une tasse gèle sur la table du minuscule balcon
les fleurs ont fané sur tes jupes, le vent emporte les derniers mégots de ton cendrier rose

l'hiver sera long, la plus belle des roses s'est endormie entre deux sapins secs
on l'a retrouvé au milieu des coccinelles, elles témoignaient en pleurs que les bandits étaient passés voir les catins-camomilles des bois sales
les fleurs n'aiment pas la violence, elles ne l'apprivoisent pas

alors en attendant
l'hiver dure, l'hiver tue
et je repense à nos printemps-pureté, passés dans la petite chambre de bonne, louée pour quelques heures où les corps cognent, se frôlent, s'écrasent,
juste pour dire
pour tout dire 
ne me regarde pas, ne me parle pas mais
reviens
fleuris de nouveau ma si belle rose,
ivre de silence des jardins abandonnés
fleuris comme si les bandits ne t'avaient jamais abîmés.