Epreuves.
Elias était nerveux, extrêmement nerveux. Cela faisait depuis un mois que son ventre lui était douloureux et que son cerveau tournait en boucle ses cours, et cela faisait également autant de temps qu'il esquivait Armède. Il savait très bien que s'il voyait son meilleur-ami, ses révisions allaient devenir secondaire, et ça, c'était hors de question. Il devait tout mettre en œuvre pour réussir son bac, même s'il avait été studieux tout le long de l'année, il savait que ce n'était pas suffisant et qu'il devait bosser. De toute façon, pour que ses parents soient fiers de lui, ils attendaient de lui une mention.
Il n'arrêtait pas de recevoir des messages d'Armède pour lui demander de sortir, même rien qu'une heure, mais il ne pouvait pas se le permettre. Il savait très bien qu'une fois en compagnie de son meilleur-ami, il n'arriverait pas à le quitter. En plus, son lit était terriblement froid et inconfortable sans lui à ses côtés. Armède lui manquait affreusement, même s'ils se voyaient en cours, enfin, pas beaucoup car il sélectionnait dans quel cours il allait et ceux qui ne lui servait à rien, comme éducation morale et civique, il zappait. Et les heures de permanences, il n'y allait plus, il rentrait chez lui pour encore réviser. C'était assez simple, il n'avait plus aucune vie sociale à côté de ses révisions.
D'ailleurs, Armède n'était pas le seul à le harceler de messages, Rémi s'y mettait aussi, l'invitant à des soirées ou simplement des sorties pour faire des foots ou des joggings. Il était même venu chez lui à plusieurs reprises pour le convaincre, mais Elias était toujours catégorique, renonçant à chaque fois.
Sauf qu'au bout d'un mois non-stop, et à une semaine du bac, il commençait à devenir fou. Il rêvait même de Calliclès, de De Gaulle et autres figures, ça lui hantait l'esprit. Il devait prendre un peu l'air, mais qui appeler pour ça ? Rémi ou Armède ? Avec Rémi, il allait bien s'amuser et il rentrerait à l'heure qu'il avait prévu pour sûr. Avec Armède, il allait être aux anges et vraiment faire une pause dans ses cours, mais il était quasiment sûr qu'il voudrait passer plus de temps avec lui. Un véritable dilemme pour lui. D'un côté, il voulait respecter son cotas d'heure libre, d'un autre, il mourrait d'envie de revoir Armède.
— Fais chier, jura Elias tout haut.
Il reposa son stylo et rangea ses fiches de révisions qu'il venait tout juste de faire. Il descendit se restaurer et fut surpris en constatant l'heure assez tardive, il était déjà vingt heure, il venait de passer tout son samedi à faire ses fiches. Il soupira et vérifia son téléphone, comme d'habitude, il avait reçu nombre de messages de ses amis pour l'inviter à des soirées ou juste sortir.
De Armède : Bon Eli, je te demande même si je sens le refus à plein nez... Mais on est samedi, tu me manques énormément et il serait temps pour toi de faire une petite pause ? De toute façon, tu es au point dans tes révisions alors prendre l'air ne te ferait pas de mal. Je le répète mais c'est en révisant comme un forcené que tu vas t'embrouiller l'esprit. Et puis si tu veux on se voit pas longtemps ? En plus mes cheveux sont un vrai désastre sans tes doigts de fée ! <3
Elias ne put s'empêcher de sourire face à ce pavé que lui avait envoyé Armède, il paraissait désespéré. Et il avait raison pour ses cheveux, parfois ses boucles avaient une drôle de forme, surtout vers l'arrière de sa tête, comme il ne les voyait pas, mais il était toujours aussi resplendissant. Ca ne lui enlevait en rien sa beauté.
Il réfléchit longuement, devait-il se laisser aller un peu ? Armède avait raison, c'était à trop réviser qu'il allait s'emmêler dans ses connaissances. Finalement, il avait prit sa décision et il appuya sur " répondre ".
A Armède : J'accepte, mais viens à 21h au city en survet' bouclette <3
Aussitôt, Elias reçut une flopée de cœurs et de smileys content de son meilleur-ami, ce qui le fit sourire. Lui aussi devait affreusement manquer à Armède, après tout.
Il prit une douche et mit correctement ses cheveux, il avait envie d'être beau pour aller le voir, c'était bête car il voulait aller se dégourdir les jambes en faisant un footing, il allait transpirer, être rouge, ses cheveux allaient lui coller le front, mais il avait quand même envie de s'apprêter. Par contre, pas d'esquive pour les vêtements, il était obligé de porter un jogging et un sweat pour le haut, car malgré le temps printanier, le soir, la température baissait considérablement et le vent frais augmentait la sensation de froid. Il embarqua une bouteille d'eau avec lui avant de prévenir sa mère qu'il allait se défouler un peu.
Lorsqu'il arriva au city, il vit de loin Armède qui était de dos, près d'un lampadaire et son cœur s'accéléra, une montée de joie le parcourut et il s'approcha de lui sans faire de bruit. Dès qu'il fut derrière lui, il passa ses mains sur ses yeux et le brun eut un sursaut, ne s'attendant pas à ce qu'on lui cache ses yeux.
— C'est qui ? demanda Elias, amusé comme un enfant.
Armède rit face à cette question.
— Une jolie blonde sexy ? le taquina-t-il.
Elias retira ses mains et poussa Armède, feignant l'outrage, avant que tous les deux ne se regardent et rient ensemble. Le brun vint prendre le blond dans ses bras et le serra très fort contre lui.
— Tu m'as manqué Eli, même si on se voyait un peu pendant les cours, te voir là me fait un bien fou, soupira Armède.
— Tu m'as manqué aussi, mais je te l'ai dit, je me consacre qu'aux révisions, et de toute façon on aura tout le temps après pour nous. Pendant les deux mois de vacances, on ne se lâche plus, répondit Elias avec enthousiasme.
Armède s'éloigna légèrement de lui et déposa ses lèvres sur son front, posant avec possessivité ses mains sur ses hanches et Elias se sentit tellement bien, dans les bras de Bouclette, qu'il pensait même à ne plus courir et passer cette heure de libre à se câliner. Mais s'il faisait cela, il était foutu, jamais il arriverait à partir et l'heure prévue allait se transformer en une nuit complète avec petit-dej.
— Au fait, pourquoi le survet' ?
— On va courir, répondit joyeusement Elias.
Armède leva un sourcil, le regardant comme s'il était fou.
— T'es au courant qu'il est vingt-et-une heure ?
Elias hocha la tête, toujours en souriant et embarqua Armède avec lui jusqu'à la piste de course, n'attendant pas la réponse du plus grand. Il entendit son ami soupirer avant de se mettre à courir et Elias en était amusé, un grand sourire aux lèvres. Il avait été sûr que cette optique ne plairait pas à Armède. Il avait du choisir une activité qui ne nécessitait pas un tête à tête ou un rapprochement. Quoi de mieux que de se dépenser ? Ils allaient, tous les deux fatigués, être très fatigués et ils rentreraient sagement chez eux. C'était le plan parfait
Armède traînait un peu du pieds, étant derrière Elias. Au bout de quelques tours, Elias se retourna pour lui demander ce qu'il avait, peut-être était-il malade ? Cependant, quand il pivota sa tête, il sentit ses joues chauffer, et pour cause : Bouclette était clairement en train de lui mater les fesses. Lorsque le brun vit le regard de son ami, il se mit à rire.
— Oups, on dirait bien que je me suis fait prendre, dit-il faussement gêné.
Elias ralentit le pas pour arriver à sa hauteur, il passa derrière lui et grimpa sur son dos, il eut un peu de mal car Armède était plus grand que lui de vingt centimètres. Il enroula ses bras autour du cou de son ami et serra fermement, lui coupant presque la respiration, mais qui n'attira qu'un rire déformé de sa victime.
— Enfoiré, l'insulta Elias à l'oreille, lui aussi amusé.
Il desserra un peu sa prise et Armède se mit à marcher, incapable de courir avec le poids sur son dos. Il passa ses mains en dessous de ses cuisses pour le maintenir contre lui et Elias ferma les yeux, profitant d'avoir le nez dans ses cheveux pour humer son odeur, il sentait encore le shampoing et il était sûr qu'il avait, lui aussi, pris une douche avant de venir. Armède dévia de la piste et se dirigea vers le petit chemin qui part vers la forêt.
— Où est-ce que tu vas ? demanda boucle d'or, ayant rouvert ses yeux.
— J'ai envie d'aller dans la forêt, répondit simplement Armède.
— Tu veux m'agresser, c'est ça ? balança Elias, taquin.
— Mince, mes plans ont été découvert ! s'exclama Armède, ironique.
Une fois entrés dans la forêt, on y voyait plus grand chose, les lampadaires étaient assez éloignés, ce qui provoquaient cette faible luminosité.
— C'est glauque je trouve, frissonna Elias, toujours sur le dos d'Armède.
— C'est l'endroit que je choisirai si j'étais un kidnappeur ou un détraqué, rit doucement celui-ci.
— Oh, et si tu l'étais, qui prendrai-tu en victime ? demanda malicieusement Elias.
— Une jolie blonde toute bouclée et très sexy, avec un joli fessier même dans un survet', répondit très sérieusement Armède.
Elias mit du temps à se rendre compte qu'il parlait de lui, mais au féminin, il se débattit et Armède le lâcha. Quand il tomba au sol, il donna un coup sur le torse à son ami qui s'était retourné.
— Enfoiré ! bouda le blond.
— Ma princesse serait-elle en colère ? s'amusa Armède.
Sur un coup de tête, Elias empoigna le bras du brun et plaqua sa main sur son entre-jambes en souriant malicieusement.
— Est-ce qu'une princesse a ce genre d'attribue?
Armède referma légèrement sa main, la pressant sur son pantalon et Elias eut un hoquet de surprise.
— J'avoue que ma princesse a quelques fonctions en plus.
Elias retira sa main et le repoussa.
— Tu es violent aujourd'hui, Eli, feint-il une moue boudeuse.
Elias soupira et dépassa Armède, se remettant à courir, celui-ci le suivit.
— Désolé, je suis trop stressé ces temps-ci, avec le bac... Et tous les papiers à remplir, puis la fac, ça me rend dingue j'te jure, je me demande si je vais vraiment y arriver, répondit Elias la voix triste et fatiguée.
— Je suis sûr que tu vas tout cartonner, Elias, tu auras la mention et tu feras la fac que tu voudras, et elle-aussi tu la réussiras à merveille, parce que t'es intelligent, réfléchi et doué dans tous ce que tu entreprends.
Elias rit doucement devant l'enthousiasme d'Armède et il devait reconnaître que ça le touchait beaucoup. Le blond ne voulait absolument pas décevoir son ami, au même titre que ses parents. Ses paroles avaient le don de lui faire plaisir, mais elles étaient aussi la cause d'une montée de pression en plus.
— J'ai tellement peur, plus j'y réfléchis, et plus je me dis que ça y est, j'entre dans le monde des adultes et ça me fout la trouille. Je suis pas prêt pour toutes ses responsabilités et tout... Armède, je sais pas comment je vais faire...
Bouclette lui tira le bras pour le faire s'arrêter et ils se retrouvèrent face à face, bien qu'Armède soit plus grand. Il déposa ses mains sur ses joues en coupe et le fixa intensément de ses yeux incroyablement bleus. Il ouvrit la bouche pour parler, mais la referma tout de suite après, comme s'il hésitait ou n'osait pas dire ce qu'il pensait. Puis sans que boucle d'or n'eut le temps de voir venir, Armède s'approcha de ses lèvres et déposa tendrement les siennes dessus, un simple contact qui électrisa complètement Elias. Lorsqu'il se retira, Armède lui offrit un petit sourire, tandis qu'Elias ouvrait grand les yeux.
— Elias, je crois en toi comme personne, tu vas y arriver, et de toute façon, je serais toujours à tes côtés, tu n'as rien à craindre, crois-moi, finit-il par lui avouer.
Le blond reprit sa respiration. Armède était vraiment l'être le plus merveilleux au monde, c'était un ange tombé du ciel. Il sourit, malgré le feu à ses joues et son ventre qui remuait des choses étranges, mais très agréables.
Armède le lâcha et lui prit la main avant qu'ils ne se remettent à courir. Elias pensa un instant aux lèvres du brun... Elles avaient été tendres, douces et chaudes, il avait envie de recommencer mais cette fois-ci, plus longtemps. Cela n'était pas assez. Il secoua la tête pour chasser cette idée de son esprit.
— On se fait un défi ? Celui qui arrive le premier au prochain lampadaire décide du gage, annonça d'une voix enjouée Armède.
Elias sourit et accepta, ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas joué, même ça, ça lui avait manqué. Ils se mirent en ligne, puis le brun fit le décompte et ils s'élancèrent ensemble. Elias ne voulait pas perdre, il avait perdu bon nombre de gage et il en avait plus qu'assez, il se devait de gagner celui-ci et de donner enfin le gage !
Malgré le fait qu'il court plus vite, Armède gagna de très peu. Elias se demandait un instant s'il ne l'avait pas laissé remporter...
— Un jour tu y arriveras, se moqua gentiment Armède. Bon alors, pour ton gage, je veux que ce soir, on dorme ensemble.
— Hein ? C'est pas un gage ! s'exclama Elias.
— Pour toi c'en est un, parce que je sais que tu comptais réviser ce soir, sourit Armède.
Elias fronçait les sourcils. Qu'est-ce qu'il disait déjà ? Qu'avec Armède, c'était impossible de rester seulement une heure ?
— Armède, s'il te plaît, demande-moi tout, sauf de zapper mes révisions... le supplia presque son ami.
— Je ne te demande pas de les zapper, juste que ce soir, toi et moi on dort dans le même lit. Si tu veux on révisera même ensemble.
Le blond approuva à contre cœur, enfin, si, il désirait profondément qu'Armède vienne dormir avec lui, il en mourrait d'envie, mais c'était pas bon pour ses cours, ça. Il serait bien trop tenté pour des câlins, des bisous ou des conversations plutôt que par ses cahiers bien barbants.
Ils continuèrent encore un moment de courir avant de se décider à rentrer chez Elias. Sa mère fut surprise en voyant Armède, mais ne pipa mot. Les deux prirent chacun leur tour une douche avant de s'installer dans le lit de boucle d'or pour réviser un peu avant de dormir. Armède s'était placé derrière Elias, qui était en position assise et avait posé son menton sur son épaule, lisant avec lui. Une heure après, Armède posa les feuilles de cours par terre, éteignit la lumière et embarqua Elias dans ses bras. Ils s'endormirent lové l'un contre l'autre.
Ce fut leur plus belle nuit à tous les deux depuis un mois.
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