Chapitre 2

Alba ne répondit rien. Ses yeux étaient occupés à contempler la ville resplendissante qui s'élevait devant elle. La lumière du soleil étant amplifiée par les fenêtres de cristal, réfléchie par le diamant. C'était une vision féerique qui s'offrait à elle.

- Allez, réveille-toi, rêveuse ! Tu vas tomber de ton équarius si tu ne fais attention !

Alba se reconcentra et rattrapa son père. Ils avaient passé la nuit dans une auberge pas loin de la capitale. Son père avait voulu lui offrir le spectacle de la ville au lever de soleil, et Kaloga se trouvant à quatre heures de route de Lorendia, ils avaient ainsi fait le voyage jusqu'à l'auberge la veille.

Les deux se dirigèrent vers les portes en diamant, qui donnaient accès à la ville.

Même à cette heure matinale, de nombreuses caravanes de marchandises entraient ou sortaient des portes de la ville, des flots de personnes défilaient entre les tours de garde. Alba et son père eurent un peu de mal à passer, leurs bêtes encombrantes devaient se frayer un passage dans la foule. Une fois les portes dépassées, leur chemin fut plus facile. 

La foule se dispersa le long des trois grandes avenues : la Périphérique, qui faisait le tour de la ville par le bas, la Rapide, qui traversait le mont par un tunnel légèrement orienté vers le haut, et la Royale, la grande avenue qui menait à la citadelle en enlaçant le mont. Alba suivit son père, qui prit la Royale un moment avant de bifurquer dans une autre rue sécante. Ils s'arrêtèrent devant la boutique d'un des plus gros clients de la région. Le père d'Alba, Tullus Sul'Gabelus, voulait négocier un nouveau contrat pour fournir de la laine de qualité aux ateliers de fabrication de vêtements situés à Lorendia. Il s'agissait donc d'un accord extrêmement important pour lui. Ce n'était pas la première fois qu'Alba l'accompagnait pour un voyage d'affaires, mais cette fois, il avait décidé qu'il fallait qu'elle découvre la capitale. Pendant qu'il allait discuter du contrat, Alba pourrait aller visiter seule Lorendia. Tullus attacha les équarius devant la maison de son client, et donna ses consignes à Alba.

- Je te laisse maintenant, tu peux aller visiter la ville comme tu veux, mais il faut que tu sois de retour à quatorze heures, nous partirons dès que possible pour rentrer chez nous avant la nuit. Voici quelques talents d'or pour t'acheter de quoi manger.

Alba remercia son père, et, libérée de tout pour une matinée, elle partit allègrement vers un parc verdoyant dont les arbres dressaient leur cime contre un ciel resplendissant. La grille du parc était grande ouverte, on pouvait y pénétrer librement. On voyait des étudiants en robe d'étude qui se baladaient, discutant gaiement de sujets divers. Des notables de la ville traversaient rapidement l'espace vert, en chemin pour une réunion ou un débat. D'autres jeunes gens s'étendaient oisivement sur le gazon vert et frais, à l'ombre des sapins et des chênes, alors que des parents promenaient leurs jeunes enfants dans les sentiers de sable fin.

Enchantée, Alba parcourut les chemins, explora les bosquets, avant de sortir du parc. Elle se promena dans les rues, admirant chaque détail, observant les boutiques, s'extasiant devant l'architecture admirable. Elle découvrait un nouveau monde. Lorendia était très différente de sa ville natale, Kaloga. Certes, Kaloga, en tant que ville provinciale, ne donnait pas l'impression qu'on puisse s'y perdre, mais la capitale était bien plus jolie, plus belle, plus magnifique, plus grandiose que n'importe quelle autre ville. En explorant la cité ainsi, Alba se retrouva devant un autre parc, entouré par un haut mur, qui abritait une vaste clairière d'herbe verte. En entrant, elle tomba face à face avec un groupe de jeunes gens de son âge.

- Salvi à toi ! Tu n'es pas d'ici ? demanda l'un d'entre eux.

- Salvi, répondit Alba. Non, je viens de Kaloga, je suis à Lorendia pour la journée.

- Alors bienvenue chez nous. Je m'appelle Petro. Voici ma bande : Malf, Nassia, Fido, Ouraya et Domitia. Nous sommes étudiants à l'école royale, mais aujourd'hui est un jour de congé, la famille royale organise une fête ce soir pour toute la population.

- Scude, enchantée. Je m'appelle Alba.

Ils s'inclinèrent tous en signe de respect.

- Et que fais-tu à Lorendia? Cela fait bien cinq heures de route depuis Kaloga.

- Quatre heures. Mon père est propriétaire des meilleurs troupeaux de brebis laineuses entre Luno et le fleuve Argent. Il est venu conclure une affaire avec un client, et je suis venue découvrir la ville.

- Tu es donc fille de marchand de laine ! s'exclama un des garçons, aux cheveux vert foncé et au regard quelque peu hautain. Ça doit t'être étrange d'être dans la capitale du savoir et des arts, où la population est la plus érudite du royaume. Même nos nourrissons savent conter les légendes du pays.

- Que dis-tu?! Nous gens de la campagne connaissons par cœur les mythes et histoires d'Éveria. Moi-même, j'ai passé des heures à écouter des contes, et, en hiver, pendant les longues veilles de la nuit, je participe au divertissement de tout le monde. Je connais plus de cinquante légendes, et je suis sûre que je pourrais tenir tête aux conteurs de Lorendia.

- Tu en parais bien convaincue, c'est ce que nous allons voir. Je te défie à un concours de conteurs, pour comparer nos talents. Venez, asseyons-nous sur la pelouse.

Ils s'installèrent dans le parc, au centre de la pelouse. Alba, Fido, qui l'avait mise au défi, et une des filles, Ouraya, au visage sombre et aux cheveux noirs, s'avancèrent au milieu des autres pour raconter leur conte. Ce fut Fido qui commença.


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