Partie 8
Avertissement : mon histoire est classée M (pour Adultes), ce n'est pas pour rien, notamment dans ce chapitre.
La scène de sexe est indiquée entre crochets [[ ]] si vous souhaitez l'éviter.
***
Je navigue dans ses souvenirs de soirées mondaines instinctivement, je survole les scènes, repère Drago du coin de l'œil, je réussis à rester un témoin extérieur et à sauter d'un moment à un autre pour gagner du temps.
Tous ses souvenirs se ressemblent. Des galas, des verres de whisky pur feu bus au coin d'une cheminée ou dans une véranda luxueuse, des négociations et des discours pompeux qui se terminent par de vieux sorciers grisonnants appelant leurs elfes de maison pour remplir des sacoches de gallions, en espérant avoir les faveurs du Seigneur des Ténèbres.
Je me frotte les yeux de fatigue. Je ferai bien une pause mais j'ignore le temps qu'il me reste pour présenter les preuves au Magenmagot.
Bientôt, dans la file de souvenirs que je scanne rapidement, un moment m'interpelle. Je mets quelques secondes à comprendre ce qui m'a arrêté.
Drago est seul, accoudé à une rambarde de fenêtre sculptée en métal. Je jette un coup d'œil à la somptueuse chambre dont la vue donne sur un jardin verdoyant et parfaitement entretenu. Le soleil est haut, l'air est frais, ça pourrait être agréable dans un autre contexte.
Pour la première fois, Drago est seul, et c'est le silence qui m'a marqué.
Pas de jacasseries de nobles, pas de couverts en argent qui tintent, pas de conversations à soutenir.
Drago est seul, la tête penchée entre ses épaules affaissées.
Sur le bureau qui jouxte la fenêtre, des feuilles de parchemins sont étalées, d'autres sont froissées. L'encre s'est renversée et a tâché la feuille du dessus. Mon regard est attiré par l'écriture en pattes de mouches : je reconnais l'écriture de Drago et mon prénom sur chacune des feuilles, accompagnées de quelques phrases toutes raturées. Mon cœur se comprime et je voudrais m'approcher pour en lire plus. Mais au même moment, on toque à la porte. Je sursaute et me recule.
Drago se redresse, passe une main sur son visage, recompose son masque. D'un coup de baguette, il fait disparaître les lettres et ouvre la porte.
Une vieille elfe de maison apparaît dans l'embrasure.
- Maître Greengrass peut à présent vous recevoir M. Malefoy. Il est dans la bibliothèque, je vous accompagne ?
Drago acquiesce et je le suis, guidé par l'elfe de maison.
Nous pénétrons dans une belle salle avec un parquet massif et de hauts plafonds peints. Aux murs de grandes et hautes étagères en bois exotique supportent des centaines de vieux grimoires. Une échelle magiquement suspendue permet sans doute d'accéder aux rayons inaccessibles.Dans un des coins, un grand fauteuil en cuir prend toute la place. De petites alcôves entre les étagères créent des espaces de lectures privés avec des banquettes en cuir. Dans l'une d'elles, un plateau d'échecs est posé sur un petite table basse.
Drago, le nez en l'air, semble tout aussi impressionné par la pièce que moi.
Quand un homme contourne un grand bureau et s'approche de nous, sourire aux lèvres, il se recompose très vite son masque d'indifférence et s'incline légèrement.
- Amaury Greengrass, ravi d'enfin vous rencontrer.
- Tout le plaisir est pour moi Malefoy. Navré de vous avoir fait patienter dans la suite des invités, mais j'avais quelques affaires urgentes à régler.
Il lui fait signe de s'asseoir dans l'un des sièges qu'il fait apparaître pendant que lui s'installe dans le grand fauteuil. Il fait signe à son elfe et celle-ci revient avec un plateau de boissons.
Alors que Drago se lance dans un discours sûrement parfaitement rôdé sur l'importance des lignées des familles de sang-pur et sur la suprématie actuelle de Voldemort, Greengrass le coupe rapidement.
- Épargnez-moi votre discours tout préparé Drago, je sais ce que vous voulez de moi – ou plutôt ce que le Seigneur veut, devrais-je dire. Goûtez-moi ce vin à la place, c'est une cuvée qui vient de notre domaine, vous m'en direz des nouvelles.
Drago semble une seconde perplexe, puis accepte le verre de vin, hume le liquide avant de faire rouler une gorgée sur son palais.
- Il est très bon, une belle robe et bien charpenté !
Greengrass sourit, l'air satisfait et déguste lentement son propre verre.
L'homme a les tempes grisonnantes mais encore dans la fleur de l'âge, une carrure imposante mais le regard bienveillant.
- Le Seigneur voudrait savoir..., reprend Drago avant de se faire couper à nouveau.
- Je sais que le Seigneur vous envoie pour ponctionner une partie de la fortune familiale, je le sais Malefoy. » Il soupire. « Et il l'aura, si ça peut vous rassurer. »
Il fait un signe à l'elfe, qui les ressert en vin.
- Vous êtes-vous promené sur le domaine Malefoy ?
- Non, je n'en ai pas eu l'occasion.
- Vous devriez, c'est agréable et hors du temps. Il faut reconnaître, même si j'affectionne notre très chère Albion, que ce domaine est bien mieux situé que notre demeure du Devonshire. Le climat français est parfait pour les vignes, et tellement appréciable pour nous. C'est toujours un ravissement d'y passer quelques semaines à cette époque pour fuir la grisaille anglaise. Les filles viendront bientôt y passer quelques semaines. Et puis nos connaissances vont et viennent, il y a assez de place dans nos dépendances pour faire profiter tout le monde sans qu'on se marche dessus.
Il finit son verre.
- Vous devriez rester quelques jours Drago, cela vous ferait du bien. Vous avez le teint bien pâle mon garçon.
Drago semble perdu et cherche ses mots.
- Je ne devrais pas, le Seigneur...
- ... veut que vous rentriez avec mes gallions ! » il esquisse un rire, « et il les aura, promis, dites-vous que ça rentre dans la cadre de votre mission, le temps de me convaincre. »
Drago ne semble pas habitué à tant de sympathie, il semble calculer le piège potentiel, la confiance qu'il peut donner, la distance à préserver.
- Et ainsi, je pourrai vous présenter Astoria, mon aînée, ma charmante fille qui a bien besoin de garder les pieds sur terre en ce moment... peut-être pourrez-vous chasser ses lubies du moment...
Drago acquiesce, visiblement à court de mots, et Greengrass envoie l'elfe préparer la suite où elle l'avait fait patienter précédemment.
Au creux de mon ventre, je sens poindre comme une catastrophe, un mauvais pressentiment.
Je me répète que Drago est là dehors, dans sa cellule, et qu'il ne serait pas revenu avec sa vérité et ses sentiments au bout des lèvres s'il avait préféré choisir une autre voie, n'est-ce pas ? Mais qui sait ? Contrairement à ce qu'il scande, c'est long deux ans. Mille choses peuvent se passer. Mille choses peuvent être oubliées. Et c'est avec une boule au ventre que j'avance dans ses souvenirs.
***
Le domaine des Greengrass s'étend au milieu de collines où sont plantés les cépages. Le soleil est doux, les terrasses calmes et silencieuses. D'après mes calculs et les conversations entendues, on doit être au printemps.
L'atmosphère est paisible ici, leur demeure ressemble effectivement à une oasis et il est difficile d'imaginer que la Guerre suit son cours en Angleterre, et que j'étais perdu dans ma quête à ces foutues Horcruxes au même moment.
Sur la terrasse ombragée par la pergola, Drago est assis autour d'une table où un elfe a déposé un plateau de citronnade. Drago a délaissé sa cape habituelle pour un pantalon en lin noir et une chemise claire et ample au tissu plus léger. Une paire de lunettes hors de prix a trouvé place sur son nez pour protéger ses yeux clairs du soleil. Il a le regard au loin, le visage toujours aussi fermé.
Son air constamment taciturne me rappelle soudain l'air austère du professeur Rogue. A croire que de jouer le rôle d'un autre toute sa vie vous forge un masque sinistre impossible à effacer. Est-ce là la croix à porter des espions de l'ombre ?
Plus loin sur la terrasse, plusieurs jeunes gens s'amusent à invoquer des bulles de savon géantes du bout de leurs baguettes qu'ils animent en animaux fabuleux une fois dans les airs. Ils jouent à celui qui les fera durer le plus longtemps sans les éclater. Les coups de griffes de savon et les coups bas semblent permis et les éclats de rire ponctuent leurs batailles insouciantes.
Fatigué par ma course dans les souvenirs, je me pose près de Drago juste pour observer ses traits plus longuement. Des tâches de rousseur sont apparues sur son nez et la peau de lait de ses pommettes. Le soleil français lui va bien au teint, ses cernes ont presque disparues derrière ses lunettes. Je me surprends à penser qu'il est toujours aussi beau malgré tout. Je ferme mes paupières lourdes et me frotte les yeux. Quand est-ce que les papillons ont repris leur place dans mon ventre entre deux bouffées d'angoisse ? Alors que je tends la main pour effleurer ses doigts immatériels, une jeune fille vient s'asseoir brusquement près de lui, et tend le bras pour se servir un verre de citronnade.
- Êtes-vous sûr de ne pas vouloir vous joindre à nous ? Je suis certaine que vous battriez à plate couture mon cousin Angus qui se vante vraiment un peu trop avec son aigle de savon !
- Merci de la proposition Astoria, mais je préfère rester ici et me reposer.
Je sursaute à la mention de son prénom et me tords le cou de douleur en tournant brusquement la tête vers elle.
Elle doit avoir deux ans de moins que nous, de longs cheveux bruns lui tombent en cascade sur les épaules, elle a des yeux rieurs, une moue volontairement enfantine. Comme vous voudrez. Son port de tête et sa prestance trahissent son éducation aristocratique, à n'en pas douter, mais elle est plutôt jolie dans sa robe fleurie légère.
Je la détaille furieusement du regard et je sens naître une pointe de jalousie irrationnelle en moi.
Plutôt que de rejoindre les autres en train de s'amuser, elle remplit le verre de Drago, le pousse vers lui et s'installe confortablement sur son siège.
- Vous êtes un garçon bien silencieux Drago Malefoy.
Drago semble sorti de ses pensées, il se redresse, remonte ses lunettes sur le haut de sa tête et prend son verre de citronnade.
- Navré Astoria, d'être de si mauvaise compagnie.
- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Vous me semblez plutôt préoccupé.
Drago fuit son regard.
- J'ai perdu l'habitude de ce genre de moments simples où je peux me permettre de ne penser à rien, je crois que j'ai perdu le mode d'emploi de l'insouciance ces derniers mois...
- Père dit qu'Il n'aurait jamais du vous assigner ce genre de mission, que vous êtes bien trop jeune pour assumer de telles responsabilités... je pense qu'il a raison.
Les lèvres de Drago tressaillent sous le regard volontairement farouche de la jeune fille.
- Détrompez-vous, c'est un honneur de le servir.
Évidemment, dit la bouche d'Astoria, tandis que ses yeux expriment le contraire.
- Avez-vous parlé à mon père ?
Drago se penche légèrement vers elle.
- En effet, nous avons discuté...
- De moi ? De vous et moi, je veux dire ?
Il hoche la tête.
Elle lève les yeux au ciel, avant de vérifier que les autres sont toujours en train de s'amuser plus loin.
- Écoutez Drago, je vais être franche, je ne veux pas vous épouser. Ni vous, ni un autre. Pas avant au moins quinze ans !
Elle secoue sa tignasse et plante ses grands yeux noirs pleins de vie dans ceux de Drago.
- Je veux voir le monde Drago, voyager, visiter Berlin, Copenhague, peut-être Moscou, je veux découvrir de nouvelles cultures, explorer de nouvelles contrées, apprendre le japonais, naviguer sur un océan ! Et sûrement pas me marier et rester cloîtrée dans un immense manoir à Londres ! Ce n'est pas du tout contre vous, c'est juste... je veux vivre ma vie, avant de m'engager avec quelqu'un... je l'ai dit à Père, mais il ne veut rien entendre.
Pour la première fois depuis longtemps, je vois le masque de Drago se fissurer, il semble abasourdi et peut-être soulagé. Il esquisse difficilement un sourire.
- Je comprends Astoria.
Son expression est sincère. Elle lui rend son sourire, elle est soulagée elle aussi.
- C'est un beau programme, vous avez raison de voir grand. Je ne suis pas sûr que ça ravira votre père en revanche... Voulez-vous que je quitte le domaine ?
- Absolument pas. Restez. Père peut continuer à croire à notre futur mariage s'il le veut, tant qu'il ne me force pas la main, j'y survivrai. Il n'est pas obtus vous savez, c'est un homme bon. Je lui en reparlerai quand tout... elle fait un vague geste de la main... se sera calmé. Restez, reposez-vous, profitez des lieux et des dîners, c'est tout de même plus agréable d'être ici plutôt que dans les couloirs du Ministère ou de Poudlard en ce moment...
- Que voulez-vous dire ?
- Vous savez, c'est... compliqué en ce moment...
Elle jette un œil aux alentours.
- ... pour ne pas dire extrêmement tendu. Certains élèves essayent d'organiser une rébellion dans l'école, d'autres les dénoncent. Les Maisons sont déjà littéralement en état de guerre au sein de Poudlard. Les nouveaux professeurs sont... particulièrement violents et sadiques. L'ambiance est complètement délétère. Père a préféré nous retirer de l'école pour nous faire cours à domicile. Plusieurs familles ont fait ce choix, ça devenait trop... sensible.
Une ride d'inquiétude se forme sur le front de Drago, mais il ne pose pas d'autres questions. Difficile d'en savoir plus sans se compromettre. Comment savoir s'il peut lui faire confiance à elle ou son père ? Il continue d'observer d'un air stoïque les jeunes gens qui s'amusent plus loin.
***
Les dîners des Greengrass se tiennent toujours dans la Grande Salle, autour d'une longue table en bois massif où la famille est rarement seule. Il y a toujours des négociants en vin, des membres de familles nobles de passage, des aristocrates, parfois des mangemorts en mission, des politiciens... Drago manie à chaque fois l'art de la conversation à merveille, s'enquiert des nouvelles d'Angleterre, partage des informations qu'il sait être non sensibles mais qui ravissent les invités, il est peu loquace mais reste visiblement un convive poli et charmant.
Un soir, alors que je survole son souvenir, un nouvel invité plus jeune que les autres me fait ralentir.
Un jeune homme au sourire charmeur est assis en face de Drago. Ses longs cheveux noirs sont attachés en catogan. Il a les yeux en amandes et le teint chaud. Il lève son verre, fait de l'humour, trouve les bons mots pour distraire les convives.
Des griffes de jalousie labourent mes entrailles quand je remarque les œillades séductrices qu'il lance à Drago en plein dîner. Celui-ci, aussi taciturne qu'à son habitude, ne semble rien remarquer.
- Combien de temps pensez-vous rester Oliver ?
- Au moins une semaine, peut-être plus si je reçois de nouveaux ordres de mission d'ici là.
Certaines invitées sont visiblement sous le charme, elles l'assaillent de questions curieuses et de sourires en coin, sous l'œil maussade d'Amaury Greengrass.
Le jeune homme en joue, répond aux questions avec entrain, raconte avec emphase ses dernières aventures en voyage, trop heureux d'avoir une audience attentive. Il n'est absolument pas gêné d'afficher sa marque des Ténèbres, la manche de sa chemise négligemment remontée sur son avant-bras.
- N'était-il pas plus simple de rester en Angleterre pour effectuer ce genre de missions ? Lui demande Greengrass, visiblement peu séduit par sa personne en ce qui le concerne.
- Vous savez, avec ma dérogation, en un saut de Portoloin je suis dans la campagne anglaise ! Vous n'imaginez pas combien l'Angleterre est glauque en ce moment avec tous ces Détraqueurs qui errent sans but... Et vous savez combien j'aime la douceur de vivre française, je ne pouvais pas ne pas saisir l'occasion de venir vous rendre visite.
Les jeunes filles gloussent, le maître de maison pince ses lèvres comme pour retenir une remarque acerbe, et Drago ne réagit pas aux œillades charmeuses que cet Oliver lui lance outrageusement.
Après le repas, le souvenir se poursuit dans une des petites alcôves de la bibliothèque où dans les autres souvenirs, certains hommes se retrouvent pour fumer la pipe, boire un digestif, ou jouer aux échecs magiques. Ce soir-là, Drago et l'homme au catogan sont seuls dans leur alcôve, devant le plateau de jeu.
Tandis qu'ils enchaînent les coups et que leurs pièces s'animent pour se détruire violemment, je ne peux m'empêcher de remarquer la main d'Oliver qui se pose négligemment sur l'épaule de Drago quand il rit à sa propre anecdote, ou leurs mains qui se frôlent quand celui-ci tend son verre de liqueur ambrée à Drago.
Drago ne semble pas réceptif, est-il à ce point aveugle ou est-ce moi qui hallucine le sourire d'Oliver et son regard enjôleur ?
Drago mène sur le plateau de jeu et à l'action suivante met enfin échec et mat son adversaire.
Celui-ci râle pour la forme, finit son verre, et quand Drago annonce qu'il monte se coucher, celui-ci le suit dans les escaliers.
Sur le pas de sa suite, Oliver retient Drago par la manche.
- Attends, il faut que je te prête ce livre dont on a parlé au repas...
Il jette un œil au couloir désert et fait rentrer Drago dans sa suite. A peine la porte refermée, il pose nonchalamment sa main sur ses fesses pour le rapprocher de lui.
Drago, qui n'a rien vu venir, sursaute.
- Qu'est-ce que...
- Ne me dis pas que je me suis trompé sur ton compte Malefoy ?
- Je ne vois pas ce que...
- Allons, un bel aristocrate comme toi a déjà du recevoir ce genre de proposition indécente, non ? Une relation charnelle sans conséquences, juste pour le plaisir infini du sexe et rien que ça...
Drago recule pour mettre de la distance entre eux.
La suite est semblable à la sienne, un grand lit avec une salle de bains privative, et un coin bureau où sont éparpillées une sacoche, des notes et une carte.
- Je ne suis pas... qu'est-ce qui te fait dire que je suis... intéressé ?
Oliver sourit, charmeur.
- J'ai plutôt bon nez d'habitude, et si tu ne l'es pas, je peux me dévouer pour t'initier aux plaisirs de la chair masculine.
Drago détourne le regard pour masquer la couleur qui lui monte aux joues.
- Je pensais que les mangemorts abhorraient les gens... comme toi...
Oliver ne se laisse pas démonter par l'insulte déguisée et commence à déboutonner sa chemise, bouton par bouton en se rapprochant de Drago.
- Tu sais très bien comment ça se passe dans les familles aristocratiques. Tant que ça ne sort pas de la chambre, ça ne regarde que moi et mon amant. Un jour oui, je me marierai pour prolonger la lignée de mon sang pur, mais tu sais aussi bien que moi qu'on peut et se marier, et trouver du plaisir ailleurs, il n'y a rien d'incompatible. D'ici là, je mène ma mission à bien, le Seigneur est satisfait, point. Et ce soir mon plaisir va se résumer à prendre mon pied en te sentant bien profondément en moi, là tout de suite Malefoy...
Drago se retrouve sans voix face à la proposition sans aucune ambiguïté du jeune homme. Son visage si pâle d'ordinaire est soudain teinté de rose. Il balbutie tout en reculant prudemment.
- Et ta mission, tu as été vague à son sujet durant le repas...
Sa chemise ouverte sur son torse brun et imberbe, Oliver s'approche de Drago et commence à déboutonner lentement ses propres boutons.
- Quelle importance ? On me fournit des noms de villages, des listes de cracmols et de traîtres à leurs sangs, et je supervise la purification.
Tandis que Drago est acculé contre le bureau et que l'homme au catogan continue à défaire méticuleusement sa chemise tout en frottant son bassin contre le sien, Drago croasse tant bien que mal.
- La purification?
Oliver pose ses mains fraîches sur les côtes de Drago.
- Le mot « rafle » est encore trop connoté, tu comprends. Je les regroupe dans des lieux discrets et d'autres les exécutent pour purifier les lignées, point. Je tiens les comptes et je fais mes rapports au Seigneur. Rien de très passionnant à vrai dire. Autant te dire que les rares rencontres telles que la tienne dans mes différents logements ponctuels sont le sel de ma mission et que je ne te laisserai pas me filer entre les doigts. Viens là.
Je suis mortifié, fou de rage. J'ai bien vu que Drago avait eu le temps de jeter un œil au bureau, aux villages entourés en rouge sur la carte, aux listes éparpillées sous des parchemins vierges. J'ai vu ses yeux s'écarquiller imperceptiblement à la notion des rafles, et je voudrais lui hurler de quitter cette pièce immédiatement.
Mais les mains d'Oliver ont déjà trouvé leur place sur ses reins, puis sur ses fesses, pour ramener son corps tout contre le sien. Bientôt elles s'accrochent à la boucle de sa ceinture qu'elles entreprennent de défaire lentement.
La bouche d'Oliver s'approche, embrasse un téton, s'aventure sur sa gorge, dans son cou, jusque sous son oreille et Drago, appuyé sur le bureau, la tête rejetée en arrière, se laisse faire, les yeux fermés. Quand elle remonte sur la ligne de sa mâchoire jusque sur ses lèvres, Drago tressaille et le stoppe fermement en accrochant une main dans ses cheveux.
- Pas sur la bouche.
Oliver hausse un sourcil interrogateur.
- Ne me dis pas que tu as fait une foutue promesse d'amour ou une bêtise du genre Malefoy ?
Drago baisse les yeux et serre les dents.
Oliver éclate de rire mais ne s'éloigne pas pour autant et revient à l'attaque en glissant sa main sur son entrejambe qu'il entreprend de caresser lentement.
- Malefoy, un romantique, voyez-vous ça...
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Il a un sourire carnassier et continue ses mouvements amples sur le caleçon de Drago.
Puis il défait rapidement sa propre ceinture, fait glisser son pantalon, puis celui de Drago.
- Ça ne m'embête pas Malefoy, maintenant, viens me baiser !
Il finit de se déshabiller et s'allonge de façon aguicheuse dans le grand lit.
Drago jette un œil au bureau puis au lit.
- Dépêche ! Ton petit cul me fait de l'effet depuis le début du repas, je n'en peux plus !
Alors que Drago s'approche gauchement, Oliver se retourne, se positionne à quatre pattes et lui offre ses fesses blanches et rebondies, un sourire gourmand aux lèvres.
- T'attends quoi bordel ?! Viens me prendre Malefoy !
Je sais que je devrais détourner les yeux, quitter ce souvenir, quitter la Pensine, et peut-être bien m'enfuir du Ministère pour ma propre santé mentale, mais je suis engourdi, paralysé, et je regarde leur ébat comme on regarde avec horreur un accident au ralenti. Je ne détourne pas les yeux quand Drago pose maladroitement ses mains sur ses hanches, quand il approche son sexe vigoureux tout contre lui, ni quand avec un coup de reins il entre en lui. Je ne détourne pas les yeux quand il commence des mouvements de va-et-vient lents et amples, et que son amant pousse des gémissements de plus en plus forts. Je ne détourne pas les yeux quand il lui demande d'accélérer, plus vite, plus fort, oh putain Malefoy ! Je ne détourne pas les yeux quand il jouit de façon indécente sous les assauts de Drago et qu'il retombe lourdement dans l'entremêlement des draps.
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Mon cœur bat la chamade, j'ai envie de hurler, de pleurer, de le frapper.
Mais je suis comme engourdi dans un coin de la pièce, recroquevillé à même le sol, la tête entre les mains. La jalousie et la colère pulsent contre mes tempes.
De longues minutes se sont écoulées, quand l'un des deux bouge et se relève. Drago se dirige vers la salle de bains, j'entends couler l'eau. Puis il revient au pied du lit, tend l'oreille. Oliver semble s'être endormi, mais qui sait ? Drago enfile son bas de pantalon et s'approche du bureau, tire une chaise et commence à regarder les listes de noms éparpillées. Il lance une série de sorts silencieux avec sa baguette, mais les listes ne bougent pas. Je le sens tendu, les sourcils froncés, il jette régulièrement un œil par dessus son épaule. Il prend une feuille vierge et une plume et commence à recopier la liste à la main en respectant la même écriture. Un œil non avisé ne remarquerait pas les quelques noms qu'il a volontairement oublié. Puis il roule les listes originales et les glisse dans la poche de son pantalon.
Il se rhabille en silence et sort de la suite, me laissant bouleversé, la rage au bord des lèvres.
Les soirées suivantes se ressemblent. Les dîners chez les Greengrass avec de nouveaux invités se terminent toujours dans les alcôves de la bibliothèque où ils sont souvent seuls autour d'une partie d'échecs, Oliver flirte ouvertement avec Drago, puis ils remontent discrètement dans sa suite. Oliver supplie Drago de le prendre à chaque fois, contre la porte, sur le bureau, dans le lit, sous la douche. Il pousse des gémissements impudiques et susurre des Oh Drago qui restent incrustés dans mon esprit. Après chacun de leurs ébats, Drago attend quelques minutes ou plus d'une heure, pour se relever en silence et s'atteler à sa tâche de modification des listes.
Ce manège malsain m'obsède, ça me déchire le cœur de le voir chaque soir poser ses mains sur son corps, ne faire qu'un avec lui jusqu'à la jouissance, mais ça réveille aussi des monstres lubriques au creux de mon bas ventre. La honte et l'envie se disputent et me rongent les entrailles quand je les observe du coin de l'œil en jalousant secrètement le jeune séducteur qui a droit aux assauts de Drago. C'est moi qui aurais du me retrouver là, sous ses mains, à partager ces découvertes interdites avec Drago ! C'est en moi que Drago aurait du se perdre encore et encore ! C'est ça que j'ai perdu en le laissant partir ce soir-là. Et je ne suis pas sûr de me le pardonner un jour.
***
Un soir, dans la bibliothèque, Amaury Greengrass s'enquiert auprès d'Oliver du bon déroulé de sa mission en cours.
- Encore quelques villages à purifier, et le Seigneur m'envoie ensuite au Pays de Galles, avant de me rappeler sur le front. Il paraît que leur prétendue Résistance ne tient plus qu'à un fil et qu'il va bientôt porter le coup fatal aux alliés de Potter. Je vous avoue que je n'en peux plus des pleurs et des geignements de ces cracmols à longueur de journée. J'ai l'impression que mon cerveau va fondre à force de les entendre chouiner la morve au nez, sans retenue...
Drago reste impassible tandis que Greengrass crispe légèrement ses doigts autour de son verre.
- En effet, ce doit être... navrant...
Il jette un œil soucieux à Drago puis les laisse à leur partie d'échecs.
Drago remue sur sa banquette, bois son verre de liqueur d'une traite et demande.
- Le Pays de Galles, alors ?
Oliver hoche fugacement la tête, concentré sur son prochain coup sur le plateau.
Drago poursuit.
- Et si je t'accompagnais ? Je veux dire, tu continuerais tes missions de... purification, et je mènerais ma mission d'ambassadeur auprès des grandes fortunes galloises...
Oliver se redresse vers lui, un sourcil interrogateur levé.
Il sourit de son air gourmand et tend la main qu'il fait courir sensuellement le long de sa cuisse.
- Tu es mignon Malefoy, et je comprends que nos parties de jambes en l'air vont te manquer, mais souviens-toi, très peu pour moi les relations sérieuses avec engagement...
Drago accuse le coup et je donnerai des gallions pour connaître le fond de sa pensée là, tout de suite. Je me convaincs que sa proposition ne tient exclusivement qu'au fait de pouvoir rayer encore quelques noms des villages gallois, et absolument pas à cause d'un éventuel attachement à ce foutu mangemort. J'en suis quasiment sûr, mais je donnerai des gallions pour en être certain !
Le regard malicieux, Oliver renverse les pièces de l'échiquier d'un revers de main, se lève lestement, et enjoint Drago à le suivre. Son regard fiévreux ne laisse aucun doute à ce qu'il va se passer dans sa suite.
Je ne peux m'empêcher de les suivre à nouveau.
A peine la porte fermée et le sort de silence lancé, Oliver déshabille rapidement Drago et le pousse sur le lit. Tandis qu'il s'agenouille entre ses cuisses, caresse son sexe avec sa langue avant de le prendre à pleine bouche, je détourne le regard et m'approche du bureau.
Il y a des dizaines de villages entourés sur cette carte, j'en devine d'autres cachés sous la pile de feuilles. L'impossibilité d'interagir dans le souvenir me rend fou, mais je me concentre sur ces quelques villages pour retenir leurs noms, photographier mentalement les listes de noms qui s'éparpillent sous mes yeux. Je ne suis pas foutu de me rappeler si ce sont les noms que Drago m'a donné dans sa cellule. S'ils correspondent, je tiens mes preuves pour l'innocenter !
Un gémissement dans le lit m'avertit qu'ils sont passés aux choses sérieuses et que cet enfoiré d'Oliver commence à prendre son pied avec Drago en lui.
Je reste concentré sur la carte en me répétant à voix haute la dizaine de noms que je peux retenir, comme une litanie pour couvrir les gémissements qui viennent du lit.
Un coup d'œil furtif vers eux m'indique qu'Oliver va jouir, les mains crispées sur les fesses de Drago. Je lève douloureusement les yeux vers celui-ci, nu, les muscles saillants, les cheveux collés par la sueur, mais le regard toujours aussi éteint, aucune lueur de satisfaction ou de plaisir dans ses gestes. Tout reste mécanique, sans affection, ni amour, et ça suffit visiblement amplement à Oliver qui s'allonge enfin, repu, rassasié de plaisir. Drago s'affale près de lui, mais semble à mille lieues. Ça me tord les entrailles, mais je me répète qu'il est revenu pour moi là dehors, et je m'accroche à cette vérité-là, je ne peux pas me permettre de douter de lui. Je dois surtout réparer mes erreurs, l'innocenter pour pouvoir gagner le droit de revenir vers lui.
Au bout de vint minutes, le manège reste le même. Drago passe à la salle de bains, revient vérifier le sommeil de son amant et s'assoit au bureau, face à moi, pour altérer un maximum de listes.
Je l'observe attentivement, les paupières lourdes, les yeux épuisés. La fatigue et la douleur de la jalousie me compriment le cerveau. Il fait ça parce qu'il m'aime, n'est-ce pas ?
Dans le clair de lune, penché sur des parchemins qu'il recopie frénétiquement, je le trouve beau.
J'ai envie de tendre la main et de caresser ses tâches de rousseur sur ses pommettes.
J'ai envie de chuchoter son prénom et de voir un sourire fissurer ce masque de glace.
J'ai envie d'oublier ce que j'ai vu, de piétiner ses souvenirs et de m'accrocher à son amour.
J'ai des envies contradictoires mêlées de colère qui papillonnent plein dans le bas ventre, tellement que c'en est douloureux.
- J'aurais du tout faire pour te retenir cette nuit-là. Est-ce que tu pourras un jour me pardonner ?
Soudain, une force extérieure me sort violemment du souvenir.
***
Ce chapitre est très long (le double de d'habitude !), mais je ne savais pas vraiment où le couper en deux. J'espère que cette longueur ne vous a pas gêné...
Sinon, je vous avoue, c'étaient un peu les montagnes russes des émotions...
Comme d'habitude, je suis curieuse de vos réactions sur ce passage.
Vous aurez reconnu le nom des Greengrass que l'on connait seulement via Astoria dans l'épilogue des livres. J'ai allègrement brodé autour de leur famille et de son caractère à elle, et j'ai essayé de montrer que toutes les familles de Sang Pur n'étaient pas forcément de sinistres mangemorts à cette période-là et que ça pouvait être un peu plus complexe. Je ne sais pas si c'est crédible ou pas, vous me direz, mais ça reste mon histoire, so... ;)
Dites-moi ce que vous en avez pensé !
A bientôt.
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