Chapitre 14 Uki
Point de vue Akene'yre
J'ai un mauvais pressentiment pour la mission de ce soir. Déjà que quand je me suis réveillé, Ikar m'a raconté mon gros craquage, mais en plus, il faut que l'on s'infiltre au banquet d'anniversaire de l'Imperator, qu'on effraye toute l'assemblée y compris lui. Par contre c'est la seule personne que l'on a pas le droit de tuer. Et interdiction de se faire prendre vivant. On a tous une capsule de poison coincée dans une molaire. Comme ça si on se fait capturer, on croque bien fort et on est mort en moins de cinq secondes. Réjouissante perspective. Et pour couronner le tout, les ordres viennent de haut. De très haut. Donc pas question d'échouer.
J'essaye d'empêcher mon esprit de produire autant de pensées macabres à la minute mais ce n'est pas très concluant. Cela fait plus de trois heures que je suis allongé dans l'herbe humide. Des feuilles mortes jonchent les sol et craquent à chaque mouvement. Mes membres s'ankylosent de plus en plus Et je connais déjà par coeur les horaires de ronde.
Enfin, Kyon revient.
- J'ai trouvé le contact, c'est une esclave, elle s'appelle Mia. Elle est superbe, je me la ferais bien au petit déjeuner !
Ces mots me retournent l'estomac, je suis pris d'une violente nausée et d'envies de meurtres. J'ai du changer de couleur par ce que Ikar me regarde bizarrement.
- Ça va ? Tu es tout pâle.
J'acquiesse rapidement, peut désireux qu'il s'inquiète encore pour moi.
Des nobles commencent à affluer aux portes du château.
- Nous passerons à l'action au crépuscule. Chuchote Kyon.
Je trépigne sur place. Ses paroles de tout à l'heure m'ont donné envie de me défouler.
Finalement, la nuit tombe. Bien trop lentement à mon goût. Kyon se lève, suivi des jumeaux. Je saute sur mes pieds souplement et Ikar se redresse plus silencieux qu'un chat. Nous sommes tous tendus. Le mode assassin est activé, nous ressemblons tous à des tueurs en chasse. Cette concentration extrême et cette sensation de pouvoir entendre jusqu'au moindre bruissement et voir jusqu'à la moindre épine de pin me fait me sentir bien. L'adrénaline de début de mission à toujours cet effet sur moi.
Enfin, nous nous dirigeons vers les fortifications. Mia nous y attend. C'est vrai qu'elle est belle avec sa peau dorée. Elle nous fait signe de la suivre et disparaît par une porte de service. Je m'envoyer derrière elle dans les profondeurs du château.
- Attendez ici. Nous ordonne-t-elle.
Derrière les lourds rideaux, la musique filtre, assourdie.
L'attente est encore une fois interminable. Nous patientons une bonne heure, debout et silencieux. Kyon finit pas donner le signal de l'attaque. Je dégaine mes deux sabres et saute dans la pièce du banquet. Ce que je vois me donne envie de vomir. Les nobles mangent à s'en faire éclater la panse pendant que dehors, les soldats risquent leur vie pour leur bien être.
Les convives ne comprennent ce qu'il se passe uniquement lorsque Kyon égorge un homme sous leurs yeux. Akan et Akanour sont toujours aussi synchronisés, la hache de l'un tourbillonant aussi vite que l'épée de l'autre.
Quand à moi, je ne me débrouille pas si mal avec mes deux sabres. Je n'ai envie de tuer personne donc je m'arrange pour blesser. Je surveille autour de moi en me demandant où sont les gardes quand mon regard croise celui de la danseuse que j'ai croisé l'autre fois. Elle a l'air de m'avoir reconnu en plus. Je n'ai vraiment pas de chance. Elle a une courte discussion avec l'Imperator, qui a l'air de parfaitement comprendre notre tactique et nous regarde avec un sourire narquois. Dommage que j'ai l'interdiction de le toucher. La danseuse se dirige vers moi, ce qui ne m'arrange pas du tout.
Je jette un coup d'oeil rapide à la salle et me rend compte qu'il y a un autre danseur. C'est vrai qu'ils travaillent par paire. Les nobles sont tous paniqués, j'estime que le travail est fini et je lance un regard à Ikar qui doit être d'accord avec moi vu son air désoeuvré. Comme par hasard, Kyon nous enjoint de quitter la salle. Je cherche la danseuse des yeux mais je ne la trouve pas tout de suite, elle est bien plus proche de moi que je le pensais. J'hésite entre l'envie d'un vrai combat et obéir aux ordres. Je choisis la deuxième option et tourne les talons précipitamment. Je me met à courir vers la sortie sous le regard éberlué de mon adversaire. Le temps qu'elle réagisse, je suis déjà loin. Je retrouve les trois autres dehors. Je me place à côté d'Ikar et nous retournons aux chevaux. Je saute sur le dos de ma jument et nous partons au galop vers le camp. Une fois arrivés, Ayron nous convoque dans sa tente pour le rapport.
- Comment ça c'est passé ?
- Plutôt bien, répond Kyon, mis à part le fait qu'Uki à hésité lors de la retraite et qu'il n'a tué personne.
Il me jette un regard assassin sur ces derniers mots. Assassin et victorieux. Il sait très bien ce qui m'attend. Moi aussi d'ailleur. Je peste dans ma tête, j'aurais dû être plus discret.
- C'est vrai ? Ayron me darde de ses yeux de glaces.
Un frisson me remonte le dos, je ne laisse rien paraître.
- Oui.
- Pourquoi ?
Hors de question de lui dire mes vraies raisons. Un assassin qui a des remords ? Il me rirait au nez.
- Un noble mort ne sert à rien, blessé, il pourra véhiculer l'histoire et la rendre plus sanglante encore. Ça contribuera à la terreur.
Je tente bien de me justifier, même si je sais pertinemment qu'Ayron ne résistera pas au plaisir de me voir en sang. D'ailleur, son rictus en dit long sur ce qu'il pense. J'ai intérêt à faire profil bas ce soir.
Il m'attrape par le col et me soulève de terre sans efforts. Vu de près il est encore plus colossal.
- Écoute moi bien. Il me semble te l'avoir déjà dit. Tu es un assassin. Tu exécutes tu ne penses pas.
Il me projette violemment au sol. Le choc fait trembler mes os.
- Relève toi !
Je me redresse, la tête baissée. Pas la peine de jouer au plus malin, la peur me dévore les entrailles.
Il me gifle si fort que je voie des étoiles. Sa chevaliere viens s'enfoncer dans ma joue, mordant cruellement la chair. La deuxième me projette au sol. Je crache un peu de sang, je me suis mordu la langue. Je croise le regard d'Ikar, entre reproche et tristesse. Je retourne les yeux en premiers. J'entend Ayron s'approcher de son coffre et l'ouvrir. Sans le voir, je sais déjà qu'il a sorti son fouet à dix lanières. Il paraît qu'il faut au moins ça pour me dresser. Je me recroqueville au sol et je serre les poings. Mes ongles s'enfoncent dans mes paumes jusqu'au sang. Je me concentre sur cette douleur pour oublier celle qui me dévore le dos au premier coup. Et, comme à chaque fois que ça arrive, je laisse mon esprit dériver loin de mon corps, comme si je me detachais de moi.
Quand Ayron arrête, Kyon sourit cruellement, satisfait, les jumeaux regardent ailleurs et Ikar a l'air à deux doigts de se mettre à hurler.
Mon esprit réintégre brutalement mon corps et la douleur explose dans ma tête. Je serre les dents et retient in extremis un gemissement. Je ne leur ferais pas cette joie. Je me relève et retourne dans notre tente. Ikar me suit et Kyon me fait trébucher.
Je n'ai qu'une envie : aller me coucher. Mais je sais que ce serait une erreur. Je dois d'abord désinfecter et changer de chemise. Je passe rapidement dans la salle d'eau et ressort quelques minutes plus tard. Changé. Je me heurte à Ikar qui ne sait pas trop quoi faire. Il finit par m'ebouriffer les cheveux. Je vais me peletonner dans mon lit de camp sans dire un mot.
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