Chapitre 7 Akurio

Point de vue Yakiro

Je me réveille en sursaut, j'ai fait un cauchemar. J'essaye de me calmer quand je remarque qu'Airy est blottie contre moi. Ça me fait sourire, elle est tellement belle. Je chasse une mèche folle de son front, elle a eu peur hier.
Soudain, j'ai l'impression que les ombres de la tentes grandissent, je commence à trembler. Airy me sert contre elle, me ramenant à la réalité. Je détourne les yeux pour qu'elle ne voit pas mes larmes.
Pour donner le change, je tente une blague:

- Jolie vue !!!
- Éloigne toi !! Elle me repousse en riant et je tombe par terre.

Finalement, elle se lève et se dirige vers la bassine d'eau avec laquelle elle se rince le visage.
Elle se retourne, un sourire sadique sur les lèvres. Je commence à m'inquiéter sérieusement lorsqu'elle enlève son haut. En deux secondes, elle se retrouve en sous vêtements devant moi. Je deviens écarlate, pourtant, je ne peux pas m'empêcher de la détailler en détaille. Ses jambes sont longues et fines, elle a un ventre plat et musclé et est joliment bronzée. Déjà à l'école, quand tout le monde la traitait de pimbeche, je la trouvais jolie, mais récemment elle a pris des formes et elle est tout bonnement magnifique. Et en plus, elle sait qu'elle me fait de l'effet. Elle accentue son déhanché avec un air espiègle, des paillettes d'or s'allument dans ses yeux. Je me détourne, elle gagne toujours à ce petit jeu. Elle sort de la tente après s'être changée, j'en profite pour enfiler un uniforme propre et je la suis. Le vent fait voler mes cheveux, Airy est déjà en train d'aider les soldats, je m'attelle moi aussi à la tâche. Le camp est détruit, l'air sent la mort, le sang et la guerre. Le front s'est rapproché, on entend les canons tonner au loin.
La journée passe vite, je n'ai pas trop vu ma camarade, le midi j'ai mangé avec des soldats autour d'un feu, on a joué aux cartes c'était sympa.
Enfin, le soir arrive. On se retrouve dans sa tente après une toilette rapide. On s'assoit par terre, en plein milieu. On ne parle pas, la chandelle déforme nos silhouettes et projette des ombres menaçantes sur la toile. Je recommence à paniquer, c'est ridicule pour un guerrier d'avoir peur du noir mais je ne peux pas m'en empêcher.
J'aimerai rester le plus longtemps possible dans la tente avec Airy, j'ai trop peur de rentrer dans la mienne, seul face à mes cauchemars.

- Viens dormir ici.

Sa voix me fait sursauter.

- Quoi ?
- Tu as très bien compris...
- Oui mais ...
- Promis je ne fait rien de déplacé. Un léger sourire éclaire son visage. J'eclate de rire.

- Bon d'accord, je vais chercher mes affaires.

Une fois dans ma tente, j'enfile mon uniforme de nuit, attrape mon sac et retourne chez Airy. Elle m'aide à installer mon matelas et s'assoit à côté de moi.

- Dis ...  Elle commence à parler puis perd ses mots.

Elle n'a pas besoin d'en dire beaucoup plus de toute façon, j'ai compris.

- D'acc mais toi aussi.
J'inspire un grand coup et me lance:

- Quand j'étais petit, je vivais dans une ferme avec mes parents et mon grand frère. On n'était pas très riche mais on se debrouillait. J'allais aux champs avec mon frere, on était chargés de garder les moutons. Je ne compte même plus les fois où nous avons délaissé le troupeau pour aller voler des pommes dans le verger du voisin. C'était un vieux paysans acariâtre et il nous frappait avec sa canne quand ils nous prenaient la main dans le sac.
Avec mon frère, on étaient toujours fourrés ensemble, jamais l'un sans l'autre. Nous formions une famille heureuse. Mais un jour, la guerre est arrivée sans prévenir, les soldats sont venus chercher mon père et mon frère, je n'avais que quatorze gelées, j'étais trop jeune pour les suivre et je me suis retrouvé le seul homme à la maison. Quelques mois plus tard, nous avons reçu un lettre nous anonçant la mort de mon frère et de mon père. " Morts au champ d'honneur " à ce qu'il paraît. Ma mère s'est suicidée. J'ai vendu la maison et avec l'argent, j'ai payé ma place à l'académie des danseurs.
Je me disais que je pourais y trouver des amis ou un semblant de famille. Je n'y ai reçu que du mépris et des coups. Les autres me méprisaient car je n'étais pas noble et que je faisais des cauchemars la nuit. Je rêvais de ma famille, ils revenaient me voir et me demandaient pourquoi moi je n'étais pas mort.

Airy me serre contre elle, j'ai l'impression d'être un tout petit enfant.

- À toi maintenant.

- depuis que je sais marcher, je passe ma vie à danser. Toute petite déjà, je chipais les armes de mon père et je tournoyais avec dans le jardin, ne manquant jamais de couper deux ou trois fleurs, au grand désespoir de ma mère.
Finalement, j'ai fini par demander à mon père de m'inscrire à l'académie. Nous nous sommes disputés comme jamais auparavant. Il était hors de question  que sa précieuse fille devienne soldat. J'ai fini par fuguer en emportant de l'argent. Je me suis inscrite et j'ai caché ce qu'il me restait. Au bout d'une gelée, mon père est venu me chercher en poussant de haut cris. Il a essayé de me gifler mais il s'est pris mon pied dans les parties. Il m'a déshérités et s'est mis à hurler que j'étais un fille indigne.
Depuis, je n'ai pas revu mes parents.

Elle finit sa phrase en baillant. Je suis au bord de l'evanouissement. Je m'allonge en la serrant dans mes bras et je m'endors aussi sec.

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