regardant la créature. Vous allez l'affronter, le mettre hors d'état de nuire sans le tuer, en vous servant de magie ou pas. Au cas où il vous viendrait l'envie de vous échapper, j'ai recouvert le jardin d'un dôme invisible, quasi-indestructible et insonorisé.

Ils les fixèrent, elle et sa création. Était-ce une blague ?

Bon, c'était vrai qu'elle ne semblait pas être du genre à en faire, mais sait-on jamais !

Yann sursauta.

— Vous êtes sérieuse ?! Vous nous emprisonnez réellement avec ce truc ?

— Battre un monstre comme celui-là est impossible ! avoua Théa.

— C'est du suicide tu veux dire ! Commenta Nett.

— Même avec de la magie, si on prend en compte notre niveau, la probalité de réussite est quasiment nulle, informa Tony.

La dame resta de marbre.

Ce fut au tour de Will de réagir.

— Vous n'êtes tout de même pas fêlée au point de croire qu'on peut se taper une bête de cette taille sans y passer !

Céline pensait comme Will. C'était de la folie. Elle avait une longue vie devant elle qu'elle ne souhaitait interrompre pour rien au monde en se battant contre un monstre épouvantable

— Je suis trop belle pour me laisser abîmer par cette... mocheté ! s'offusqua Linda d'une voix hautaine, les mains sur ses sublimes hanches.

Veronica les toisa tous sévèrement.

— Vous l'affronterez, que vous le vouliez ou non. Je ne vous laisse pas le choix. Cet exercice a pour but de voir comment vous agissez en situation périlleuse. Et tâchez de garger tous vos membres intacts, il serait regrettable que l'un d'entre vous perde un bras, une jambe ou sa tête.

Théa, Linda, Céline et Nett frémirent à l'idée de perdre une partie de leur anatomie.

Veronica plissa légèrement les yeux vers le torcalion qui se déchaîna sur les adolescents. Elle sortit du dôme magique où elle emprisonna neuf ados et une bête sauvage visiblement irritée.

Veronica ne le faisait pas par plaisir, loin de là. Si ces jeunes devaient se mesurer à Drakkar, il fallait qu'ils se préparent à des situations aussi dangereuses que celle-ci, sinon plus. Les confronter à ce genre situations était son boulot.

Les neuf jeunes ne s'attendaient pas à ce que le torcalion leur saute dessus sans prévenir. Ils firent donc la seule chose que leur recommandait leur instinct de survie : courir à toutes jambes.

Voyant ses proies cavaler dans tous les sens, l'animal s'arrêta, ne sachant pas qui traquer en premier. Son choix fut vite fait car il se lança à la poursuite de la blonde aux yeux bleus. Cette dernière, apercevant le danger, pialla des « au secours ! » et des « aidez-moi ! » à en éclater les tympants.

Yann courait dans la même direction que Tony, avant d'être interpellé par les cris incessants de Céline. Le garçon ralentit sa course.

— On doit faire quelque chose ! dit-il au Norrhlandais.

— Quoi ?

— Je n'en ai aucune idée, mais je fonce !

N'écoutant que son cœur et la peur de perdre quelqu'un qu'il aimait bien plus qu'il ne le pensait, Yann retira ses baskets. Il visa le derrière du torcalion avec la première. Quand ce dernier se tourna vers l'origine du coup, Yann lui balança la seconde en plein visage, ce qui mit l'animal de très mauvaise humeur.

Le torcalion changea de victime au grand soulagement de Céline qui commençait à fatiguer.

L'action héroïque ou stupide du jeune garçon fit réagir les autres.

Nils leur fit signe de s'approcher de lui. Will, Stany, Céline, Théa, Tony et Linda le rejoignirent tandis que Yann essayait d'échapper à l'ennemi et que Nett se métamorphosait en abeille, afin d'éviter la bagarre et de piquer le torcalion au cas où il s'approcherait trop près.

La viande fraiche d'ordin était le met préféré des torcalions.

— Stany, tu feras diversion avec un sort pour nous permettre à Will et à moi de surprendre le torcalion ! intima Nils.

— Compris !

La fille rousse s'approcha suffisamment de la bête en course prête à agir. Avant que la moindre parole ne sorte de sa bouche, le torcalion dévia de sa trajectoire. Cornes en avant, il s'empressa sur elle et l'expédia violemment dans un coin du jardin. Stany n'eut pas le temps de l'éviter, elle atterrit lourdement sur le sol après un vol vertigineux.

Il en fut de même pour Nils et Will qui s'écrasèrent l'un sur l'autre.

Théa, qui assistait à la scène, eut comme une révélation et décida d'en avoir le cœur net.

— Linda, essaie de prendre le monstre par la queue ! dit-elle faiblement à la concernée.

Linda regarda Théa comme si elle divaguait.

— Non mais tu es folle, ma parole ! Je ne vais...

Pas le temps de finir sa phrase, sans comprendre ce qui lui arrivait, elle se sentit projetée à plus de trois mètres du sol. L'animal l'avait frappée d'un puissant coup de queue. Son atterrissage fut adouci par le beau Will sur qui elle se crasha.

Entretemps, le torcalion essoufflé respirait bruyamment, fixant Yann et Céline qu'il avait dans le collimateur.

— Cet animal nous entend, il nous comprend, il n'est pas stupide ! assura, Théa convaincue par ses dires.

— Toi aussi, tu t'en es rendue compte ! J'ai lu quelque chose sur lui à l'intérieur du livre de Veronica, mais impossible de m'en souvenir, déclara Tony en essayant de faire remonter l'information.

— On s'y prend mal, admit Nils.

Yann, face au torcalion, écarta les bras, protégeant Céline du mieux qu'il pouvait. La jeune fille derrière lui trouvait ce geste plutôt chevaleresque et mignon, même si elle aurait voulu que ce soit Will et non Yann.

— Il nous faut un plan et vite, remarqua Will.

— Si quelqu'un en a un, de plan, il est le bienvenu ! fit Nils en lançant un regard à la bête.

Tony, réfléchissant intensément, mit la main sur ce dont ils avaient besoin.

— J'en ai un, commença-t-il soulagé, malheureusement, je ne peux rien dire.

Will qui sut pourquoi, ajouta :

— Ce gros truc là, risque de comprendre et de retourner la situation contre nous.

Yann et Céline qui entendaient la discussion soupirèrent.

— Si seulement on avait un moyen de communiquer sans ouvrir la bouche, par la pensée, déplora la fille ronde.

— Stany, Nett est bien télépathe, n'est-ce pas ? s'enquit Linda.

— Oui.

Tony souffla de soulagement.

— Pourquoi n'y avons-nous pas pensé plus tôt ! Son esprit et le tien sont liés, peux-tu le contacter et lui demander de connecter nos esprits les uns aux autres ?

— Je vais essayer.

« Nett, m'entends-tu ? »

« Oui ! »

« Je voudrais que tu relies nos esprits afin de communiquer mentalement »

« Je ne crois pas en être capable, mais je peux transmettre les pensées de chacun à tout le monde »

« Merci ! ».

— C'est fait.

Ils s'examinèrent tous en priant que ça marche, sous l'œil immobile du torcalion.

« Tu peux nous exposer ton plan » débuta Nils.

« Je me souviens d'avoir lu que ce monstre a pour seul point faible ses flancs. Si on lui donne un bon coup à cet endroit, il sera neutralisé »

« Et comment sommes-nous supposés approcher ce monstre pour faire ce que tu dis, au juste ? » questionna Linda.

« Céline et moi pouvons le distraire ! » proposa Yann.

Céline dévisagea le garçon, perplexe.

« C'est une bonne idée, mais... » hésita Will.

« Cela reste insuffisant » compléta Nils.

« Une personne parmi nous n'aura qu'à lui sauter dessus pendant que les autres feront diversion » dit Stany.

« Tu viens de me donner une idée ! » sourit Tony.

« Tant mieux alors »

« À moi également ! Mais vas-y, Tony, toi d'abord » fit Nils.

Le torcalion les regardait continuellement. On aurait dit qu'il savait que ces jeunes préparaient un truc pas bon pour lui et qu'il tentait de le percer à jour.

« Mon idée est simple, le plus fort d'entre nous doit se mettre en hauteur et profiter de l'inattention du monstre dans le but de l'assener d'une tape de poing »

« Il sera pris au dépourvu et paf ! » s'exclama Stany en frappant son poing droit contre sa paume gauche.

« Mais il n'y a pas de hauteur ici, Veronica n'a laissé que la pelouse... » déclara Théa.

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