4- La sélection

           ⚠️ Attention ! Scènes choquantes !⚠️


La pleine lune.

Un hurlement strident transperçant le ciel.

Le cri d'un corbeau s'élevant dans la nuit.

Élinôr venait de planter la fine lame de son couteau dans le thorax de James, en plein cœur. Le jeune homme s'écroulait à la minute suivante, mort, d'un coup. Il avait poussé un hurlement d'horreur à en percer les tympans, quand la lame aiguisée l'avait perforé. Sans pitié et sans aucun remord, Élinôr l'avait éliminé parce qu'elle le trouvait disgracieux. Et voir son corps inerte, gisant sur le sol la satisfaisait. Ça faisait un en moins ; le monde n'avait pas besoin d'une mocheté pareille.

Pourtant James Alchior était un jeune homme fort appréciable. Avec ses beaux cheveux marrons courts, sa belle moustache d'homme de haute société, sa barbichette de jeune à peine mature et ses favoris magnifiquement tracé, il ne laissait pas indifférent avec son petit regard ambre. S'il fallait ajouter à cela le fait qu'il était un homme pratiquant de l'excrime et toutes sortes de jeux de combats, il s'était révélé être un bon parti avec son corps d'athlète. Jadis, il avait eu beaucoup de succès auprès de la gent féminine ; et même n'avait pas eu de peine à être retenu comme prétendant de la souveraine. Malheureusement pour lui, il n'avait pas été à son goût.

Il était impératif pour ces jeunes hommes d'avoir un beau physique et irréprochable, car la souveraine ne tolèrerait la moindre imperfection. Elle même qui ne s'excusait pas et qui mettait tant d'efforts et de moyens pour être ir-ré-pro-chable. C'est ainsi qu'elle se rapprocha d'un second. Le deuxième choix. Il avait des tâches de rousseur jugées un peu "trop voyantes" par Élinôr. Elle n'en voulait pas sur sa progéniture future. C'est sans hésiter qu'elle planta son couteau dans le buste du jeune homme qui tomba à la renverse. Le garde qui le maintenait prisonnier l'avait lâcher. La frayeur monta d'un cran. Deux hommes étaient déjà éliminés. Un de vingt-sept ans, le premier. Et un autre de trente-trois ans. L'intervalle d'âge qui avait été choisi cette année là, allait de vingt-six à trente-cinq ans, à cause de l'âge de la souveraine qui en avait déjà vingt-huit.

Certains des dix-huit autres encore vivants, s'agitaient dans les bras des gardes qui les retenaient fermement, eux-mêmes étant spécialement formés pour faire face à des hommes aussi forts que les prétendants de la souveraine. Elle s'approcha d'un, qui était particulièrement agité. Il était très grand, bien robuste ; malgré son costume on devinait assez facilement toute sa carrure massive. Un vrai un géant. Elle aimerait bien l'affronter lors d'un combat; cette idée l'excitait grandement. Il possédait cependant un visage très juvénile et très beau. Élinôr se tint face à lui, espérant que sa seule présence allait suffir à le calmer. Au lieu de ça, le jeune homme lui balança des insultes d'une grossièreté choquante à la figure.

__ Sale pute ! Vous, non toi ! Tu n'es qu'une ignoble créature ! Pétasse, je rêverais de te prendre par derrière, bousiller tes sphincters de chienne et m'enfoncer au fond de ta gorge jusqu'à ce que tu meurs d'étouffement ! Lui avait dit le jeune homme.

Et profitant du peu d'espace qui le séparait d'elle, il cracha sur son visage. Quel mal éduqué ! Élinôr resta un moment interdite, tant ces mots la lacèrent l'abdomen. Elle eut envie de gerber, mais se maitrisa. Avec ce geste dégradant s'en était trop. Une profonde et vive colère s'empara d'elle. Elle allait exterminer cette langue de vipère, cet être abject, c'était certain. Elle ne pouvait ignorer un tel mépris.

__ À genoux ! Mettez moi cet écervelé à terre ! ordonna-t-elle avec fureur.

Jamais de sa vie elle n'avait eu droit à des propos pareils. Oui elle avait fait des choses détestables, et avait reçu tous genres d'injures, mais pas d'une telle perversité. La chaleur bouillante de son aigreur en elle, était telle qu'elle souhaitait déchiqueté cet homme de ses propres mains. Alors sans attendre plus elle se rua sur le mâle en chaleur, déjà agenouillé, et lui perfora les deux yeux avec son couteau, pour que jamais plus il ne puisse admirer le corps d'une femme. Puis les coups de lame s'enchaînèrent partout sur son visage. Élinôr ne savait plus où elle plantait son couteau, tout ce qu'elle voyait s'était sa rage s'abattre sur cet homme sans respect. L'homme toujours maintenu par le garde royal, poussait des cris de détresse, de rage, de douleur à en plus finir. Tellement la jeune femme se défoulait un peu plus que d'autres gardes en poste vinrent la stopper et la retenir l'empêchant de continuer son massacre. Le jeune homme s'écroula au sol car le garde l'avait lâché, et continuait de gémir de douleur.

__ Lâchez moi ! ordonna-t-elle.

Mais les gardes craignaient qu'elle se rue à nouveau sur cet homme déjà bien abîmé, alors ils hésitaient mais continuaient de la retenir.

__ Je vous jure que j'en ferai pire avec vous si vous ne me lâchez pas tout de suite ! Cingla-t-elle.

Et Élinôr faisait toujours tout ce qu'elle disait. Alors ils la lâchèrent immédiatement. Elle observa l'homme à terre : il avait les deux yeux crevés, le nez cassé et transpercé de toute part, sa lèvre inférieure pendait jusqu'à son menton laissant découvrir des dents ensanglantés dont certains manquaient à l'appel. Sa lèvre supérieure quant à elle était tuméfiée et pissait du sang. Près de lui au sol, gisaient quelques dents et un œil. Quant à la souveraine, elle était recouverte de sang, le sang de l'affreux personnage. Sa robe, son visage, ses mains étaient recouverts du liquide vermeil. Mais peu lui importait, elle avait encore tant à faire.

Elle leva les yeux vers le ciel obscurci et aperçu la lune qui disparaissait peu à peu. Elle devait faire vite. Il ne manquait plus que deux à éliminer et se serait terminer. Elle revint près des jeunes hommes qui s'étaient plutôt calmés, ils devaient certainement prier pour ne pas être éliminés. Elle continua son analyse et de moins en moins ils avaient des défauts physiques visibles à l'œil nu. La tâche devenait ardue. L'objectif de la sélection était de mettre de côté les échantillons imparfaits, disgracieux, présentant des imperfections qui pouvaient affecter en mal la progéniture royale à venir. En plus du fait qu'ils avaient été présélectionnés sur des critères bien définis : grande taille, svelte de préférence et bien bâtit physiquement, belle figure, fort, intelligent et de bonne éducation. Ils étaient re-selectionnés sur des exigences parfois farfelues, mais auxquelles la souveraine tenait. Il en valait de sa descendance.

Deux autres furent éliminés. Un qui l'avait supplier de toutes ses forces en sanglots ; tellement il avait peur de mourir. Elle avait trouvé qu'il était trop sensible pour un homme. Et le dernier bah... il avait six doigts à la main gauche. Six doigts ! Ce n'était même pas envisageable pour sa lignée. D'ailleurs comment avait-il fait pour être présélectionner dans la listes des vingt avec un défaut aussi flagrant ? Et le comble de tout c'était un simple paysan de moyenne famille qui ne possédait aucune terre, aucun héritage. Ses enfants à elle n'auraient sûrement pas besoin du patrimoine ni de la richesse de leur père, mais son mari n'allait pas être n'importe qui tout de même.

La sélection était enfin terminée. Les gardes relâchèrent les jeunes hommes et retournèrent à leurs postes, toujours discrets. La souveraine elle, était épuisée. Elle relâcha fébrilement son arme au sol et sa servante se dépêcha de venir le ramasser. Plus tard il serait laver, purifier et remis à sa place. Sir LeKing, son conseiller personnel fit alors son apparition dans l'arène. Il voulu prendre la parole quand une agitation soudaine se fit sentir. Deux aspirants venaient de quitter le rang pour s'enfuir.

__ Rattraper les ! ordonna Hector, le conseiller de sa Majesté.

Les gardes plus rapides et habitués à ce genre de scénarios, rattrapèrent les deux fuyants en un rien. Et d'autres vinrent encercler les autres aspirants, pour les dissuader de commettre la même bêtise. On ramena les fuyants vers le rang, les gardes les maintenaient fermement.

__ Qu'en est-il de leurs sorts votre Majesté ? Demanda Hector.

__ Qu'on les tuent, répondit Élinôr avec lassitude.

__ Bien, faîtes ce que sa Majesté a ordonné.

Et les gardes sortirent des couteaux dissimulés dans leurs uniformes et poignardèrent à mort les deux hommes. Un mourut sur le champ mais l'autre convulsait en vomissant du sang sur le sol de la scène. LeKing lança un regard éclair sur les aspirants et en désigna un pour achever l'agonisant.

__ Toi, fit il en pointa le concerné du doigt. Donnez lui un couteau et qu'il achève cette pourriture, émit il avec dédain.

Celui qu'on avait désigné prit le couteau malgré lui et s'avança vers sa victime. Mais au moment de lui planter la lame il hésita. Comment l'homme pouvait être cruel à ce point ? N'avaient-ils donc pas de cœur ces gens ? Comment pourrait-il vivre avec cette mort sur la conscience plus tard ? Il ne se le pardonnerait jamais. JAMAIS !

__ Fais le ou ce qui t'arrivera sera bien pire ! cingla le conseiller sur un ton acerbe.

Il regarda sa victime, sa victime le regarda. Leurs deux regards noisettes se rencontrèrent. Et il lui demanda pardon, avec autant de forces qu'il l'aurait pu, de tout son cœur, il le supplia du regard de le pardonner. Car cet acte, il le regrettait déjà amèrement. Puis il planta la lame en plein cœur. À l'intérieur du sien qui battait encore, il cria sa propre rage, sa haine contre ce monde immonde et méchant. Ce monde qui pourtant les avait vu naître deux ; mais qui venait de les séparer, en lui demandant d'ôter la vie à son sang. Son double. Son frère jumeau.

****************

Un silence sinistre régnait ce matin. Aucun son, aucun murmure, même un signe de vie ne se faisait sentir au palais. À moins qu'on ne descendait dans le sous-sol où s'activaient toujours les ouvriers, les étages supérieurs où se trouvaient les aspirants d'un côté et les appartements de la souveraine de l'autre étaient d'un calme glaçant.

Peu après être rentrée de l'arène cette nuit là, Élinôr s'était réfugiée dans ses appartements et avait demandé à ce que personne n'y pénètre, même pour lui servir à manger où l'aider à se changer. Elle s'était mise devant son miroir et avait observé son aspect. Le teint pâle, le regard livide, les cheveux en bataille, on aurait dit qu'elle revenait tout droit des abysses des ténèbres. Mais Élinôr se souciait peu de son aspect à c'est instant. Elle avait fait ce qu'elle avait à faire. Et maintenant avait juste besoin de bon repos pour reprendre de la forme. Et puis c'était normal que des gens meurent tout le temps. Les cadavres elle en avait vu des milliers ; et depuis le temps "tuer" était devenu un exercice pour elle, une habitude. Elle ne s'en formalisait plus ; comme ci elle était dénuée de ressentiment. Comme si elle avait perdu son âme propre.

Élinôr passa toute la journée enfermée dans ses appartements. Elle ne voulait voir personne ; surtout dans l'état où elle était. Ses yeux avaient repris leur couleur normale, mais elle manquait encore d'énergie. On frappa à sa porte alors qu'elle sortait à peine du bain. Qui osait la perturber alors qu'elle avait été bien claire sur le fait de ne pas être dérangée ?

__ Qui est-ce ? demanda-t-elle avec froideur.

__ Élinôr, c'est moi. Hector, répondit-on de l'autre côté de la porte.

__ Que me vaut l'honneur de cette visite ? renchérit-elle un brin d'ironie dans la voix.

__ Je... voulais me rassurer que vous alliez bien.

__ Allez-vous en ! Cingla-t-elle.

__ Il faut qu'on parle Élinôr.

Elle ne répondit pas.

__ Et tu le sais, ajouta Hector.

Bien sûr qu'elle savait de quoi il voulait encore parler. Et cela ne l'enchantait absolument pas.

__ Patientez dans mon salon privé. J'arrive.



PS : Les chapitres sont assez irréguliers au niveau de la longueur. Certains sont/seront plus longs que d'autres. Merci !

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