Chapitre 22 Airy

Point de vue Yakiro

Je termine de contrôler l'état de la gamine devant moi et je me retourne vers Akurio. L'autre assassin s'est allongé, il est vraiment pâle mais moins que la fille. Je me dirige vers Akurio pour discuter de ce que nous allons faire.

- Alors, comment va-t-elle ? Me demande-t-il.

- Pas très bien, elle a toujours de la fièvre et à mon avis elle fait des cauchemars. En plus, elle est beaucoup trop maigre. Si elle ne se réveille pas bientôt, elle risque de mourir de faim.

- Pas très réjouissant comme perspective. On peut y faire quelque chose ?

- La maintenir au chaud je pense. Mais je ne suis pas médecin je ne sais pas trop quoi faire. Et lui ?

- Il a pris des coup. Lui aussi il est mal nourri. Et à mon avis il a eu des problèmes. Il est fragile ce gamin.

À ces mots, le gamin en question se redresse, des éclairs dans les yeux. Il n'as pas du apprécier la remarque de mon aiji. Il tente maladroitement de se dépatouiller de la cape dans laquelle il est enroulé. Akurio se lève et le rallonge de force avant de revenir vers moi :

- J'ai oublié de dire qu'il a mauvais caractère.

- Comme si c'était pas déjà assez compliqué, une gamine inconsciente et un gamin incontrôlable. D'autres réjouissances au programme ?

Je soupire de frustration. Mon camarade se rapproche de moi.

- Tu sais, je pense que pour eux aussi c'est compliqué. Mais on va se débrouiller. On est les meilleurs pas vrai ?

Son sourire taquin me fait rougir. Je marmonne quelque chose d'inintelligible et me retourne. Il éclate de rire. Je me reprend.

- Bon, plus sérieusement. Qu'est ce qu'on fait. Il nous faut à manger et si ça empire, un guérisseur pour la fille. Comment elle s'appelle d'ailleur ?

Je me tourne vers l'autre assassin.

- Hey ! On a quelques questions.

Il se detourne ostensiblement de moi. Il veut jouer à ça, tant mieux je suis parfaitement d'humeur.
Akurio me regarde d'un air amusé. Je me lève d'un bond, me saisit de la cape et le tire jusqu'à mon collègue qui éclate de rire devant l'air ébahi du H'riar.

- Alors maintenant on va discuter.

Ses yeux s'ecarquillent et il cherche instinctivement le regard de mon partenaire.

- Qu'est ce que tu veux, dis celui ci en haussant les épaules, elle est déterminée.

Le tueur se redresse. Je commence l'interrogatoire.

- Ton nom.

- ...kar

- Je n'ai rien entendu. Répète.

- Ikar.

- Ton travail.

Il me regarde d'un air hostile.

- Vous le savez déjà.

- Ce n'est pas la réponse à ma question.

- Je suis un assassin au service de l'empereur. Ça vous va comme ça ?

- Tu baisses d'un ton avec moi. Maintenant est ce que tu peux m'expliquer ce que tu fais la ?

- Je viens chercher mon ... ma camarade.

Il a hésité sur le pronom. Ça me met la puce à l'oreille.

- Tu ne savais pas que c'était une fille ?

- Non.

- Comment elle s'appelle ?

- Uki. Je crois.

L'amertume contenue dans ces derniers mots me prouve qu'il devait être proche de la gamine et que ses mensonges l'ont bléssé.

- Qui t'as frappé ?

- Les autres.

- Pourquoi ?

Il se mure dans un silence buté. Je répète ma question.

- Pourquoi t'ont-ils frappé ?

- Ça ne vous regarde pas.

Je fais mine de me lever mais Akurio pose sa main sur mon bras et je me ravise. Mais ce petit morveux ne me résistera pas longtemps.

- Pourquoi es-tu devenu assassin ?

- Ça ne vous regarde pas.

Malgré son air calme, je devine que j'ai touché un point sensible. Alors j'insiste.

- Une raison honteuse ? Peut-être par soif de sang ? Ça te fait plaisir hein, de voir les gens mourir. D'avoir leur sang sur tes mains.

J'ai dépassé les bornes. Il se jette sur moi, furieux. Je sais très bien qu'il faut que je m'arrête mais je ne peux pas m'en empêcher. Malgré ses mains qui enserrent ma gorge, je lance :

- Tu vois, tu ne peux pas t'en empêcher.

Akurio se lève précipitamment mais il n'a même pas besoin d'intervenir. L'assassin me lache de lui même et s'éloigne en claudiquant.
Mon compagnon me regarde d'un air réprobateur.

- Tu es allée trop loin ! Tu savais pourtant qu'il ne va pas bien.

Je suis un peu honteuse de mon emportement. C'est vrai que je me suis mal comportée envers lui, mais mon ego reprend le dessus.

- On s'en moque ! C'est un ennemi.

- C'est un enfant. Retorque-t-il. Il est blessé autant mentalement que physiquement. De plus, tu sais pertinnement que les pulsions meurtrières n'ont rien à voir la dedans !

Il se dirige ensuite vers le H'riar et lui parle doucement.
Je n'entend pas ce qui se dit mais il réussit à le convaincre de retourner s'allonger. Quelques minutes plus tard, il dort à poings fermés.

- Je vais chasser. Me lance mon aiji.

Il attrape son arc et s'enfonce dans les bois.
Un peu désoeuvrée, je tourne en rond dans le campement et rassemble du bois pour le feu. Je termine assise par terre à jouer aux osselets contre moi même avec des petits cailloux. Akurio revient quelques heures après avec trois lapins. Je vais m'asseoir à côté de lui et commence à écorcher les animaux sans un bruit. Quand nous avons fini, on les embroche et je les met à griller. Quand l'odeur de la viande de répand, mon estomac se met à gargouiller. Akurio étouffe un sourire et nous nous mettons à manger. Les deux assassins endormis dans la clairière.
Le repas se déroule sans un mot et je me sens coupable. Je ne sais pas pourquoi, mais Akurio s'est attaché à ce gamin.

- Je suis désolée. C'est vrai, j'ai été trop dure avec lui. J'irais m'excuser après.

Un sourire éclaire son visage et il me prend dans ses bras. Instantanément, la chaleur m'envellope et je me laisse sombrer dans un demi sommeil.
Lorsque j'emerge, il commence à faire sombre. C'est un cauchemar qui m'a réveillée. Je sursaute brusquement et mon aiji me serre contre lui.

- Tu as révé de Mia ?

J'acquiesse.
Avec les derniers événements, je n'ai pas trop eu le temps d'y penser, mais je sens la tristesse me submerger. Je serre les dents. Pas question de pleurer. Mia était un rayon de soleil, je dois sourire pour elle.
Un mouvement que je perçois du coin de l'oeil attire mon regard. Ikar s'est brusquement redressé, une main pressée sur la poitrine, la respiration hachée. Je m'approche de lui, dans l'intention de m'excuser mais son regard paniqué me cloue sur place. Ce n'est peut être pas le bon moment. Je me tourne vers Akurio qui est déjà debout. Il pose sa main sur mon épaule en passant à côté de moi et s'agenouille près de l'assassin. Je me rapproche légèrement et m'adosse à un arbre.

- Respire doucement.

La voix grave de mon aiji contraste avec la respiration paniquée du garçon.

- Il faut partir !

- Calme toi. Inspire, ça va aller.

- Non ! Vous ne comprenez pas ! Ils vont nous tuer !

La peur qu'il dégage m'alarme malgré moi. Akurio continue de le rassurer mais je commence à douter que sa terreur ne soit l'effet que d'un simple cauchemar.

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