Chapitre 3-1 - Automne


Il faisait noir lorsque je retournais au dortoir. Une fois au sous-sol, je sentis les regards de mes camarades comme un poids que vous aimeriez vous séparer. 

Je m'en foutais d'être regardée par les gens d'en-haut mais cela était différent par les personnes d'en-bas. Elles se doutaient  de ce qui se passait là-haut, mais nous n'en parlions pas. Lux, mon ami, était bien évidemment le premier à m'assaillir de questions la première fois, quand j'avais douze ans. Il m'avait demandé la raison pour laquelle on m'avait appelée là-haut mais je pouvais pas lui répondre, mortifiée par ce que j'avais du subir. 

Qu'aurais-je pu lui dire? 

Je n'avais que douze ans, je n'y comprenais rien. 

Je créai alors un mensonge de toute pièce et lui dis que les gens d'en-haut voulaient en savoir plus sur mes talents à l'épée. Il n'y comprenait rien non plus. Il avait onze ans. Qu'est-ce qu'il en savait ?

 En grandissant, il apprit à ne plus me poser des questions et ce silence m'était fondamental. Je n'avais pas le temps d'expliquer ma situation ni réellement l'envie car je devais déjà me remettre d'aplomb et poursuivre mon propre apprentissage. 

Bien que je fusse si bonne à l'épée, je passais la plupart de mon temps à devenir encore meilleure. Je m'entrainais la majoritairement avec Lux car son talent rivalisait avec le mien. Les autres camarades s'arrêtaient pour nous observer à l'œuvre. Nous nous tournâmes autour, prêts à attraper notre proie. 

Lux commença à m'attaquer tout en faisant attention à ne pas me blesser. Il faisait trop de mouvement inutiles, des coups d'épée partant de la gauche à la droite. Il avait besoin d'aller plus lentement, de se glisser à travers les attaques que je lui lançais. En deux minutes, il se trouva dos à terre avec mon épée pointée sur son coeur. Nous nous sourîmes et je pris sa main pour le relever. Il se faisait tard et demain sonnait une nouvelle bataille

. Lux et moi nous dirigeâmes dans le réfectoire aux murs gris et humides. Moyil m'aperçut, courut et se jeta dans mes bras me faisant perdre l'équilibre. Elle représentait celle qui maintenait en harmonie grâce à ses marques d'affections qui parfois me prenaient de surprise. Comme elle travaillait en cuisine, elle avait parfois le rôle de nous servir les repas. Ce jour-là, elle déposa de la purée avec des haricots blancs et du chou fleur. Nous avions très souvent le même repas pendant quelques jours jusqu'à qu'il s'épuise. Nous mangeâmes en silence pendant que Moyil nettoya la cuisine.

 Sur le point de dormir devant mon plat, Lux me tapa l'épaule pour me faire savoir que je devrais retourner au dortoir. Je pris une douche rapidement après cette journée mouvementée et me glissa entre mes draps à la recherche du sommeil.

 Au milieu de la nuit, j'entendis Moyil se faufiler dans le lit, l'odeur de pomme de terre chaude encore collée à sa peau.

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