Chapitre 8
Le royaume des Griffondor reflétait l'aversion de cette noble famille pour les êtres magiques. Les chemins impeccablement pavés longeaient des champs entretenus avec soin, amenaient à des villages prospères et projetaient des visions cauchemardesques. De larges panneaux bordaient les routes en annonçant que toutes créatures magiques qui auraient l'audace de s'approcher des lieux seraient décapitées, dépecées ou encore lapidées. Et si la menace ne portait pas ses fruits, des exemples s'élevaient au côté des chemins pédestres. Des gobelins crucifiés, des trolls pendus, des sorciers écartelés se succédaient en une suite sans fin d'humiliation. Les tripes à l'air de ces pauvres créatures étaient le repas privilégié des charognards environnants. L'odeur putride des cadavres rappelait au peuple la véritable composition des êtres magiques: mauvais et puant jusqu'à l'os. Cette torture renforçait l'aversion naturelle des moldus contre les êtres magiques.
"Comment éprouver de l'empathie envers un monstre sans aucune dignité ?" Soufflèrent quelques passants en se bouchant le nez face à un centaure.
La noble créature avait été tranchée en deux pour réparer, dans la mort, cette combinaison contre nature. Des femmes, affligées par ce manque de décence, prirent le torse inerte pour le forcer à porter un pantalon en lin déjà usé. Même dans la mort leur haine ne s'arrêtait pas.
« Calme toi ! » Siffla Glam qui sentait la colère de son maître enfler.
Le jeune druide se retint de jeter un regard furibond sur son sac dans lequel s'était lové le serpent. Rowena avait insisté pour cacher l'animal, une bête de cette taille allait forcément attirer l'attention. Les deux jeunes gens étaient vêtus de belles capes élimées et de sacs à provision. Ce maigre équipage les rendaient inintéressants aux yeux des brigands de la plaine qu'ils ont dû traverser. Durant ces quelques jours de voyages, le jeune homme avaut pu retrouver la nature qu'il chérissait tant et Rowena, étudier son grimoire. Elle s'était même essayée à quelques sorts très simples. Malheureusement, sans baguette magique, il était difficile pour la jeune fille de pleinement maîtriser sa magie. Salazar avait saisi cette chance pour retarder sa nouvelle rencontre avec le Griffondor et proposé de rejoindre la foret afin de créer une baguette pour Rowena. Mais la jeune fille se montrait plutôt têtue sur la question.
« Inutile de faire un détour. Tu as voyagé depuis ton marais pour nous réunir, je ne voudrais pas te retarder dans cette mission qui est, aujourd'hui, devenue la mienne. Je veux que des jeunes sorciers et sorcières aient accès à la connaissance même si leurs familles ont été décimés. De toute manière, si ce Griffondor n'a pas de baguette non plus, le chemin aura été fait pour rien. »
Rowena avait abandonné le vouvoiement pour un langage bien plus familier mais n'avait rien perdu de sa rhétorique. Salazar ne parvenait pas à trouver les arguments qui auraient pu la détourner de sa décision.
Finalement, ils arrivèrent à la capitale.
Une forteresse entourée de solides maisons disséminées autour de son enceinte qui florissaient en un faubourg fastueux. Des logis à deux étages avec un potager, des animaux et des clôtures en pierre s'épanouissaient au fur et à mesure que leurs propriétaires domestiquaient la végétation environnante.
Les deux jeunes gens ne purent cacher leur appréhension en franchissant les portes sous les yeux attentifs des soldats armés. Salazar baissait obstinément la tête, fermait son esprit à cette foule entassée dans ce piège emmuré et serrait la main de Rowena. Elle répondit maternellement à son geste. Elle affronta le regard des gardes en leur offrant un magnifique sourire enjôleur. Déconcentrés par ce visage angélique, ils ne prirent pas la peine de fouiller leurs sacs. Glam poussa un soupir silencieux.
Ils se frayèrent un chemin jusqu'à l'arène. Le public s'était installé à leurs places depuis des jours et déjeuner tranquillement avant que le spectacle commence. Des serviteurs balayaient le centre du terrain pour que la répartition du sable soit parfaitement homogène. Les duels à venir commandaient un respect absolu de l'équité des chances.
Parmi les derniers arrivés , Salazar et Rowena se retrouvaient tout en haut de l'arène. Ils n'avaient même pas eu le droit à des sièges mais cela ne sembla pas gêner Rowena qui s'installa bien volontiers dans la poussière en repoussant son capuchon. Son beau visage rayonnait au soleil mais seul Salazar pouvait admirer sa magnificence auréolée de ses longs cheveux d'ébène enfin libérés, puisque tout les regards étaient concentrés vers le bas. Un illustre orateur s'installa au centre du terrain et commença son discours.
« Mes chers compatriotes, merci de votre visite pour le grand tournoi des Griffondor. Chaque membre de cette famille va démontrer sa force, sa bravoure, son courage, sa détermination et son hardiesse à travers des épreuves chevaleresques. Le vainqueur pourra faire une demande toute particulière au roi Athelstan le purificateur... »
Salazar n'entendit pas la suite de ce discours. Son cerveau se mit en ébullition. Un mélange confus de rage et d'indignation. Comment ce meurtrier osait il s'autoproclamer « purificateur » ? Il massacrait un peuple tout entier mais on louait sa tolérance et la paix qu'il instaurait dans son royaume. Il rougissait ses terres avec le sang pur d'êtres prodigieux pour mieux souiller le monde à travers sa race inférieure. Ses yeux virèrent au rouge, Glam sorti discrètement sa tête du sac pour se poser sur ses genoux. Le jeune garçon caressa lentement les écailles de son ami qui susurrait des paroles apaisantes à son esprit.
« Lorsque l'un de ses héritiers rejoindra ta cause, tu pourras changer l'avenir de ce royaume. Utiliser ta magie à un moment aussi crucial serait une erreur. Lorsque tu auras mener ton projet à bien les sorciers seront bien mieux préparé pour se défendre contre ces moldus. Les rôles s'inverseront... »
La tirade de Glam fut interrompue par Rowena. Elle tirait la manche de Salazar d'un air surexcité.
« - Tu écoutes ?! » Demanda t-elle avec un grand sourire
« - Non. » Avoua Salazar d'un cinglant coup de langue, visiblement mécontent d'être tiré de la vision idyllique que lui avait offert son serpent.
La jeune fille gonfla les joues en signe d'agacement.
« - Soit plus concentré. Il vient de dire que tous les hommes peuvent y participer, même les roturiers. Il faut que tu y participes ! »
Le sorcier allait se plaindre quand une idée germa dans son esprit. Il voyait le plan de Rowena se dessiner sous ses yeux. Un enchevêtrement de situations possibles et une solution évidente suite à cette déclaration. Il sourit, rêveur.
« - Tu veux que je réclame le Griffondor à son père comme prix pour ma victoire. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top