Chapitre 11

L'après-midi était déjà bien avancée quand je revins du pré, Haldir toujours à mes côtés. Johan m'avait regardé, pensif, sans dire un mot. Il marchait une dizaine de mètres devant nous. Haldir et moi ne parlions pas non plus. Je songeais à l'esprit perçut dans les pupilles de mon ami. Une silhouette forte, puissante et entourée d'une énergie phénoménale autant qu'étrangère. Soudain, Johan fit volte-face, il avait repris un air joyeux.

« Bon les jeunes, vous n'avez rien à faire cet après-midi ? Demanda le guerrier.

- Non. Répondit Haldir, surpris.

Je secouais la tête de droite à gauche.

- Parfait ! Alors vous allez m'aider. Il faut mettre les chevaux au paddock et entretenir les harnachements.

- D'accord !»

L'ambiance devint alors beaucoup plus joyeuse. Johan commença par nous emmener aux écuries. Les licols étaient avec les autres harnachements sur les crochets.

« Emmenez d'abord Fhreya, Nahar et Onyx. Nous dit le Gardien.

- Puis-je au moins connaître le nom de mon cheval ? Demanda Haldir.

- Oui. Répondit Johan avec un sourire chaleureux. C'est Viadro »

Johan s'occupa bien entendu de Fhreya, Haldir de Nahar, un bel étalon blanc d'1m56, et je m'occupais donc d'Onyx, un mâle brun pie, c'est à dire blanc, avec de grandes taches brunes et les crins bruns, qui mesurait un peu plus de 1m50. Nous les emmenâmes dans un paddock non loin de la carrière, et nous retournâmes à l'écurie pour recommencer avec cette fois, Fari, Torche, Lugano et Bagis, dont la taille variait entre 1m40 et 1m46 au garrot. Fari et Torche étaient deux juments, l'une rouan l'autre alezan dont Johan s'est occupé seul, Haldir suivant avec Lugano, un autre pie avec ce coup-ci des tâches noires et non pas brunes. Je fermais la marche avec Bagis, un étalon isabelle. Puis ce fut autour de Roheryn, Nivacrin et Dreams. Moi avec le gris moucheté Roheryn, Haldir avec le bleu rouan Nivacrin, et le guerrier centaure avec la jument alezan brûlée du nom de Dreams. Puis, sur demande d'Haldir et pour son plus grand plaisir, il put après rencontrer sa monture, Viadro, grand équidé d'1m68. Johan me confia Dionosys, le cheval noir d'Ella et emmena lui-même Milton, la jument grise souris de Shayna.

Enfin, l'un des derniers groupes, Minh, Laska et Windfola, les trois juments de Tara, Samia et Silla, palomino, pinto et grise aux crins noirs. Ensuite, il ne resta plus que Hickstead, un bai brin brûlé d'1m70 dont Haldir s'occupa, et Felaróf. Felaróf était l'étalon de Stephan. Il était appaloosa, avec des taches presque noires plus marquées sur la croupe. Il était magnifique, et son port de tête était fier. Il fut lui, emmené au pré où l'attendait déjà Dagorian et Asfaloth, bien que ce dernier demeurât invisible, sans doute encore caché sous les arbres.

Le reste de l'après-midi fut consacré au nettoyage des harnachements. Stephan vint nous voir un moment, et il avait souri en nous voyant rire en travaillant. Puis il était ressorti sans dire un mot. La plupart des apprentis comme des guerriers avaient passé une bonne journée, et c'est en riant que nous nous retrouvâmes tous pour dîner. Là, Stephan nous fit une annonce.

« Bon ! Dit-il après avoir fini son repas. Ça va faire deux jours que vous êtes là, et vous avez tous déjà suivi au moins une leçon. Dans cinq jours, il vous faudra choisir votre voie de successeur pour poursuivre votre entraînement. Vous devez donc dès à présent réfléchir au rôle que vous voudriez jouer quand vous serez guerriers. Chacun aura le sien, et nous en déciderons dans cinq jours.

Il y eut une pause, pour permettre aux apprentis de digérer la nouvelle.

- Si vous voulez en savoir plus sur les différents rôles, annonça Yonan, il suffit de venir nous voir et on vous expliquera. »

Les apprentis hochèrent la tête. Pour ma part je réfléchissais déjà aux différents rôles. Johan m'avait dit s'occuper des chevaux, sans doute était-ce là un des rôles. Stephan était le chef, et Silla gérait le QG. Mais je n'avais aucune idée des rôles joués par les autres gardiens. J'en parlais à Haldir, mais il n'en savait pas plus que moi, aussi nous décidâmes de faire notre enquête ensemble le lendemain.

Après le repas, Johan nous réquisitionna de nouveau pour rentrer les chevaux, et il nous emmena donc au paddock.

« Je vais vous montrer comment je les emmène habituellement, dit-il.

Il ouvrit les paddocks des chevaux des guerriers, puis siffla. Les huit équidés vinrent au petit trot auprès de Johan, puis nous suivirent jusqu'aux écuries où ils rentrèrent seuls dans leurs boxes.

- Je ne le fais pas avec les nouveaux car ils ne connaissent pas mes codes. Expliqua-t-il. Plus tard, ce sera à mon successeur d'établir les siens. On va chercher les autres ?

Nous le suivîmes pour ramener les derniers.

- Au fait, dit-il, j'imagine que vous l'aviez déjà deviné, mais mon rôle est celui de responsable du pôle équestre. Je m'occupe des chevaux pour faire simple !

- Oui ! M'exclamais-je. Un des meilleurs rôles sans doute ...

- Qu'est-ce qu'un rôle exactement ? Demanda Haldir.

- Eh bien vois-tu, nous ne sommes pas toujours en intervention. Expliqua Johan. Bien au contraire, puisque combattre n'occupe qu'une partie mineure de notre temps, surtout lorsque la paix règne, comme en ce moment.

En prononçant ces derniers mots, sa voix parut faillir, comme s'il doutait de ses propres paroles. Je fronçais légèrement les sourcils, troublée, et ne demandant quels événements pouvaient inquiéter le Gardien. Cependant il continuait déjà.

- De plus, dit-il, le quartier général est grand et nécessite d'être entretenu, de même que le matériel. Il faut aussi s'occuper des chevaux, se réapprovisionner régulièrement, et tout cela sans relâcher notre vigilance sur les territoires terrestres. Un seul Gardien ne pourrait pas s'occuper de toutes ces tâches seul, et c'est pourquoi les rôles ont été créés. Chaque guerrier à le sien et participe ainsi à la vie de la confrérie.

Voilà qui semblait plutôt logique. Et puis les tâches étaient sans doute mieux effectuées ainsi que si elles tournaient régulièrement. Un vrai travail d'équipe, même si réaliser chaque jour la même tâche devait devenir lassant.

- Pas tant que ça en réalité, répondit Johan, qui semblait avoir deviné mes pensées. Chaque jour est différent quand on est un Gardien. Et puis nous aimons ce que nous faisons. »

Il me regarda d'un œil inquisiteur tandis que j'écarquillais les miens.

Après être rentrés, j'y songeais encore, tentant d'imaginer quel rôle serait le mien.

Ce soir-là, je peinais à dormir. Ma fantastique journée s'achevait malgré moi, et l'adrénaline causée par les récents évènements me gardaient éveillée malgré la fatigue. Au bout d'un certain temps, je me décidais donc finalement à sortir de ma chambre.

Ignorant où aller, j'empruntais le couloir jusqu'à tomber sur la porte d'entrée. Elle n'était pas verrouillée. Discrètement, je sortis donc, et la refermait silencieusement derrière moi.

C'est là que je la vis, la Lune, pleine, magnifique dans un habit jaune orangé. Elle illuminait le ciel d'une lueur dorée, et éclipsait les étoiles de sa lumière éclatante. Elle régnait sur le monde de son trône de nuit, et éclairait la cour comme en plein jour, mais d'un éclat bien plus subtil, son aura bien moins brûlante que celle de son rival de feu. Elle était la sphère qui dominait la nuit, et réduisait les étoiles à des points blancs lointains qui l'entouraient par millier.

Shayna qui veillait non loin me vit, mais cela je ne le su pas, tant l'éclat de la Lune me fascinait. Lentement je contournai le bâtiment et me couchai dans l'herbe, les yeux levés vers le ciel, vers cet astre orangé qui montait vers l'infini. Aucun bruit ne troublait la nuit, sinon les multiples sons de la nature qui m'entourait. Ce calme était apaisant. Ce ne fut que plusieurs heures plus tard que je rentrais, les étoiles gravées au fond de ma rétine...

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