Chapitre 5 Uki

Point de vue Akene'yre

Nous nous sommes repliés à toute vitesse, le coût de bâton de la danseuse m'a sans doute félé un côte. Chaque respiration me brûle, je me concentre sur mon souffle pour ne pas perdre pied. Le paysage se brouille en une teinte gris vert uniforme.
Lorsque nous atteignons la rivière, nous sautons dedans et continuons à courir dans le sens du courant.
L'eau pénètre dans mes bottes et me glace.
Lorsque nous arrivons au niveau du camps, des soldats viennent nous escorter. Dans leur regard, je sens de la peur. Peur de nous.
Après quelques minutes de marche, nous arrivons.
Ayron nous attend. Les soldats s'inclinent puis s'éclipsent.
Notre chef couve Kyon et les jumeaux d'un regard bienveillant. Il les enveloppe dans des serviettes, en jette une à Ikar et laisse tomber la mienne. Je réprime l'envie de tourner les talons, le regarde et hausse les épaules.
Il se retourne.

- Qui a tué la cible ?
- C'est Uki. Kyon a craché mon nom avec dégoût.
- Bien.
Ayron nous jette à chacun une bourse. La mienne est deux fois plus grosse que les autres.
Je me détourne lorsqu'une serviette s'écrase sur ma tête. C'est celle d'Ikar, je le sais. Je l'agrippe et accélère. Je m'éloigne le plus que je peux du camps puis je m'effondre à côté de la rivière. Là, je craque. Je me met à pleurer et je vomis. La bile me brûle la gorge. Ça fait trois jours que je n'ai rien avalé. Je me dégoute trop. J'ai tué trop de gens. Au début je les comptais, maintenant je n'ai plus aucune idée du nombre.
Je me reprend puis sèche mes larmes.
Je m'accroche à la serviette d'Ikar comme un naufragé, je tremble sans arriver à m'arrêter. Dans ma poche, la bourse pèse lourd.
Quand j'entend Kyon, je sais que c'est pour ça qu'il vient.

- Donne.

Pas besoin de précisions, je sais de quoi il parle.

- Non.

Il se jette sur moi. Je m'écarte. Pour une fois, j'écoute Ikar, je réagis. Je lève le menton. L'adrenaline qui court dans les veines à stoppé mes tremblements.
Déséquilibré, il me regarde, interloqué. Je me met en garde et lui saute dessus. Mon coup de genou lui coupe le souffle. Je ne peux plus m'arrêter. Je frappe, je frappe. J'ai maigri et mes muscles roulent sous ma peau, mes phalanges craquent.
Les jumeaux me saisissent chacun par un bras me coupant dans mon élan.
J'aurais dû me douter qu'ils n'étaient pas loin. Je me débat mais leur prise s'affermit. Ils me projettent à terre.
Le choc expulse tout l'air de mes poumons et malmene ma côte.
Je tente de me relever. Kyon est déjà debout, il crache du sang et s'approche. Il s'assoit sur moi et me bloque les bras à l'aide de ses genoux.
La peur m'électrise, je tente de me débarrasser des quatre vingt kilos de mon adversaire. Rien à faire, je suis coincé.

- DONNE. Répète-t-il

Je ne dis rien. Alors il frappe. Je me retranche loin à l'intérieur de moi même. Je ne sens plus la douleur.
Il décide de passer à une autre méthode. Il m'attrape par mes cheveux et me plonge la tête dans l'eau. Je me raidis, ouvre la bouche sous l'effet de la surprise. Je me cabre pour tenter de me libérer.

- Alors ?

J'essaye tant bien que mal de reprendre mon souffle. La barrière que j'avais créé entre moi et mes sentiments cède, je panique. Il me replonge sous l'eau, cette fois je ne me débat pas, je n'ai plus de force et pas assez d'air. Le poid de la bourse a disparu de ma poche, mes poumons me brûlent. Je me laisse sombrer.
Il me sort de la rivière, raffermit sa prise sur mes cheveux et me cogne contre le tronc. Une fois, deux fois, je perd le fil. Lorsqu'il me relache, Je m'écroule au sol. Sur un dernier coup de pied, il s'éloigne.
C'est alors qu'il se met à pleuvoir. La pluie achève de me tremper. Le frisson qui me secoue me fait gémir de douleur puis c'est le noir.

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