Chapitre 2 :
Quelques minutes plus tard, Shane était arrivé chez elle. Les murs de bois brun de sa maison, si habituels, lui semblaient inquiétants. La bouche tordue par l'appréhension, elle toqua à la porte d'une main hésitante. Une voix lui répondit.
— Ah te voilà enfin ! Entre ma chérie !
Shane appuya sur la poignée de porte,d'une pression légère, comme si elle craignait que celle-ci ne s'arrache.Elle entra.
L'intérieur de sa maison était aussi simple que l'extérieur mais elle n'y songeait pas en l'instant présent. Seul demeurait l'image de sa mère, plantée devant elle.
Sans avoir une grande beauté, Cassandre pouvait au moins se vanter d'avoir un visage marquant. Les traits de son visage droits et marqués fixaient bien l'image d'une femme qui connaissait ses ambitions, et qui ne laisserait personne marcher sur ses pieds. Quant à ses yeux, ils étaient bruns sombres mais nul ne s'en souvenait jamais : plus que la couleur de ses yeux, c'était son regard qui restait en tête. Un mélange de rage, de tristesse et de détermination s'y trouvait. Elle terrifiait autant qu'elle fascinait sa fille : malgré de nombreuses habitudes détestables sa mère avait au moins le mérite de lui avoir légué sa force de caractère. Hélas, cela était inulie dans la situation actuelle, Cassandre avait toujours le dernier mot.
— Je suis contente de te voir ma fille !
Joie manifestement non réciproque.
— Moi aussi. Pourquoi tu m'as fait venir ?
Cassandre regarda sa fille avec un sourire amusé.
— Voyons ma fille, je sais bien que ce n'est pas habituel que je te rappelle durant ton escapade avec ta très chère Lilaï, mais je t'en prie, cache ta joie ! Je t'ai fait venir pour des raisons fa-bu-leu-se-ment importantes !
— Mon avenir "extraordinaire " ?
La grande femme tapota sur la tête de sa fille. Celle-ci se crispa mais se laissa faire.
— Voyons cesse d'être insolente ma fille ! Bien sûr que ça a un lien avec ta fabuleuse destinée ! Tu aura un avenir incroyable, il le faut ! Maintenant, il faut que tu me laisse parler tu as compris ?
Un hochement de tête de sa fille lui fit comprendre que oui, elle avait compris.
— Parfait. Dans quelques jours, je ne saurais de dire quand, il va t'arriver quelque chose d'extraordinaire ! Ton incroyable destinée va pouvoir se réaliser ! Je ne saurais trop de dire quoi, ni comment mais il est certains que tout cela est très prometteur ! Tu auras un choix tout particulièrement important à faire, et tu feras le bon tu le dois.
Shane soupira intérieurement, exaspérée. Quand sa mère arrêterait-elle avec ses étranges lubies ? Pourquoi ce délire inutile lui tenait tant à cœur ? Depuis l'enfance, elle lui rabachait tout ses faits sur son sa fabuleuse destinée en boucle. Les premières années cela l'avait séduite, l'idée d'être quelqu'un d'important n'étant pas une sensation désagréable. Et puis le temps était passé, et rien ne se produisait. À l'âge de huit ans, elle en avait conclut que sa mère lui mentait pour essayer de lui faire plaisir. Elle lui avait donc fait part de sa supposition. Elle avait été privée de dessert. En grandissant, elle avait compris. Sa mère rêvait que sa fille soit importante et tout ce qu'elle faisait était d'y croire et d'essayer d'accrocher sa fille à ses mensonges. Pourquoi ? Elle se le demandait bien. Mais une chose était sûre, l'avenir fabuleux tant promis par sa génitrice ne se cachait pas là, entre les sapins et les bouleaux.
— En tout cas ma chérie, fait bien attention ses jours-ci, ton destin t'attends !
Shane se prépara à sortir, quand son estomac, lui envoya un message subliminal.
— On peut manger ? S'il te plaît ?
Cassandre acquiesça à la demande de sa fille.
— Bien sûr, ma chérie que tu peut manger. J'ai déjà déjeuné tout à l'heure mais il reste encore à manger. Je l'ai mis dans la boîte froide.
Shane sourit rapidement à sa mère puis se dépêcha d'aller dans la cuisine. La cuisine était comme à l'accoutumée parfaitement rangée. Chaque chose était à sa place et le lieu resplendissait. Malgré tout, l'illusion de beauté et de propreté ne durait pas longtemps. En effet, les plans de travail étaient tous recouvert par une épaisse couche de poussière qui révélaient la vérité sur la cuisine : si l'endroit étaient si bien rangé c'est bien parce que les venues en son sein étaient exceptionnelles. Cassandre et Shane mangeaient en effet bien plus fréquemment ailleurs qu'ici. Elles petit-déjeunaient toutes les deux à la boulangerie. À midi, Shane mangeait bien souvent avec Lilaï et sa mère elle, déjeunait on ne sait où. Quand au soir, elles mangeaient bien ensemble mais pas dans la cuisine, pour le souci de ce qui ressemblait à une étrange tradition.
À côté d'une pile d'assiettes poussiéreuses, se trouvait la boîte froide. Shane l'attrapa et prit avec une assiette, qu'elle essuya. Elle les posa tout deux sur la table.Après avoir également pris les autres éléments utiles à son repas, la jeune fille ouvrit la boîte.
Habituée aux réapprovisionnements aléatoires d'Helyha, elle savait bien que le repas ne serait pas exceptionnel, constitué bien sûrement des premières tomates de l'été, et d'un peu de riz, avec peut-être du poulet ou de la truite. Le contenu de la boîte l'étonna : assez copieux, le repas contenait du riz, des courgettes et et des petits croissants rayés, blanc et rose-orangé. Les deux premiers éléments, n'avaient rien d'étonnant : un peu plus bas dans la montagne on cultivait des courgettes, quand au riz, le garde-manger du village en été rempli, sa conservation étant facile. Mais les petits croissants eux rendaient la jeune fille perplexe. Tendres et un peu élastique, leur goût ressemblait à ceux des poissons du lac du versant ouest. Pourtant, elle n'en avait jamais vu ni mangé.
Après ce repas, Shane repartit dehors, afin de retrouver sa camarade. Elle partit d'abord chez celle-ci.
— Bonjour Lilaï est-elle là ?
La porte s'ouvrit. Son amie rousse ne semblait pas présente, du moins pas encore. Seuls ses parents étaient là.
— Non Shane, elle est partie il y a quelques minutes.
La brune s'étonna.
— Ah bon ? Mékeskellevouléfer ?
Les parents de son amie durent si reprendre à trois fois chacun pour réussir à interpréter la phrase. La mère de celle-ci lui répondit.
— Nous ne le sachons guère, mais la panique envahissait son visage. Elle a entretenu des propos des plus étonnants, je vous les rapporte tels-quels : "Je dois vérifier quelque chose". Pourquoi s'est-elle exprimée ainsi ? Je l'ignore tout autant que vous très chère.
Que devais-elle donc vérifier ? Shane était surprise, voire même un peu angoissée.
— Vous lui avez pas demandez quoi ?
— On a essayé avec ma Riri.
— Hélas, notre tendre Lilaï c'était déjà volatilisée. Je t'enjoint à la retrouver, même si sa présence à Helyha est sûrement toujours d'actualité.
Shane hocha la tête, salua les parents de son amie disparue et repartit à sa recherche. Voyons, où Lilaï avait-elle pu aller sans la prévenir ? Y avait t-il un endroit où l'on pouvait opérer une vérification quelquonque ?
Ne sachant pas où la retrouver, elle décida de retourner sur le promontoire rocheux. Ainsi, elle pourrait l'apercevoir où qu'elle soit. Elle traversa le village d'un pas bien plus rapide qu'à l'ordinaire. Elle manqua de bousculer quelques passants, qu'elle ne remarqua pas.
Une fois arrivée, elle grimpa l'échelle rapidement. Au sommet, elle se releva en vitesse et se mit à observer les environs, jetant son regard, partout où elle pouvait. Les gens était si petits d'en haut ! Le peu de neurones que la disparition de son amie n'avait pas enlevé lui rappela que la longue vue ne servait pas à décorer. Elle s'y précipita.
D'abord, elle tourna l'appareil vers la droite pour apercevoir la coline et l'arbre. Elle ne vit rien.
Ensuite, elle survola l'observation des alentours, Lilaï n'ayant pas l'habitude dans ses endroit là. Elle ne vit rien.
Puis, elle s'attarda sur le village. Son amie y était-elle ? Elle aperçut Cassandre, drapée dans un grand manteau malgré la chaleur. Quant à sa camarade, nulle trace. Elle ne vit rien.
Elle regarda un peu vers la route, au cas où sans lui en toucher ne serait-ce qu'un seul mot, son amie se serait barrée. Elle ne vit rien.
Enfin, elle observa la forêt, qui mangeait le paysage à la gauche de la pseudo-tour de guet. Elle y a passa du temps, les arbres épais cachant reste. Elle aperçut un éclat d'un roux flamboyant.
Shane dévala l'échelle en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "Et Lilaï chuis là ,viens ici tout de suite ok coupine ?". En tout cas, c'est ce que disaient les faits.
Arrivée en bas elle continua à courir, manquant de s'étaler plusieurs fois sur l'herbe fraîche.
— Lilaïiiii !
Elle entra dans la forêt.
Le sol pulsait avec une douce régularité, pareil à la cage thoracique d'un dormeur à la respiration tranquille. Les arbres suivaient le mouvement, montant et descendant au même rythme. Des sons, qui semblait mi musique, mi paroles en provenait. C'était un spectacle étrange, pourtant d'une beauté onirique.
L'étrange dépassa l'onirique quand elle aperçut la cause. Son amie était accroupie sur le sol, les paumes posées sur la sol. Ses lèvres bougaient, murmurant les mêmes formules intelligibles que la terre. Ses mains brillaient d'un halo cuivré et dans ses yeux entrouverts, se répandaient une étrange lueur olive.
— Lili ?
Quand la rousse aperçut son amie, la scène cessa. Le sol cessa de pulser. Les sons s'arrêtérent. Lilaï arrêta de briller trop littéralement. Shane la regarda les yeux équarquillés.
— Mais kesta fait ? Pourquoi le sol bougeait, pourquoi tu brillais pourquoi pourquoi pourquoi ?
Lilaï se mordit les lèvres.
—Et bien chère amie, tu viens d'assister à une scène complexe : il s'agit d'un état de transe physique et physiologique du à la communication avec des entités primordiales. Ainsi.. Bon n'y allons pas par quatre chemins : je suis une myaliste, Shane.
La réaction de sa camarade ne se fit pas attendre.
— Quoi ? T'es une myaliste ? Putain, mais qu'est ce que tu fais dans ce village de paumés alors ? Franchement tu pourrais étudier à la capitale ou un truc dans le genre ! Pourquoi tu gâches ta vie à rester ici ?
La rouquine soupira, puis expliqua à son amie :
— À entendre tes dires, on pourrait croire que cet acte est d'une simplicité absolue , mais le monde ne suis pas ta logique. En effet, je suis officiellement une immyalisée. J'ai découvert cette .. capacité ce matin. Mais hélas, que puis-je y faire ? Allons nous fuir afin que j'obtienne un apprentissage du contrôle de mes capacités ? Voyons, ce serait ridicule !
Shane parut réfléchir.
— Pas tant que ça en fait.. Mais oui ! Ce serait même la solution à pas mal de problèmes en fait !
Elle s'arracha à la vue de l'arbre qu'elle observait fixement depuis tout à l'heure pour enlacer son amie.
— Oh Lilaï t'es un génie !
La rousse rosit. Pour une fois que Shane et elle était sur la même longueur d'ondes ! Les sapins autour formait un cadre idéal et romantique à souhait. Elle reprit contenance,et se rendit compte des paroles de son amie. Tout était pourtant si idyllique ! Ah si il n'y avait eut ces paroles ! La scène aurait été parfaite sinon. Elle s'arracha, avec un regret à l'étreinte de sa camarade
— Je n'ai jamais entretenu de tels propos volontairement ! Je ne tiens pas à être intégrer à une fugue stupide et mal préparée de ta part ! Où est-donc passé ton sens critique enfin ?
Question que toutes les personnes qui fréquentait Shane se posaient sans exception.
— Bah on pourra le rattraper en chemin !
La rouquine manqua de frapper sa tête contre un arbre. Shane avait certes des qualités indéniables, mais la raison n'en faisait guère partie.
— Non plus sérieusement, si on prend de la bouffe, de l'eau et une tente ça va nan ?
Lilaï fronça les sourcils, pas vraiment convaincue. Mais après tout était-ce une si mauvaise idée que ça ? Après tout si elles étaient préparées, rien ne servaient de rester Helyha plus longtemps. Mais comment ferait-elle avec ses parents ? Et si Shane lui demandait de partir avec cet énergumène de Yohan ? C'était hors de question de le supporter plus !
— D'ailleurs Yohan..
Le coeur de Lilaï fit un bond dans sa poitrine.
— Ce serait bien de lui dire au revoir avant de partir tu ne crois pas ?
C'était moins pire que ce que la rousse avait cru. Cependant, ça ne restait pas extraordinaire.
— Je trouve cette idée fort inconsidérée. J'ai crainte qu'il nous dénonce et nous empêche de partir. Je crois me souvenir qu'il m'avait fait la confidence qu'il estimait fort ce village et qu'il serait bien en peine de le quitter.
— Ah bon ?
Le visage dérivant vers les sapins, Lilaï hocha la tête. Elle n'avait pas pour habitude de mentir, mais bon elles gagneraient rien à faire venir Yohan avec elles. Bien qu'il n'avait pas d'affinités réelles avec le village, il n'avait pas d'ambition particuière non plus, sauf peut-être au sujet de Shane, mais Lilaï voulait la place pour ce cas-ci. Hélas, des signes n'avait jamais été avéré de l'autre côté.
— Boon bah pas grave pas besoin de me lui dire au revoir ! T'façon t'es ma meilleure amie et c'est déjà trop bien que tu partes avec moi ! Trop trop contente que t'es choisi d'venir !
La rousse se rendit alors compte des propos qu'elle avait tenu. Elle avait donné son accord pour partir ! Après tout, n'était-ce finalement pas une bonne chose ? Après une lettre à ces parents, et un départ elles y arriveraient. Il suffisait d'être bien préparées. Ensuite, elles se débrouilleraient sans nul doute, pour l'académie et le reste. Tout lui semblait si simple avec Shane ! Ensemble, elles déplaceraient des montagnes.
— Oui Shane, ton euphorie est réciproque. Tu vas pouvoir disposer, je m'en vais profiter d'un peu de temps avec mes géniteurs. À une prochaine entrevue très chère !
La rouquine commença à partir.
— Oki moi je vais rester un peu ici, le coin est cool ! Bye bye Lili !
Et dans la forêt et le village, les jeunes filles sourirent.
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