Un peu de retard
Un mauvais pressentiment assaillait la petite fille. Alors qu'elle et son frère arrivaient près de chez eux, ils s'immobilisèrent soudain, et leurs yeux s'écarquillèrent. Là, dos à eux, se tenait un monstre. Il semblait penché sur quelque chose. Quelqu'un. Le père des deux enfants. Paralysée par la peur, encore trop choquée pour pleurer, la petite recula. Elle ne lâcha pas la main de son frère, et ils reculèrent d'un pas. La chose dû les entendre, car elle se retourna brusquement, et les regarda d'un air avide de ses multiples yeux jaunes.
* * *
- Quoiiiiiiii ? Mon premier train a quinze minutes de retard ? Noooooon...
- Nous sommes vraiment désolés.
Accoudée sur une table à la gare, Imae se morfondait. Une tasse de café froid était posée devant elle, et elle soupira. Si elle prenait le premier train, elle manquerait le deuxième. Génial. Comme quoi même quinze misérables minutes de retardpeuvent tout changer...
Ressentant le besoin de bouger, elle quitta sa chaise, prit sa valise et se rendit sur le quai. Elle en saura peut-être plus là-bas. Elle descendit les escaliers qui passaient sous la voie et en remonta d'autres pour arriver du bon côté. Là, elle s'éloigna un peu et s'assit sur sa valise, les bancs étant tous occupés par les passagers du même train qu'elle qui attendaient patiemment, assis sur les bancs ou leur valise, discutant ou réfléchissant, lisant ou pianotant sur leur téléphone.
Elle appuya le menton sur ses mains, les coudes sur les genoux, et attendit plusieurs minutes avant de sortir un livre. Elle ne savait pas combien de temps s'est écoulé quand un homme en uniforme s'approche d'eux pour leur annoncer qu'ils pourraient normalement monter dans le prochain train, qui arrivait d'ici trente minutes. Une nouvelle fois, Imae soupira.
Heureusement qu'il fait beau... songea-t-elle en levant la tête vers le ciel d'un bleu éclatant. Elle plissa les yeux, et se replongea dans son bouquin en rejetant sa longue chevelure noire en arrière. Du coin de l'oeil, elle surprit le regard émerveillé d'un jeune homme posé sur elle, et fut prise d'un frisson. Cependant, elle ne bougea pas et fit comme si de rien n'était.
Encore dix minutes passèrent. Imae commençait à trouver le temps long et jouait avec une mèche de ses cheveux, ayant abandonné son livre. Tout à coup, elle sentit que quelqu'un s'asseyait sur sa valise, juste à côté d'elle. Elle tourna la tête, prête à gifler le jeune homme qu'elle avait surpris à la regarder, mais fut étonnée de croiser l'incroyable regard bleu ciel de Satoru, caché derrière une paire de lunettes de soleil noires.
- Euh ? Qu'est ce que tu fais là ? demanda-t-elle en se détendant. Elle bailla.
- Et toi ? Pourquoi tu n'es pas encore partie ? s'enquit l'autre en la regardant fixement.
- Réponds d'abord à ma question ! rétorqua Imae, sans grande conviction. Sans la fatigue, elle lui aurait déjà asséner un coup de poing, mais son bras était lourd comme du plomb, et la flemme l'assaillait.
- C'est une bonne question... dit Satoru en levant le visage. Il croisa les jambes.
- Ah...Bah moi j'attends un train...le premier avait du retard, du coup je vais en prendre un autre...
Elle regarda ses pieds et bailla de nouveau, puis s'étira.
- J'ai mal dormi... Quelle idée de se lever aussi tôt...
Elle posa sa tête sur l'épaule de Satoru, et soupira.
- Eh ? Tu es sûre que ça va, Imae ? s'étonna-t-il.
- J'sais pas...Quand je suis fatiguée, je dois être plus câline...Tu préfères les coups de poing ?
Il sourit, et passa un bras autour des épaules de la jeune femme.
- Fais gaffe où tu mets ta main... murmura Imae, sans bouger pour autant. Elle se sentait bien, et ferma les yeux.
- Je l'enlève, si tu veux.
Imae rouvrit les yeux et fronça les sourcils. Elle se redressa et regarda Satoru. Elle avait l'impression qu'il voulait qu'elle dise qu'elle était bien avec lui, et estima préférable de changer de sujet, même si elle n'en avait pas du tout l'envie. Peut-être qu'elle ne voulait pas s'avouer à elle-même sa réponse.
- Alors hier ? Le combat ?
Il lui expliqua tout, et au fil de ses paroles, Imae décela une pointe de déception dans sa voix, ce qui renforça ses soupçons. Elle se promit de tirer tout ça au clair, et écouta le récit de l'exorciste.
- C'est bizarre ça, de croiser deux classes S non répertoriés dans la même soirée... Tu crois qu'ils en avaient après toi ?
Satoru se gratta la tête.
- À mon avis, ça ne fait aucun doute. Le premier avait l'air bien motivé à me tuer !
- Et Yuji ?
- le premier avait l'air de capter qu'il était le réceptacle de Sukuna, mais il ne lui a rien fait.
- Est-ce que tu as utilisé l'extension du territoire ?
- Oui, pourquoi ?
- Oh non ! j'aurais aimé être là pour voir ça...
Satoru sourit, et se leva. Il enfonça ses mains dans ses poches, et lança :
- Bon, bah salut ! Tu reviens dans quatre jours, c'est ça ?
- Oui. Tu vas devoir survivre sans moi, d'ici là, répondit Imae avec un air faussement sérieux, je suis sûre que tu peux y arriver !
- Sans doute, sans doute. Bon, j'y vais moi, faut que je fasse un saut dans un autre pays, régler une affaire.
- Il n'y a vraiment que toi pour "faire un saut dans un autre pays" ! ria Imae.
Satoru leva la main, et il descendit les escaliers. Imae se surprit à suivre sa silhouette du regard quand il ressurgit de l'autre côté de la voie, et son regard resta fixé sur la porte sans la voir encore trois minutes après qu'il est disparu dans le hall de la gare.
Enfin, et avec vingt minutes de retard de plus que le temps prévu, le train entra en gare.
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