Chapitre 3

Il me prit alors dans ses bras et sa bouche s'approcha de la mienne...

« Réveille-toi Kyra !

- Qu... que...quoi ? Pourquoi ? » Grognai-je en émergeant.

Elléonora m'avait brusquement réveillée en me secouant comme un prunier, et en me criant dans les oreilles. Ce qui n'avait rien de très agréable, contrairement à ce rêve... Pourquoi les meilleurs songes étaient-ils toujours interrompus ?

« - Il y a quelqu'un dans le salon qui demande à nous voir, annonça ma sœur, me ramenant soudainement à la réalité. Ta présence y est donc requise. Heureusement qu'Haldir est déjà là, imagines si on avait dû le chercher dans tout Romans ! On n'arrive jamais à le retrouver quand il se cache...

- Haldir ? Mais qu'est-ce qu'il a à voir là-dedans ? Demandai-je, exprimant mon étonnement à voix haute.

- Aucune idée, répondit Elléonora. Mais il était venu promener le chien, et c'est là que l'homme est arrivé. »

Un homme, quel homme ? Je me tournais, circonspecte, vers la fenêtre, et remarquai alors les étoiles qui brillaient encore à l'extérieur. L'aube pointait à peine ! Le réveil affichait 5h02. Quel genre de personne rendent visite aussi tôt ? Et depuis quand Haldir venait-il promener le chien à l'aube ? J'ouvrai la bouche pour parler, mais Elléonora m'interrompit, et me lança un tas de vêtements.

« - Avant que tu le demandes, dit-elle, je ne sais pas qui est cet homme, même si Maman a l'air de le connaître. Il est plutôt louche, et Haldir semble ne pas beaucoup l'apprécier. »

J'enfilai rapidement mes vêtements, et passai ma main dans mes cheveux pour les arranger un minimum, avant de suivre ma sœur au salon.

Ma première réaction fut d'être surprise. Un homme, assez grand, se tenait debout au centre de la pièce, et discutait calmement avec Maman. Il avait les cheveux bruns, un peu en broussaille, comme après un gros coup de vent, et quand il se tourna vers moi en m'entendant arriver, je vis dans ses yeux gris-verts un éclat de puissance accompagné d'une grande sagesse. Sa posture, bien droite, un pied légèrement relevé, les mains au niveau du bas des hanches, comme s'il se tenait prêt à être attaquer, inspirait à la soumission ceux qui le regardaient. Une sorte de gilet ressemblant à une cuirasse, était élégamment attaché par-dessus ses vêtements, foncé et peu visible. Il portait de belles et solides bottes, qui semblaient faites pour de longs voyages, à pied comme à cheval.

Cet homme qui se tenait si fièrement devant moi m'emplit d'un profond respect, probablement à toute épreuve, comme si se tenait devant moi non pas un homme, mais un dieu particulièrement ancien et sage.

On dit que les yeux ne mentent jamais, et bien si ce dicton est vrai, la personne qui se tenait devant moi était une personne exceptionnelle comme il n'y en a nul par ailleurs dans ce monde, voir même dans tous les autres.

Haldir s'approcha de moi dès mon entrée dans un geste défensif, mais inutile à mes yeux.

« Ah, te voilà enfin, ...Kyra c'est ça ? Intervint l'inconnu. Je me présente, Stephan d'Akira, Gardien de Gaïa 6e Génération. Je serai votre maître durant tout votre apprentissage. »

L'incrédulité se lisait sur nos visages tandis qu'une multitude d'incompréhensions se bousculaient dans ma tête. Stephan d'Aki quoi ? Gardien de quoi ? Un maître ? Quel apprentissage ? Et puis bon sang, qu'est-ce que c'était que cette manière de se présenter ?! De plus, le respect que j'octroyais à cet homme, apparemment du nom de Stephan, me retenait d'exprimer mes pensées. Le risque qu'il le prenne bien aurait été très faible. Mais Haldir posa la question à ma place.

« - Je vous demande pardon ? Dit-il calmement, bien qu'il bouillonne au fond de lui.

L'étrange homme répéta calmement. Elléonora ne prononçait plus un mot, abasourdit, tandis que mon compagnon perdait doucement, mais sûrement son sang-froid. Je me décidai donc à intervenir.

- Qu'est-ce que les Gardiens de Gaïa ? Demandai-je.

Stephan se tourna vers moi, et expliqua posément.

- Les Gardiens de Gaïa, pour faire simple, dit-il, sont des guerriers et des guerrières choisis à leur naissance pour protéger la Terre des menaces extérieures. D'où leur nom, Gaïa étant le nom essentiel de cette planète. Ne vous occuper pas trop des noms essentiels pour l'instant, sachez seulement que c'est ainsi qu'on la nomme. Vous avez reçu à votre naissance, des gènes d'un des cinq Grands Peuples de l'Ancien Temps : les Elfes, les Fées, les Nains, les Vampires et les Centaures.

- Et donc vous êtes là pour nous apprendre à devenir des Gardiens c'est ça ? Continuai-je, surveillant du coin de l'œil Haldir, qui momentanément, ne réagissait plus.

- On naît Gardien, on ne le devient pas. Répondit le guerrier, sévère. Mais oui, je suis là pour vous apprendre à utiliser vos dons et les bases du combat. »

Elléonora n'en croyait pas ses oreilles. Comme nous tous d'ailleurs, mais à un degré différent. Haldir laissait clairement afficher que, pour lui, Stephan se moquait de nous, ce qui l'agaçait au plus haut point. Moi, j'étais occupé à essayer de le contenir, et posait des questions pour le distraire avant qu'il n'explose, sans vraiment me rendre compte de ce que le guerrier disait, et tout ce que ça impliquait. Ma sœur, elle, n'arrivait juste pas à réaliser. Dans sa tête, elle était quelqu'un de banal, sans intérêt, tout au contraire d'Haldir et moi. C'était un peu un rêve impossible auquel elle n'avait jamais vraiment cru qui se réalisait.

« - Moi aussi j'en suis une ? Demanda-t-elle, indécise.

- Évidemment, sinon tu ne serais pas là avec nous. Dit le guerrier.

- Et quel genre de menaces devrions nous combattre ? Demanda Haldir, n'y tenant plus, et sans croire un mot de ce qu'il disait.

Stephan répondit avec un calme olympien, sérieux malgré les sarcasmes de mon compagnon, ce qui ne fit que l'énerver encore plus.

- Des orcs, parfois des gobelins, et encore plus rarement, des sorciers. Dit-il, impassible face à la colère d'Haldir, qui était à deux doigts de disjoncter.

- Quoi ?! S'exclama Elléonora, qui elle, buvait avec une certaine crédulité les mots du guerrier.

- Il n'y a pas de quoi s'inquiéter si vous écoutez nos enseignements et faîtes preuve de prudence.

- Vos enseignements, vous êtes plusieurs ? Demandai-je, sans vraiment avoir suivi la conversation.

La question me parut cependant idiote après avoir été posée. Je m'en voulu de ma maladresse.

- Bien sûr, il y a le même nombre de Gardien à chaque génération.

- C'est à dire combien ? Me repris-je.

- Deux elfes, deux fées, deux nains, deux vampires et deux centaures, donc dix Gardiens.

- Qui sont les autres ?

- Vous allez le découvrir aujourd'hui, je vais vous emmener au quartier général. Vous pourrez y rencontrer les autres Gardiens, ainsi que vos camarades. Ceci me fait penser que je ferais mieux de filer, je vous retrouve ici à 10h.

Il se tourna vers Maman.

- Avec le quatrième membre. Termina-t-il. »

Et sur ces dernières paroles, il se volatilisa, faisant bondir Elléonora sur ses pieds, criant sa surprise.

« On aurait dû sans douter, dit mon compagnon. Cet homme à l'air louche. Ce n'est sans doute qu'un charlatan, mieux vaut l'oublier.

Je regardais Haldir sans comprendre. Ok, Stephan était un peu particulier, et ce qu'il nous avait dit était tout bonnement incroyable, mais c'était en fait plutôt intéressant ! Et puis, ce que j'avais vu dans les yeux du Gardien ne mentait pas sur sa vraie nature, c'était loin d'être un charlatan, probablement qu'il n'était même pas humain ! C'était enfin quelqu'un qui, comme mon compagnon et moi, sortait de l'ordinaire.

Maman, quant à elle, c'était remise en mouvement, et préparait quelques affaires, en parallèle du petit déjeuner. Elle répondit aux grommellements d'Haldir, en nous rassurant sur le fait que l'homme ne mentait pas.

Visiblement, elle savait plus de choses que nous, sans cependant, vouloir nous en dire plus. Était-elle elle-même Gardienne ? En tous cas, elle ne voulut pas nous le dire. Haldir, face à la réponse de Maman, se renfrogna encore plus, son agacement ayant atteint son paroxysme, et alla s'enfermer dans la chambre d'ami prévue pour lui.

Ni ma sœur, ni moi ne bougions, et il y eut un cours silence. Devant notre mutisme, Maman nous envoya nous préparer en attendant le petit déjeuner.

« Pourquoi n'avons-nous pas le droit d'aller nous recoucher ? Protestais-je. Le soleil est à peine levé !

- Parce que nous devons aller chercher Mathéo chez lui, répondit-elle, et tout lui expliquer. Et une petite voix me dit que cela risque de prendre du temps.

Mathéo ? Je jetais un coup d'œil à ma sœur qui était plongée dans ses pensées. Après un instant de réflexion, je compris.

- C'est lui le quatrième membre ? Demandai-je, surprise.

- Oui, mais n'essayez pas de gagner du temps ! Filez vous soigner ! » Nous pressa notre mère.

Elléonora reprit aussitôt ses esprits et obéit. Je la suivis à contrecœur. Ma sœur semblait encore toute retournée mais elle se reprit très vite. Moi eh bien, je n'étais pas forcément mieux. Je n'avais pas l'air très affectée, mais c'était parce que je ne réalisais pas vraiment tout ce qui m'arrivait. Était-ce seulement possible de croire à de telles choses sans avoir eu de preuve pour appuyer les dires de Stephan ? Avant tous ces récents évènements, envisager une telle possibilité d'existence m'était inconcevable. Mais les yeux du Gardien n'avaient pas menti quand il nous avait parlé, alors que croire ? Si Maman approuvait l'histoire du mystérieux individu, c'était pour moi une preuve de la véracité de ses paroles. Et ça s'arrêtait là. De toute façon, la situation que nous étions entrain de vivre nous dépassait, alors autant ne pas chercher d'explication et faire confiance aux adultes.

Un peu plus tard, Maman nous appela pour le petit déjeuner et nous partîmes. Haldir était toujours boudeur, mais plus énervé ce qui représentait une nette amélioration. Heureusement, notre arrivée chez notre ami lui changea un peu les idées, même si notre sujet de conversation tournait autour des évènements de la matinée.

Maman se chargea d'aller parler à la mère de Mathéo tandis que nous lui expliquions ce que nous savions, autrement dit quasiment rien. Notre ami sembla plutôt enthousiaste à l'idée de rejoindre une confrérie secrète sensée protéger le monde de toute sorte de menace, mais à mes yeux, sa réaction était un peu trop positive. Car il était vrai que, annoncé comme ça nous l'avait été fait, les conséquences de notre recrutement paraissaient des plus joyeuses, orcs et gobelins mis à part. Seulement, la gravité du visage de Stephan quand il avait parlé laissait imaginer des non-dits bien moins agréables. Vivre avec une telle vie incluait forcément des responsabilités non ?

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