🧡chapitre 3🧡
🎃 un match de perdu
et
une sorcière de gagner🎃
Je pince mes lèvres en observant la gamine dissimuler son visage derrière ses longs cheveux roux avec espoir de ne pas dévoiler son regard qui reflète sa douleur silencieuse. La culpabilité me ronge en sachant que mes mots l'ont vraiment atteint. Je suis le seul responsable de son chagrin.
Mes amis continuent toujours de m'appeler, faisant un énorme vacarme. Alors, à contrecœur, je me détourne en partant vers eux. J'oublie de redonner la gourde que je garde fermement dans ma main. C'est d'une démarche lentement douloureuse que j'arrive devant mes meilleurs amis qui m'attrapent pour une accolade chaleureuse.
— Aller, champion, un match perdu et dix de gagné, dit Hélios avec un sourire encourageant en ébouriffant mes cheveux mouillés de sueur. Elouan excité comme une puce me saute dessus, tirant sur mes joues en essayant de me faire sourire. Précisons que cela est efficace pour effacer les rides.
— Quelle pizza pour ce soir ? J'aimerais goûter celle à l'ananas, dit Elouan bondissant de joie à la perspective de notre future soirée. On a une tradition : à chacune de nos défaites, on se fait une soirée pizza devant un bon film tous ensemble. À chaque fois, ces moments ont le pouvoir de renforcer nos liens qui nous unissent, rendant notre amitié précieuse.
— J'emmène petit clown avec moi pour chercher nos mets grassouillets avec un supplément de frites, dit Hélios en passant un bras sur les épaules d'Elouan pour l'obliger à le suivre direction le parking.
Je me dandine d'un pied sur l'autre en jetant un petit coup d'œil à Olwen, restant égal à lui-même de ne dévoiler aucune émotion sur son visage de marbre donnant l'impression d'être sculpté dans la glace. Il se détourne, s'éloignant en me disant juste de me dépêcher d'aller récupérer mes affaires.
Un souffle de tristesse s'échappe de mes lèvres entrouvertes, ne laissant aucun mot être prononcé parce que rien ne peut effacer la déception dans ses yeux d'un bleu glacé. Je baisse la tête, abattue par son comportement, en partant d'un pas lourd vers les vestiaires.
Quand j'arrive, le soulagement m'envahit d'être seul pour un court instant, me permettant de faire un tri dans mes émotions. Ma main prend mon sac pour l'ouvrir en rangeant la gourde à l'intérieur avec mes autres affaires roulées en boule.
Je passe la bandoulière sur mon épaule, prêt à partir en posant une main sur la poignée, mais mon regard observe avec attention le bordel qui règne dans la pièce. Peut-être que cette fillette peut servir à ranger nos bazars. Cela est une bonne idée à suggérer au coach.
Je note ça dans un coin de ma tête en sortant, refermant la porte, dans un grincement sonore qui se percute dans le couloir silencieux. J'avance vers la sortie, pressé de rejoindre Olwen pour rentrer à la maison.
— Est-ce que ce n'est pas notre petit Erwan ?
Je m'arrête devant un groupe de gars alignés pour me bloquer le passage, m'empêchant ainsi de m'enfuir. Mon corps se crispe en sentant une présence derrière mon dos, en sachant déjà qui est la personne venue me chercher des noises.
En me retournant, mon regard furibond rencontre celui rieur de cet enfoiré prénommé Gaspard, un grand brun aussi maigre qu'une planche à repasser. Il est le capitaine de l'équipe adverse, on s'est toujours détester dès la minute où le coach m'a choisi dans son équipe plutôt que ce serpent venimeux.
Je me retiens de céder à mon envie de tabasser un des gars qui se moque ouvertement de ma défaite pour amuser la galerie. Mes yeux suivent attentivement les mouvements de Gaspard qui me tourne autour, me transformant en une proie faible.
Serrant mes poings contre mon corps, je m'oblige à garder mon calme face à la rage qui dévore chaque parcelle de mon être. Je n'ouvre pas la bouche pour ne pas chercher la provocation, en sachant que le silence est préférable dans ces situations.
— Ne me dit pas que tu as perdu ta langue, Erwan ? Ou bien est-ce que cette belle rousse t'a fait perdre ta voix ?
Comment peut-il savoir pour la petite sorcière ? Ce mec sait décidément tout sans même qu'on sache comment. C'est un véritable mystère que je n'ai aucune envie de résoudre.
Mes yeux s'obscurcissent d'une colère sombre d'écouter cet enfoiré parier sur la petite sorcière si elle est bonne ou pas. J'avance d'un pas, prêt à en découdre pour faire taire à jamais cette bande d'enfoiré.
— Alors, qui veut avoir l'honneur de sentir son nez se briser en mille morceaux ? demande une voix froide derrière les gars qui s'écartent brusquement, paniqués par la soudaine apparition d'Olwen. Il fait craquer ses articulations de ses mains jointes avec un sourire amusé d'observer les mines déconfites des gars ressemblant à des poules mouillées.
Ils fuient tous la queue entre les jambes pour ne pas devoir se battre contre le meilleur membre de l'équipe de hockey. Gaspard recule en levant les mains pour apaiser les tensions d'une voix balbutiante peureuse avant de détourner les talons pour ne pas devenir le nouveau punching du grinch.
Désormais libre, c'est en gardant ma tête baisse qu'une bouffe d'air frais m'accueille à la sortie du couloir. Mes pas m'emmènent sur le parking à moitié vide, la plupart des personnes ont dû aller fêter la victoire dans le bar à côté, tandis que les autres, dégoutés de la défaite, sont reparti chez eux.
Je sens mon sang bouillir dans mes veines comme une lave destructrice sur le point de ravager mon contrôle sur ma colère. Une main se pose sur mon bras en essayant de me retenir, mais faisant volte-face, mon regard s'ancre au sien.
— Pourquoi as-tu fait ça ? demandai-je à Olwen qui recule, trouble par mon comportement énervé. Bien sûr, il ne peut pas comprendre qu'à chaque fois qu'il vient m'aider, cela me donne l'impression d'être un incapable.
Il me lâche, passant à mes côtés, pour faire quelques pas vers sa voiture flamboyante, neuve. Cependant, il ne monte pas à l'intérieur, prenant un instant pour faire tourner ses clés.
— Même pas un merci de t'avoir sauvé le cul encore une fois ? Sans moi, ses gars et Gaspard auraient gagné cette petite bagarre de coq, mais aussi ta disqualification au championnat, murmure-t-il en levant la tête, observant les nuages dans différentes formes naviguant lentement au milieu de ce ciel bleu.
Mes yeux papillonnent pour chasser mes larmes en sachant parfaitement qui a raison que, sur ce coup-là, le plus malin a été Gaspard. Je ne prononce pas un mot en ne pouvant pas avouer que sans lui, peut-être, ma future carrière aurait pris fin plus tôt que prévue.
— On y va, sinon Hélios et Elouan vont s'inquiéter de notre absence, dit-il en appuyant sur la clé de la voiture pour la déverrouiller, ce qui met fin à la conversation.
On monte silencieusement dans son véhicule ; à peine ai-je claqué la portière qu'il démarre avec un coup d'accélérateur puissant, j'attrape ma ceinture pour m'attacher, aucune envie d'embrasser le pare-brise sale de son engin.
— Qui est la rousse dont parle Gaspard ? Demande-t-il, concentré sur la route devenue beaucoup plus dense et dangereuse en cette fin de journée.
Je comprends qu'il a dû écouter la conversation discrètement. Mes doigts s'entremêlent d'un geste nerveux en n'ayant aucune envie d'aborder le sujet de la petite sorcière avec Olwen.
Mon regard se pose sur mon sac ouvert en grand pour fixer la gourde, dessus est dessinée une forme de chat noir. Vraiment, cette fille, c'est une sorcière.
— Personne.
Ma réponse fut dure pour stopper net l'interrogatoire qu'Olwen s'apprêtait à me faire subir.
Le trajet se fait dans un silence pesant, jusqu'à ce qu'on arrive à la maison. C'est avec empressement que je m'engouffre à l'intérieur de l'habitacle pour grimper les escaliers en ayant un seul désir : celui de prendre une bonne douche.
Je rentre dans ma chambre en enlevant mon tee-shirt puant de transpiration. D'un coup d'épaule, j'ouvre la porte de la salle de bain ; mes yeux se posent en une fraction de seconde sur mon reflet dans le miroir.
Je m'observe longuement en me remémorant une phrase qui me revient subitement.
Un match perdu, dix de gagnés.
Hélios, tu t'es trompé parce que mon trophée est une saloperie de sorcière rousse.
Je souris, bien amusé par cette gamine, qui j'espère va comprendre mes mises en garde pour sa propre sécurité.
J'entends la porte d'entrée claquer avec des bonnes odeurs de pizza toutes différentes : elles éveillent mon estomac affamé. Je me dépêche de prendre une bonne douche chaude pour détendre mes muscles. Quel dommage que Gwenaëlle ne soit pas là avec ses doigts de fée pour me faire un de ses massages miraculeux.
Je me sèche en enfilant un jogging et un simple tee-shirt pour filer à toute vitesse dans le salon. Je m'installe dans mon fauteuil en prenant une des boîtes de pizza, Elouan et Hélios sont assis dans le canapé et Olwen arrive avec les boissons.
— Les gars, dites-moi, est-ce que vous n'avez pas l'impression que le vase a des légères fissures ? Demande-t-il presque en se relevant de son fauteuil pour aller vérifier. Heureusement, Elouan bondit comme un clown pour attraper la télécommande et démarrer le film en éteignant la lumière. Il pousse Olwen pour le forcer à s'installer entre lui et Hélios.
— Maintenant, taisez-vous tous, car le film va commencer, dit-il avec sa voix théâtrale.
Putain, cet enfoiré nous a remis encore Astérix et Obélix mission Cléopâtre.
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