Chapitre 8 - Le club France (Kylian)
Quand nous arrivons, la foule nous acclame. J'avais déjà vu le Club France à la télévision, notamment quand Florent Manaudou, Léon Marchand, Yohann et Maxime Grousset y étaient allés. Même si nous sommes à la fin du mois d'août et que la rentrée ne va pas tarder à arriver, je constate que de nombreuses personnes ont fait le déplacement pour assister aux jeux paralympiques. Cela fait plaisir de voir que nous sommes représentés, nous aussi, qu'il n'y en a pas que pour les valides, et que le public est aussi au rendez-vous.
Nous grimpons sur scène et le présentateur nous annonce. La musique ruine mes tympans, mais je suis tellement exalté par la foule que cela ne fait rien. On s'amuse, on danse, on fait la fête avec le public. Certains crient notre nom, mon nom. C'est fou. Alex s'agenouille pour signer des autographes, sous l'œil vigilant des gardes du corps, et surtout d'Émilie. Elle ne le lâche pas des yeux.
Il faut vraiment qu'il lui dise qu'il est amoureux d'elle.
Lorsqu'il se relève, et que notre coach se penche pour chuchoter quelque chose à son oreille qui le fait sourire, je me fais la promesse de ne pas le laisser sortir du club sans qu'il ne lui ait déclaré sa flamme. Sinon, il va m'entendre.
Il est quasiment vingt-deux-heures passés lorsque je quitte le public pour rejoindre l'espace qui nous est réservé. Mon ventre gargouille, je meurs de faim. Je n'ai rien avalé depuis l'apéritif offert par le comité après la compétition. Heureusement, un buffet nous a été préparé et je commence à empiler des mini-sandwichs dans mon assiette. Je suis en train de m'installer quand mon portable vibre. Je le récupère aussitôt en voyant le nom de Margot s'afficher.
Margot :
Tu es toujours au Club France ?
Kylian :
Yep ! Je mange.
Margot :
Je viens d'arriver.
Oh ! Tiens ! Ça alors. Tout à l'heure, pendant qu'on était dans le taxi, je lui ai proposé de passer, mais elle a dit qu'elle risquait de ne pas avoir le temps. Elle devait s'occuper d'autres compétitions dans les bassins jusqu'à 21h, et pensait rentrer chez elle ensuite. Savoir qu'elle a finalement trouvé un petit créneau me fait plaisir.
Kylian :
Tu me rejoins dans l'espace réservé aux athlètes ?
Margot :
D'accord.
Mais il faut que tu le dises au vigile.
Il ne me laissera pas passer sinon.
Je m'empresse de me lever pour aller prévenir le staff, puis reviens m'asseoir pour commencer mon repas. Dix minutes plus tard, Margot apparaît. Au départ, je ne la vois pas arriver. Je suis trop concentré sur mon repas. Ce n'est que lorsqu'elle tapote mon épaule que je me retourne. Mes yeux mettent quelque seconde à accommoder et capter que c'est elle.
Je m'empresse de la saluer en langue des signes. J'ai regardé dans le taxi comment faire. Il faut placer sa main droite en position plate, les doigts serrés ensemble et la paume orientée vers l'avant. C'est comme un salut militaire. Elle me répond de la même façon, puis s'assoit en face de moi.
— Tu veux manger ?
Je pointe mon assiette du doigt. Elle secoue la tête et mime avoir déjà mangé sur le chemin. C'est fou parce que, je ne la connais pas, et pourtant, en l'espace de quelques heures, j'ai l'impression de l'avoir toujours connu.
Elle attrape son téléphone et écrit :
Margot :
C'était bien ? Tu t'es amusé ?
— Oui, c'était génial. Mais je suis crevé.
Et j'ai perdu mon frère dans la foule. Alex est resté à signer des autographes. J'espère qu'il compte aussi en profiter pour déclarer ENFIN sa flamme à Émilie, sinon je le tue ce soir. Quoi que, mauvaise tactique. Si je le tue, il ne pourra jamais lui dire qu'il l'aime.
Et en parlant d'amour...
Je relève la tête vers Margot et me rappelle la question que mon frère m'a posé. Maintenant qu'elle est bien devant moi, dans mon champ de vision, que je la vois un peu mieux, et plus longtemps, je peux officiellement le dire : « Oui, elle est jolie ». Même si bon, voilà, je ne vais pas m'emballer. Comme me l'a dit mon frangin, l'idée, ce n'est pas forcément de recopier Léon Marchand en sortant avec une bénévole.
Quoi que...
Margot me tend soudain une bouteille d'eau et j'éclate de rire.
Kylian :
Tu te prends pour Apolline Estanguet ?
Margot :
Ça te plairait ?
Mon cœur manque un battement. Serait-ce une proposition ?
Personnellement, je ne suis pas contre l'idée qu'elle soit mon Apolline, mais en même temps, on ne se connaît pas.
Cela dit, Léon ne connaissait pas Apolline avant de la rencontrer devant les bassins. C'est peut-être un signe ! Le signe que Léon Marchand et moi, on est un peu pareil ! Que moi aussi, j'ai le droit à mon idylle au bord de la piscine.
Le problème, c'est que je ne sais pas draguer. Je ne sais pas vraiment quoi répondre à Margot et je reste comme un benêt à la fixer, sans savoir quoi répondre à son message.
Alors, à la place, j'attrape la bouteille d'eau et la vide d'un trait.
Oui, bon, j'avais soif.
Le portable vibre de nouveau.
Margot :
Désolée, j'aurais pas du dire ça.
Il faut vraiment que je répondre. Sinon, je vais devenir comme mon frère, incapable d'assumer mes sentiments.
Kylian :
C'est rien.
C'est juste que...
Je ne sais pas trop comment on fait !
Margot :
Comment on fait quoi ?
Kylian :
Bah...
Ne pourrait-elle pas comprendre ? Je me sens rougir. Je ne suis jamais sorti avec une fille. J'ai besoin d'un mode d'emploi. L'humour a toujours été ma technique imparable. Mon humour-bouclier m'a toujours protégé. Mais le peut-il aujourd'hui ?
Kylian :
J'ai jamais dragué une fille de ma vie...
Bordel ! Pourquoi j'ai envoyé ça ?
Elle va partie en courant, c'est sûr. Ou se dire que je suis un gros lourdingue. Mais c'est tout le contraire. Margot relève la tête vers moi et sourit. Et je la trouve encore plus jolie.
Margot :
Ce n'est pas bien compliqué
Sois toi-même.
Comme tu le fais jusqu'à présent.
Oh, ce n'est donc que ça ? Si on me l'avait dit avant...
Alors, je fais comme elle l'a dit...
Je suis moi-même et continue de faire des blagues, juste pour la voir sourire et rire.
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