🧡chapitre 2🧡

🎃 je deviens baby-sitter
de
la sorcière rousse ?🎃

Boum, boum, boum

Mes baskets crissent sur le parquet ciré au mouvement de mon jeu de jambes calculé de manière à éviter mes adversaires. Ils essayent désespérément de me prendre le ballon que mes mains tiennent fermement. Jusqu'à ce qu'il y ait une zone de trajectoire parfaite pour tirer.

Boum boum boum

La foule se lève, euphorique par ce nouveau point de marqué. On mène le match en beauté avec l'envie de remporter ce match en montrant qu'on a la rage de gagner pour aller jusqu'au championnat. Un de mes équipiers m'envoie le ballon qui vient se nicher dans la paume de ma main. Aucune hésitation, avec élan, mes jambes s'élancent vers le panier pour marquer un autre point phénoménal. 

Boum boum boum 

La sueur dégoulinant sur mon front, tirée par des traits d'anxiété de voir les chiffres de score presque égaux. Cela me pousse dans mes retranchements pour donner le meilleur de moi-même et encourager mes coéquipiers. Nos supporters ne chôment pas pour nous donner la volonté d'arracher cette victoire avec ce dernier tir qui peut être déterminant pour nous tous. 

Boum boum boum 

Le ballon fait le tour du cercle avant de chuter lourdement en rebondissant de manière à se loger dans un coin du gymnase. Mon cœur dégringole au rythme du coup de sifflet donné par l'arbitre pour mettre fin à cet affrontement sur un chiffre décisif pour les deux équipes. Mes jambes tremblantes ne m'aident plus à tenir en me laissant tomber à genoux sur le sol. Tout espoir s'évanouit dans mon corps. 

Boum boum boum

Je serre mes mains jointes pour ne pas céder à la tentation de me rouler en boule dans un coin du vestiaire. Une serviette est posée sur ma tête pour dissimuler mes yeux larmoyants face à cette défaite au goût d'amertume. Je ne comprends pas à quel moment la balance s'est penchée pour offrir la victoire à nos ennemis. Est-ce que je me suis trompé dans mes plans pour déjouer leurs attaques ? 

Mon esprit ne me laisse aucun moment de répit en me faisant revivre chaque moment du match pour confirmer mes doutes de n'être pas digne de diriger cette équipe. 

La porte claque en s'ouvrant en grand, chacun de mes équipiers se lève à l'entrée du coach. Je reste dans ma position, recroquevillé sur moi-même, prêt à encaisser ses reproches de ne pas avoir su être à la hauteur de mon rôle de capitaine. 

 
— Est-ce que vous pouvez m'expliquer ce que vous êtes en train de faire ? Qu'est-ce que c'est que ces mines dépitées ? Vous vous êtes rendu compte de votre niveau pitoyable ? Demande le coach en passant devant chacun de nous pour lancer son regard qui fait peur. Je fixe le bout de ses chaussures de sport usées pour éviter de lire dans ses pupilles la déception de mon incompétence à remporter un match.

 
— Vous allez devoir sortir vos doigts de mauviettes de vos culs pour progresser en montrant à tous que vous avez la rage de gagner, ne me faites pas regretter de vous avoir tous choisi, dit-il sévèrement. Sa main robuste arrache ma serviette en donnant l'ordre à toute l'équipe de faire cent tours de terrain extérieur. 

Je me lève pour suivre le mouvement d'un pas nonchalant, sans aucune force de survie face à cette punition. Un poids se pose sur mon épaule pour m'empêcher de sortir et, en me retournant, mes yeux croisent ceux du coach. Je mords ma lèvre tremblante en étant sur le point de craquer, mais par fierté, mes émotions sont ravalées pour ne pas être faible aux yeux de mon mentor. 

— Erwan, tu dois te reprendre en main, car fiston, dans quelques mois, il va y avoir des sélectionneurs célèbres de chaque coin du monde pour chercher la perle rare dans le championnat interacadémique. Tu as une chance de grimper les échelons si seulement tu te donnes les moyens, dit-il avec une grande tape derrière mon dos qui me fait avancer de quelques pas. Je suis incapable de prononcer le moindre mot, car mon envie d'être sélectionné s'est effritée avec le temps.

D'une petite foulée, je parcours le couloir devenu calme après le départ des personnes sûrement parties faire la fête. Néanmoins, je dois avouer que quelque chose de bon ressort de cet échec : le plaisir de ne pas avoir des groupies collées à mes baskets. Pour la première fois, je savoure cette liberté de ne pas être une sucrerie qu'on a envie de dévorer.

Je rejoins mes équipiers déjà en train de faire leurs tours de terrain ; d'ici, mon ouïe fine les entend râler et maudire notre coach. Mes lèvres s'étirent en un sourire amusé, me sentant un peu mieux grâce à l'énergie positive que mon équipe dégage.

Mes grandes jambes fendent l'air frais d'une rapidité pour raccourcir la distance entre mes alliés. Courir me permet de m'éloigner d'un avenir incertain qui m'effraie. Mon regard reste fixé droit devant, ne gardant qu'un seul objectif en tête : arriver au bout de cette sanction.

Je me détache du monde qui m'entoure pour être focalisé sur ma respiration devenue saccadée et force mon corps à se dépasser pour y arriver. Quelques feuilles vertes devenues légèrement rougeâtres tourbillonnent dans un courant d'air pour être emportées un peu plus loin, mon cœur palpite au rythme des bourrasques du vent.

J'observe qu'à peine septembre touche à sa fin que la nature commence à mettre son manteau aux couleurs chaudes pour mettre au placard celui de l'été pour l'année prochaine. 

Est-ce que tu peux observer ces paysages automnaux comme tu les aimes là
où tu es ?

Une larme solitaire coule sur ma joue glacée jusqu'à mes lèvres pour déposer avec douceur un arrière-goût de tristesse en me rappelant le souvenir de celle qui détient à jamais mon cœur. 

Mon corps s'effondre dans la pelouse fraîchement tondue, mon bras se repose sur mes yeux mi-clos, éblouis. Je ne sens plus aucun de mes membres devenus douloureux au bout de quarante tours de piste. 

 — Tu vas bien ? 

Une voix mélodieuse m'enveloppe chaudement en faisant taire un peu ma souffrance. La présence de cette douce étrangère se rapproche pour déposer quelque chose à côté de mon corps raide.

 
— Tiens, bois, ça va t'aider à aller mieux.

Je tends ma main pour attraper une gourde fraîche avec hésitation. C'est doucement que je bois cette boisson aux goûts originaux, dont mes papilles n'arrivent même pas à reconnaître les ingrédients. Je soupire de soulagement, heureux d'avoir fait taire ma soif. Par curiosité, mon regard se lève pour observer ma sauveuse envoûtante. 

Les rayons éblouissants du soleil éclairent sa longue chevelure d'un roux flamboyant que je reconnais ; les bouclettes encadrent le doux visage de cette saloperie de sorcière. 

— Dis-moi, tu ne m'as pas empoisonné avec ta boisson ? Demandai-je sérieusement, inquiet de savoir quelle potion étrangère est désormais à l'intérieur de mon corps. Je ne peux pas m'empêcher d'observer son joli minois se renfrogner d'une manière amusante.

Elle ronchonne quelques mots incompréhensibles en croissant ses bras contre sa poitrine qui se soulève à chacune de ses inspirations pour apaiser son énervement à mon égard. 

Cette fillette haute comme trois pommes est loin d'être comme les jeunes femmes du campus. Je ne doute pas qu'elle va se faire dévorer toute crue par ces harpies.

— Cannelle, tu as fait la rencontre d'Erwan, notre futur champion, alors qu'est-ce que tu penses de ses performances ? 

On se tourne vers mon coach jovial avec férocité : sa main tape dans le dos de la petite sorcière au point de la faire tomber la tête la première dans la pelouse. Ses yeux d'un marron doux nous observent, pétillant de malice avec un grand sourire ; ses mains se frottent entre elles d'une habitude qui ne présume rien de bon pour la suite des événements. 

— Fiston, je te présente Cannelle, une première année qui a postulé pour être la manageuse de l'équipe. Elle a beaucoup d'expérience en la matière. Je pense avec conviction que vous allez faire une bonne équipe, elle et toi. Je te donne la responsabilité de calmer l'ardeur des gars, hors de question que l'un d'eux touche à un cheveu de Cannelle, dit-il sérieusement avec une tape dans mon dos. 

Il fait demi-tour pour faire un discours de mise en garde aux gars par rapport à cette fillette. Franchement, aucun d'eux ne va tenter quoi que ce soit, c'est une enfant à peine sortie des jupons de sa maman. Je passe une main dans mes cheveux, agacé par cette nouvelle désagréable. 

Je me lève d'un bond en voyant mes meilleurs amis me faire de grands signes. Ils ne sont pas discrets, surtout Elouan qui joue avec un mégaphone sûrement volé à l'atelier de théâtre. Quel bouffon ! 

— Tu n'as pas les épaules pour être manageuse, petite sorcière. Tu veux un conseil, fais-toi remplacer, parce qu'aucun gars de l'équipe ne va te prendre au sérieux. Tu n'as pas la carrure pour tenir tête à l'un de nous, abandonne avant de te ridiculiser, murmurai-je d'une voix froide, espérant pour son bien qu'elle comprenne que d'être manageuse n'est pas un jeu.

Elle ne sait pas qu'elle risque de pénétrer dans un monde loin d'être celui des bisounours et hors de question d'avoir la charge de sa protection.

Je ne suis pas un baby-sitter pour les petites sorcières. 


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