Chapitre 15 Airy

Point de vue Yakiro

Après l'attaque, les yeux bleus du gamin restent imprimés en négatif sur ma retine. Ils ont quelque chose d'infiniment triste et tellement de rage aussi.
Je secoue la tête. C'est un ennemi pas le temps de m'appitoyer sur son sort ! En plus l'Imperator nous à fait appeler.
Je rattrape Akurio et me rapproche de lui. Nous nous arrêtons devant la porte de son bureau et je respire un grand coup avant de toquer.

- Entrez.

Je pousse la lourde porte et nous allons nous placer derrière l'Imperator. L'atmosphere est lourde et la lumière tamisée de la pièce ne fait rien pour arranger les choses.

- Bien, nous pouvons commencer la réunion.

Il me semble que c'est le Conseiller de Guerre qui vient de prendre la parole.

- Monseigneur, votre cousin l'empereur prend trop de libertés, il envoie ses assassins jusque dans votre château pour vous effrayer, je conseille des représailles. Il est trop sur de lui et de sa victoire dans cette compétition.

À ces mots, je manque de m'etouffer. Ainsi, les deux familles dirigeantes qui ont lancé cette guerre sont apparentées. Qui plus est, il a l 'air de s'agir d'un jeu pour l'Imperator et son cousin. Ils n'ont pas l'air de se rendre compte que des gens meurent en dehors des murs de leurs châteaux. Ce constat me donne envie de vomir. Ainsi, toute cette haine et ces batailles ne sont là que pour le bon plaisir de la classe supérieure. En devenant danseuse, je croyais servir mon pays. Je ne participe en fait qu'à une monstrueuse machination.
Je jette un coup d'oeil à Akurio qui a l'air aussi stupéfait que moi.

- Nous pourrions envoyer nous aussi un groupe de tueur au palais de votre cousin, afin de lui montrer que sa victoire n'est pas assurée.

Le Conseiller à repris la parole.

- C'est une excellente idée, je n'ai pas la moindre envie que ce petit jeu se termine. C'est tellement jouissif de voir ces pauvres gens s'échapper comme des animaux et mourir comme des chiens pendant que je suis tranquillement installé pour les regarder.

Une lueur malsaine brille dans les yeux froids de l'Imperator. Je réprime un frisson.
Il reprend la parole :

- Mais avant cela, a-t-on retrouvé l'esclave qui a fait rentrer ces H'riars ?

- Oui Monseigneur.

- Très bien, faite remonter la guillotine, l'exécution aura lieu demain en place publique.

Il se retourne pour s'adresser à nous.

- Je vous libererai de votre mission de protection, toutefois vous devrez assister au procès.

Et il ose appeler ça un procès. Je fulmine, la mort de ce pauvre esclave est déjà décidée.

- Vous pouvez disposer.

Je tourne les talons suivie d'Akurio.
Je me dirige vers ma chambre, dans un état de rage indescriptible. Je leur en veut tellement d'envoyer tellement de gens à la mort !

À peine la porte refermée, je me met à hurler.

- TU TE REND COMPTE DE CE QU'ILS FONT ? C'EST UN JEU POUR EUX, RIEN QU'UN JEU ! C'EST ABOMINABLE, C'EST INJUSTE, C'EST ...

Les lèvres d'Akurio se posent sur les miennes, m'interrompant en pleine tirade.
J'ouvre grand les yeux, trop surprise pour émettre un son puis je me laisse aller.
Quand il se détache de moi, il est tout rouge et je ne dois pas être en reste.

- C'est bon tu es calmée ?

- Ou... Oui.

- Moi aussi je trouve ça horrible mais si tu continues de hurler c'est nous qu'on va éxecuter demain.

J'acquiesse en silence, encore un peu sous le choc.

- Bon aller, va dormir il va falloir être bien reposé pour demain.

Il se dirige vers la porte quand je le rattrape par la manche.

- Je peux en avoir un autre ?

J'ai les yeux baissés et je suis sans aucun doute plus rouge qu'une tomate.
Je relève légèrement la tête et je me rend compte que de la fumée sort des oreilles d'Akurio tellement il rougit.
Finalement, il s'approche de moi et effleure mes lèvres, mal à l'aise. Il sort aussitôt après.

Je me jette sur mon lit, la tête sur un petit nuage. J'ai hâte de raconter ça à Mia demain !
Je m'endors sur cette pensée.

Le lendemain, je me réveille toute seule, empêtrée dans ma couette. J'ai jeté l'oreiller à travers la pièce, et en plus les cheveux ont décidés de se transformer en pelotte avec laquelle un chaton aurait joué trop longtemps.
Mais ce n'est pas ce qui me perturbe le plus. J'ai pris l'habitude de me réveiller à l'odeur du babo que Mia m'apporte tout les matins et aujourd'hui, elle n'est pas là.
L'horloge sonne les coups de onze heures. L'exécution à laquelle je suis obligée d'assister à lieu à midi ! Je saute à bas de mon lit et je m'ecrase lamentablement sur le parquet, les pieds coincés dans ma couette. Je lui lance un regard noir, cette pauvre couverture n'a pourtant rien demandé.
Je finis par m'extraire du piège particulièrement vicieux que tout les éléments de ma chambre ont décidés de me tendre en maugréant.
Je m'habille en quatrième vitesse et attrape le pain tartiné de confiture sur ma table de chevet. Je mord dedans à pleine dents en essayant de trouver la place de la guillotine sur la carte du chateau. Je tourne la feuille quatre fois avant de me rendre compte que je serais en retard si j'attend de la trouver sur ce maudit plan.
Je sors de ma chambre et repasse trois fois devant, guidée par min légendaire sens de l'orientation. A la quatrième, je croise Akurio, hilare. Cela doit faire un moment qu'il me voit passer.

- Ça fait quatre fois que tu passes devant moi sans me voir ! S'esclaffe-t-il.

- Tu aurais pu m'arrêter avant alors !

Je me rapproche pour le frapper quand le souvenir d'hier soir me revient en tête. Je rougis immédiatement et m'arrête à dix centimètres de lui, le bras levé. Il devient lui aussi aussi rouge qu'une tomate, il a sans doute pensé à la même chose que moi.

- Bon on y vas ? Je m'exclamme.

- Suis moi sinon on y est encore demain !

- Je te déteste !

- Ah oui ?

Il me jette un regard en coin. Je suis absolument sûre que de la fumée me sort par les oreilles.
Il m'attrape par la main et me tire derrière lui. Nous arrivons pile à l'heure pour l'exécution.
La lame de la guillotine brille funestement au soleil. Je réprime un frisson.
Un Hérault grimpe sur l'estrade et souffle dans son cor. Il sort une feuille de sa poche et la déplie.

- Vous êtes ici rassemblés pour assister à l'application de la sentence de Mia Anura, esclave condamnée à mort pas sa majesté l'Imperator pour trahison et complicité lors d'une tentative d'assassinat à son encontre.
Que l'accusée s'avance.

Je ne veux pas croire ce que je viens d'entendre. Mia, ma seule amie au château va mourir. Je voudrais lui demander pourquoi elle a fait ça, mais, rien qu'en la regardant s'avancer, droite, le regard fier, je devine ses raisons. Elle voulait être libre, et lutter contre l'injustice. Elle va mourir pour ça.
Je repere du coin de l'oeil le soldat dont elle m'a parlé. Il a l'air au bord des larmes. Le frère jumeau de mon amie, lui, est complètement effondré. Je me demande si elle se rend bien compte des conséquences de son acte.

Elle grimpe sur l'échafaud, toujours aussi gracieuse. Elle s'agenouille et place sa tête dans l'encoche. Et, à travers la foule, son regard accroche le mien et ne le lâche plus. Je m'efforce de ne pas détourner les yeux et d'être aussi courageuse qu'elle. Je maintiens son regard jusqu'à ce que la lame s'abatte. Et, au milieu des rugissements de la foule qui demande du sang, je me met à pleurer. Les larmes coulent silencieusement sur mes joues et je sens à peine Akurio me serrer contre lui. Il me ramène jusqu'à sa chambre et me berce jusqu'à ce que je m'endorme agrippée à lui, épuisée et dégoutée de la pseudo-justice de notre employeur.

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