Chapitre 5 - Automne


Je ne pouvais faire face aux gens du dortoir, rongée par la honte d'avoir été un échec. Lux n'aurait pas dû mourir et je n'aurais pas dû le laisser au milieu de cette montagne.

 Je pris alors mon temps pour retourner au dortoir encore sale par la présence des morts sur mes vêtements et mon visage. Un fois aux alentours du dortoir, des personnes se retournèrent derrière moi, d'autres me demandèrent violemment pourquoi leurs frères, fils et amants avaient pu été tués. Je n'étais pas apte à répondre à leurs multiples questions comme une lâche que j'étais.

 Je pris une douche pour me laver de l'humiliation qui me hantait. Le sang coulait abondamment sur le carrelage des douches communes me rappelant ce pourquoi j'étais ici au palais. Le coeur englouti de honte, je m'apprêtais à m'allonger sur mon lit quand quelqu'un m'arrêta subitement, il ne me frappa pas mais pire me cracha au visage laissant sur ma peau sa bave que je m'empressai d'enlever. 

Il y avait des fois où les gens d'en-bas montraient leur mécontentement à mon égard après les batailles mais ils se contentaient de me lancer des regards méprisants, cette fois-ci était différente. Je pouvais sentir plus que jamais ma défaite à travers leurs regards et leurs agissements

. A cet instant, je pensais qu'il serait mieux que j'assassine tous les gens d'en-haut d'un coup d'épée transperçant leurs cœurs et leurs gorges, et il ne resterait que du rouge sur leurs mobiliers blancs. Je voulais être ce genre de personne. Si nous le voulions nous aurions pu nous insurger et se rebeller contre les gens d'en-haut en ayant les compétences pour les tuer. Pourtant, nous ne l'avions jamais fait. Nous n'étions pas tueurs auparavant. Nous l'étions devenus. A cause d'eux. 

Je n'avais pas de souvenirs de mon enfance avant d'être entrée au palais. Des simples débris de vestiges de mon passé lambinaient dans ma mémoire. Une voix féminine semblait me rappeler que nous ne devions haïr personne, que cette haîne que l'être humain avait si tendance à porter n'apportait rien. Je me souvins de ses doigts qui s'entrelaçaient entre les miens et, plus que tout que tout, je me souvins de l'amour que je lui portais. 

Je savais qu'elle éclairait l'obscurité de l'homme. Je ne pouvais me rappeler de son visage mais ses enseignements étaient tout ce qui me restait.

 Elle me racontait ô combien notre terre regorgeait de trésors et qu'en tant qu'humain nous avions tendance à les piller plutôt qu'à les apprécier pour ce qu'ils étaient. 

 Je me souvins de ses doigts trempés dans la terre qui ensuite peignirent le haut des mes deux joues et en pointillé l'arrête de mon nez. Nous devions regarder autour de nous et être reconnaissants pour ce que la nature nous apporte; c'était ce qu'elle ne cessait de me répéter. 

Ma mère.

 Je n'avais pas besoin de demander, je savais juste qu'elle était ma mère: celle qui m'avait tout enseigné. 

Et me voilà, ici, tuant au milieu de la nature des ennemis qui n'auraient pas du être. Sans doute, je ne fonctionnais plus correctement, ce qui expliquait pourquoi j'étais devenue ainsi par leur faute, les gens d'en-haut. 

Je ne pouvais pas voir son visage ni reconnaître son nom, mais je pouvais sentir la présence de ma mère qui ne m'en voulait pas d'avoir été transformée ainsi. Alors, je ravalais les larmes coincées au fond de ma gorge.

Mes journées étaient pratiquement toutes les mêmes. Lors de mes entraînements, j'avais l'obligation de tenir des leçons pour des nouvelles recrues car nous avions déjà perdu beaucoup d'hommes.Cela faisait maintenant deux semaines depuis ma dernière bataille et la mort de Lux. Après la tristesse, la colère s'était installée en moi. Une rage qui pouvait se voir dans mes mouvements d'épée très rapides. En plein combat, une servante s'approcha et me demanda en chuchotant de la suivre. 

Le roi fit appel à moi une énième fois. 

Je savais pertinemment qu'en tant que leader je devais donner des informations concernant les combattants et ceux qui étaient en état de se battre. Mais à la fois, transmettre ses détails était pour moi une marque de trahison. Ceux qui étaient trop épuisés par les batailles ne restaient pas seulement au château mais se faisaient fouetter ou pire ne revenaient plus. Et je faisais partie de ceux qui donnaient ces noms. Celle qui sellait les destins des autres. Parfois je me sentais comme les gens d'en-haut et il n'y avait rien que je pouvais faire. 

Cette fois-ci sa  ma rencontre avec le roi n'était pas pour vendre mes camarades mais quelque chose de totalement différent, inattendu et effrayant.

- Tu vas devoir protéger mon fils, le Prince, lors d'un périple qui durera deux ans. lui dit-il

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