Chapitre 18 Airy

Point de vue Yakiro

Je suis sortie du palais sur un coup de tête tellement j'etais furieuse. Mais en sentant le vent froid mordre ma peau pendant notre chevauchée, je m'en veux d'imposer mes caprices et mes états d'âmes à Akurio. Toutefois, après l'esclandre que j'ai provoqué, plus question de faire demi tour. Je me tourne vers mon camarade. D'ailleurs après ce qu'il s'est passé, je ne suis plus sûre de savoir comment le considérer. Un ami, un amant ? Dans tout les cas, je suis amoureuse de lui.

- Tu rougis. Me fait-il remarquer.

Forcément, je pique un fard.

- Ah euh non c'est pas ce que tu crois !

Il me regarde avec un sourire en coin.

- Excuse moi de t'avoir impliqué la dedans, je n'aurais pas dû. Je reprend, penaude.

- Pas de problème ma chère, partons pour de nouvelles aventures !

Son enthousiasme me fait rire et je rapproche mon cheval du sien. Sous le couvert des arbres, il fait encore plus frais et la neige commence à tomber à gros flocons. En peu de temps, le sol et les arbres se couvrent d'un manteau pelucheux et éclatant. Un daim surgit devant nous et traverse le chemin en trois bonds gracieux. Les bruits de la forêts emplissent l'air et l'on distingue le chant d'une rivière.

- C'est étonnant que l'Imperator ai placé sa demeure si près de la frontière Akeney're. La voix d'Akurio brise le silence.

- Pas tant que ça après ce que nous venons d'apprendre. Lui fais-je remarquer.

- Pas faux.

Après ce bref échange, nous cheminons sans parler, chacun plongé dans ses pensées. Le chemin commence à longer le cours d'eau et je m'emerveille de sa clarté.
Soudain Akurio pointe une forme qui descend le courant et me demande :

- On dirait pas un humain ?

Je jette un oeil distrait, persuadée qu'il se trompe ou que de toute manière, la personne serait déjà morte d'hypothermie. Un détail accroche mon regard et je reconnais le visage qui flotte à la surface de l'eau. C'est le gamin des H'riars.

- Saute dans l'eau il faut le ramener ! Je hurle à Akurio qui est déjà descendu de cheval. Il enlève rapidement ses habits et se jette dans la rivière. Après quelques brasses rapides, il atteint le gamin, l'attrape par le col de sa veste et le ramène sur la rive. Il sort de l'eau trempé. Les lèvres bleues. Malgré la situation, je ne peux m'empêcher de loucher sur son torse musclé. Je lui jette une serviette pour qu'il se sèche et se rhabille, descend de cheval et me précipite vers le corps étendu au sol. Je ne sais même pas pourquoi je me préoccupe de ce gamin qui est censé être notre ennemi. C'est sans doute son air juvénile qui me pousse à vouloir m'en occuper. Je vérifie qu'il respire. Les secondes s'egrennent lentement avant qu'enfin un léger souffle ne traverse ses lèvres. Je vais chercher ma cape fourrée de rechange dans ma sacoche de selle et me redirige vers le gamin. Akurio s'est approché de lui.

- Il faut lui enlever ses vêtements avant qu'il ne meurt de froid. Dis-je.

- Tu le connais ? Me demande-t-il.

- Oui, c'est un des H'riars que nous avons affronté

Son air ahuri manque de me faire éclater de rire. Il ne doit pas comprendre mes motivations à sauver ce gosse.

Je me rapproche du gamin trempé et pâle comme un mort et lui enlève sa veste pendant qu'Akurio va attacher les chevaux.

La surprise me décroche la mâchoire. Le gamin est une fille. Maigre comme un clou, couverte de bleu et de cicatrices, les côtes saillantes à la limite de déchirer sa peau, mais tout de même une fille.
Je termine donc de la déshabiller et l'enveloppe dans ma cape. Comme elle est plus petite que moi, le tissu la couvre entièrement.

J'entend Akurio bougonner derrière moi, ce qui me fait sourire. C'est incroyable la joie que ce garçon apporte dans ma journée.

- Akurio. C'est une fille. Et elle est plus jeune que nous. On ne va pas la laisser là hein ?

Passé les premières secondes d'incrédulité, la gentillesse de mon compagnon refait surface.

- Bien sûr que non. Mais il faut trouver un endroit où dresser le camps. De toute façon la nuit commence à tomber.

En effet, le ciel s'assombrit. La forêt, encaissée entre deux falaises est déjà obscure et la neige scintille doucement. Nous nous enfoncons sous les arbres et débouchon sur une petite clairière abritée pas des pins et que la neige n'a presque pas recouverte. Je descend la gamine de mon cheval et la pause au sol. Akurio va chercher du bois pour le feu et il prend son arc dans l'espoir de trouver à manger.
Pendant ce temps, je sors ma pierre à feu et nos deux sac de couchage. Je me dirige vers la fille pour la glisser dans le mien. Son état à empiré. Son front est brûlant, ses mains glacées et elle a l'air de faire un cauchemar. Pour le moment je ne peux rien faire alors je me dirige vers les chevaux, les désselle et les bouchonne. Je les entrave et les laisse partir en quête de nourriture. Ils n'iront pas loin.
Akurio reviens avec deux lièvres. Il prépare le feu et mets la viande à cuire. Je vais chercher de l'eau que je met à bouillir dans un récipient en métal sorti de mon sac. Je mélange quelques herbes avec et rajoute un cuillerée de miel prise dans ma réserve d'urgence. Quand la tisane est prête, je la verse dans nos gobelets et en tend un à Akurio qui l'accepte avec gratitude. Après avoir bu mon premier verre, je reverse la boisson brûlante dans mon verre et attend qu'elle refroidisse. Puis je me dirige vers la fille, qui marmonne des mots incompréhensibles en s'agitant,  le visage couvert d'une fine pellicule de sueur.

- Akurio vient m'aider s'il te plait !

Mon camarade s'approche et redresse la gamine. J'essaye de lui faire avaler un peu de tisane mais elle ne déglutit pas. J'abandonne rapidement l'idée de la faire boire et me dis qu'on réessaieras demain. Akurio la dépose délicatement sur le sol et remonte le sac de couchage jusqu'à son nez. Un délicieux fumet de viande grillée vient chatouiller mes narines et je me retourne pour manger. Le repas se passe en silence. Le feu crépite doucement et diffuse une lueure orangée. Je sens la fatigue m'envahir peu à peu et informe Akurio que puisque la gamine utilise mon sac de couchage, nous allons tout les deux devoir dormir dans le sien. Il devient écarlate et j'éclate de rire. Il déroule son sac et nous nous faufilons dedans. Pellotonés l'un contre l'autre. Je profite de sa chaleur, heureuse.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top