L'eau et le vent
Les yeux jaunes de la bêtes passaient du frère à la soeur. Une lueur vorace illuminait les pupilles verticales, et il délaissa le corps de leur père pour s'avancer vers eux. Reculant toujours, les deux enfants finirent par trébucher sur quelque chose. Ils tournèrent la tête, et virent le bras dans corps de leur mère.
Alors, quelque chose explosa en la petite fille. En même temps que ses larmes, un flot d'eau glacée se déversait autour d'elle, sans pour autant les atteindre son frère et elle. Elle hurla, lâchant la main du petit garçon, dont le regard passait d'un corps à un autre, puis au monstre, puis du monstre à sa soeur, qui hurlait à s'en détruire les cordes vocales. Les vagues de plus en plus violentes se déchainaient autour d'eux, entrainant tout sur leur passage. Rapidement, il ne resta plus que les deux enfants au milieu d'un tourbillon d'eau teinté de rouge. Puis, d'une coup, tout ce calma. La fureur des flots retomba, en même temps que la petite fille qui s'écroula par terre, à bout de force. Les larmes continuaient de rouler sur son petit visage, s'écrasant sans violence au sol. Son frère contemplait le désastreux spectacle qu'offrait désormais leur maison.
* * *
Avec finalement deux heures de retard, dues en partie par une vache qui avait décidé de faire une sieste sur les rails, Imae arriva enfin à Kyoto. Elle sortit de la gare, et appela son frère. Elle tomba sur le répondeur, râla et raccrocha. Elle s'assit sur la terrasse d'un café et commanda un capuccino, qu'elle bu rapidement avant de rappela son frère. (NDA : d'ailleurs il s'appelle Imeo, j'avais oublié de le dire ;-;) Cette fois quelqu'un décrocha, et un "allo, Imae ?" déformé par le téléphone parvint à l'oreille d'Imae.
- Allo, Imeo ? Bah à la base ça devait être une surprise, mais je me suis rappelée que tu avais déménager et que je n'avais pas ta nouvelle adresse ! Mais du coup je suis à Kyoto là, donc si tu pouvais me dire où je pourrais te retrouver, ça serait pas mal...
- Ah... Bah en fait je ne suis pas à Kyoto... Je pensais que tu le savais, mais l'amical Tokyo/Kyoto commence demain, alors on est en chemin pour ton école là...
Imae releva la tête. Elle avait l'impression que du plomb venait de lui tomber dans l'estomac, et elle sourit nerveusement.
- Euh... Tu rigoles là, j'espère ?
- Pas du tout ! M. Gakukanji est à côté de moi, il peut te le confirmer.
Imae avait l'étrange envie de rire et de pleurer en même temps. Le proviseur le leur en avait tellement parler, de ce fichu tournoi ! Comment avait-elle pu oublier ? Tout le monde comptait sur sa présence, et elle ne voulait pas savoir ce que lui ferait M. Yaga si elle ne venait pas. Elle se leva, cria un bref "à tout de suite alors" à son frère, jeta l'argent de son café sur la table et attrapa sa valise pour courir vers la gare. Elle entra en trombe, et dérapa devant le guichet. Un homme à l'air endormi la regarda sans ciller, et marmonna d'une voix lasse :
- C'est pour quoi ?
- Quand part le prochain train pour Tokyo ?
L'homme jeta un bref coup d'oeil à sa montre, et répondit :
- Dans quinze minutes.
- Il reste des places ? demanda Imae, et sans attendre la réponse, elle enchaina : un billet s'il vous plait !
- Calmez-vous madame, je vais vérifier ça...
Avec une lenteur exaspérante, il écrivit quelque chose sur le clavier de son ordinateur, les paupières tombantes, puis se tourna vers Imae :
- Le train est presque vide, vous avez de la chance.
Il lui tendit un billet que la jeune femme paya, puis, oubliant le "merci", elle fonça vers le quai, en se félicitant intérieurement que la chance lui sourit.
Enfin, les cheveux en bataille et l'air hagard, Imae descendit du train en gare de Tokyo, et regarda l'heure : 14h37. Elle inspira profondément, et sortit son téléphone. Elle tapa le numéro de Satoru, et il décrocha rapidement :
- All...
- TU POUVAIS PAS ME DIRE QUE LE TOURNOI ÉTAIT DANS DEUX JOURS ? hurla Imae, en ignorant les regards étonnés qui se tournaient vers elle, J'AI DÛ REPARTIR DIX MINUTES À PEINE APRÈS MON ARRIVÉE !
- Un tournoi ? Quel tourn... Aaaah ! ce tournoi ! Je pensais que tu savais ce que tu faisais ! À vrai dire, tu viens de me rappeler qu'il y avait un tournoi...
- T'es vraiment irrécupérable... Bon, tu peux demander à Ijichi de venir me chercher ? Je suis à la gare de Tokyo, dit Imae en luttant contre l'envie de lever les yeux au ciel. D'ailleurs, une femme les fixait, ses yeux, ses yeux entièrement bleus, sans la moindre trace de blanc, avec un air dubitatif.
- Quoi, vous voulez ma photo ? grinça la jeune femme en fusillant la femme du regard. Celle-ci détourna le regard et s'éloigna rapidement. Bon alors, il vient ou pas ? reprit-elle, en s'adressant à Satoru.
- Je l'appelle, attends... (Il y eut un petit silence, puis :) Il arrive, il arrive, mais il demande si tu es d'humeur massacrante ?
- OUI !
- Cool, pour changer un peu ! bon j'y vais j'ai un avion à ne pas rater, moi non plus ! À plus tard ! Et il raccrocha sur ces mots.
Imae rangea son téléphone dans sa poche, et se calma. Au moins, elle ne serait pas la dernière à arriver.
Quelques minutes plus tard, Ijichi s'arrêta devant la gare, et sortit de la voiture. Il chargea la valise dans le coffre, puis ils partirent, pour arriver trente minutes après à l'école de Tokyo. Ils descendirent, et Imae jeta son bagage dans sa chambre dès qu'elle fut dedans. Puis, elle se changea et sortit. Elle ne sut quoi faire, et décida d'aller voir comment se passait l'entrainement des participants au tournoi.
- Et bien, on dirait que tout se passe plutôt bien, constata-t-elle en regardant Panda jeter Nobara dans les airs, qui atterri avec un grand cri juste devant ses pieds.
- On a plus qu'aujourd'hui, alors on met les bouchées doubles depuis une semaine, expliqua Maki en interrompant un instant son combat contre Megumi.
- Saumon, dit Toge. Puis, il défit la fermeture éclaire de son col et lança à l'adresse d'un mannequin en paille : Recule.
Le mot sonna dans les airs, résonnant dans la tête d'Imae, rebondissant sur toutes les surfaces dures qu'il rencontrait. Malgré elle, la jeune femme fit un pas en arrière, tandis que le mannequin et les quatre autres élèves étaient projetés dix mètres en arrière.
- Pas mal, tu as réussi à me faire reculer, dit Imae en hochant la tête.
- Thon mayonnaise, répondit Toge. Il referma son col, et s'assit sur un banc en observant les autres qui se relevaient en se massant le dos.
- Préviens la prochaine fois, marmonna Nobara.
- Bon, je vous laisse vous entrainer, comptez sur moi pour empêcher Satoru de vous huer !
- Euh ? Pourquoi il ferait ça ? demanda Panda.
- Ça me ferait une excuse pour lui mettre une torgnole.
- Vous n'en avez pas besoin, d'habitude... dit Maki.
- Algues.
Imae ricana et reprit le chemin de l'école. Elle resta dans sa chambre jusqu'en fin d'après-midi, où un grand fracas dans l'entrée indiqua le retour de Satoru. Elle descendit au rez-de-chaussé, et vit en effet l'homme qui portait sur son épaule un sac en toile.
- C'est gentil de venir m'accueillir ! lança-t-il joyeusement, j'ai un petit truc pour toi, attends.
- Oulà, j'ai peur...
Il farfouilla un instant dans son sac, et en sortit deux tsubas (garde de sabre japonais) de bois polis, finement ouvragés. Sur l'un, des motifs d'eau venait s'enrouler autour du trou destiné à passer le manche d'un sabre, et sur l'autre, des motifs de vent.
- Ce sont des tsubas jumeaux, destinés à des sabres jumeaux, comme les tiens. Ils ont été taillés dans la même branche. Bon, ils n'ont pas de rapport avec le pays où j'étais, mais voilà, je les trouvais sympas ! Pour remplacer ceux de tes sabres, ils sont un peu vieux, et ce sont les mêmes.
Imae s'approcha et prit les tsubas. Elle les fit tourner dans ses mains, les observa sous toutes les coutures, appréciant leur beauté.
- Ils sont magnifiques... Pour la peine, je te pardonne de ne pas m'avoir rappelé le tournoi. Je vais même t'aider à monter la valise !
- Je ne suis parti que quelques heures...
- Bah ton sac alors.
Elle désigna le sac en toile qui pendait sur l'épaule de l'exorciste. Pendant qu'ils montaient les marches, Imae se rappela l'étrange comportement de Satoru le matin, à la gare, mais décida de ne rien dire pour le moment.
Le soir même, en allant se coucher, elle n'y repensa pas vraiment, et sombra rapidement dans les profondeurs du sommeil.
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