🧡chapitre 8🧡
🎃 On dérobe le véhicule au nez de ma saloperie de sorcière.🎃
Je m'agite nerveusement enfoncé dans le siège arrière près d'Elouan, concentré à faire le guet protégeant les arrières de nos amis, descendus discrètement de la voiture garée d'une manière qu'on ne puisse pas nous apercevoir sur le parking de la cafétéria aux fenêtres éclairées ressemblant presque à un phare dans la pénombre guidant les âmes égarées à l'intérieur.
— C'est une foutue mauvaise idée.
Je répète en boucle, sentant qu'on va avoir de sérieux problèmes si quelqu'un découvre notre application dans ce vol improvisé en toute hâte sans penser une seconde aux conséquences. Je tortille mes doigts, ne supportant pas cette atmosphère lourde, me donnant l'expression qu'une épée Damoclès pèse sur ma tête, prête à fendre mon cerveau ramolli en deux.
— Ils arrivent avec le butin, crie Elouan bondissant hors du véhicule pour aider Olwen et Hélios à mettre l'objet dans le coffre, faisant attention à ne pas l'abîmer davantage. J'appuie ma tête contre le siège en face, soulagé d'entendre le clic signifiant la fermeture du hayon et les portières s'ouvrir en se refermant derrière les gars installés à leurs places.
Un silence s'abat dans l'habitacle ; nous prenons quelques minutes de répit pour réfléchir aux événements de cette belle matinée mouvementée. Olwen tourne la clé, démarrant le moteur en faisant grincer les pneus sur les gravillons, prenant la première sortie direction le rond-point. Il fait un tour de manège gratuit, revenant sur nos pas pour cette fois se ranger entre les autres véhicules.
On descend en essuyant d'être naturel, ne voulant pas attirer l'attention, suivant le plan organisé de A à Z par Olwen, notre dirigeant des opérations à venir. En rentrant dans la cafétéria, les gitans nous saluent chaleureusement, invitant Elouan à continuer la partie de cartes d'hier ; celui-ci ne refuse pas, appréciant la compagnie des voyageurs.
— Mes pommes d'amours, qu'est-ce que vous faites là à cette heure bien matinale ? Demande, miss Madeleine, venant nous faire quatre bises, marquant nos joues de son rouge à lèvres rose bonbon fétiche. Elle s'essuie ses mains sur son tablier plein de tâches méconnaissables signifiant qu'elle a préparé une tournée de pâtisseries.
— Nos estomacs affamés nous ont réveillé avec une envie de déguster votre meilleur déjeuner, miss Madeleine. En plus, c'est toujours un réel plaisir d'admirer votre beauté au premier rayon de soleil, dit Hélios, faisant son petit sourire séducteur avec son petit clin d'œil spécial.
— Tu es devenu un beau parleur, mon chou, mais prend garde à bien protéger ton cœur des griffes des jeunes femmes que tu brises par ton indifférence à leur égard.
Elle esquisse une moue amuse en tournant les talons, partant à la cuisine préparer notre déjeuner. Olwen et Hélios commencent un long débat au sujet du respect des femmes à ne pas jouer avec leurs sentiments. Je me désintéresse de la conversation en voyant ma saloperie de sorcière arriver dans la salle.
Mes yeux suivent chacun de ses gestes et ses passages entre les tables, adressant un sourire jovial à chaque client prenant leurs commandes. Elle est rayonnante, sa tenue d'aujourd'hui est un chemisier blanc à manche bluffant, sa jupe noire dévoile des jambes longues et gagne grâce aux talons quelques centimètres. Ses formes sont mises en valeur et ses cheveux attachés permettent d'admirer son visage d'ange avec ses yeux vairons brillants de bonté.
Je soupire d'exaspération, ne pouvant pas retenir mon agacement, en me demandant comment cette après-midi, elle va gérer une équipe de gars mal éduqués ? Ce n'est pas avec des sourires qu'elle va réussir à les ensorceler.
Un doux parfum de mets délicieux me fait revenir à l'instant présent en voyant miss Madeleine déposer un plateau plein de gâteaux succulents avec des mugs contenant du chocolat chaud. Un petit sourire fleurit sur mes lèvres en voyant l'intention qu'elle a mise dans notre déjeuner, mettant ce qu'on aime.
— Je remercie chaque jour le destin de m'avoir fait rencontrer cette petite, elle est une vraie perle en m'aidant beaucoup avec la cafétéria, un petit rayon de soleil, dit-elle en posant son regard rempli de tendresse sur Cannelle occupée à servir les clients en discutant avec eux. Elle va à la table des joueurs s'intéressant au jeu de cartes d'Elouan en ne se privant pas de donner quelques astuces utiles.
— Elle est magique, chuchotai-je pour moi-même, ne me préoccupant pas qu'on puisse m'entendre, n'étant pas gêné d'avouer que cette gamine a un petit quelque chose d'envoûtant. Je prends un mug ressemblant à une citrouille effrayante comparé aux autres qui semblent plus rigolotes avec leurs grimaces.
En buvant quelques gorgés de la boisson chaude, le parfum varié d'épices m'enveloppe dans un cocon de béatitude très douillet. Hélios se régale avec ses pancakes au sirop d'érable, tandis qu'Olwen savoure ses biscuits trempés dans son chocolat chaud.
On fait une place à miss Madeleine s'installant à nos côtés, profitant d'une pause bien méritée. On discute dans une atmosphère chaleureuse et réconfortante en appréciant d'être écouté sincèrement par miss Madeleine, toujours là pour nous.
Soudainement, un brouhaha surgit à la table d'Elouan qui se lève en bondissant comme un kangourou heureux d'avoir gagné. Il prend Cannelle dans ses bras en la faisant tournoyer en la remerciant pour ses précieux conseils.
— Elouan, fais attention à…
Olwen ne put finir sa phrase qu’au même moment qu’un bruit de vaisselle brisée retentit bruyamment dans la salle. La mélodie des violons se tait, étouffée par le silence survenu brusquement, nous préparant à la colère terrible de miss Madeleine.
— Monsieur Avrillon, j'espère que vous n'avez pas oublié le règlement de la cafétéria ? Demande-t-elle en se levant, partant devant une pancarte accroche au mur. Elle prend une longue inspiration, récitant chacune des règles jusqu'à la dernière.
— Un client qui casse la vaisselle doit obligatoirement faire la plonge du fond en comble et rembourser.
Elle n'écoute pas les jérémiades d'Elouan qui essayait de l'amadouer en espérant échapper à la punition. Hélas, miss Madeleine est très stricte sur ce sujet-là : hors de question qu'un client se dérobe sous peine d'être banni d'ici.
Je me lève en gardant ma tasse pour me diriger vers l'entrée en profitant que l'attention est focalisée sur l'accident et la performance désastreuse d'Elouan de se sortir d'un tel pétrin.
La porte se renferme, assourdissant les éclats de voix. Un petit souffle s'échappe de mes lèvres entrouvertes, soulagé d'être loin de ce chahut en ne supportant pas l'agitation entre quatre murs.
Je m'appuie contre la rambarde en bois de la terrasse, profitant du calme en sirotant mon chocolat chaud, me réchauffant les mains entourées de la tasse tiède. Mon regard fixe les couleurs pastel colorant le ciel, accueillant l'aube, se levant lentement, annonçant le début d'une nouvelle journée en écoutant le premier chant des oiseaux.
Un léger courant d'air frais caresse mon visage pensif, me perdant dans le courant de mes souvenirs en observant les feuilles colorées se détacher des arbres et s'envoler vers l'horizon. Je sursaute en voyant ma saloperie de sorcière descendre à toute vitesse le perron allant à l'abri vélo.
Je décompte mentalement en arrivant jusqu'à cinq, la douce voix scandalisée de Cannelle casse ma bulle de tranquillité.
— Qu'est-ce qui se passe ? Demandai-je, faisant semblant d'être inquiet de la voir revenir, furibond, râlant contre les voleurs du coin. Elle ne me répond pas en ne m'adressant aucun regard, rentrant à l'intérieur se plaindre à miss Madeleine de la disparition de son vélo jaune. Je contemple le paysage en essayant d'oublier la pointe de douleur dans ma poitrine, me faisant comprendre que l'indifférence de Cannelle m'atteint en plein cœur.
Je baisse la tête morose en rentrant, ne me préoccupant pas des conversations autour du vol qui mettent la propriétaire du lieu dans un état outré.
En trouvant un coin tranquille, je m'y installe près de la cheminée, fixant les braises du feu s'éteindre lentement. Mon regard est attiré par un petit objet brillant qui ressemble à un harmonica posé dans le fauteuil d'en face à côté des guitares.
Je ferme les yeux brièvement en essayant d'empêcher un souvenir de refaire surface, mes mains se serrent sur mes jambes, écrasant mes émotions. Je n'entends plus ce qui m'entoure, bloqué dans un instant du passé, en la renvoyant assise sur le fauteuil, jouant une mélodie mélancolie avec ce maudit instrument.
— Erwan… Erwan… Mon poussin, tu m'entends ?
La voix de miss Madeleine me prévient comme un écho lointain se mélangeant avec le son fantomatique de l'harmonica. Il me faut un moment pour revenir au moment présent en effaçant sa présence, sachant que c'est juste mon esprit qui me joue des tours.
— Oui, pardon, miss Madeleine, qu'est-ce que vous m'avez dit ? Demandai-je, la voix enrouée encore un peu chamboule. Elle m'observe, inquiète en se préparant sans aucun doute à me faire passer un interrogatoire, mais heureusement, Elouan arrive, fière d'avoir fini la vaisselle sans rien casser.
— Pour cette fois, tu écharpes au remboursement mon petit Elouan, et Olwen vous attend dans la voiture avec Hélios et Cannelle, pauvre chérie, elle est secouée par le vol de son vélo, murmure-t-elle inquiète pour sa petite protégée. Un des gitans l'interpelle concernant la préparation d'un gâteau, elle nous souhaite une bonne journée et de venir ce soir pour déguster son menu spécial.
On hoche la tête en promettant d'y réfléchir avant de partir, rejoignant rapidement la voiture. Elouan me pousse, prenant la place à côté de Cannelle, ce qui me laisse juste le siège près de lui. On boucle nos ceintures sous le regard vigilant d'Olwen qui s'assure que tout le monde est bien attaché et installé avant de s'engager sur la route.
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