Bourrache | M.A.Y. in the Backyard
Matin. Sous un ciel bleu que le brun ignore. Il y a un vélo. D'un noir étrange. Saupoudré d'étoiles peintes en blanc. Et un peu abîmé. L'engin est vraiment joli. Qui sait, dans quelle dimension il a été crée. C'est celui de la dame de la maison de vacances. Il n'a pourtant rien demandé, Jungkook.
Là, devant le perron, la dame d'âge mur lui sourit. Ses traits faciaux se distinguent par des rides de la vie et Jungkook se dit que ça lui donne un charme. Il se demande aussi quelle vie elle a bien pu avoir, pour posséder un si joli vélo.
Il la remercie avec un de ses sourires des plus sincères. C'est vraiment sympa. Un prêt qu'il n'oubliera pas.
Rentrant à la maison de vacances, il dévala les escaliers jusqu'à la chambre. Il était là pour prendre une de ses vestes fétiches. Il choisit celle en jeans d'un bleu délavé, délaissant celle en cuir, faisant un poil trop chaud pour porter celle-ci. Sortant précipitamment de la petite demeure, afin de ne pas devoir le croiser, il se rua vers le vélo.
La selle de l'engin ajustée, le brun fit un mouvement de la main, saluant sa mère qui s'entretenait avec la dame d'âge mur. Elle ne le voit pas, mais qu'importe. Il a reçu son autorisation et il n'a qu'une hâte, c'est de rouler avec le vélo cosmique sur les sentiers de la rêverie.
Jungkook s'enfuit. Encore une fois. Il fuit ce monde barbant. Il fuit ses parents. Il fuit le temps. C'est ce qu'il imagine. Pour quelques heures seulement.
Aujourd'hui est un jour nouveau.
C'est une expression qu'il hait. Comme beaucoup d'autres.
Recommençons.
Rembobinons.
Hier, Jungkook n'était pas resté cloîtré dans sa chambre qui n'est pas à lui. La fenêtre était un spot qu'il avait adopté et il aurait voulu y rester croupir pour le reste de la journée. Cependant, le brun ne faisait pas parti de ces enfants qui avaient le droit de rester bouder dans leur coin. Il se devait de faire comme si de rien était. Puis-ce que c'est ce que son père faisait, à chaque fois, et qu'on s'attendait à ce qu'il fasse pareil.
C'était encore une chose qu'il détestait chez son père. Surtout quand il engageait des conversations à table, parlait de ci et ça. Et même que parfois, il blaguait. Comme ça. (Seul sa mère riait.) Et ça le tue à chaque fois. Alors il fait ce qu'il doit faire. Des choses, qui semblent être normal. Vital.
Respirer. Déglutir. Manger. Dormir. Et attendre La prochaine fois arriver.
C'est fatiguant.
Avançons.
Jungkook est bien éveillé. Il se balade au village. Enfin, pas encore. Mais bientôt, il arrivera au centre du village. Pour l'instant, il pédale sur le sentier séparant les champs de fleurs animés, comme des îles colorées. Encore une image en mouvement digne d'un film de Studio Ghibli, d'après le brun.
C'est un matin doux et calme. La route a l'air monotone et infinie. Ça ne le dérange pas. Du tout. C'est même agréable. Les fleurs sont flamboyantes et les tiges de graminées aussi brillantes que des feuilles d'or. Le vent est présent. Et qu'est qu'il adore ça. Les caresses du ciel.
Les nuages sont absents. Le soleil ne se cache pas. Il déploie fièrement ses rayons dorés et repend sa douce chaleur d'été. D'habitude, il n'est pas très friand du soleil, Jungkook. Mais parfois, il l'aime bien. Ça dépend du moment de la journée, de ce qu'il fait. Ou de ce qu'il ne fait pas. Enfin, c'est ce qu'il croit. Il n'est pas sûr. Au fond, il ne cherche pas vraiment à trouver une raison. Elle est peut-être enfui derrière un de ses vieux souvenirs.
La ligne de départ vient d'être franchi. C'est ce qu'il imagine, à l'instant où il entre au village et qu'il délaisse les îles colorées derrière lui. Et c'est mignon toutes ces petites maisons façonnées à l'argile et décorées de fleurs de partout. Même le panneau de ville déposé à l'entrée de l'agglomération est enguirlandé de pétunias. Mauves. Fleurs de velours.
La flaveur aux aguets, ses yeux se remplissent de tâches pigmentées. L'air émane une forte odeur de végétal qu'il peut étrangement sentir sur le bout de la langue. Quand il lève la tête, il croise un vieux vélo. Vert pistache. Tout rouillé.
Il y a un balcon sortant en porte à feu du mur, au deuxième étage d'une des maisons. La rambarde de sécurité noir vernis est toute rouillée elle aussi. C'est là, où il vient de voir le vélo vert pistache. Suspendu. Mais il a déjà disparu. C'est qu'il roule vraiment vite, Jungkook.
Le vélo cosmique avance. Il ne sait pas où le conducteur l'emmène. Le conducteur aussi ne le sait pas. De toute façon, le vélo cosmique connaît sûrement le village. C'est ce qu'il se dit. Et c'est pourquoi le brun ne s'inquiète pas. Pire encore. Il est même un peu excité. Sans raison quelconque. C'est juste qu'il y a cette chose. Ce n'est ni positif, ni négatif. Il ne sait pas ce que c'est. Mais il le sent. Ça se répand dans ses veines. S'il pouvait, il y jetterait un coup d'œil, voir comment et à quelle vitesse son sang circule. C'est tout bête. On le prendrait pour un fou s'il tentait d'expliquer ce que c'est. Surtout qu'il n'y a rien à expliquer. C'est tout. Il n'y a rien à expliquer. Il ne sait pas. Mais il sent. Voilà.
Il souffle un bon coup. Ses poumons ont bien failli s'échapper. Ça fait tellement du bien de rouler. Mais il pense encore beaucoup trop. Toujours. C'est plus fort que lui. Mais là, ce n'est pas grave. Parce que la vie est quand même belle - parfois - et qu'il y a plein de petites choses vraiment assez jolies à ne pas rater. Comme ces petites rues, toutes différentes les unes des autres mais qui émanent la même gaîté. Comme le ciel. Surtout le ciel. Le jour mais encore plus la nuit. La musique. Et puis l'odeur de la terre après de la pluie. Et peut-être même le soleil. Mais ça, il ne le dira pas.
Sortant d'une petite rue étroite, le brun se retrouve sur une grande place. C'est comme un rond point gigantesque. Gris. Mais très charmant. Il y a quelques pots en pierre remplies de fleurs roses de chaque coté des bancs en bois.
Et quelques traits en mouvement.
Il aurait pu se contenter du gris seulement. Vraiment. Mais les traits ambulants ne sont pas nombreux. Alors ça va. Il suffit d'éviter d'y faire attention.
Parfois, il y parvient vraiment bien. De ne pas y faire attention. Surtout quand il se convainc qu'il est cool et détendu, juste avant de franchir le pas de la porte. Et quand il se dit qu'il s'en fout. De tout. Le monde. Il s'en fout. Il se le répète en boucle, jusqu'à ce qu'il y croit, comme une formule magique.
Le temps modifie le tableau. Le ciel bleu était à présent accompagné de quelques nuages gris, amenant leur ombre avec eux pour la répandre sur la grande place. Ses yeux rencontre l'arrivée des nuages et de leur ombre qu'il poursuit du regard, jusqu'à ce qu'ils se posent sur le centre de la grande place. Là règne une fontaine au socle circulaire, crachant son liquide d'apparence pur. Le regard du brun s'attarde sur elle. Elle n'a pourtant rien de bien particulière cette fontaine. Elle est même bien trop banale pour un village aussi charmant. En réalité, c'est une autre entité qui attire son attention. Et peut-être qu'au fond de lui, il aurait bien voulu l'éviter cette entité. Mais quelque chose le pousse à regarder.
Des traits ambulants. Un amas de trais bruyant autour d'un corps à peine perceptible. Et les autres traits? Fuyants. Il ne sont rien d'autre que des traits. Et Jungkook? Ils n'est plus qu'une boule de nerfs, s'engageant vers l'amas de traits qui s'en prennent à la personne qui se trouve à terre et le visage enfuie entre ses bras pour se protéger des coups enragés. Jungkook peut tout juste apercevoir sa chevelure. Rose. Pale. Pastel.
- "Espèce de merdeux. Tu mérites de mourir, putain de pédale."
Alors que des phalanges et des coups de pied percutent le corps sans défense, le brun se rue vers l'amas, empoignant le col d'un des traits. Un garçon, qui avait l'air d'être son aîné de quelques années seulement. C'était le premier qui se trouvait à sa porté. Et comme les autres, il crachait des atrocités envers le garçon qui se trouvait à terre.
Venant de plaquer le garçon à terre à la vitesse de la lumière, son poing se leva dans les airs. Il pouvait sentir son sang qui bouillonnait, sa respiration qui s'accélérait et sa température corporelle qui grimpait d'un cran. Le garçon tenta de se retirer du poids au-dessus de lui, en vain. Et quand le coup arriva, il ferma les yeux. Le poing du brun finit par s'écraser contre le bitume, juste à quelques millimètres près de sa tête.
- "Lâche-moi, putain!"
Au son de la voix du garçon qui dominait en décibels, les autres traits du groupe s'étaient retournés. Ils regardaient alors le brun qui maintenait leur camarade à terre, instaurant ainsi un silence soudain et pesant. Jungkook pouvait sentir les battements de son cœur contre ses tempes. L'adrénaline affluait en lui, engendrant des spasmes à ses poings qu'il tentait désespérément de garder en place, comme des chiens de garde.
- "T'es qui toi?"
C'était l'un des garçons qui se trouvait le plus proche de la personne à la chevelure couleur rose. S'approchant du brun, une lacune s'était créé dans le cercle formé autour du corps inerte pour qu'il puisse passer. Il devait être le chef du groupe. Ou une connerie dans le genre.
Jungkook se releva, délaissant l'autre garçon qu'il avait plaqué à terre sans se faire du souci à ce qu'il puisse l'attaquer par-derrière. Aucun mot n'était encore sorti de sa bouche, mais on pouvait sentir sa respiration saccadée mélangée à une colère profonde.
- "T'es sourd ou quoi?"
Le brun n'avait toujours pas réagi, si ce n'est que de pivoter la tête d'un air las pendant une seconde et de lâcher un soupir, juste avant de porter à nouveau le regard sur le garçon qui commençait à perdre patience. Ce dernier s'avança vers le brun, les sourcils froncés alors que le brun avait le regard las. Il contrôlait sa respiration, comme il l'avait si bien appris durant ses cours de Muay Thaï. Et même que ses traits demeuraient impassible au moment où il se fit pousser en arrière. Mais l'attaque était tellement anodine que ses pieds décollaient à peine du sol. Et c'est sûrement le manque de réaction du brun, mélangé à son air détaché qui avait rendu le garçon encore plus agressif qu'il ne l'était déjà.
- "Eh, j'te cause. T'es sourd ou quoi?"
Au moment où le garçon tenta de lui infliger un coup de poing, ce dernier tomba vers l'avant, se ramassant le sol en pleine figure. Aussitôt, il se remit debout, non sans manquer de flancher en arrière. Du sang coulait de son nez, qu'il effaça d'un coup de manche.
- "Espèce d'enfoiré!"
Pourtant, le brun ne l'avait même pas effleuré. Il n'avait fait que prendre la garde et esquiver le coup avec agilité, en effectuant un pas de côté.
- "Quelle bande de traits stupide et banale", avait-il soufflé.
- "Si tu t'casses pas vite d'ici, tu vas finir comme le petit pédé."
Petit pédé?
Le dernier terme utilisé fit tiquer le brun, affichant ses sourcils froncés.
- "Tes propos sont tout aussi repoussants que ta gueule de persécuteur. Dégage d'ici avec ta bande de gandouses."
Le garçon rit d'un air totalement forcé et faussement machiavélique, ce qui intensifia l'exaspération du brun. Il voyait déjà de quel genres énergumène qu'il s'agissait. Celui à la grande gueule et à l'intelligence restreinte. Un équilibre qu'il qualifierait de chiant. Et une grosse perte de temps.
- "D'accord. Et on peut savoir qui t'es, monsieur le héros?"
Vraiment lassé par son comportement et nullement effrayé, Jungkook lâcha un énième soupir. Il ignora le garçon et s'avança vers celui qui se trouvait toujours à terre, entouré par la bande de traits qu'il avait officiellement déclarée de "putain de traits retardés".
Un autre garçon voulu l'arrêter en lui agrippant l'épaule, mais rien que son regard meurtrier et sa forte poigne autour de son poignet lui avait dissuadé de faire un geste quelconque.
C'est que Jungkook leur avait déjà montré avec si peu qu'ils ne feront pas le poids contre lui. Et malgré sa petite bouille qu'on qualifierait de mignon, il était pourvu d'un certain charisme et d'un regard assez intimidant, quand il le voulait.
Jungkook passa à travers le groupe. Quand il arriva au pied du garçon, celui-ci était désormais allongé sur le dos, les bras croisés au-dessus de son visage et une jambe repliée. Le brun se demanda alors si le garçon était réellement fort blessé, ou s'il se sentait surtout humilié. Ou peut-être bien les deux. Car au moment où le brun tenta de lui retirer les bras de son visage, il se débâtit avec force pour les garder au-dessus..
Il pense peut-être que je suis l'un d'eux.
Le brun éleva la voix.
- "Dégagez d'ici."
Plus profonde qu'à l'accoutumée, sa voix déstabilisa quelques-uns. La bande de brutes regardaient la scène, se demandant sûrement pourquoi ils restaient tous là sans rien faire. Sans doute attendaient-ils que leur chef réagisse, mais ce dernier était resté à la retraite, regardant la scène avec hargne et dégoût.
Voyant qu'ils n'avaient toujours pas déguerpi, le brun se releva brusquement, marchant rapidement vers la bande de rustres.
- "Dégagez d'ici bordel de merde!"
Les traits avaient reculé d'un pas, effrayé par le comportement et le ton qu'avait pris le brun. Même le garçon à la chevelure rose pâle avait tremblé au son de sa voix, alors même qu'il commençait à comprendre qu'il ne lui voulait aucun mal.
- "Venez les gars. On s'occupera du pédé plus tard."
Les poings serrés, le brun se retenait. Il était près à lui sauter à la gorge. À la place, il tenta de garder son sang froid tout en regardant la bande partir. Une fois qu'ils aient tous disparu de son champ de vision, il retourna auprès du corps qui n'avait toujours pas bougé.
- "Hé, tout va bien. Ils sont partis."
Voyant qu'il ne réagit pas, le brun s'accroupit et tenta à nouveau de lui agripper les bras d'un geste doux et précautionneux, afin de les dégagez de son visage. Le garçon fini par se laisser faire. Et quelle fut sa surprise, quand le brun reconnut le visage du garçon qui avait autrefois une chevelure couleur miel. Surprise qui rapidement se transforma en colère à la vue du sang qui glissa de son arcade gauche jusqu'à sa tempe, ainsi qu'à la vue d'une grosse ecchymose qui s'était déjà peint sur une de ses pommettes.
- "Taehyung?"
Le corps toujours allongé, ledit Taehyung voyait une tête à la crinière brune juste au dessus du sien, avec le ciel gris en arrière plan.
C'était bizarre. Ce soleil qui apparaissait à chaque fois que son corps se mettait à pleuvoir. Alors que sa vie était tout un bazar.
Se rendant compte qu'il s'agissait réellement de Jungkook, il se jeta dans ses bras, manquant de le faire tomber à la renverse. Et avec une seconde d'hésitation, le brun finit par lui caresser le dos, effectuant des petits ronds réconfortants avec le plat de sa main.
L'étreinte ne dura pas longtemps. Les sourcils froncés et les mains sur les épaules du rosé, Jungkook le tenait à une certaine distance afin d'avoir une meilleure vue sur son état.
Qu'est-ce qu'il était bien amoché, le rosé.
- "Taehyung, tu peux te relever?"
Hochant de la tête, il se mit debout avec l'aide du brun qui avait encerclé un de ses bras derrière lui, tout en le tenant par la taille afin de le maintenir debout. Marchant jusqu à l'un des bancs en bois qui se trouvaient à leur proximité, il s'assit tous les deux, regardant les autres traits qui n'étaient pas plus que des traits.
Les orbes du brun étaient remplis de haine. Il n'arrivait toujours pas à y croire. Ce village était vraiment laid. Et les traits étaient vraiment bêtes. Ça le dégoûtait. À quel point les gens pouvaient ils rester aussi égoïste et insensible. Ça le dégoûtait. Les gens le dégoûtaient.
Tout ça, c'était encore la faute de l'univers. Et Jungkook le détestait tellement pour ça. Et même bien plus que pour toutes les fois où son père avait mis la main sur lui même.
Le visage tourné vers le brun, Taehyung découvrait de nouvelles expressions sur son visage. Pour les peu de fois qu'ils s'étaient vue, il n'avait jamais pu voir une telle expression sur son visage. Ses traits le rendaient plus vieux. Plus triste. Et ça l'intriguait.
Sentant son regard appuyé sur lui, Jungkook le regarda à son tour et pendant un instant, il oublia combien l'univers pouvait être aussi cruel.
Taehyung avait les yeux brillants. Sans doute se retenait-il de pleurer dû à la douleur, se dit le brun.
Le garçon à la chevelure rose pâle alternait son regard entre les deux orbes du cosmos, déstabilisant le brun qui avait descendu son regard plus bas, sans doute par gêne. Et sans qu'il ne le veuille, il tomba sur ses lèvres, l'obligeant à froncer les sourcils.
La lèvre inférieure de Taehyung était vraiment amochée. Il y avait une coupure ensanglantée et sa lèvre paraissait un peu gonflée. Et avec une douceur qu'il se découvrait pour la première fois, son pouce glissa lentement par-dessus celle-ci, faisant frissonner le rosé.
- "Pardon. Je ne voulais pas te faire mal."
Comme s'il s'était brûlé la pulpe du doigt, le brun avait retiré sa main.
- "C'est... Ce. Ce n'est rien..."
Se levant du banc, Jungkook tourna la tête, les traits faciaux toujours aussi durs.
- "Il faut te soigner."
Taehyung hocha silencieusement de la tête, se relevant à son tour. Debout, tout près du brun, ses yeux tentaient du suivre son regard. La tête de ce dernier pivota vers lui. Son souffle se coupa. C'est que leur visage était vraiment très proche. Et les deux fleurs se regardaient dans le blanc de l'œil, sans battre des cils. Et sans qu'il ne le veuille, son ventre se mit à se tordre. C'était étrange. Mais pas désagréable.
Le brun fut le premier à briser cette drôle d'échange visuel, pivotant encore une fois la tête, le regard au loin.
- "Ça ira si tu te tiens assis derrière moi sur le vélo?"
Le brun avait désigné le vélo d'un regard rapide. Ramenant son regard vers Taehyung, il vit ses yeux écarquillés ainsi que sa confusion que se lisait sur ses traits. Il lui expliqua alors qu'il allait le ramener à la maison de vacances, afin de pouvoir le soigner convenablement.
- "N-non ce n'est pas nécessaire, je vais rentrer tout seul."
- "Il en est hors de question, je ne te laisserais pas partir comme ça, Taehyung."
Sans rechigner, Taehyung suivit le brun. C'est qu'il était vraiment convaincant, Jungkook. Et un peu intimidant.
Ce dernier pris possession du vélo et se plaça dessus, attendant patiemment l'autre garçon. Taehyung lança un dernier regard vers l'engin avant de se positionner sur le porte-bagages arrière.
- "Il est beau, le vélo."
Et Jungkook souri pour la première fois depuis qu'il était arrivé au village. Par-ce qu'il était ravi de partager le même avis que lui.
La route se déroula dans un silence morose. Un silence sans doute rempli de questions que Jungkook se retenait de poser à voix haute. Le soleil était maintenant englouti par les nuages. Il n'y avait pas un seul rayon doré pour apporter un peu de clarté à ses tristes pensées. Le jeune garçon ne voyait plus toutes ces fleurs, ces jolies maisons, ou même les îles de couleurs. Il ne sentait plus que le vent sur son visage. Le vent, dévoilant sont front en soufflant sur ses fines mèches brunes. Dans une autre situation, il se serait délecté de ce temps grisâtre. Vraiment. Mais pas maintenant.
Taehyung est assis derrière lui. Ses mains hésitantes l'aidaient à tenir l'équilibre en agrippant comme il le pouvait le bout du porte-bagages arrière. Jungkook le sent. Le vélo à l'air un peu bourré. Alors ses mains viennent chercher celle du garçon à la chevelure rose pâle pour qu'il puisse le tenir par la taille.
- "Tu risques de nous faire tomber."
Les joues rouges, Taehyung enroule ses bras autour de son corps. Il se dit que Jungkook est vraiment très attentionné. Et que sa taille est vraiment fine pour un garçon. Dans sa tête, c'est trop. Lourd. Son front tombe sur le haut de son dos.
- "Nous sommes presque arrivé", avait chuchoté le brun.
Les yeux fermés, Taehyung hocha de la tête. Il pourrait somnoler, là sur le vélo, fatigué de la journée qui pourtant à peine venait de commencer. Mais la cadence devenait de plus en plus lente, signalant la fin de la course. Et bien plus vite qu'il ne l'avait imaginé, ils étaient déjà arrivé devant la petite demeure où résidait la famille Jeon pour les vacances d'été.
Le vélo à présent immobile, il releva la tête, se séparant du brun qui attendait patiemment qu'il descende du vélo afin de pouvoir le ranger dans la grange des propriétaires. Ceci fait, ils marchaient côte à côte et gravirent les escaliers en marbre blanc.
Ce fut la maman qui ouvrit la porte sur les deux garçons, après que le brun ait frappé à la porte d'un rythme qui lui était propre. Et si elle fut tout d'abord surprise de voir son fils accompagné par quelqu'un, elle l'était encore bien plus en voyant l'état du garçon à la chevelure d'une couleur qui ne passait pas inaperçu.
- "Bonjour m'man.
- "Je... Bonjour. Tout vas bien? Tu ne me présentes pas ton ami?"
- "M'man Taehyung, Taehyung m'man."
Déblatérant les présentations avec rapidité, le brun ne leur laissa aucune chance à faire connaissance plus convenablement comme l'avait espéré sa mère. Après tout, du haut de ses dix-sept ans, c'était la toute première fois qu'elle voyait son petit lapin accompagné d'un ami.
Le poignet du rosé était entouré par la main du brun qui le tira vers l'intérieur. La mère les vit prendre les escaliers rapidement, le sourire collé aux lèvres et les sourcils exprimant une certaine curiosité maternelle.
Un bref coup d'œil vers le salon. C'est ce que le rosé a pu jeter, là-haut sur les marches des escaliers. Il pu à peine voir un fragment de l'océan. Et des mures de briques, comme la plupart des habitations de cette région.
Rapidement, les deux garçons s'étaient retrouvé dans la salle de bain. Et avec une douceur contrastant avec la précipitation précédente, le brun ferma la porte en bois derrière lui. Un soupir s'abandonna d'entre la fente de ses lèvres.
Ils ne l'ont pas croisé. C'était un soupir justifié.
Les yeux du rosé se mouvaient comme des étoiles filantes. Il regardait un peu partout, parcourant tous les coins et les objets se trouvant dans la petite pièce sans vraiment les regarder. Peut-être cherchait-il à éviter le regard du brun. Après tout, il ne comprenait pas trop comment il s'était retrouvé là, dans cette salle de bain. Avec une personne qu'il connaissait à peine et qui pourtant était venu l'aider sans hésitation, pendant que ses camarades de classe s'acharnaient sur lui. C'était peu dire que cette situation le troublait.
Jungkook se racla la gorge, attirant finalement son attention.
- "Je... Tu peux t'asseoir sur le levier. J'arrive toute suite."
Sans réfléchir plus que ça, le concerné s'assit sur le levier. Le brun sortit alors de la pièce, non sans oublier de fermer la porte derrière lui sans faire de bruit.
Le rosé profita de son absence pour fermer les yeux. Un soupir s'échappa à son tour d'entre ses lèvres abîmées.
Jungkook, de l'autre côté de la porte avait la tête appuyée contre celle-ci, les paupières fermées. Et il se demandait, qu'est-ce qui avait bien pu le pousser à ramener le rosé ici. C'était de la folie.
Et l'univers allait le lui faire payer. Il en était persuadé.
BOURRACHE
Fleur du courage, de l'audace et de la protection mais aussi du changement et de la brusquerie.
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