Chapitre 4

Comme l'avait -heureusement – deviné Maman, les explications demandèrent plusieurs heures. Et, contraints par le temps, nous dûmes rentrer sans traîner en chemin, par peur d'arriver après l'heure ; car, nous avais dit Maman avec le plus grand des sérieux, « On ne néglige pas les conditions de Stephan ».

À peine eut-on passé le pas de la porte, que dix heures sonnèrent, et Stephan apparut à nouveau au centre du salon, tenant à la main quatre médaillons ornés de fins motifs bleutés. Il leva un sourcil en nous voyant arriver essoufflés. Maman nous laissa seuls.

« Êtes-vous prêts ?

Nous acquiesçâmes, pliés en deux à cause de notre course. Stephan ne parut pas convaincu, et sourit d'un air amusé.

- Je vais vous emmener au quartier général, dit-il, mais avant, il faut que vous me promettiez que jamais vous ne parlerez des Gardiens à qui que ce soit extérieur à notre ordre. »

Tandis qu'il parlait, il nous remit à chacun un des médaillons, qui brillèrent faiblement quand nous les passâmes autour de notre cou. Haldir regarda suspicieusement le sien avant de l'enfiler. Stephan nous regardait, et Elléonora promit la première, suivie de Mathéo. Vint mon tour et je m'exécutai également, et je cru alors percevoir un changement sur le pendentif autour de mon cou, sans cependant en connaître l'origine. Quand j'eus promis, nous nous tournâmes tous vers Haldir, qui marmonna négligemment quelques mots avant de se mettre à crier, se tordant de douleur. J'accourus immédiatement auprès de lui, mais Stephan me retint tandis que mon compagnon essayait en vain de retirer son pendentif chauffé à blanc. Son supplice dura plusieurs longues secondes avant de s'arrêter. Haldir se releva difficilement, humilié, en jetant un regard noir au guerrier qui lui avait donné le médaillon. Ce dernier prit la parole.

« - Ce médaillon n'est pas un simple collier, dit-il calmement. C'est une amulette. Et elle te brûlera si tu penses à trahir ta promesse, et même te tuer si tu le fais. L'enlever ne serait pas une solution alors.

Haldir ne souleva pas, il avait arrêté d'essayer de retirer son pendentif.

- Allons-y maintenant, reprit le Gardien. »

Il prononça une formule incompréhensible et la pièce dans laquelle nous nous trouvions devint floue, et nous eûmes la sensation de tourner sur nous même à une vitesse folle, sans savoir ce qui nous arrivait. Une téléportation, compris-je quand un nouveau décor apparut devant nous.

Nous nous situions dans une grande cour, délimitée de trois côtés par un haut mur de briques sombres, et de l'autre par un haut bâtiment de pierres grises et froides derrière lequel on pouvait accéder, par de larges passages herbeux sur les côtés du bâtiment. L'endroit était triste et froid, l'extérieur du QG était sauvage et dangereux, tandis que l'intérieur n'était même pas visible à travers une fenêtre dont il était dépourvu. Ce que l'on pouvait en deviner, en se basant sur l'aspect extérieur, ne paraissait pas très accueillant.

C'est alors que je remarquai l'absence d'Haldir. En y regardant bien, je m'aperçus que Stephan manquait aussi à l'appel ! Je commençai à paniquer, craignant pour mon compagnon, et affolant du même coup ma sœur et mon ami. Il y eut une faible détonation, et les deux disparus se matérialisèrent à quelques mètres, faisant retomber d'un coup ma soudaine panique.

Fausse alerte ! Je m'étais inquiété pour rien.

Je me détendais et regardai Haldir. Lui ne faisait pas attention à moi, ce qui était inhabituel, il avait l'air secoué, sans doute à cause de la téléportation pensai-je alors. Quoique, il semblait brusquement, mais sincèrement plus amical avec Stephan. Voilà qui était surprenant.

Le guerrier nous fit entrer dans le bâtiment, qui contre toute attente, se révéla être un lieu chaleureux ! Les lourdes portes d'entrée s'ouvraient sur un étroit hall, qui précédait un long couloir avec une bonne douzaine de porte brunes en bois, toutes fermées, sauf une que Stephan ouvrit sur notre gauche.

La pièce sur laquelle elle s'ouvrait me fit immédiatement penser à une taverne de l'époque médiévale : une dizaine de tables rondes étaient éparpillées dans la grande salle au teintes boisées chaleureuses, une autre table, rectangulaire et longue, s'étendait sur la droite, et de nombreuses chaises l'entouraient. L'endroit était éclairé par un grand mais simple lustre en bois, sur lequel flottaient plusieurs sphères lumineuses d'une origine inconnue, je fus surprise, en me tournant vers la gauche, de trouver une petite fenêtre, assez discrète, mais dont j'étais sûre qu'elle n'était pas visible de l'extérieur. Un comptoir était placé au fond à droite de la salle, et une jeune femme en sortit, et se dirigea vers nous.

« - Vous êtes les premiers, dit-elle, mais Yonan et Pierre ne vont pas tarder à arriver, de même pour Samia.

- Et Johan ? Demanda le Gardien

- Aucune nouvelle.

- Elène est toujours à la chasse ?

- Oui.

Stephan se tourna vers nous, et nous présenta la jeune femme avec qui il discutait.

- Je vous présente Silla d'Eltaria, c'est une Gardienne, donc vous lui devez le respect comme à moi. C'est elle qui s'occupe de la base et de son confort. »

Silla était une jeune femme, d'apparence tout du moins, car il brillait dans son regard une lueur qui ne datait pas d'hier, plutôt fine et élancée, un peu plus grande que moi, aux alentours d'1m75 selon mon estimation, et très belle. Elle avait un visage doux encadré par de longs et soyeux cheveux d'un sombre brun profond, sa peau était lisse et dénuée d'imperfections, et son joli nez aquilin se fondait parfaitement parmi ses traits fins. Elle était vêtue d'une élégante tenue noir, ressemblant à une version féminine de celle de Stephan, parfaitement adapté à sa morphologie, et aucunement gênante qu'importe la tâche à accomplir ; le tout la mettait vraiment en valeur, sans pour autant délaisser l'aspect pratique de la tenue. C'était une des plus belles femmes que je n'avais jamais vu ; elle aurait pu être mannequin, mais son expression et son regard laissait deviner que c'était la dernière de ses priorités, et que cela ne l'intéressait nullement. Le simple fait de la voir me montrait malgré sa beauté parfaite que c'était une Gardienne, et son aura protectrice et chaleureuse me faisait me sentir bien en sa présence, comme un enfant avec sa mère.

Tandis que j'observais Silla, plongée dans mes pensées, Haldir, qui avait lui aussi remarqué la fenêtre, surveillait la cour ; ma sœur et Mathéo ne bougeaient pas, indécis. Finalement, ce dernier prit la parole :

« - Que fait-on à présent ? Dit-il.

- Nous attendons les autres apprentis pour vous expliquer le reste. Répondit Silla.

- Qui donc ? Continua Mathéo, désirant entretenir la conversation.

- Vous verrez quand ils seront là. » Répondit Stephan d'un ton qui fit comprendre que la conversation était terminée, bien qu'on y devinait une pointe de malice.

Les minutes passèrent sans qu'il ne se passe rien. J'allais finalement me décider à aller voir Haldir quand tous les autres apprentis arrivèrent. Je fis volte-face pour les apercevoir, et tombai nez-à-nez avec Ella, Emilie et Tara ! Nous nous regardâmes un instant sans réaliser ce qui se passait, aussi surprises les unes que les autres de se voir ici.

Nous ne prononçâmes pas un mot, et Stephan ne nous en laissa pas le temps :

- Chers apprentis, annonça-t-il d'une voix forte, bienvenue au quartier général des Gardiens de Gaïa !

Je me rendis alors compte que plusieurs autres personnes nous avaient rejointes. D'abord trois jeunes hommes, des apprentis. L'un était plutôt grand, aux cheveux châtains, d'une petite dizaine de centimètres de longueur, au yeux bruns, et à la morphologie droite et fière qui avait de quoi faire craquer n'importe quelle adolescente. Les deux autres étaient plus petits, aux cheveux bruns également, mais plus ou moins clairs, l'un aux yeux très foncés, l'autre aux yeux verts, ils avaient une carrure plutôt forte et imposante malgré leurs petites tailles. Celui aux cheveux un peu plus clairs était également plus élancé que l'autre.

Parmi les guerriers arrivés, deux femmes, l'une était plutôt grande, et avait une carrure solide, quelques discrètes taches de rousseur, et des cheveux mi-longs, noirs, mais avec des éclats roux à la lumière. L'autre avait la même aura chaleureuse que Silla, mais elle était plus petite, et avait des cheveux blonds coupés au carré, et un peu plus de formes que la guerrière d'Eltaria.

Ensuite deux hommes assez petits, - des nains peut-être ? - blond vénitien aux yeux bleus, et châtains aux petits yeux bruns, tous deux assez trapus et joviaux.

Le dernier guerrier à être entré portait une tenue de chasse noir, assez semblable à celle de Stephan, quand tous les autres étaient vêtus d'une tenue normale de la vie de tous les jours. Ce guerrier était grand, agile, sportif les cheveux noirs, un beau visage, bien qu'il reflète une certaine solitude, il avait de surprenants yeux bleu foncé. Pour rajouter à son apparence particulière, il portait, comme son chef, une épée au côté, et un arc dans le dos. Stephan reprit son discours, ayant à présent l'attention de tout le monde.

« - Je me présente, pour ceux qui ne m'ont déjà vu, dit-il. Je suis Stephan d'Akira, chef des Gardiens de Gaïa 6e Génération. Vous êtes là aujourd'hui en l'occasion du recrutement de la 7e Génération, 1199 ans après la création de la confrérie, le 12 juillet 820, le jour de la collision d'Ostrillan et d'Unyan près de Gaïa. Depuis ce moment, nous, et bien d'autres guerriers avant nous, combattons orcs et gobelins pour protéger cette planète des menaces qui l'entourent, et que la paix règne. Vous tous, vous êtes les guerriers choisis pour former la 7e Génération, et poursuivre la tâche qui est la nôtre. Nous nous trouvons ici au Quartier Général, et cette base est désormais votre. Je sais que vous avez de nombreuses questions, et sans doute brûlez-vous d'envie de faire connaissance, et de visiter les lieux, mais je vous prierais avant, de bien vouloir monter découvrir vos quartiers. Les chambres sont à l'étage, et les noms écrits sur les portes. La poignée s'ouvre à l'empreinte digital de son occupant. »

Sur ce, il se tourna et alla s'asseoir à la grande table, tandis que les apprentis sortaient en file indienne, exécutant la demande du chef des Gardiens.

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