Chapitre 7
J'entendis toquer à la porte. Je relevais la tête, m'avançant dans le petit couloir et fis soudainement un bond en arrière, trébuchant et tombant au sol. Un nom s'était gravé sur la porte ! C'était celui d'Emilie, écrit en fin caractères calligraphiés et luisant d'une faible lueur. Elle retoqua et je me relevai pour aller lui ouvrir
- Salut ! Dit-elle quand elle me vit.
- Salut ça va ? Répondis-je, encore sous le choc. Je ne m'attendais pas à te voir.
Je ne m'attendais surtout pas à voir son nom gravé en lettres lumineuses sur la porte oui !
- Très bien ! S'exclama la jeune fée alors que je la faisais entrer. J'adore cet endroit ! L'ambiance est magique !
C'était peu dire ! Le quartier général était unique en son genre.
- Oui, c'est sûr que ça sort de l'ordinaire, avouais-je avec un sourire. Ils ont un super équipement ! Qui est ton maître ?
- Samia ! Annonça Emilie. Elle est super gentille ! Ma première leçon est demain, elle me l'a dit tout à l'heure.
- Tu dois être contente.
Emilie débordait d'enthousiasme. J'espérais de tout cœur que tous les apprentis ne subissaient pas les mêmes leçons car la pauvre fée n'y survivrait pas !
Mon amie m'apparaissait vraiment comme une douce et frêle jeune fille, même si ce n'était pas vraiment le cas. Elle avait un caractère fort et ne se laissait pas marcher sur les pieds. Mais elle n'était pas très portée sur le sport, et je la voyais mal tenir une arme.
Je me demandais soudain ce que nos parents pensaient de tout ça. Ma mère ne serait sûrement pas gênée car elle semblait en savoir plus que moi sur ce qui m'attendait. Mais mon père n'approuverait surement pas.
- Tu crois que l'on rentrera chez nous ? Demandais-je, pensive.
L'enthousiasme d'Émilie retomba d'un coup. Elle ne répondit pas, elle n'eut pas le temps de le faire.
- Non.
Cette voix grave inattendue nous fit nous retourner vers la porte. Un Gardien se trouvait dans l'encadrement. Je reconnu en lui le guerrier qui arrivé directement habillé en gardien après le recrutement. Un centaure si mes souvenirs étaient bons.
- Vous ne rentrerez pas chez vous, reprit-il. Pas tout de suite et pas tous du moins.
- Mais... pourquoi ? Comment ? ...et le collège ? Émilie bredouilla, complètement désarçonnée.
- Parce qu'être un Gardien et vivre chez vos parents est impossible, expliqua le guerrier. Ils n'accepteraient pas et ne doivent pas savoir. Personne ne doit savoir. Et ce serait trop difficile à cacher à vos parents. C'est pour cela qu'ils ont déjà oublié. Pour tous les humains désormais, vous n'avez jamais existé.
Emilie fondit en larme, se laissant glisser à terre. Quant à moi, je regardais fixement le Gardien. Si personne ne devait être au courant, alors pourquoi ma mère connaissait-elle l'existence des Gardiens de Gaïa ? J'allais ouvrir la bouche pour poser ma question, mais le guerrier me lança un regard éloquent avant de désigner discrètement mon amie. Je me tu.
Encore une fois, j'avais failli blesser mon entourage en parlant trop vite. Il me faudrait être patiente.
Ma situation n'était certainement pas la même que celle d'Émilie. J'avais une chance de revoir ma mère et pas elle. En revanche je ne reverrai plus mon père. Mon cœur se serra à cette idée et je compris le chagrin d'Émilie.
- Je crois... que je vais retourner dans ma chambre... Annonça mon amie en se levant.
Elle passa fébrilement devant le Gardien toujours adossé à l'encadrement, et qui ne savait visiblement plus comment réagir. Voyant qu'il ne faisait pas signe de s'en aller, je levais la tête vers lui.
- Vous vouliez quelque chose ? Commençais-je.
- En fait, dit l'homme, je voulais juste te rencontrer. Stephan m'a dit que toi et Haldir ressembliez beaucoup à... Enfin il m'a dit certaines choses sur toi et j'ai eu envie de te rencontrer. Je m'appelle Johan, Johan d'Aeglar.
Bien un centaure donc... Étrange coïncidence qu'il s'appela comme mon beau-père, mais je le croyais sur parole. Comment aurait-il pu en être autrement puisqu'il était un Gardien ? Je les respectais comme mes ancêtres...
- Kyra d'Akira. Répondis-je, consciente qu'il le savait déjà.
Il sourit.
- Alors tu te plais ici ?
Pour un peu que je me plaisais ! Ici je n'avais plus cette impression de décalage permanent...
- Incroyablement bien oui ! M'exclamais-je. Mais ça fait quand même beaucoup à digérer. Votre terrain est immense !
- Certes, rit-il, mais ça nous met en contexte pendant l'entraînement !
- Vous avez une belle collection d'armes aussi, avançais-je.
- Oh ! Tu as déjà visité l'armurerie ? S'exclama-t-il. Stephan t'a amenée à l'écurie ?
Si seulement ! Depuis que je connaissais son existence, je ne rêvais que d'y mettre les pieds... Je fis part de mon envie à Johan.
- C'est moi qui m'occupe des chevaux, répondit-il, je t'y emmènerais demain si tu veux.
- Vraiment !
- Bien sûr ! Sourit-il.
J'étais surprise. J'ignorais que d'autres guerriers que nos maîtres respectifs pouvaient nous faire découvrir des sections du QG. Enfin, ça paraissait logique en réalité, et je n'allais pas m'en plaindre puisque ça me permettra de voir les écuries plus tôt !
J'adorais les chevaux, depuis que j'étais toute petite. Régulièrement quand j'étais chez mon père, j'allais monter dans un centre équestre. Je n'avais jamais passé de Galop, ni fais de concours, mais on m'avait souvent dit que j'étais douée. Même si ça faisait longtemps que je n'avais plus été au contact avec des équidés, je les aimais toujours.
Johan m'invita à descendre dans la salle principale avec lui. J'acceptais et nous descendîmes. Je l'appréciais, il était très gentil derrière ses apparences impressionnantes et un tout petit peu effrayant.
Plusieurs guerriers étaient présents, mais aucune trace d'Emilie. J'eus un peu de peine pour elle. Haldir discutait avec Tara dans un coin. Il semblait avoir repris du poil de bête et je m'en réjouis. Au moins lui n'aurait pas à subir le choc d'une séparation parentale inattendue. C'était tant mieux il avait assez souffert comme ça.
Je me rapprochais d'eux. Quand Haldir m'aperçut, il m'invita gaiement à les rejoindre. Ils discutaient d'un livre que Tara avait lu. Une légende racontant qu'un Gardien d'Akira, appartenant aux premières générations, avait acquis une étrange pierre. Après cela, il avait changé, il était devenu plus puissant, pouvait devenir elfe à volonté, et même agir à plusieurs endroits simultanément. Haldir et Tara pensaient tout deux que cette légende n'en était pas seulement une, et que la pierre existait, mais n'avait rien trouvé d'autre dessus dans la bibliothèque.
Plus tard, Silla nous invita à venir dîner, et c'est là que la plupart des apprentis apprirent la nouvelle concernant nos parents. Au moins étions nous tous au courant à présent. Haldir me tapota amicalement l'épaule en signe de soutien.
Après le repas, Stephan nous prit à part, ma sœur et moi, pour nous annoncer que nous non plus nous ne rentrerions pas chez notre mère avant la fin des vacances. Elléonora était penaude, mais s'estimait heureuse de rentrer un jour. Quant à moi, il me restait une question à poser à Stephan.
- Comment faites-vous ? Demandais-je. Admettons que ce soit possible, il est difficile d'effacer la mémoire d'autant de monde. Comment être sûr de n'avoir oublié personne ?
- Ce n'est pas nous qui le faisons. Admit Stephan. Ce serait effectivement beaucoup trop compliqué. C'est le médaillon. Il fait en sorte que personne ne pose de question, que tous oublient. On ignore comment. Les médaillons ont toujours été là, et avec eux leurs mystères.
- Mais alors pourquoi Maman vous connait-elle ? Contrais-je. Pourquoi n'a-t-elle pas oublié ? Ni Haldir son père ?
- Je n'ai pas de réponse à te donner. Soupira mon mentor. Quant à ta mère, ça fait longtemps qu'elle nous connait. Je ne peux pas t'en dire plus à son sujet désolé. Va te reposer maintenant, la journée sera longue demain.
J'obéis en silence, desquestions plein la tête.
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