Chapitre 2
Deux jours plus tard...
« C'est OK pour lui », répondis-je à ma sœur, occupée à enfiler un tee-shirt. « Je lui dis qu'on se prépare et qu'on le rejoint au Pont Neuf ? »
Elléonora hocha la tête en achevant de s'habiller. J'avais moi-même opté pour un legging noir et un tee-shirt simple. Une fois prêtes, nous traversâmes le salon pour nous diriger vers la porte d'entrée... Ma sœur et moi allions retrouver Mathéo au parc Edith Piaf, où nous nous rencontrions souvent. Maman s'était absentée pour faire des courses, mais elle était prévenue de notre sortie, nous n'avions donc qu'à prendre garde de fermer la porte de l'appartement à clé en partant. Remus nous regarda presque avec tristesse lorsque nous le quittâmes, et je me promis donc de le sortir à notre retour.
Après avoir marché jusqu'au Pont Neuf, qui se trouvait à une centaine de mètres de l'appartement, il ne nous fallut pas longtemps pour voir arriver Mathéo. Celui-ci nous ayant rejoint, nous commençâmes à marcher tranquillement jusqu'au chemin des Bœufs. C'était un chemin de terre, qui reliait les quais au parc Edith Piaf, et se poursuivait même un peu plus loin. Il offrait un cadre de promenade agréable, puisqu'il longeait l'Isère et qu'il était séparé de la route par une étendue d'herbe et des arbres.
Mathéo marchait devant, avec Elléonora. Les cheveux d'ébène de cette dernière virevoltaient autour de son visage fin, agités par le vent. Par sa carrure, elle me ressemblait, mais ses yeux étaient bruns et non pas verts, et sa démarche était plus vive que la mienne. Elle avait deux ans de plus que moi (presque l'âge mûr), comme Mathéo. Lui était blond, plus grand que nous mais le visage tout aussi fin. Il avait les yeux bleus, assez clairs, qui prenaient parfois des teintes verdâtres dans l'ombre des arbres.
Il ne nous fallut pas plus d'un quart d'heure pour parvenir au parc. Il n'était que peu remplit et uniquement par de très jeunes enfants, accompagnés de leurs parents. Leur présence n'était pas surprenante pendant les vacances. Par habitude, nous nous dirigeâmes vers un rocher en forme de siège, derrière un pont en pierre, à proximité d'un groupe d'arbres. Mathéo et ma sœur continuèrent à marcher en discutant, tandis que je m'arrêtais sous le groupe d'arbres et grimpai sur une branche qui s'étendait à l'horizontal au-dessus de moi.
Je me souvins de l'après-midi où Mathéo m'avait montré comment m'y hisser. Ma sœur nous avait regardés, refusant de nous suivre par peur de se blesser.
Au milieu de mes réminiscences, je ne remarquai pas immédiatement l'ombre discrète qui se mêlait à celle du feuillage au-dessus de ma tête. Je sursautai presque lorsque je l'aperçue, et un peu brusquement, je me retournai et levai les yeux.
Un jeune garçon blond aux iris bleus captivants me regardait, perché sur une branche bien au-dessus de moi. Il devait faire ma taille et avait sans aucun doute mon âge, malgré tout, sa posture et ses traits marqués reflétaient une maturité certaine. Son expression semblait triste, bien que légèrement amusé par ma démonstration d'escalade ; ses cheveux en bataille autour de son visage lui donnaient un air un peu sauvage, presque mystérieux (sur cet aspect, c'était sans doute mon attirance pour la fantasy qui parlait). Je faillis partir, gênée d'être observée ainsi, mais quelque chose chez lui m'intriguait, m'attirait comme un aimant. Loin, au plus profond de ma conscience, une petite voix me disait que notre rencontre était loin d'être le fruit du hasard.
« Qu'as-tu donc ? » lui demandai-je sans réfléchir, marquée malgré moi par la peine qui crispait ses traits.
Il ne parut qu'à moitié surpris que je m'adresse à lui. Il répondit avec un demi-sourire :
« Peu importe... Tu veux que je te montre comment monter ? »
Mes joues s'empourprèrent alors que je repensais à mon ascension fébrile de la pauvre branche sur laquelle j'étais assise.
« Oh... euh... oui, si tu veux bien. »
Il descendit d'un bond et atterrit souplement à côté de moi. La branche s'agita un peu, mais sans céder ; on eut dit que l'adolescent n'était pas plus lourd qu'une plume.
« Regarde... »
Il attrapa la branche du dessus et se balança comme sur un trapèze avant d'attraper la branche suivante avec ses jambes et de s'asseoir comme je l'avais fait moi-même auparavant. Je poussais un soupir d'admiration :
« Rassure-moi... Une chute de là-haut n'est pas mortelle si ? Non pas qu'un séjour à l'hôpital me déplaise mais je tiens à la vie...» m'inquiétai-je, mon rythme cardiaque s'affolant alors que je songeai à ce que j'allais tenter. Il me regarda alors d'une façon qui me déconcerta. Je fus incapable de m'en détacher jusqu'à ce qu'il m'encourage d'un sarcasme. Il n'y avait pas une seule once de doute dans ses yeux d'azur.
« Qui a parlé de chuter ? Il n'y a pas de risque s'il n'y a pas de chute... »
« On refait le monde avec des si... » Marmonnai-je sans conviction.
Malgré tout, la hauteur avait de quoi impressionner, surtout en l'absence de système de sécurité. J'hésitais et il le vit. Alors il revint à côté de moi, et il saisit prudemment ma main, mes yeux à nouveau plongés dans les siens. Étrangement, son geste ne m'embarrassait pas, même venant d'un parfait inconnu. Un frisson nous parcourut. Il dit :
« La confiance, c'est la clé du succès. Une fois que tu as compris ça, tu peux tout accomplir. »
Il s'écarta alors, sans me pousser à faire le grand saut. Au lieu de ça, il remonta, et fixa son regard dans le lointain. Lorsque c'était lui, l'ascension semblait presque facile, mais dès que mes propres mains tentaient d'agripper la branche qui devait me servir de trapèze, elles devenaient moites et glissaient sur l'écorce.
Répétant ses mots, j'expirai lentement, faisant le vide dans mon esprit. Puis j'attrapai fermement la branche devant moi, et m'élançai. Je me balançai alors tant bien que mal, prise d'un violent sursaut d'adrénaline, essayant d'imiter ses mouvements souples sans grand succès. Finalement, alors que mes doigts étaient sur le point de lâcher, je parvins à passer mes jambes par-dessus la branche visée, et restais ainsi suspendue la tête en bas, entre l'effroi et le soulagement. Il se pencha alors pour m'aider à me redresser et s'assura que j'avais suffisamment de contenance pour maintenir mon équilibre par moi-même. J'étais encore toute tremblante et mes muscles criaient de fatigue après l'effort, mais j'étais en un morceau, sur cette branche à près de quatre mètres du sol caillouteux, et à côté de ce garçon que je ne connaissais pas. Il garda le silence, mais m'observa d'un air impénétrable, un sourire franc aux lèvres.
« Au fait, quel est ton nom ? » m'enquis-je avec curiosité, désormais plus à l'aise sur notre perchoir précaire.
Il se rembrunit, baissant les yeux, provoquant chez moi une vive inquiétude.
« Pardon, ma question était peut-être déplacée.
- Non, non ! » S'exclama-t-il, gêné à son tour avant de se dérider. « Je m'appelle Haldir. Et toi ? »
Toujours un peu inquiète, je souris néanmoins.
« Moi, c'est Kyra. »
Il me sourit en retour.
« Joli prénom » commenta-t-il.
Il se détourna vers une trouée dans le feuillage, égarant son regard au loin comme il l'avait déjà fait plus tôt. Une peine inexpliquée ternissait à nouveau son visage clair. Lorsque je le lui fis remarquer, il s'excusa platement et tenta de se munir d'un sourire peu convaincant.
« Ne t'inquiète pas pour moi » me dit-il sans trop de conviction. « Ma vie n'est pas des plus joyeuses ces temps-ci, mais nous n'y pouvons rien, c'est ainsi. »
Je fronçai les sourcils, il semblait considérer la conversation close, mais je me refusais à en rester là.
« Si tu ne me dis rien, je ne pourrai pas t'aider. »
Sa réponse fusa immédiatement, quelque peu acerbe, si bien que j'en fus presque offensée. Voyant cela, il parut regretter ses mots.
« Tu ne le pourrais pas même si je te le disais. C'est ainsi, je te l'ai dit. »
Il fuyait mon regard, je recherchais le sien. Il parut alors hésiter. Il fixa enfin ses pupilles dans les miennes, et notre échange silencieux eut sans doute raison de lui puisqu'il céda.
« J'ai perdu mes parents, il y a un peu plus d'un an, tués par la maladie. Depuis, j'errais de famille d'accueil en famille d'accueil, d'établissement scolaire en établissement scolaire. J'ai multiplié les fugues. Je suis très attaché à ma liberté de mouvement, tu comprends ? Je ne supporte pas d'être enfermé trop longtemps entre quatre murs, chaperonné sans répit par deux semblants de parents inquiets, qui me demandent sans arrêt comment je me porte. Je ne supporte plus cette vie. Mais sans tuteur, je ne peux plus me rendre en cours et mes journées sont devenues une succession de ruminations mornes et douloureuses. »
Mon cerveau mit quelques temps à traiter toutes les informations qu'Haldir venait de me livrer. Son regard se perdait à nouveau dans le lointain, tandis que j'explorai intérieurement toutes les solutions possibles.
« De quoi as-tu besoin ? » Demandai-je finalement.
« D'un nouveau lycée, j'imagine. Et éventuellement de responsables légaux. Pas des chaperons, seulement des gens qui accepterons de signer les papiers tandis que je vis ma vie. »
Répondre à un tel besoin risquait de se révéler compliqué.
« Je pourrai en parler à mes parents, ou te les faire rencontrer... Je suis en vacances chez ma mère en ce moment, et j'habite chez mon père la plupart du temps. Peut-être que l'un d'entre eux acceptera de t'héberger...
- Je n'ai pas besoin d'être hébergé, seulement de quelqu'un qui signe les papiers ! »
Je levai un sourcil, sans toutefois répondre.
« Il ne coûte rien d'essayer... Rentre avec moi tout à l'heure, je te présenterai à ma mère, qu'est-ce que tu en dis ? »
Un maigre espoir traversa ses pupilles, ce qui réchauffa mon cœur. Quelque chose me liait à lui, j'en étais sûre maintenant. Et je me devais de l'aider autant que je le pouvais.
Mathéo et Elléonora choisirent ce moment pour revenir me chercher. Ils m'appelèrent, ne me voyant pas d'en bas. Je lançais un regard amusé à Haldir, lui faisant signe de rester silencieux. Puis je m'arrangeai pour descendre de mon perchoir à l'aide du tronc ; Haldir me suivit discrètement. Quand je fus en bas, mes deux compagnons me tournaient le dos, ils ne m'avaient pas entendue. Je posai mes mains sur les épaules de ma sœur, qui sursauta si violemment que j'en explosai instantanément de rire. Haldir restait en retrait, un léger sourire aux lèvres. Mathéo rit également, avant de me demander où je m'étais cachée pour les surprendre ainsi. Je leur présentais alors Haldir, qui sortit des buissons pour serrer la main de Mathéo. Les deux garçons avaient beau être blonds tous les deux, leurs yeux brillaient d'un bleu différent, et leurs postures tout comme leurs carrures en faisaient deux personnes physiquement très différentes.
« Elléonora est ma sœur, elle vit avec ma mère ici, à Romans. » Précisai-je à Haldir.
« Enchanté » Salua ce dernier en lui serrant également la main.
Il y eut un court silence gêné.
« Il est l'heure de rentrer. » Annonça finalement Mathéo.
J'acquiesçai, nous n'étions pas là depuis longtemps, mais il y avait une bonne demi-heure de marche pour venir jusqu'au parc, et la matinée n'était pas interminable.
Nous rentrâmes donc tranquillement, et je marchais devant, pendant que les autres faisaient connaissance. Haldir ne mentionna pas ses parents, et je n'y fis pas allusion non plus, c'était son secret, et c'était donc à lui de décider à qui en parler.
Avant de rentrer chez nous, ma sœur, Haldir et moi raccompagnâmes Mathéo jusque devant l'immeuble où il logeait sur les quais.
Quand je franchis la porte de chez moi, Remus me sauta dessus, jusqu'à ce qu'il remarque l'intru, sur lequel il aboya. Je présentais alors Haldir à Maman, qu'il salua cordialement. Celle-ci parut tout d'abord surprise, puis amusée, et enfin, parfaitement amicale et aucunement méfiante. Je devais encore promener Remus avant le déjeuner, ma mère proposa donc de s'entretenir avec Haldir en m'attendant, le repas étant déjà prêt.
Quand je revins, Haldir affichait un sourire radieux, et Maman également. Elle avait invité le blond à manger avec nous, et ils étaient visiblement parvenus à un accord.
« Je vais m'arranger avec ton père pour qu'Haldir vienne au lycée avec toi pour le reste de l'année. Il ne devrait pas y voir de problème. »
J'aurai pu émettre des doutes devant cette affirmation, mais ma mère n'aurait pas donné de faux espoirs à Haldir. Je me demandais simplement d'où venait cette confiance si hâtivement acquise. Je me rappelais alors avec surprise que je lui avais moi aussi accordé ma confiance, en moins d'une heure, au point de le ramener chez-moi. Elle sait ce qu'elle fait, Haldir est digne de confiance. Il m'intriguait, mais mon instinct me poussait m'en rapprocher plutôt qu'à me méfier de lui.
*****
Les jours suivants passèrent comme un songe. Bizarrement, les bons moments semblent toujours passer plus vite que les mauvais.
On était retournés trois fois au parc, et Haldir m'accompagnait pour promener le chien tous les jours. Il ne restait pas tout le temps avec nous, par exemple, il mangeait la plupart du temps de son côté, je ne sais où ni comment d'ailleurs, mais rarement avec nous. Il ne dormait pas non plus à la maison, mais il savait toujours quand venir me retrouver pour sortir Remus, et nous passions beaucoup de temps ensemble. Assez rapidement, on en vint ainsi à se rapprocher considérablement.
Puis enfin vint le jour d'annoncer à Haldir notre départ prochain pour l'Alsace. Maman s'était arrangée avec mon père et l'inscription d'Haldir dans mon lycée était finalisée. Seulement, ce dernier ne savait pas encore que j'habitais en Alsace, seulement que je ne vivais pas à Romans. Notre destination le surpris, mais il sembla plus impatient qu'inquiet.
Nous partîmes donc deux jours plus tard, un peu tristes, mais heureux malgré tout. Le trajet en train fut plutôt tranquille. Nous passâmes la plus grande partie de notre temps à discuter. Il voulait en savoir le plus possible sur mon village et ses environs. Je lui promis de lui faire visiter, et la conversation se réorienta sur le lycée. Je lui parlais de mes amies : Ella, qui était déjà en maternelle avec moi, et avec qui j'étais amie depuis le CE1 ; ou Lou, ma voisine depuis le CE2, nous étions à présent inséparables ; ou encore Tara, que j'avais rencontré grâce à une activité extra-scolaire : un club de recherches autour de l'écosystème local.
Et enfin, il y avait Emilie. Je l'avais rencontrée quatre ans plus tôt, en 6eme, où nous étions dans la même classe. Cette année aussi d'ailleurs, au contraire de toutes mes autres amies.
À présent, notre petit groupe bien connu au sein du lycée allait compter un nouveau membre, un garçon qui plus est ! Le premier de l'équipe.
À notre arrivée à la gare, Haldir fut très bien accueillit. Papa n'était pas trop du genre à faire confiance à n'importe qui, mais j'avais remarqué ces derniers jours en côtoyant Haldir, qu'il émanait de lui une sorte d'aura, qui incitait ceux qui en étaient proche à faire confiance au blond. Mon compagnon était certes, toujours honnête, poli et respectueux ; mais quelque part au fond de moi, j'étais certaine qu'il y avait quelque chose de plus chez lui, quelque chose presque surnaturel.
**********
Comme promis, durant la semaine qui avait suivi, j'avais fait visiter à Haldir mon village. Et à la suite de cette visite, il n'était plus resté dormir chez nous. De temps en temps, il m'avait accompagné faire de l'arc dans les champs alentours. Un jour, il eut même l'occasion de rencontrer Ella, avec qui il s'entendit plutôt bien.
Le temps passa, et le jour de la rentrée, beaucoup furent surprit de voir débarquer Haldir. De nombreuses filles avaient craqué pour lui et elles le suivaient partout, ce qui constituait une scène assez amusante pour moi, et exaspérante pour lui.
Au cours des semaines qui suivirent, je passai de longs moments à réfléchir à notre rencontre, qui me paraissait de plus en plus irréaliste. Il me paraissait clair, sans cependant que je ne sache pourquoi, que tout n'était pas le fruit du hasard, que nos destins étaient mêlés d'une manière ou d'une autre, et que notre relation amplifiait de façon notable nos potentiels respectifs, ainsi que notre confiance en nous.
Depuis son arrivée, je passais beaucoup de temps avec lui, et il s'était déjà créé entre nous un lien très particulier, et une confiance absolue l'un pour l'autre. Très vite, nous étions devenus un duo inséparable, implacable, respectueux et respecté, même en dehors du lycée. Les adultes nous parlaient sur un ton plus calme qu'à d'autres personnes, et notre réputation nous précédait partout sans qu'on ne sache comment.
Quelques fois, il arrivait qu'un jeune un peu trop fanfaron vienne nous chercher des noises. Alors, l'un de nous lui répondait calmement, avec tact et subtilité, repoussant le gêneur dans ses retranchements, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus savoir que dire ni que faire, et qu'il parte de lui-même. Le tout nous venait très naturellement, et les gens finissaient toujours par nous donner raison. M'en rendant compte, cela était plutôt effrayant, puisque nous avions parfois tort, et que personne n'osait nous contredire.
Lou nous dit un jour que notre posture et notre comportement n'étaient pas les seules causes de cet effet, car parfois, on pouvait presque voir l'air crépiter autour de nous. Ella et Tara étaient toutes deux d'accord, et Emilie avait même rajouté que mes yeux flamboyaient quand j'étais avec Haldir.
Nous fûmes étonnés de cette nouvelle, même un peu embarrassés de ne pas pouvoir éviter de se faire remarquer, mais nous finîmes par l'accepter.
Après un peu plus de deux mois vinrent les grandes vacances. Il était prévu pour Haldir et moi de passer juillet à Romans, et c'est en train que nous retournâmes chez Maman. Nous y découvrîmes bien vite que notre réputation nous avait encore une fois précédé. Le comportement désormais familier des gens de la ville était le même qu'en, s'il n'était plus marqué encore.
Un soir où Haldir et moi étions partis faire un tour, je fus interpellés par un groupe d'hommes baraqués qui avaient sans aucun doute bu plus d'un verre d'alcool. L'un d'entre eux me regarda d'un air intéressé, et me dit sans aucune gêne et de manière fort peu polie qu'il me trouvait mignonne.
« Laissez-moi tranquille, je ne suis pas intéressée. » Avais-je rétorqué calmement, plus détendue que ce que j'aurais cru.
L'homme qui m'avait parlé, et qui se tenait désormais très proche, leva la main pour me frapper tandis que ses compagnons s'approchaient d'Haldir. Je vis flou un instant, et mes réflexes prirent le dessus. Instinctivement, j'attrapais mon agresseur, lui tordit le bras et lui fit un croche-patte qui le fit tomber au sol. Le sang bouillonnait dans mes veines et je sentais mon cœur pulser jusque dans mes tempes. Je ne réalisais qu'alors, que la main de l'homme ne m'avait jamais atteinte, et que je m'étais défendue seule, de façon plus violente qu'escomptée, et usant d'une technique que je ne connaissais pas.
Du côté d'Haldir, un scénario similaire s'était déroulé. Le groupe de soulard s'enfuit en titubant, et je regardai mon ami d'un air interloqué, mon pouls se stabilisant déjà.
Cette scène, racontée ainsi, peut paraitre irréelle... Mais je peux jurer qu'elle eut lieu, puisqu'un deuxième fait a marqué ma mémoire ce jour-là.
Tandis que je faisais volte-face pour rentrer, je cru voir une ombre discrète s'éloigner derrière le bâtiment d'à côté.
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