Chapitre 8

Quelque chose me dérangeait dans mon sommeil et me titillait les yeux. Je les ouvris, agacée, et les refermai aussitôt, éblouie par les premiers rayons de soleil. Je jurai intérieurement, regrettant de ne pas avoir fermé les volets. Mais, après réflexion, je ne me souvenais pas en avoir vu... Et pour cause ! Il n'y avait même pas un vulgaire morceau de tissu pour atténuer la luminosité. Les nuits promettaient d'être courtes...

J'enviai ceux dont les fenêtres donnaient de l'autre côté du bâtiment... Au moins eux ils avaient moins de lumière.

J'enfilai rapidement une tenue propre et descendais au rez-de-chaussée. Quelques guerriers étaient assis à table et discutaient tranquillement : Johan, Elène (sa coéquipière) et Yonan, ainsi que deux autres guerriers dont j'ignorais les noms. Silla était derrière le comptoir au fond à droite de la salle, et préparait le petit-déjeuner.

- Eh bien ! S'exclama Yonan, petit barbu jovial en signe d'accueil. Les elfes se lèvent tôt on dirait ! Ton coéquipier est déjà levé, il est dehors avec Stephan. Tous les autres dorment encore !

- Oh, ça ne m'étonne pas d'Haldir ! Répondis-je. Il se lève avant le Soleil depuis plus longtemps que je le connais ! Quant à moi, c'est la faute à l'absence de volets... Mais je m'y ferai je crois !

Ma moue déçue en fit rire plus d'un. Johan rigola de bon cœur et m'invita à m'asseoir.

- Au fait ! Dit-il en me désignant les deux Gardiens que je ne connaissais pas. Je te présente Nicolas et Shayna, nos deux vampires. Je ne crois pas avoir besoin de te dire pourquoi tu ne les as pas vus hier !

- De tous les guerriers ici présents et de tous ceux qui ne le sont pas, railla Shayna, c'est Nicolas et moi-même qui avons la meilleure vision nocturne. Alors il faut bien que quelqu'un s'occupe efficacement de la garde la nuit !

Je souris devant la pique.

- Évidemment, répondis-je en lui jetant un regard complice.

- Je crois que je l'aime bien cette petite ! Annonça la guerrière.

Silla l'interrompit alors, m'apportant une assiette garnie de tartines de beurre et d'un œuf à la coque.

- Tiens ! Dit-elle. Pour te remonter le moral après ton réveil difficile !

J'acceptais avec allégresse, savourant la sensation de bien-être qui m'habitait depuis que j'étais arrivée au QG. L'armurerie, l'écurie, les guerriers, le grand terrain, un nombre incalculable de mystères... L'endroit semblait fait pour moi.

- J'ai demandé à Stephan de te laisser tranquille aujourd'hui, reprit Johan. Ainsi nous serons tranquilles aux écuries.

- Oh ! Euh... Merci ?

Je ne savais pas trop quoi répondre. Il sourit.

- Tu veux y aller tout de suite ? Demanda-t-il.

- On peut ? M'étonnais-je. Bien sûr que j'en ai envie !

- Comme tu préfères...

- Oui ! M'exclamais-je, revigorée.

- Très bien ! Dit-il. Mais finis ton petit-déjeuner d'abord !

J'acquiesçais en engloutissant une tartine beurrée. J'avais vraiment l'air d'une gamine. Mais bon, ce que je vivais était quand même incroyable, on ne pouvait pas me blâmer.

La nourriture liquidée, Johan m'emmena comme promis aux écuries.

On y accédait par la dernière porte sur la droite, au bout du couloir. La salle était immense, aussi grande que la salle commune. Plus de deux cents mètres carrés hors boxes, que je ne voyais même pas tous, certains étant accessibles via un petit couloir au fond à gauche du hall. Les boxes étaient disposés le long des deux murs donnant sur l'extérieur, et à l'intérieur, une multitude de chevaux multicolores. Leurs noms étaient inscrits sur des plaques fixées aux portes des boxes. Sur les murs restants, à ma droite et à côté de moi étaient accrochés les harnachements des différents chevaux.

Je n'en avais jamais vu de pareil. Les tapis étaient rectangulaires, comme la selle, un peu plus petits que ceux dont j'avais l'habitude, mais aussi plus longs à l'arrière, débordant sur la croupe des chevaux, plus épais aussi. Les selles étaient les plus étrange que je n'avais jamais vu, rectangulaires, l'arrière relevé, avec des lanières sur les côtés. Sous les quartiers, on pouvait aisément ranger un fourreau, ou une autre arme ou lame. Quant aux filets, ils étaient dépourvus de muserolle et ornementés de fins motifs. Certains chevaux étaient équipés de martingales, et le plus surprenant, c'était que tous les chevaux n'avaient pas la même couleur de harnachement. Certains étaient noirs, d'autres bruns, ou encore argentés.

- Chaque guerrier a son cheval, et chaque cheval son harnachement. Expliqua Johan. Tout est personnalisé selon le Gardien et son cheval. Vos chevaux à vous sont arrivés il y a quelques jours.

- Lequel est à vous ? Demandais-je.

- Celui-ci, dit-il en me désignant un grand cheval noir. C'est une jument, elle s'appelle Fhreya.

On sentait dans sa seule voix son profond lien avec Fhreya. Il alla la caresser affectueusement, et elle se frotta contre lui, passant sa tête par-dessus la porte du boxe.

- Elle est magnifique, soufflais-je.

- Tu veux voir ton cheval ? Me demanda soudain Johan.

- Bien sûr ! M'exclamais-je.

Son boxe était le plus éloigné, il nous fallait donc emprunter le petit couloir.

- Son boxe est là, il se nomme Dagorian...

Dagorian était un grand étalon, approximativement aussi grand que Fhreya, gris pommelé assez foncé, et aux crins noirs comme la nuit. Sa tête était plutôt imposante, mais douce et en harmonie avec son corps. Ses yeux profonds me regardaient fixement, aurait-on dit avec une certaine sagesse, et j'eus le sentiment qu'il pouvait lire en moi.

Je m'avançais vers lui, fascinée, hypnotisée par la montagne de muscle qui me faisait face. Il me regarda approcher et avança son bout du nez vers moi pour m'effleurer. Je tendis alors la main et il posa son chanfrein contre. Je le caressais longuement, savourant cet instant.

Johan s'était éclipsé, mais il revint quelques minutes plus tard avec un licol de cuir noir entre les mains, au bout duquel une longe pendait. Il me les tendit avec un sourire.

- Que dirais-tu de le monter ? Demanda-t-il.

Mon cœur fit bond de bonheur. J'allais le chevaucher ?

- Là maintenant ? M'étonnais-je.

- Pourquoi pas ?

- Ok ! Cédais-je sans trop de résistance.

J'ouvris la porte du boxe, et me faufilais à l'intérieur. Dagorian attendit patiemment, la tête orientée vers moi, que je lui mette son licol et attache la longe. Le matériel était parfaitement ajusté.

Johan m'ouvrit la porte en grand avant d'aller en ouvrir une autre sur la gauche, que je n'avais pas remarqué, et qui ouvrait sur l'extérieur. Nous sortîmes et il m'emmena vers les paddocks. J'attachais alors Dagorian à la barrière.

Johan m'emmena alors chercher le harnachement, et je récupérai donc la selle, le filet, le tapis et la martingale de ma monture, ainsi que ses brosses rangées dans un compartiment spécial. Dagorian nous attendait sagement. Je lui fis un long pansage et lui mis son équipement de cuir noir. Il lui allait à merveille !

-Aller, montes maintenant ! M'encouragea le guerrier qui, jusqu'à présent, m'avait regardé faire.

- Sans bombe ?

- Tu crois qu'on monte avec des bombes nous ?

A la réflexion, non. Ce qui n'enlevait cependant pas le danger. Mais Johan n'en avait visiblement rien à faire.

- Aller, montes !

Je mis alors- difficilement- le pied à l'étrier, et enfourchai l'étalon. La sensation était incroyable. Je pris mes rênes en main et serrais mes mollets. Immédiatement, Dagorian avança. Je repliai ensuite les doigts et il s'arrêta. Il réagissait au moindre de mes mouvements avec une précision hors norme que je n'avais encore jamais observé malgré les nombreux chevaux que j'avais pu monter.

- Tu te débrouille bien ! Dit Johan quand j'eus fait quelques cercles d'un bon pas.

- Merci ! Souris-je avec un air béat.

- Allons un peu plus loin. Proposa le Gardien.

Il m'accompagna non loin des piliers de pierre et me laissa le champ libre. Motivée à revoir mes connaissances en équitation, je pressai les jambes en ajustant mes rênes. Dagorian comprit et prit le trot. Ses foulées étaient souples et régulières, son allure, confortable. Je n'avais jamais vu de cheval aussi performant, car il l'était, cela ne faisait aucun doute, avant même l'avoir vu galoper et sauter.

Il pourrait briller en concours.

Un léger coup de talon, et il prit le galop. J'avais l'impression de voler, ce qui était peut-être le cas. Rapides, ses foulées étaient aussi puissantes et nous propulsaient en avant avec une vivacité impressionnante. Je savourais l'instant tandis que le vent faisait voler les crins de ma monture. Car c'était le miens, mon compagnon, mon partenaire, mon cheval. J'étais fière de pouvoir le dire.

Après trois quart d'heure de voltes et de transitions, Johan m'arrêta.

- Aller viens, dit-il. Desselle-le et mets-le au pré, ça lui fera du bien.

Sur ce il partit. Je misune bonne trentaine de minute à desseller et à chouchouter Dagorian. Je n'avaispas envie de le laisser. Mais au bout d'un moment, il me poussa gentiment de satête vers la sortie du pré et je fus obligée de le laisser. Il fit volte-faceet galopa gaiement. Il était vraiment splendide, en accord avec sonenvironnement. Je me rendis compte, à ce moment-là, de la chance qui avaitcroisé ma route ce matin-là. Ce bien étrange matin qui avait sensiblementchangé mon destin, le mêlant à ceux d'Haldir, d'Elléonora, de Tara, de Stephan,de Johan et de tous les autres guerriers et apprentis. Ici.

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