Chapitre 2-1 - Automne et Névi
Automne
Je n'ai jamais oublié la première fois que j'ai tué quelqu'un. Ma première bataille m'avait sonné pendant plusieurs jours mais les gens d'en-haut m'avaient fait comprendre que je ne devais en aucun cas me morfondre.
J'avais même eu le droit à des cicatrices sur mes joues pour m'être plainte. La seule chose qui m'était autorisée était toutes ces pensées traînant et refusant de partir comme des laves qui rampent à l'intérieur du cerveau s'agrippant sans vouloir s'en aller. Elles sont parfois toujours là ces laves mais plus autant qu'avant.
Les choses avaient changé depuis que j'avais grandi et surtout depuis que des personnes avaient réussi à transformer ces laves en fleurs. Je n'étais plus toute seule comme la fois où j'étais arrivée au château. Cinq ans après, une petite fille du nom de Moyil joignit le dortoir, elle ne devait pas avoir plus de quatre ans ce qui me choqua. Elle resta plantée devant la porte, sa peluche à la main. Les gens du dortoir lui jetèrent un regard puis repartirent vaquer à leurs préoccupations. Je m'approchai de la petite fille et me baissai devant elle et lui demanda comment elle s'appelait. Depuis ce jour-là, nous ne nous étions pas quittées.
A l'âge de sept ans, Moyil avait déjà des tâches à accomplir en cuisine. Elle s'occupait à préparer les bouillons mais avant cela il fallait couper les légumes. Il arrivait à Moyil de se couper alors le soir dans le dortoir je pris l'habitude de panser ces blessures sur ses petits doigts encore si doux. Certains gens d'en-bas n'avaient pas de famille au palais alors Moyi était devenue comme ma sœur que je devais protéger. A vrai dire, je me réjouissais que Moyil travaille en cuisine car j'avais peur qu'elle finisse aux étages à la merci des gens d'en-haut ou bien sur un champ de bataille. Je ne lui souhaite pas ça, pour rien au monde.
Pendant que Moyil s'exerçait en cuisine, je m'entraînais comme chaque jour. J'aidais également les autres à manier leur épée. Il est vrai qu'ils avaient peur de moi mais je les impressionnais avant tout et ils avaient développé pour moi une forme d'admiration ou peut-être ils pensaient qu'ils pouvaient échapper à une mort éventuelle. Mon talent pour l'épée était incomparable aux autres. Sans nous le royaume perdrait toutes ses batailles. Sans le dire ouvertement, nous étions les protecteurs du royaume. Seuls les gens d'en-bas avaient le droit de manier les armes car trop dangereux pour ceux d'en-haut. Mais ce n'était pas sans conséquences un ennemi m'avait fait cadeau d'une cicatrice sur ma mâchoire.
C'était avec cette blessure ancrée à jamais sur ma peau que les habitants du palais pouvaient me reconnaître parmi les autres. Je détestais cette cicatrice plus que tout car elle servait de moyen pour les servantes de me trouver dans le dortoir. Elles m'appelaient la fille à la cicatrice sous la mâchoire et je devais les suivre sans un mot. Je redoutais ce moment plus que la mort elle-même. J'avais appris à accepter ce moment et à m'en détacher comme si mon corps suivait la servante sans que mon esprit le fasse. Mon corps tremblait et mon esprit, lui, restait vide de toute émotion.
Auparavant, j'avais l'habitude de crier pour faire exploser mon mécontentement. Personne n'était venu m'aider. Quelqu'un était mort par ma faute. Je n'avais plus résisté par la suite. Je devais parcourir la cour presque pendant vingt minutes ce jour-là afin de me rendre où je désirais le moins être.
La servante me ressemblait avec nos teints plus clairs que les gens d'en-bas. Je savais que nous n'étions pas seulement des gens d'en-bas mais notre sang devait également venir de quelque part d'autre. Nous avions des privilèges grâce à ça comme travailler en tant que servante et d'autres rôles...
Névi
Je savais ce qui s'y passait. Je n'avais rien fait. Il était impossible de ne pas voir ce qui se déroulait au sein de cette cour. Alors, les yeux fermés, je ne dis rien.
J'aurai pu en tant que Prince arrêter tout cela mais je n'y voyais pas le mal.
Je me souviens plus jeune attendre mon père finir ses longues conversations avec ses conseillers dans un couloir. Je devais avoir dix ans. Je parcourais le long couloir en chantonnant, les doigts parcourant la tapisserie dorée et blanche quand j'entendis des hurlements ponctués d'insultes à l'égard des gens d'en-haut.
Je me faufilai et me cachai derrière un poteau afin de comprendre cette altercation quand je vis une femme d'en-bas essayant de s'extirper de la poignée d'un homme d'en-haut. Celui-ci la frappa violemment dans son bas du ventre, s'en suivit un cri de douleur. L'homme la tira et ouvrit la porte.
Je restai face à cette scène impassible car on m'avait toujours appris que la neige l'emportait sur la terre.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top