Chapitre 21 Ikar

Point de vue Akene'yre

Lorsque le danseur s'est approché de moi, j'ai tenté de reculer mais je me suis écrasé au sol. La douleur de mes coups m'a transpercé. La sensation d'impuissance totale de cet instant me plonge dans une profonde panique. Je me souviens de la dernière fois que ça m'est arrivé. C'était quand j'ai perdu ma famille. Des mercenaires avaient débarqué dans notre maison et réclamé à manger. J'étais sortit chercher de l'eau au puits quand des éclats de voix et le hurlement de ma mère m'avait transpercé les tympans. J'avais lâché mon seau et j'étais retourné précipitamment à l'intérieur. A peine le pas de la porte franchi, j'avais manqué d'air. Ma mère inerte et à moitié dénudée gisait dans les bras d'un des hommes et mon petit frère était étendu au sol. Le cou brisé. Mon père, trop saoul pour réagir observait la scène d'un oeil torve. Un des guerriers lui trancha la gorge sans sourciller et se tourna vers moi. Je recullais mais mon pied se prit dans une pierre. Je me retrouvais au sol. Complètement paniqué devant les cadavres de toute ma famille. J'avais douze gelées.
Les larmes que j'avais été incapable de laisser couler ressurgir brutalement. Quand le danseur m'envellopa dans sa cape, les sanglots manquèrent de m'étouffer. Incapable de me contrôler, je m'effondrais totalement contre le jeune homme, honteux de mes pleurs que je ne pouvais arrêter.
Il me ramena près du feu et essaya maladroitement de me calmer.
La douleur de mes côttes brisées se rappelle soudain à moi. Je m'en veux terriblement de n'être plus maître de moi. Sous le coup de la douleur, je perds momentanément connaissance. Je reprend mes esprits quelques instants plus tard et mes sanglots se font plus rares. Quand je suis totalement calmé, je sens les deux regards curieux des Yakiros peser sur moi. Je m'agite, mal à l'aise et gemis de douleur. Je me sens vraiment mal.
Le garçon qui me tenait dans ses bras remue à son tour pour me regarder.
Il essaye d'écarter les pans de la cape et je sens aussitôt le froid s'insinuer jusque dans mes os. Je frissone ce qui ravive mes blessures. Devant mon nouveau gémissement, le garçon prend la parole.

- Bon je vais devoir t'examiner. Mais il faut que tu me laisses faire sinon je vais être obligé d'employer la manière forte et tu ne vas pas apprécier.

Je lui lance mon regard le plus hostile mais ça n'a pas l'air de fonctionner. Il reprend la parole.

- Enlève tes vêtements.

Je jette un rapide coup d'oeil à sa partenaire. Il le remarque et lui demande si elle peut aller s'occuper qu'Uki. Elle se lève en maugréant.

- Allez c'est bon maintenant. Dépêche toi.

Il se lève pour aller chercher sa trousse de médecine et j'hésite un instant avant d'ôter ma veste ma chemise et mon pantalon. Je me retrouve en sous vêtement, frissonant de froid, à la merci de personnes que je ne connais pas. C'est un peu effrayant d'être aussi faible dans une telle situation.
Les tremblements de mon corps se répercutent à nouveau dans mes cotes et je me plie en deux. Je sens les larmes monter à nouveau et je me mors les lèvres pour les empêcher de couler. Le danseur revient vers moi, un sac entre les mains. Je me tends un petit peu plus. Quand il s'agenouille à côté de moi, j'attrape la sacoche et je lance :

- Je m'en occupe.

Ma voix à claqué plus forte que ce que je ne voulais et elle résonne dans la clairière glacée. Il me reprend d'autorité le sac des mains.

- Certainement pas. Arrête de faire l'enfant !

Je baisse la tête devant son regard reprobateur. Mon manque de répondant me surprend. Même si je ne veux pas me l'avouer, sa douceur à mon égard me donne envie de le laisser s'occuper de moi et de me remettre à pleurer. Cela fait trop longtemps que personne n'a pris soin de moi.
Je secoue la tête devant ces pensées douteuses. Je me dois d'être fort et laisser un soldat ennemi s'approcher aussi près de moi est loin d'être une bonne idée. Je tente de le relever mais au moment où je me jette en arrière, il m'attrape par le poignet et me fait brusquement rassoir. Le choc ravive la douleur. Je serre les dents. Pas question de paraître encore plus faible.

- Ça suffit maintenant !  Tu t'assois et tu ne bouges plus. Je t'ai déjà dit que je ne te voulais aucun mal. Et il va falloir qu'on discute.

Son ton autoritaire me fait grimacer. Rien que pour ça, je retenterais bien de me lever. Mais je me résigne et tente de me détendre. Rien à faire. À peine passe-t-il sa main sur ma poitrine pour vérifier l'état de mes cotes que je me recule instantanément. Crispé à l'extrême. Il pousse un long soupir. Je sais que je devrais le laisser faire, il m'a suffisamment prouvé qu'il était sincère. Toutefois, les souvenir qui ont ressurgit brusquement de ma mémoire ont ramenés avec eux une panique incontrôlable et les coups que j'ai reçus lors de bastonnades se rappellent à mon bon souvenir. Je respire erratiquement, sans réussir à me calmer. Tout mes muscles sont bandés, prêts à la fuite. Le danseur hésite entre exaspération et compassion. Finalement, il fait son choix. Il referme la cape sur moi et m'enroule dans ses bras en chantonnant des paroles inaudibles. Il me berce doucement jusqu'à ce que j'arrête de trembler.

- Ça va mieux ?

J'acquiesse faiblement. Je me sens mal.

- Bon. Alors je vais t'examiner. Mais tu restes calme d'accord. Tout va bien.

Je hoche de nouveau la tête. Il s'éloigne légèrement de moi et farfouille dans la trousse de soins. Il en sort des bandages et de la pommade. Il attrape mon menton et tourne mon visage. Il applique rapidement de la pommade sur ma paumette abîmée par la giffle d'Ayron. Il ouvre ensuite la cape et continue d'inspecter les côtes.

- Tu as trois côttes cassées. Et au vu des ematomes sur ton ventre, tu risques de vomir du sang dans les prochains jours. Je ne sais pas qui t'as fait ça mais il n'y est pas allé de main morte. Il tartine les bleus de crème et termine de me bander la poitrine. Puis il saute sur ses pieds et se dirige vers ses affaires. Quand il revient, il me lance un maillot de corps et un pantalon.

- Enfile ça. Les tiens sont tachés de sang on les lavera plus tard.

Je m'habille rapidement. Ses vêtements sont beaucoup trop grands pour moi. Je referme la cape sur moi et m'allonge au sol. J'ai des vertiges.

- Tu as de la fièvre. Repose toi. Tant que ton amie n'est pas réveillée, on ne bouge pas d'ici.

Cette dernière phrase m'alarme sans que je sache pourquoi mais mes yeux se ferment sans attendre et je m'endors, terrassé par la fatigue.

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