Chapitre 19 Ikar
Point de vue Akene'yre
Lorsque j'ai entendu Uki hurler, je me suis précipité dans sa chambre. Le voir entouré des trois autres m'a mis dans une rage folle. Mais lorsque Kyon m'a lancé qu'Uki était une fille, toute ma colère est redescendue, laissant place à une incompréhension profonde. Pourquoi Uki avait-il, non, elle, menti ? Pourquoi s'être engagée alors qu'elle aurait pu rester loin de la guerre et de ses horreurs. Mon regard se détourne lentement de Kyon pour croiser celui d'Uki, baignée de larmes et emplit de panique. J'esquisse un geste pour m'approcher quand elle se relève en courant et se précipite vers la porte. Je réagis trop tard. Je sors en courant dois les rires de Kyon et des jumeaux. Je traverse le palais dans l'autre sens et, en dévallant les marches, je croise le regard satisfait du petit noble du couloir. Il va falloir que je m'occupe de son cas. Uki coure vite malgré ses pieds nus et la neige qui commence à tomber et j'ai du mal à la rattraper. Quand je crois enfin y parvenir, je lui hurle de s'arrêter. Loin de m'écouter, elle accélère. Et soudain, elle est avalée par le vide. J'ai envie de hurler et je me précipite au bord du précipice. Son corps a heurté l'eau quelques mètres plus bas. Je cherche un moyen de descendre pour lui éviter la noyade quand deux mais se posent sur les épaules. Je me retourne, furieux. Lorsque je reconnais Kyon et son sourire moqueur, je tente de lui éclater le nez. Mais les jumeaux me ceinturent et me ramènent au château. Ayron nous attend dans l'entrée.
- Qu'est ce que c'est que ce remue-ménage ? Gronde-t il.
Je me dégage de la poigne d'Akan et Akanour, une forte envie de meurtre m'empêchant de réfléchir clairement. Kyon s'occupe de répondre au général :
- Uki est une fille.
Mais cette réponse est incomplète. Je me charge de préciser :
- Il a essayé de la violer.
Une colère sourde pointe dans ma voix. Pourtant, Ayron approuve l'action de Kyon :
- C'est le châtiment de celles qui se travestissent pour nous tromper.
C'est tellement abject que j'en ai envie de vomir. Je me détourne sans un mot mais Ayron m'attrape par le poignet et me giffle si fort que je pars valdinguer contre le mur. Ma levre eclate et des points noirs dansent devant mes yeux. Je me redresse sans un mot et pars à la recherche du noble. Avec l'aide d'une domestique, j'arrive devant la porte de sa chambre. J'entre sans frapper et la porte claque contre le mur. Il est occupé à peloter une servante qui ne doit avoir que vingt gelées. Cette vision me met encore plus en rogne. Devant mon regard menaçant, la fille relace son corsage et sors sans demander son reste. Le noble déglutit.
- Ton nom. Dis-je.
- Alphonse de Siprefiel.
- Bien Alphonse, nous allons discuter un peu.
Son visage se crispe en voyant que je l'appelle par son prénom et non par son titre mais je n'en ai que faire. Je ferme la porte.
- Qu'est ce que tu as dit à Kyon ?
- Rien de moins que la vérité. Les femmes sont interdites dans l'armée. La fille n'avait rien à faire là.
Je vais l'etriper.
- Comment savais tu que c'était une fille ?
Je vois à son visage luisant de sueur qu'il s'apprête à me mentir. Sa voix sort difficilement de sa gorge nouée.
- Mais enfin, ça se voit.
J'éclate de rire. Un rire sinistre. Je dégaine ma dague et la plante dans sa cuisse.
- Je vais être plus clair. Nous avons vécu avec Uki pendant deux ans et aucun de nous n'a remarqué. De plus, elle t'a reconnu. D'où la connaissais tu ?
Son cri de douleur résonne dans la pièce.
- Répond moi.
- D'accord, d'accord, je vais tout vous dire ! Je l'ai rencontrée dans une auberge, elle servait à ma table.
Il est blanc comme un linge et transpire à grosse gouttes, mais il me manque encore une information.
- Que lui as tu fais ?
- Mais rien !
- Alors tu retiens toutes les serveuses que tu à croisé dans ta vie ? Ma voix est doucereuse et menacante, mais il continu sur son mensonge en hochant vivement la tête.
- Absolument ! J'ai une très bonne mémoire !
- Mais bien sur.
Je remue le couteau dans la plaie et il gémit lamentablement.
- Et la vérité ?
Ses haletements de douleur emplissent la pièce.
- Elle était jeune. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu de femme, et la tenancière a accepté, alors vous comprenez ...
- Tu l'as violé.
- Ce ... c'est une manière de le dire.
- Et tu l'as reconnue.
- C'est à cause de ses yeux. Ils changent de couleur. Parfois ils tirent sur le violet, ou le vert. Même le noir. C'est à cause de ça. Sinon bien sur je n'aurais jamais pu !
Sa voix tremblotte, il me regarde par en dessous comme s'il cherchait mon approbation. Ce comportement et ses actes me mettent en rage. J'attache ma dague de sa cuisse er le soulagement que je vois dans ses yeux n'est que de courte durée. Ce type me répugne. Je quitte la piece, un cadavre avec un sourire de sang sur le cou derrière moi.
Je retourne dans ma chambre Et prépare mon sac. Je connais la sentence pour les déserteurs mais je m'en moque. J'ai encore l'espoir de retrouver Uki. Même si je ne sais pas ce que je ferais à ce moment là. Je lui en veux de m'avoir menti. Je m'assied sur mon lit et attend le moment opportun.
Je me suis à somnoler quand le claquement de ma porte me réveille. Kyon viens de débarquer dans ma chambre Et au vu de son regard mauvais, je vais déguster. Je me relève mais les jumeaux me plaquent sur le lit. Kyon m'assene une droite en plein visage, ma pommette, déjà malmenée par Ayron explose de douleurs. Je lui crache au visage.
- Alors après t'en être pris à une fille, tu attaques une personne plus faible que toi ? Et avec des accolites. Aurais-tu peur de moi ?
Je sais très bien que dans ma situation, jouer la carte de la provocation est suicidaire. Pourtant, je m'en moque. Je suis empli de rage.
Je vois au regard de Kyon que mes mots font mouche.
- Lâchez le. Ordonne-t-il aux jumeaux qui s'exécutent.
A peine liberé, je me jette sur lui et lui assène deux coups. Un au ventre, poing serré et un au genou à l'aide de mon pied. Il se plie en deux. Satisfait, je remarque trop tard son signe de tête à ses sous-fifres. Deux mains m'empoignent par derrière, Akanour me contourne et me frappe au ventre. Je me plie en deux sous la douleur. Je dois avoir au moins une côté cassée. Akan me force à m'agenouiller et Kyon se relève, un air mauvais sur le visage. Je m'en fiche. Qu'il frappe s'il veut. Uki est partie de toute manière, la probabilité qu'elle ne soit pas morte de froid et que je la retrouve à temps est faible. Je n'ai plus personne à protéger. Le premier coup m'étale au sol. Je crache un peu de sang sur le parquet et tente de reprendre une respiration normale. Kyon ne prend même pas la peine de me frapper avec ses poings. Il me bourre de coups de pieds et je gémis de douleur. Finalement, il m'attrape par le coup et me soulève de sol. Je sais bien que je suis plus léger que lui, surtout depuis que je suis pris de vommissements mais je ne pensais pas qu'il aurait si peu de mal à me manipuler. Ses doigts reresserent autour de mon coup et je commence à suffoquer. Un sourire malsain barre son visage. Ce type me débecte. Il se repait de la peur et de la douleur des autres. Il me lâche et je m'ecroule en petit tas au sol. Ils sortent de la pièce, les uns derrières les autres et je suis à deux doigts de m'évanouir. Soudain, je comprend Uki. C'est dur de se battre quand on a rien à défendre. Finalement, je sombre dans l'inconscience.
Lorsque la nuit est tombée depuis déjà un moment, je me réveille. Ma sieste improvisée sur le sol glacé m'a ankylosé. Je me redresse en réprimant un cri de douleur. J'attrape mes affaires et me glisse en dehors de la chambre. Sur la pointe des pieds, je me dirige vers ce que je pense être les cuisines. Je ne me trompe pas, il y a effectivement une porte de service. Je tente de l'ouvrir discrètement mais le grincement qui s'en échappe fait s'arrêter mon coeur de battre. Je sors dans la nuit. Un épais manteau blanc couvre le sol. Ce n'est que la fin de l'été et la neige est déjà la. Cette année, le froid est arrivé plus vite que prévu.
Je me dirige vers la falaise et, une fois arrivé, je longe le bord pour trouver un sentier qui descende. Je manque de ne pas le voir. Le chemin est tellement embroussailé que, couvert par la neige on dirait qu'il n'existe pas. Je marche prudemment, redoutant un trou. Le chemin au bord du gouffre offre un point de vue vertigineux sur la rivière quinze mètres plus bas. Lorsque j'arrive au bout, je remarque un embranchement. Je décide de continuer à longer la rivière dans l'espoir de trouver des indices. Quelques kilomètres plus loin, des traces de sabot m'indiquent que deux cavaliers sont passés par la. La forme spécifique des marques de fer m'intrigue. Qu'est ce que des soldats Yakiro viendraient faire si près de la frontière? Je regarde d'un peu plus près les marques et je me rend compte qu'un cheval est reparti plus chargé qu'il n'est arrivé. Inconsciemment, j'espère que le poid en plus, c'est Uki. Je suis les traces de pas jusqu'à la lisière d'une clairière. Un feu projette une lumière chaude et dansante sur les arbres alentour. Je m'accroupis derrière un buisson pour observer le campement. Je ne remarque pas de guetteur. La respiration profonde des deux formes dans un des sacs de couchage me rassure. Ils dorment. Je m'approche donc du deuxième sac de couchage et je ne peux m'empêcher de soupirer de soulagement. C'est Uki. Elle est inconsciente, brûlante de fièvre, mais elle est vivante. Je m'assois en tailleur à côté d'elle pour décider de la marche à suivre. Un sérieux mal de tête commence à poindre et je maudis ma négligence. Je n'ai pris qu'une veste légère et le froid me transperce. Je tombe de sommeil et la douleur des coups me plie en deux.
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