Prologue : elle s'appelait Lucy Weasley
Ladies et Gentlemen and no-binary people
Pour ce prologue, je vous propose un gros remaniement, qui concernera principalement la seconde partie. Je le poste maintenant pour que vous puissiez appréhender les changements qui ont été effectués.
J'ai encore beaucoup de correction (des petits passages à rajouter) donc je ne peux pas promettre une publication régulière. Néanmoins, je veux pouvoir vous livrer un aperçu de la nouvelle version pour vous rassurer quelque peu. Alors enjoy !
***
Prologue : Elle s'appelait Lucy Weasley.
La gare. Et toute l'agitation qui s'en suivait. Des gens qui passaient. Les sons des roues des charriots contre les pavés qui se répercutaient sur les murs de pierre. Les hululements stridents des hiboux dans leurs cages. Les rumeurs des conversations. Les cris des élèves qui se jetaient dans les bras de leurs amis. Les pleurs des enfants contre le torse de leurs parents. Une douce odeur d'euphorie, mêlée à un léger parfum d'angoisse. L'agitation habituelle d'une gare un premier septembre.
Rectification. L'agitation habituelle d'un 1er septembre sur le quai de la voie 9¾ à King's Cross.
Elle était seule au milieu de l'agitation, les cheveux roux attachés en une très longue queue de cheval. Elle scrutait la foule, les mains crispées sur sa valise, le cœur serré par l'appréhension. C'était le grand jour.
Elle s'appelait Lucy Weasley.
Aujourd'hui, elle entrait à Poudlard.
Enfin.
Elle empoigna sa valise et se résolut à avancer le long de la locomotive rouge. Sa mère Audrey l'avait laissée, elle et sa sœur Molly, devant la gare King's Cross et Molly l'avait guidé jusqu'au quai avant de l'abandonner pour rejoindre son petit-ami, un préfet de Serdaigle. Elle se retrouvait donc à présent seule sur le quai au milieu de tous ces gens qui s'agitaient sans faire attention à elle. Elle slaloma tant bien que mal à travers les élèves et leurs parents, cherchant un visage familier, une chevelure rousse, tâches de rousseurs. Pourtant, ce n'était pas faute d'être une ribambelle de Weasley. Elle devait bien réussir à trouver quelqu'un ...
-Lucy ! Hé, Lucy !
Avant qu'elle n'ait pu se retourner, elle sentit une petite tornade l'enlacer avec force, lui coupant le souffle. Puis Lucy éclata de rire, relâchant un peu la pression.
-Roxy par Merlin, tu m'étouffes !
-Pardon ! dit-elle en se reculant pour la laisser respirer. Mais tu m'as manqué pendant les vacances. Rappelle-moi pourquoi ton père a décidé de vous emmener au Pays de Galle ?
-Quelque chose contre les Gallois, petite sœur ? rit Fred en arrivant derrière Roxanne. Lucy ! On te cherchait, prête pour Poudlard ?
Fred et Roxanne sourirent en concert. Lucy aussi. Roxanne et Fred faisaient partis des rares Weasley à ne pas être roux. Ils abordaient donc tous deux une peau mât plus claire que celle de leur mère, Angelina, des yeux noisette hérités de leur père, George, et une abondante chevelure brune que Roxanne avait coiffé en une multitude de petites tresses. Fred portait déjà son uniforme de Poudlard, un insigne de capitaine de Quidditch brillant fièrement sur sa poitrine. Il entrait en cinquième année à Poudlard, comme Molly, et Roxanne en deuxième année.
-Stressée, avoua-t-elle à Fred avec un petit sourire.
-Oh Merlin, mais il ne faut pas ! lui lança Roxanne avec un grand sourire confiant. Tu verras quand tu seras à Gryffondor avec moi et les gars, tu riras de ton stress ...
Et elle la tira sans ménagement vers un groupe de personnes qui s'agglutinaient devant une porte, dont plus de la moitié était rousse. Elle reconnut Harry et Ginny, qui faisaient leurs adieux à James, qui entrait en deuxième année comme Roxanne et passait la moitié du temps à passer sa main dans ses cheveux noirs en épis. Fleur replaçait en grommelant la frange rousse de Dominique, sous le regard amusé de Victoire, l'ainée des Weasley, et de Teddy, le filleul d'Harry aux cheveux bleus électriques qui venait de finir sa scolarité. Derrière eux, Louis avait l'air de s'ennuyer ferme, assis sur les bagages, la cravate aux couleurs de Gryffondor nonchalamment dénouée autour de son cou, sa crinière blonde décoiffée. Ce fut vers lui que ses cousines se dirigèrent. Les yeux de Louis pétillèrent quand il les vit.
-Ma cousine préférée ! s'exclama-t-il en ébouriffant les cheveux tressés de Roxanne avant de se pencher vers elle. Tu n'aurais pas quelque chose pour moi, Roxy ?
Roxanne gloussa, et tendit en effet une petite boite carrée à Louis.
-Je l'ai piqué dans le bureau de mon père, expliqua-t-elle alors que les yeux de son cousin brillaient de curiosité. Un prototype, mais je ne sais pas à quoi il sert.
Lucy eut un petit rire quand elle vit la tête extatique de Louis. Du même âge que Roxanne, James et lui la soudoyaient depuis des années pour qu'elle aille piquer des inventions inédites du magasin de son père pour qu'il puisse les tester à trois, en bon trio infernal qu'ils étaient.
-Rox, tu es parfaite ! s'exclama justement James en la faisant tournoyer en l'air.
-Pose ma sœur ! ordonna Fred avec un sourire. Et arrêtez de la pervertir, bande de chenapan !
-Loin de nous cette idée, fit mine de s'offusquer Louis en rangeant souplement le cadeau de Roxanne.
-Et elle n'a pas eu besoin de nous pour être pervertie : c'est la pire d'entre nous ! ajouta James avec un sourire sardonique.
Roxanne éclata de rire en lui donnant un coup de poing dans l'épaule. Un sifflet retentit alors, comme un dernier appel avant le départ du train. Lucy embrassa ses oncles et tantes, regrettant un peu plus que ses parents n'aient pas pu l'accompagner. Mais quand ses deux parents étaient deux hauts fonctionnaires du Ministère ... Elle monta dans le train à la suite de Roxanne, qui eut la gentillesse de l'aider à trouver un compartiment vide. Elle s'était toujours bien entendue avec sa cousine, bien plus qu'avec sa sœur et lui avait toujours envié sa proximité avec James et Louis alors qu'elle-même se retrouvait seule dans sa tranche d'âge. Mais Roxanne avait toujours pris le temps de se mettre à sa hauteur. Elle installa les bagages de Lucy dans l'espace prévu à cet effet et sourit largement à sa cousine.
-Alors, tu es prête à nous rejoindre ?
-Arrête, Roxy, s'amusa Lucy avec un sourire vaguement dépité. On n'est pas sûr que j'irais à Gryffondor ...
-Allons donc ! Toi ? Tu es audacieuse et courageuse, tout comme moi !
Lucy garda le silence. C'était peut-être vrai pour Roxanne. Elle suivait l'exemple de son père, le chahuteur en chef de Poudlard de son époque, depuis le berceau. Mais Lucy avait été élevée d'une toute autre manière qu'elle, loin des pastilles de gerbes, filtres d'amour, Crèmes Canaris, et toute autres futilités que vendait son père. Non, chez elle, son quotidien était plus rythmé par les aléas ministériels et par la studieuse Molly qui faisait ses devoirs (Lucy avait déjà décidé qu'elle ne prendrait jamais Divination après avoir vu Molly se brûler les mains en essayant de lire les feuilles de thé pour s'entrainer, à la maison). Elle avait grandi à l'écart du Clan Weasley, parce que ses parents ne trouvaient jamais le temps de se rendre au Terrier. Oh, bien sûr, son père, Percy, s'était depuis longtemps réconcilié avec la famille ... Mais son boulot de Directeur du Département des Transports Magiques lui prenait beaucoup de temps, et sa mère Audrey avait passé l'été à travailler sur une commission du Magenmagot n'était pas mieux lotie. C'était loin de l'enfance ludique de Roxanne.
Le train s'ébranla alors, assez brutalement et le cœur de Lucy se mit à battre la chamade dans sa poitrine.
Ça y est ... j'y vais.
-Rox, tu as fini d'installer Lucy ?
Louis et James entrèrent dans le compartiment et s'adossèrent chacun sur un bord de la porte comme le miroir maléfique l'un de l'autre. Roxanne se dressa sur ses pieds et alla se placer entre eux avec un naturel qui frisait l'insolence. Elle dépassait Louis d'une demi-tête et ne se gêna pas pour poser son coude sur son épaule.
-Et pourquoi ? Je vous ai manqué ?
-Tu sais très bien qu'on est incomplet sans toi, rappela James avec un sourire charmeur.
-Lucy, ça va aller ? On peut te laisser ?
La sollicitude de Louis toucha Lucy, mais elle vit pertinemment que ses cousins avaient hâte de rejoindre leur propre compartiment pour fomenter les coups qu'ils prévoyaient pour la rentrée. Elle hocha la tête et Louis sourit plus franchement.
-Ne t'en fais pas. La rentrée se passera parfaitement bien et tu nous retrouveras ce soir chez les Gryffondor.
-On ne sait pas. Maman et Molly c'est Serdaigle ...
Molly en était même préfète, maintenant, toute enfant parfaite qu'elle était.
Lucy n'était pas parfaite. Elle n'était Molly, au plus grand malheur de ses parents.
-Dominique aussi, commenta Louis en haussant les épaules. Pas la pire Maison, elles auraient pu finir à Serpentard, pas vrai ?
-Eurk, laissa échapper Roxanne en fronçant du nez. Mille gargouilles Lulu, surtout pas !
-Sauf si tu veux être déshéritée et jetée à la rue, poursuivit James avec un sourire machiavélique.
Lucy sentit un frisson lui parcourir le dos. Elle n'avait pas de préjugés mais ceux qui concernaient Serpentard avaient la vie dure, et elle entendait clairement le dégoût dans la voix de ses parents et de Molly quand ils évoquaient l'ancienne Maison de Voldemort. S'il y avait bien une Maison dans laquelle Lucy ne voulait pas être, c'était bien Serpentard.
Finalement, le trio infernal quitta Lucy, non sans avoir vérifié qu'elle allait bien et elle se retrouva seul à tenter d'apercevoir un peu de son avenir dans les paysages qui défilaient si vites qu'ils étaient réduits à des trainées de couleurs sur les vitres.
***
-LES PREMIERES ANNEES !
Lucy grimaça en entendant cette voix mais parvint à la localiser au bout du quai de Pré-au-Lard. Grelottante, trainant derrière elle une valise qui devait faire le double de son poids, elle se fraya difficilement un passage derrière les élèves plus âgés pour atteindre le géant qui beuglait sans discontinuer.
-PAR ICI, LES PREMIERES ANNEES !
-Hé Hagrid, ils sont là ! s'amusa Roxanne en émergeant de la foule.
-Tu prends soin de notre cousine, hein ? exigea Louis.
Il désigna Lucy du doigt, qui rougit jusque la racine de ses cheveux. Hagrid éclata de rire et fit un grand geste du côté du trio.
-Allez-vous en, vous ! Et que je ne vous vois pas rôder du côté de la forêt ! leur cria-t-il avant de se tourner vers Lucy. Tu es la fille de Percy, c'est bien cela ?
Le coin de ses yeux était plissé par un sourire. Lucy hocha la tête timidement et Hagrid lui ébouriffa les cheveux en lui souhaitant la bienvenue à Poudlard. Lucy rougit. Elle ne reconnaissait pas l'hirsute gardiens des clefs primitifs et « pire professeur que cette école n'eut jamais compté » que lui avait décrit sa mère et sa sœur, mais elle se garda bien de le dire. Lucy n'était pas connue pour être une grande bavarde, même si Fred lui prédisait un destin de tyran despotique. Tout ça parce qu'un jour, quand il lui avait piqué son jouet préféré, elle avait tellement hurlé dessus, le prenant de court qu'il avait fini par le rendre sans protester. Depuis, il était persuadé que Lucy avait un caractère bien trempé, mais qu'elle n'osait pas en faire usage.
Hagrid emmena la petite troupe de première année vers les barques, et ils montèrent tant bien que mal dedans. Lucy commença à grimper dans une déjà occupée par deux garçons. Malheureusement, elle trébucha et fut rattrapée par un des garçons qui était dans la barque. Elle sentit son visage s'enflammer, et bredouilla un « merci ». Le garçon sourit. Dans la pénombre, elle put seulement distinguer ses cheveux d'un vague châtain, et ses yeux noisette.
-De rien. Au fait, je m'appelle Adam.
-Lucy Weasley.
Elle ignorait même pourquoi elle donnait son nom de famille. Sans doute parce qu'on lui avait appris à en tirer fierté, tout comme la rousseur de ses cheveux. Adam hocha la tête, et l'aida à s'asseoir. L'autre garçon était Lionel Boot, lui apprit-t-il dans un chuchotement qui trahissait son appréhension. Les barques se mirent en route et au bout de quelques minutes Poudlard apparut au détour d'un virage. Lucy était tellement occupée à contempler le château qu'elle n'entendit pas Adam l'appeler.
-Oui ?
-Il dit que Serdaigle est la meilleure, lui apprit Adam en désignant Lionel. Ses deux parents y étaient, il ira sans doute là-bas ...
-Ça ne veut rien dire, en fait. Ça dépend de ta personnalité ... Mais toi, tu veux aller où ?
Adam trépigna sur son banc.
-Aucune idée. Mes parents ne sont pas sorciers.
-Oh. Né-moldu ? comprit Lucy avec un sourire.
Adam hocha tristement la tête, les yeux rivés sur Poudlard, et Lucy entreprit de le rassurer, lui assurant qu'il pourrait venir la trouver s'il avait besoin de comprendre les coutumes sorcières.
-Et pour les Maisons, Gryffondor est géniale, presque toute ma famille y est. Pareil pour Serdaigle, et les Poufsouffle sont sympas aussi, il paraît ... Bref, conclut Lucy avec un sourire. Elles se valent toutes, ne t'inquiètes pas.
-Oui, enfin, si on peut éviter Serpentard ..., marmonna Lionel.
Bientôt, les barques raclèrent le fonds, et Hagrid aida les premières années à descendre avant de les mener vers une femme aux longues boucles d'or qui touchaient ses épaules. Elle se tenait très droite, comme pour se grandir et un chapeau pointu était posé élégamment en travers de ses cheveux.
-Bienvenus à toutes et à tous ! clama-t-elle d'une voix forte. Je suis le professeur Campbell, directrice adjointe, de Serdaigle et je vous enseignerais également les Potions. Etes-vous prêts pour la cérémonie de répartition ?
Peu d'élèves osèrent lui répondre et Adam et Lucy échangèrent un regard gêné. Elle était étrangement rassurée d'avoir trouvé de garçon avec qui elle pouvait partager son appréhension après avoir passé le trajet seule à chercher la présence de ses cousins avant de comprendre qu'ils étaient tous trop occupés pour prendre soin d'elle.
Campbell eut un sourire indulgent et les mena à l'intérieur du château. Quand les portes de la Grande Salles s'ouvrir, Lucy voulut rentrer six pieds sous terre. Tous les regards étaient fixés sur eux, de telle sorte à ce qu'on avait l'impression qu'ils étaient présentés comme des bêtes de foires. Si Molly ne lui adressa pas un regard depuis la table des Serdaigle, James, Fred, Louis, Roxanne et Victoire se chargèrent de leur faire des sourires encourageants. Lucy les remercia d'un signe timide de la main quand elle remarqua Adam qui regardait le plafond bouche bée. Lucy suivit son regard et réprima un cri.
-J'avais oublié !
-C'est ... de la magie ?
-Qu'est-ce que tu crois, nigaud ? s'esclaffa Lucy, les yeux rivés sur les étoiles que laissaient entrapercevoir le plafond. Tante Hermione nous en a parlé. Un plafond magique qui retranscrit le temps qu'il fait à l'extérieur.
-Mais ... s'il pleut ?
La réflexion fit rire Lucy de bon cœur, mais plongea le pauvre Adam dans la perplexité. Avant qu'elle n'ait pu répondre, le groupe de première année s'était arrêté devant la table des professeurs. Lucy se mit sur la pointe des pieds pour voir par-dessus la tête des autres élèves, piquée de curiosité. Puis elle l'aperçut.
Le Choixpeau.
Il se mit alors à s'animer et à parler, et les élèves des premiers rangs sursautèrent. Il déclama alors une chanson récapitulant les caractéristiques des quatre Maisons, et Lucy fut soulagée en entendant celles de Serpentard. Elle n'était ni vicieuse, ni ambitieuse. Juste discrète. Peut-être qu'elle irait à Poufsouffle. Ça ne la dérangeait pas. Au moins, elle ne serait pas obligée de supporter Molly.
-Quand j'appellerai votre nom, vous viendrez vous assoir sur le tabouret, et je vous mettrais le Choixpeau sur la tête, annonça Campbell après la chanson. Arlett, Mary !
Une petite fille blonde s'avança et le professeur enfonça le Choixpeau sur sa tête.
-Poufsouffle !
Des clameurs s'élevèrent à la gauche de Lucy et Mary Arlett courut rejoindre ses camarades. La file d'élève se vida d'instant en instant. Lionel Boot avait effectivement été envoyé à Serdaigle.
-Scampers, Adam !
-Bonne chance, lui souffla Lucy alors qu'il avançait.
Adam lui adressa un sourire crispé, et enfonça le Choixpeau.
-Gryffondor !
Lucy eut un grand sourire et applaudit en même temps que Victoire, Fred, James, Louis, et Roxanne. Adam rejoignit ses cousins à la table de Gryffondor, soulagé. La file s'affina encore et encore jusqu'à ...
-Weasley, Lucy !
-Vas-y Lucy ! hurla Fred depuis sa place.
Lucy vit Victoire le bâillonnait pour qu'il se taise, mais l'intervention de son cousin avait donné un peu de courage à la jeune fille, dont le cœur s'était emballé après l'annonce de son nom. Ce fut donc le cœur à moitié léger qu'elle grimpa les marches jusqu'au Choixpeau. Campbell lui adressa un sourire rassurant, et mit le Choixpeau sur sa tête. Il lui couvrit complétement les yeux. Pendant quelques secondes, Lucy s'entendit que les battements assourdissants de son cœur. Puis une voix s'éleva, comme susurrant à son oreille.
-Tiens tiens, une petite Weasley ... Hum... Très difficile, petite fille, très difficile ... Hum ... Oui, je vois de l'intelligence, de grande capacité ... serait-ce de l'ambition qui percerait son petit cœur, jeune fille ? Je le sens, tu veux faire tes preuves, n'est-ce pas ? Prouver qui tu es ... Hum, très difficile ... De l'audace, un petit peu, caché sous de la timidité ... Ou vais-je te mettre... ?
Le Choixpeau resta un moment silencieux, un horrible instant où les doigts de Lucy se crispèrent au tabouret. Merlin, que c'était long ... Envoyez-moi à Poufsouffle, qu'on en finisse !
-Poufsouffle ? Non, je ne crois pas, jeune fille, je ne crois pas ... Mais qu'est-ce que c'est difficile, il faut réfléchir ... Ne pas t'envoyer dans la mauvaise Maison ... Audace, oui ... Intelligence ... Ingéniosité ... Alors ... Ah, oui ... Je pense que c'est cela ... oui, je l'ai. Oui, cela devrait convenir ... SERPENTARD !
Le dernier mot résonna dans la salle comme un coup de tonnerre. Et cette fois, il ne fut suivi d'aucuns applaudissements. Lucy se figea, certaine d'avoir mal entendu. Puis elle recouvra sa vision, et mit quelque seconde à comprendre que c'était parce que le professeur Campbell venait de lui retirer le Choixpeau. Ses doigts étaient tellement serrés autour du tabouret qu'elle était persuadée qu'ils y resteraient soudés à jamais. Mais elle avait aussi compris qu'elle avait besoin de s'y raccrocher pour éviter à ses mains de trembler.
Serpentard.
Elle observa les visages devant elle. Si les premières années étaient plus perplexes qu'autre chose, les autres élèves la fixait un air de stupeur profonde qui frisait le choc.
Particulièrement ses cousins.
-C'est impossible ! fusa alors une voix.
Une fille à la table de l'extrême droite – la table des Serpentard – se leva d'un bond, et pointa un index accusateur sur Lucy.
-C'est une Weasley ! cracha-t-elle. Comment voulez-vous qu'elle puisse être à Serpentard ?
-Et alors ? protesta un garçon de Serpentard avec une voix impérieuse. Ce n'est pas le nom de famille qui importe mais la personnalité !
-Tu peux parler O'Neil, toi non plus tu n'as rien à faire avec nous !
-Pour une fois, Nott a raison elle devrait être avec nous ! intervint James en imitant son ami.
-Avec nous, plutôt ! rectifia Dominique depuis la table des Serdaigle.
-Hé ! Calmez-vous ! tenta de les apaiser Victoire alors que James, Fred et Dominique s'enflammaient.
-Silence !
Lucy sursauta. Deux femmes venaient de se lever de la table des professeurs. La première, au centre, avec sa robe en tissu écossais et ses cheveux encore noirs de jais noué en chignon stricte sur sa nuque était évidemment Minerva McGonagall, la directrice. L'autre était une grande femme aux épais cheveux blonds épars sur épaules, tout aussi froide et intimidante.
-Miss Nott et monsieur O'Neil, rasseyez-vous immédiatement ! ordonna la directrice d'un ton sec.
Les deux élèves obéirent de mauvaise grâce, leurs yeux se lançant des éclairs.
-Maintenant, fit la seconde femme d'une voix qui n'admettait aucune réplique, je ne veux plus entendre aucune protestation.
-Mais ... Professeur Greengrass ...
-Miss Nott, vous voulez déjà faire perdre des points à Serpentard ?
La fille ouvrit la bouche, puis la referma, replongeant le nez dans son assiette. Le Professeur Greengrass hocha sèchement la tête, et adressa un petit sourire d'excuse à Lucy avant de se rassoir.
-Vas-y, lui souffla Campbell à l'oreille.
-Mais ...
Elle sentit avec horreur les larmes lui monter aux yeux, mais se refusa à les laisser couler. Elle n'arrivait toujours pas à y croire ...
-Tout va bien se passer, Weasley, tenta de la rassurer la professeure. Vous avez été répartie dans la bonne Maison. Elle vous attend.
En effet, la table entière fixait Lucy, entre incompréhension, hostilité et amusement. La jeune fille regarda avec angoisse cette table qui était désormais la sienne. Lucy prit son courage à deux mains, et marcha à son tour d'un pas décidé vers les Serpentard. En passant devant les Serdaigle, elle croisa pour la première fois le regard de sa sœur. Molly la fixa un instant, impassible, puis secoua la tête pour détourner les yeux une seconde plus tard. Mais la seconde avait suffi à Lucy pour percevoir toute la déception de sa sœur. Ne pas pleurer. Surtout, Lucy, Ne pas pleurer. Elle continua alors à avancer. Timidement, elle s'installa devant une assiette, sous le regard inquisiteur des Serpentard. Elle ne releva la tête que quand elle entendit à nouveau le Choixpeau répartir un élève. Ses poings se crispèrent.
Ce Choixpeau qui avait osé envoyer une Weasley à Serpentard.
Elle s'appelait Lucy Weasley.
Aujourd'hui, elle venait devenir la honte de sa famille.
***
La cérémonie s'acheva. Lucy était restée silencieuse dans son coin, uniquement rejointe par le dernier réparti, un certain Luke Zabini. Il était à côté d'elle, les cheveux bruns soigneusement coiffés en arrière, à parler à une fille qui lui ressemblait trop pour ne pas être sa sœur. Les deux ignoraient Lucy et les larmes qui s'accumulaient dans ses yeux.
Elle ne comprenait pas.
Elle n'était pas rusée. Elle n'était pas ingénieuse. Elle n'était pas ambitieuse. Certes, les gens la disaient intelligente, parce qu'elle avait toujours réussi les interrogations du primaire sans ouvrir le moindre cahier ni même faire ses exercices. Mais dans ces cas-là, c'était à Serdaigle qu'elle aurait dû être ? Avec Molly ? Elle était discrète, réservée, quoiqu'en dise Fred. Poufsouffle ? Toute sa famille était passée par Gryffondor. Mais non. Elle se retrouvait dans la Maison qui avait accueilli dans son sein Voldemort. Non, à vrai dire, le seul argument qu'elle avait réussi à trouver pour qu'elle aille à Serpentard était qu'elle avait le sang pur. Mais ce n'était pas un argument valable à ses yeux.
Ce n'était pas qu'un problème d'intégration. Non, le problème allait être la réaction familiale. Ses parents allaient faire une crise cardiaque. Mon grand-père Weasley allait la renier. Et elle ne parlait pas de l'oncle Ron ...
-Tu ne manges pas ?
Lucy sursauta et vit que quelqu'un s'était installé devant elle. Grand et filiforme avec un teint olivâtre et de très jolis yeux couleurs noisette, il devait être en cinquième ou sixième année et le regard de Lucy fut attirée par le badge argenté qui captait chaque éclat de lumière. C'était le garçon qui s'était levé pour la défendre face à la fille et il lui tendit une main amicale.
-Je m'appelle Milo O'Neil. Toi c'est Lucy ?
Incapable d'ouvrir la bouche sans se mettre à pleurer, Lucy hocha la tête. Milo eut un sourire adorable.
-N'écoute surtout pas ce que les autres ont dit, pendant la répartition. Si le Choixpeau t'a mis là, c'est que c'est là que tu dois être. Le nom de famille, on s'en fiche. Tu sais dans la mienne, on fait toutes les Maisons.
-C'est vrai ? croassa Lucy.
Milo hocha la tête d'un air important et se mit à compter sur ses doigts.
-Ma mère Serdaigle, mon père Gryffondor et ma grande sœur Poufsouffle. Du coup c'était très étrange quand je suis tombé à Serpentard mais je me suis vite intégré. A ce point-là.
Il désigna son badge et Lucy découvrit que c'était celui de Capitaine de Quidditch. La fille aux boucles châtain à côté de lui lui flanqua un coup de coude dans les côtes.
-Et c'est un Capitaine intraitable ! Pas vrai Felicity ?
-Seigneur, si, soupira une blonde plus loin. Epuisant.
-Et encore, vous n'avez pas vu mon super plan pour gagner la coupe cette année, fanfaronna Milo, provoquant le grand soupir des deux filles, avant de se tourner vers Lucy. Daphnéa McColley, ma vice-Capitaine et Poursuiveuse. Et la grincheuse là-bas c'est ma Gardienne Félicity Bletchley et elle oublie trop souvent que c'est grâce à mes plans qu'on a pu gagner la coupe l'année dernière.
-Daph ? gémit Felicity. Deviens Capitaine, s'il te plait.
-Comment oses-tu ?
-Révolution ! hurla Daphnéa avec un éclat de rire. Qu'on lui coupe la tête et qu'on mette la couronne sur la mienne !
Une partie de la table la suivit en brandissant le poing et en tapant des pieds contre les dalles de pierre, dans une ambiance malgré tout joyeuse qui arracha un sourire à Milo malgré les menaces. Lucy les regarda interagir, étrangement rassurée par cette bande de sportifs décomplexés certes plus âgés mais qui ne la regardait pas de travers. Milo entreprit même de lui dévoiler tous les secrets de Serpentard avec l'aide de la pétillante Daphnéa quand Luke lui demanda :
-Tu peux me passer les pommes-de-terres, s'il te plait ?
Lucy rougit jusque-là pointe des oreilles et lui passa le plat brûlant sans broncher. Sa sœur lui adressa un sourire aimable.
-Détends-toi, il ne va pas te manger. Du moins, pas tant que je suis là ...
-Je te remercie, Eli, grimaça le garçon. Mais si, je suis terrifiant.
C'était vrai, en un sens. C'était un beau garçon, d'une beauté un peu froide, intimidante. Ses cheveux noirs étaient impeccablement coiffés et son teint de métis, presque semblable à celui de Roxanne, apportait une certaine dureté à son visage. Mais sa sœur pouffa de rire dans sa main, ses yeux sombres étincelants.
-Oh par Merlin, surtout n'écoute pas Luke, il a une haute opinion de lui-même ! (Elle lui tendit une main à Lucy). Moi c'est Eléonore.
-Et retiens tout, la prévint Milo avec un sourire malicieux. Parce qu'on vous fait une interro à tous les deux à la fin du banquet !
-A moi aussi ? s'indigna Luke.
-Ouais, toi aussi t'es un p'tit nouveau. Sérieusement, t'en sais pas plus qu'elle.
Lucy s'efforça de ne pas s'esclaffer devant la mine mutine de Milo et l'air décontenancé de Luke, qui semblait avoir perdu de sa superbe. Il était même plus petit qu'elle remarqua-t-elle avec enchantement – mais il fallait dire qu'elle était particulièrement grande pour son âge. Eléonore éclata de rire et tapa dans la main du Capitaine avant de s'en retourner à sa discussion avec son frère. Mais cette fois elle intégra Lucy en lui assurant gentiment :
-Franchement, Milo a raison. Il y a longtemps que Serpentard n'est plus la Maison de la Magie Noire : elle ne l'a même jamais été, si tu veux mon avis ! Tout ça, ce sont des préjugés et des médisances qui circulent depuis toujours, mais il y a toujours eu de tout à Serpentard. Comme partout ailleurs.
-Il nous manquait plus qu'une Weasley, railla Luke.
Mais c'était loin d'être méchant : sarcastique, certes, mais dit sur le ton de l'humour et Lucy ne put s'empêcher de sourire. Son estomac se dénouait à mesure des conversations, entre la fratrie Zabini et l'équipe de Quidditch et elle se sentait enfin se détendre lorsqu'on vint cingler froidement :
-N'importe quoi, cracha un garçon à quelques places d'eux, Liam Pucey, lui semblait-t-elle. Rien ne justifie qu'elle soit ici ... Pourquoi tu parles à cette traitre à son sang, Zabini ?
Lucy fronça les sourcils en considérant les cheveux ternes et le regard mesquin de Pucey, mais le visage se son voisin se fendit d'un sourire cynique. Il mâcha ostensiblement ses pommes-de-terre avant de lorgner Lucy du coin de l'œil.
-Je réserve mon jugement. Mais pour toi, il est déjà tout prêt : t'es un enfoiré, Pucey.
Lucy faillit en recracher son jus de citrouille. Pucey le fusilla du regard mais Eléonore ajouta d'un ton acide :
-Et si tu continues à la traiter de traitre à son sang, c'est toute la table qui va te jeter un maléfice. Fais attention, ma baguette est déjà prête.
-La mienne aussi, ajouta Daphnéa avec mépris. Le noble sang moldu qui coule dans mes veines ne supporte pas tes inepties.
Lucy les gratifia d'un regard éperdu, et Luke balaya son air interrogatif d'un nonchalant coup d'épaule, comme si ce n'était rien. Mais elle remarqua le regard hostile dont tous gratifiaient Pucey, qui finit par battre en retraite en enfournant une grosse bouchée. Eléonore se fendit d'un reniflement satisfait.
-Crétin. Sincèrement, ne l'écoute pas. Moi je suis contente de t'avoir chez nous.
-On l'est tous, assura Daphnéa avant de pointer sa cuillère sur elle. Tu joues au Quidditch ?
Milo s'étrangla avec sa cuillère de gelée et lui rappela dans un concert de postillons qu'elle n'était pas encore Capitaine et que leur équipe était complète. Soulagée et rassurée par la tournure que prenait les choses, Lucy venait à peine de débuter son dessert qu'elle se sentit décoller de sa chaise.
-Hey !
-Désolé, petite cousine, fit James, qui la tenait par un bras.
-Mais on a une réunion familiale exceptionnelle, finit Louis qui prenait son autre.
Lucy tiqua. Réunion familiale ... avec toute la famille présente ? Même les Serdaigle ? Si elle en croyait le sourire contrit de Louis, effectivement. Lucy sentit son cœur se serrer. Elle n'était pas vraiment prête à affronter Molly, et ce fut pour cela qu'elle secoua la tête avec obstination.
-Sans moi !
-Non ! refusèrent ses cousins d'une même voix.
Ils la soulevèrent de force, et comme elle continuait à se débattre, James finit par la jeter sur son épaule comme un sac, et elle couvrit son dos de coup de poing, sous le regard médusé des élèves autour d'eux.
-Lâche-moi, James Sirius Potter !
-Tais-toi, Lucy Eugenia Weasley !
-Ou on te jette un sort, menaça tranquillement Louis.
-Vous êtes atroces, soupira Eléonore en posant sa cuillère. Désolée ma belle, mais on ne peut rien contre ça !
-Ravi que tu l'admettes ! sourit James avant de demander d'une petite voix : tu sais où est Kane ?
-Laisse ma meilleure amie tranquille, Potter !
-Merlin oui, laisse-la tranquille, ajouta Louis avec un soupir. Ou épouse-la, mais prends une décision.
James piqua un fard et referma sa prise sur Lucy qui se débattait toujours sur son épaule. Elle se laissa porter par James jusqu'à une salle vide. Il la reposa alors enfin brutalement sur le bureau de la salle, et elle lui donna un coup de poing dans l'épaule, provoquant l'éclat de rire de son cousin.
-Hé bien, Serpentard te rend belliqueuse, se moqua-t-il.
-Ne refais jamais ça !
-Sinon quoi ?
-Oui, Lulu, Serpentard ne t'a pas rendu plus effrayante, se moqua Roxanne en lui envoyant un baiser.
Une étrange chaleur se diffusa dans sa poitrine quand elle vit la réaction de ses cousins autour d'elle. Elle avait l'impression que rien n'avait changé et pourtant c'était bien l'écusson de Serpentard qui frappait à présent sa poitrine. Victoire était assise sur une chaise, tranquillement, son frère Louis adossé contre ses jambes. Dominique était appuyée contre un mur, tapotant ses doigts sur son bras avec impatience, et enfin, Molly était debout, au milieu de la pièce. Ses cheveux roux étaient impeccablement coiffés en une longue tresse sophistiquée, et ses lèvres étaient pincées en une moue désapprobatrice. Elle ressemblait tant à leur père, quand elle faisait cette tête, tout en gardant la grâce maternelle.
-Maintenant que vous avez fini vous gamineries, on va peut-être pouvoir commencer, entonna-t-elle d'une voix ferme, professionnelle.
-Certainement, enchérit Victoire avec un sourire chaleureux. Cercle !
Tout le monde s'assit à même le sol, en ronde, et le hasard voulut que Lucy se retrouve en face de sa sœur. Leurs regards se croisèrent brièvement, et Lucy sentit ses joues s'enflammer.
-La répartition étant passée, c'est l'heure du bilan ! entonna tranquillement Victoire, ses jambes étalées devant elle.
Lucy adorait Victoire. Comme Louis, elle était l'incarnation de la nonchalance et de l'assurance, mais chez elle, c'était apaisant. On avait l'impression que quoiqu'elle arrive, elle avait la solution. Elle se tourna alors vers sa cousine, et pointa un index faussement accusateur sur elle.
-Ma petite Lucy ? Alors, tu nous quittes ?
-Tu nous quittes, plutôt, grommela Dominique en lançant un regard déçu à sa cousine. J'étais tellement persuadée que tu serais à Serdaigle...
Lucy trépigna, mal à l'aise par les sept paires d'yeux qui s'étaient instantanément vrillés sur elle, y compris ceux de sa sœur. Roxanne se rapprocha d'elle, et lui donna un coup de coude encourageant. Elles échangèrent un regard, et Lucy se redressa.
-Alors tu t'es trompée, Dom. Et je suis désolée, Victoire, mais le Choixpeau n'en fait qu'à sa tête ...
-Il semblerait, commenta Fred avec un grand sourire. En tout cas, maintenant c'est sûr : en allant à Serpentard, tu vas devenir un grand tyran despotique !
-Un peu comme Mamy Weasley quand elle se met en colère, ajouta Louis avec un petit sourire. Je lui donne deux semaines avant d'ensorceler des poêles et casseroles pour nous les envoyé à la figure ...
Toute la salle éclata de rire, et Molly eut même un petit sourire.
L'assemblée se déroula de façon parfaitement calme. C'était apparemment une tradition de se réunir le soir de la répartition, et mis à part l'entrée en matière de Victoire, personne n'évoqua le fait que Lucy soit à Serpentard. Ils échangèrent des Chocogrenouilles, James, Roxanne et Louis racontèrent leur première bêtise qu'ils avaient projeté de faire et Fred râla un bon quart d'heure parce qu'il avait l'intégralité de l'équipe de Gryffondor à refaire après une vague de départ, et un autre quart d'heure à persuader James et Louis de s'engager dans l'équipe. Si James accepta tout de suite, Louis déclina rapidement. Le Quidditch n'avait jamais été son truc. Roxanne mit son grain de sel pour entrer elle aussi dans l'équipe, mais son frère refusa net, arguant qu'on allait finir par l'accuser de favoritisme. Le refus de Fred entraina une nouvelle bagarre, et Victoire décida d'interrompre la réunion avant que cela ne dégénère. Avant de partir, Roxanne la prit à part et la mena devant James et Louis qui la surplombaient de toute leur hauteur, un sourire identiquement sadique aux lèvres.
-Ecoute la petite cousine, commença Roxanne.
-On en a parlé pendant le banquet, continua Louis. Et on comprend parfaitement que tu te trouves en situation ... délicate.
-Et sache, ma très chère Lucy, que si quelqu'un ose te jeter un sort ...
-...te jeter dans le Lac Noir ...
-... ou simplement t'agresser verbalement ...
- ... nous serons ravis de te venger afin que cela n'arrive plus jamais, acheva Louis, son sourire d'agrandissant.
-Oh oui, plus que ravis ! enchérit James.
Lucy les fixa tous trois tour à tour, un sourire incertain aux lèvres.
-Attendez ... Vous ne m'en voulez pas ?
Les yeux de James, Louis et Roxanne s'écarquillèrent, et ils éclatèrent de rire.
-Mais bien sûr que non ! s'exclama James avec stupeur. Stupide Weasley, pourquoi on t'en voudrait ?
Le cœur de Lucy fit un bond dans sa poitrine. Si elle savait que Louis n'allait pas cesser de lui parler parce qu'elle était à Serpentard, elle en avant été un peu moins sûre pour James et Roxanne, très anti-Serpentard. C'était pourquoi apprendre que non seulement ils ne lui en voulaient pas, mais qu'en plus ils étaient prêts à la protéger, la mettait sur un petit nuage. Son cœur se gonfla de reconnaissance. Elle se sentait galvanisée par le soulagement, et son sourire se fit plus franc.
-Trop aimable ... Mais je vais essayer de vous éviter cette peine. Je vais me débrouiller seule.
-Bien répondu, ma petite Lucy, approuva Dominique en levant le poing. Tu n'as besoin de personne pour montrer qui tu es !
Avec un clin d'œil canaille, elle s'en fut joyeusement, suivie de sa sœur Victoire qui se disputait avec Fred déjà en train de négocier les retenues que la préfète pourrait mettre au Capitaine de Serpentard. Les autres Gryffondor suivirent et Lucy se retourna pour aller vers les cachots quand une voix l'interrompit :
-Lucy.
Elle se retourna, et vit Molly au milieu du couloir, et Dominique qui tournait à un angle pour retourner à la tour des Serdaigle. Lucy se mit à trépigner, mal à l'aise.
-Oui ?
-Je vais de raccompagner à ta Salle Commune. Il commence à être tard, il vaut mieux que tu sois accompagnée d'une préfète si tu ne veux pas te heurter à Mrs. Sullivan.
Mrs. Sullivan était la concierge, une femme dynamique à la grande puissance vocale mais qui était également capable d'arriver derrière un élève sans faire le moindre bruit. Elle était à la fois attachante et intraitable. Lucy fixa un moment sa sœur, incertaine, puis hocha la tête et elles s'engagèrent silencieusement dans le couloir. Le temps de la descente jusqu'à la salle commune de Serpentard, aucune d'elle ne parla. Molly regardait droit devant elle, les épaules rejetées en arrière. L'entrée de la salle fut finalement en vue et elle s'arrêta brusquement.
-Papa et maman seront ... surpris, annonça-t-elle alors de façon très protocolaire.
Lucy eut un petit rire sarcastique. Sa sœur avait hérité de leur père un comportement relativement guindé, tout en droiture, et presque dépourvu de toute fantaisie, de telle sorte qu'il avait été évident depuis son plus jeune âge que jamais elle n'irait à Gryffondor, Maison de la hardiesse. Audrey, leur mère, qui avait été à Serdaigle, en avait été relativement heureuse. Malgré tout, elle avait hérité de la classe, de la beauté, et de la dignité maternelle. Mais Lucy bomba le torse. L'accueil étrangement chaleureux des Serpentard et cette réunion avait fait naître une assurance en elle qu'elle avait ignoré pendant des années.
-Papa a failli aller à Serpentard, il me l'a dit. Maman aussi. Ils sont ambitieux tous les deux, pour eux et pour leur famille. C'est d'eux que je tiens ça.
Au moment où les mots sortaient de sa bouche, Lucy sut qu'elle devait s'y accrocher. C'était l'ambition qui avait failli perdre son père : l'orgueil était un péché mortel, lui avait-il appris avec une douceur surprenante. Mais l'ambition n'était pas une mauvaise chose si elle était canalisée, avait contrée sa mère en se drapant de sa magnifique cape. Tout en Audrey Weasley était digne. Comme Molly.
Elle avait toujours eu des relations plutôt ... distantes avec sa sœur, notamment dû au fait qu'elles avaient quatre ans d'écart. Mais pour une raison inconnue, s'il y avait une personne qui avait le pouvoir de lui faire ressortir ses émotions, c'était bien Molly. Pourtant, on ne pouvait pas dire qu'elle faisait preuve d'un zèle excessif pour être humaine et compréhensive.
Molly eut un faible sourire que Lucy ne sut interpréter.
-De toute manière on verra bien demain. Si tu reçois une lettre ... ou une beuglante.
-Ça ferait trop de scandale, protesta sa sœur en secouant la tête. Comme ce qui se passe, d'ailleurs. Oh, par les bottes de Merlin ... Je vois le visage de papa d'ici ... D'ailleurs, je ne t'ai pas fait trop honte, ça va ? Je veux dire, je suis quand même ta sœur. Ton égo n'a pas dû apprécier que j'aille à Serpentard.
Lucy s'en voulut d'avoir prononcé ces mots dès qu'ils eurent quitté sa bouche. Molly écarquilla les yeux, et d'un même mouvement, elles soupirèrent en croisant les bras sur la poitrine. Lucy tiqua, puis un rire nerveux s'échappa de sa poitrine. Après tout, elles avaient tout de même les mêmes gènes. Molly regarda sa sœur, impassible.
-Evidemment que ça m'a déçue que tu ne viennes pas à Serdaigle. Tu avais toutes les capacités pour t'y épanouir. Maintenant, elles vont profiter à Serpentard ...
-C'est à moi qu'elles vont profiter, répliqua sèchement Lucy en serrant les poings.
-Bien un raisonnement de Serpentard, ricana doucement Molly à mi-voix. Utiliser tout ce que tu peux de tes ressources pour grandir.
-Ce n'est pas ce qu'a fait papa ?
Molly haussa les épaules très dignement, sans relever.
-Alors arrange toi pour bien te faire grandir, petite sœur. Contente-toi de réussir. C'est tout ce que je souhaite pour toi, même à Serpentard.
Lucy contempla sa sœur un instant, et celle-ci lui servit un petit sourire plein de dignité, avant de faire demi-tour pour retourner à la tour des Serdaigle. Lucy resta interdite un moment devant la Salle Commune, les yeux rivés sur la nuque de sa sœur. Ce qu'elle venait de dire ressemblait presque à s'y méprendre à un encouragement, de la part de Molly – chose qu'elle n'avait jamais faite en onze ans de vie commune.
Puis elle songea à ses parents, à leur réaction, à leurs trajectoires de vie. Non, chaque fois qu'elle y repensait, c'était l'ambition qui semblait dominer les volontés de ses parents. Ils comprendraient. Elle devait s'accrocher à ça ...
-Weasley ? Qu'est-ce que tu fais là ? L'heure du couvre-feu est passée !
C'était les joueurs de Quidditch, Milo, Daphnéa et Felicity. Cette dernière sursauta et plaqua une main sur sa bouche.
-Oh la la ! Mais tu ne dois pas savoir le mot de passe, c'est ça ? Viens, ma grande, on va te montrer le chemin de la grandeur !
C'était dit d'une façon si grandiloquente que ses camarades éclatèrent de rire. C'était peut-être une impression, mais Felicity semblait régulièrement chercher le regard de Milo quand Daphnéa regardait droit devant elle avec franchise et insolence. Sans attendre, elle prit le bras de Lucy et la mena le long d'un mur.
-Alors on est peut-être dans les cachots humides, dans les caves avec les rats. On n'a pas la cuisine comme les Poufsouffle ou la vue imprenable des Serdaigle. Mais crois-moi, on a la Salle Commune la plus stylée de ce château !
-Et la meilleure équipe de Quidditch, ajouta Milo avant de lancer un regard aigu à Felicity. Grâce à moi !
-Ça c'est parce que je ne l'ai pas encore détrôné, souffla Daphnéa à Lucy, qui pouffa. Oh, on est arrivés !
Ils étaient pourtant devant un mur de pierre tout simple. Mais quand Felicity lança « Camelot ! », le mur se déroba pour laisser se découper une porte dans laquelle Milo s'engouffra sans attendre son reste. D'abord anxieuse, Lucy dût donner raison à Daphnéa. La pièce avait certes des airs de noblesses qui pouvait mettre Lucy mal à l'aise avec sa cheminée gravée de formules et d'arabesque complexe, ses lampes rondes suspendues à des chaînes ou ses fauteuils plus impressionnants que confortables. Mais ce n'était pas ce qu'elle choisissait de retenir. Non, ce qu'elle retenait c'étaient les grandes fenêtres en arcade de la pièce ouvraient sur littéralement sur le Lac Noir et ses étranges créatures. Rien que ce détail rendait la pièce incroyable.
Fascinée, Lucy se faufila parmi les élégants fauteuils drapés d'émeraude et repéra Luke et sa sœur assis sur un canapé à l'école, respectivement plongé dans des Chocogrenouilles et un livre. Elle s'installa prudemment à côté d'eux, et Eléonore releva les yeux de son livre pour lui faire un grand sourire. Une fille de sa classe, Alexandra, se mit au piano qui se trouvait dans la Salle (pourquoi les Serpentard avaient-ils droit à un piano, elle n'en avait aucune idée), et se mit à jouer un air joyeux qu'une partie des élèves sifflota avec elle. Des rires éclatèrent, mais pas moqueur, et un garçon de cinquième année se mit même au piano avec Alexandra. Puis des gens se mirent à réclamer des chansons particulières et la Salle fut bientôt noyée dans une atmosphère joyeuse et chantante, loin de l'ambiance morne et glaciale qu'avait imaginée Lucy. Elle s'enfonça dans son fauteuil, un petit sourire lui venant spontanément aux lèvres. Comme l'avait dit Victoire, c'était l'heure du bilan.
Personne dans la famille n'avait l'air de lui en vouloir. Les Serpentard n'étaient pas tous des crétins férus de magie noire. Il y en avait même qui lui avaient fait bonne impression.
D'autre petites choses positives virent d'ajouter à la liste, agrandissant le sourire de la jeune fille. Finalement, ce n'était pas si mal. Toutes ses craintes s'évaporaient heures par heures, rire par rire. Elle ne se sentait pas exclue. Elle se surprit même à s'imaginer passer les sept prochaines années dans cette Salle, à tenter d'apercevoir le calamar géant ou des êtres de l'eau, bercée par le son du piano. Non, c'était loin d'être si mal ...
Elle s'appelait Lucy Weasley.
Aujourd'hui, elle se promettait de réussir en tant que Weasley et Serpentard.
***
Alors verdict ?
C'est un oui, un non, un "je réserve mon jugement"?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top