Chapitre 6- Automne
Je ne compris pas de suite le sens de cette demande ou plutôt de cet ordre. Abasourdie par ces paroles, je restai immobilisée incapable de bouger. Les yeux dirigés vers le sol suivant le rite requis, je n'entendais que le débit du roi qui se perdait à travers le fredonnement de mes tympans et de mon étourdissement.
- De nombreuses familles souhaitent épouser mon fils.
J'en riai presque car je n'avais rien avoir avec les relations du Prince. Je me sentis même désolée pour la future épouse de Névi de devoir le supporter pour les restant de ses jours. Mais je savais qu'en tant que Prince du royaume de Hivès il était convoité par la majorité des femmes du royaume et sûrement par les plus grandes familles qui régissaient en dehors de la cour. Mais je m'en contrefichais de tout ça.
- L'une d'entre elles, la plus puissante, souhaitent que le Prince vienne à eux. Cela est une coutume pour nous les royaux. En tant qu'homme, nous devons demander la main d'une femme en allant chez elle, à pieds. Il s'avère que la jeune fille en question se trouve à 3440 kilomètres d'ici. La plus belle fille du royaume, doit être secourue de leur demeure par mon fils. Et pour cela il doit parcourir à pied le royaume en quatre ans aller-retour. Bien que tu aies pu nous décevoir ces derniers temps, tu es la seule qui puisse protéger mon fils d'éventuelles mésaventures durant ce voyage.
Je me retenais d'exploser de rire face à cette situation plus que comique. La fille de cette famille n'était certainement pas en situation de danger mais tout cela était arrangé pour que le Prince se tienne en tant que chevalier secourant sa demoiselle en détresse.
De plus, parcourir le royaume à pied s'avérait une tâche compliquée surtout pour un Prince qui n'avait jamais été confronté au réel monde extérieur.
Je ne pouvais juste pas partir pendant quatre ans pour protéger un Prince qui ne souhaite que se marier.
Je n'avais jamais le choix car, dans ce royaume, les choix s'imposaient à moi.
J'aurais aimé me tenir debout devant le roi, le regarder dans les yeux, le défier pourtant mon corps se plia en deux et me genoux touchèrent terre; j'acceptai sa demande à contre cœur. Le roi ne me laissa pas le temps de placer un mot et m'ordonna de partir. Il ne me donna pas de date précise ni plus d'informations concernant ce périple. Une manière de me montrer que je l'appartenais et que je devais être prête peu importe les conditions.
J'étais en colère comme je l'étais chaque jour.
Une rage qui me consumait de plus en plus.
Ils me prenaient tout.
Quand bien même je n'avais pas de rêve ou d'ambitions en particulier, j'avais des envies comme celle de rester avec ma sœur et de protéger les gens du dortoir. Comment pouvais-je passer quatre à servir de garde pour un Prince qui ne faisait que ressortir en moi mes plus grands démons?
Une fois partie de cette horrible salle, je me redirigeai au dortoir et son odeur de moisi, le dos courbé peinée à l'idée de devoir aider mon ennemi, le Prince. Moyi m'attendait et se jeta dans mes bras. Je passai mes doigts dans ses cheveux crépus et cela me rappela que c'était peut-être la dernière fois que je pouvais la toucher, ce qui me brisa le cœur.
Dans la soirée une servante se présenta à moi.
Je pensais que l'heure de partir était arrivée mais je m'étais vite rendue compte que je devais me rendre chez les gens d'en-haut pour mes autres devoirs. Une fois finie, je fus soulagée à l'idée que c'était sans doute ma dernière fois avant quatre ans d'avoir une telle tâche à effectuer. Je pensais que, peut-être, pendant ces quelques années, je pourrais enfin reprendre le contrôle de mon corps.
Deux jours plus tard, j'étais obligée de partir.
J'étais dans le jardin quand on vint me chercher. Moyi se trouvait dans la cuisine. Je n'avais donc pas pu lui adresser mes derniers aurevoirs comme je l'aurais voulu. Une servante m'entraîna au hall où le roi, la reine et le prince et un transmetteur m'attendaient.
Leurs regards dirigés vers moi, je décidai de ne pas me laisser affecter par le pouvoir qui se dégageait d'eux. Le Prince portait des bottes noires, ainsi qu'une doudoune et est un pull noir constrastant avec sa tenue blanche et dorée habituelle. Je portais la même tenue que le Prince me surprenant étant donné que nous étions pour la première fois sur le même pied d'égalité.
Pourtant nous n'étions pas tout à fait analogues puisque le Prince montrait déjà des signes de faiblesse liée à son appréhension du voyage. Ses yeux peinaient à croiser les miens et ses doigts ne cessaient de s'entremêler. Il était effrayé. Il devait l'être.
Une voix accompagnée d'un autre à sa poursuite se firent entendre pas à pas. Je reconnus ces voix et prise de panique je me tournais vers les royaux de peur de leurs réactions. Moyi apparut dans mon champ de vision, fonçant sur moi à perdre haleine.
Son amie de cinq ans son aînée essaya tant bien que mal de l'attraper.
Je tentai tant bien que mal de ne pas regarder Moyi et de laisser attarder mes yeux sur ceux surpris et colériques des royaux. Mais sa voix appelant mon nom se rapprochait de plus en plus de moi. Moyi ne se soucia pas des royaux se trouvant juste à côté de nous lorsqu'elle se précipita dans mes bras. Je ne pus m'empêcher de la serrer dans mes bras accroupies toutes les deux.
Sa voix tremblotante m'implora de ne pas partir. Face à sa détresse, je m'évertuai à rester de marbre. Elle me secoua les épaules, en pleurs avec la même requête; que je ne parte pas. Elle n'avait normalement pas le droit de parler en face des gens d'en-haut mais il semblait que les royaux s'inquiétaient peu de cette scène. Mes yeux commencèrent s'humidifier, Moyi continua de me secouer et le Prince me fixa.
Nalin, nalin, nalin furent les mots que je continuai à chuchoter à Moyi. Je t'aime, je t'aime, je t'aime dans la lanque qu'ils avaient essayé de nous faire taire.
J'essayais de toutes mes forces de ne pas m'effondrer en larmes. Je lui murmurrais dans notre langue que je serais rentrée plus vite qu'elle le penserait. Elle acquiesça et je me levai. Je penchai vers le transmetteur pour lui dire quelque chose.
-Elle me dit que tant que vous protégez sa sœur, elle protégera votre fils. s'adressa le transmetteur à la reine et au roi.
- Prenez soin de mon fils. déclara le roi
Je fis une courte révérence au roi et la reine. J'échangeai un regard au prince indiquant qu'il était temps de partir. Notre départ resta marqué par les pleurs de Moyi criant mon prénom.
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