Chapitre 71 : La place de la mémoire

Chapitre 71 : La place de la mémoire.

Lucy vécut les derniers jours comme dans un brouillard. Même la folie mise lors de l'anniversaire de James en juin n'égaya pas Poudlard. Et le retour de Pénélope Campbell n'arrangea pas l'humeur de Lucy. Avoir suspectée cette femme et lui avoir causé tant d'ennuie alors qu'en fin de compte, elle aussi était une victime, lui retournait l'estomac. Elle pensa à ses deux enfants, enfermés dans une cave durant des mois pour forcer leur mère à faire cette potion monstrueuse ... Luke, Lysander, Adam et elle avaient tenu à lui rendre visite pour s'excuser de leur attitude. Leur professeur de Potion avait paru triste : ses boucles ternes pendaient autour de son visage las et pâle. Pourtant elle leur avait souri, et leur avait pardonné, si facilement que Luke en avait été bouche-bée. D'après elle, il avait été compréhensible de leur part de trouver un coupable – et coupable, elle l'avait été, bien que contre son gré. Elle comptait bel et bien réintégrer son poste l'année prochaine, et parut émue quand elle-même s'excusa de tout le mal qu'elle avait causé cette année durant.

Certains avaient du mal à comprendre qu'elle ne soit pas inquiétée – après tout, c'était elle qui avait fabriquée le poison et saboté l'antidote. Lionel, en tant que victime, jetait des regards féroces à son professeur dès qu'elle passait devant, et même James avait du mal à ne pas cracher du venin. Mais ce fut Lily qui lui fit ravaler ses commentaires en arguant que c'était précisément parce que les gens avaient du mal à pardonner qu'elle s'était retrouvée sur un bûcher. Et James s'était tu.

La nouvelle de la démission de McGonagall avait bouleversé Poudlard. Les Mousquetaires lui avait rendu hommage en faisait jouer de la cornemuse et l'hymne écossais aux armures chaque dois que la directrice passait devant elle, et des centaines de bouquets de fleurs et mots de remerciements s'entassaient devant son bureau. Roxanne poussa même le vice à changer les draperies de la Grande Salle en les remplaçants par celles de Gryffondor, des drapeaux de l'Ecosse, et des draperies à l'effigie des chardons, fleur emblématique de ce pays. McGonagall quitterait Poudlard en beauté. Hermione avait eu raison. Elle faisait partie de l'école.

Une des dernières décisions de Minerva McGonagall fut d'ériger dans le Hall un mur en hommage aux personnes mortes dans l'enceinte de Poudlard. Sullivan fut ainsi forcé d'aménager les pierres pour mettre les photos de ces personnes disparues, pour la plupart morte pour l'école.

-Ça aurait dû être fait il y a longtemps, marmonna Bones.

Il aidait Mrs. Sullivan à placer le portrait de Mimi Geignarde, sous le regard ravi de celle-ci qui flottait quelques mètres au-dessus d'eux. Lucy, en tant que préfète, avait tenu à assister ses professeurs dans la tâche, même si elle était l'une des rares élèves à s'être portée volontaire. Mais il fallait dire qu'elle avait un intérêt familial à participer à la création de ce mur. Car son oncle Fred et sa tante Eugenia faisait parti de ses élèves morts derrière les murs de l'école. Elle portait par ailleurs la photo de son oncle, trop semblable à celle de George pour qu'elle y soit insensible, en attendant que Bones place parfaitement celui de Mimi, en équilibre précaire sur son échelle.

-Après la Bataille, on aurait dû faire ce mur, poursuivit son professeur avec humeur.

-Il y avait des rénovations plus urgentes à faire, rappela Mrs. Sullivan.

-Et mieux vaut tard que jamais, ajouta Mimi avec ravissement. Si je ne suis pas belle si haut !

Bones leva les yeux au ciel et Lucy réprima un sourire. Son professeur avait disparu toute une semaine pour l'enterrement de Zephan. La seule fois où Lucy avait pu apercevoir Shannon, en fauteuil roulant car ses blessures de lui permettaient pas de se déplacer. Depuis, elle était revenue, mais ne s'était pas montrée une seule fois depuis l'enterrement de son frère. Cloîtrée à l'infirmerie, elle peinait visiblement à panser ses plaies, si bien physique que morale. Luke et Lucy, et même Louis, avaient tenté d'aller la voir, mais Hannah avait fait barrage. Shannon avait besoin de se reposer, d'après elle. Louis n'en était pas resté là et s'était introduit dans l'infirmerie avec la Cape d'Invisibilité. Son constat était alarmant. Shannon ne parlait pas, restée prostrée dans son lit. Sa blessure à la poitrine ne guérissait pas ou peu. Mais il avait assuré avoir un « plan de Mousquetaire » pour la faire réagir. Cela ne rassurer pas sa cousine le moins du monde. L'état de Shannon faisait saigner le cœur de Lucy et remuait sa culpabilité.

Shannon leur en voulait-elle pour ce qui était arrivée à Zephan ?

Mais Bones, lui, se guérissait visiblement par l'élaboration de ce mur. Il plaça le portrait d'Albus Dumbledore, tombé de la Tour d'Astronomie, aux côtés de celui de Severus Rogue, tué par Voldemort lui-même.

-Lucy, il faut que je vous donne une mission, reprit son professeur, l'air concentré. Si ma femme apparait – parce qu'elle va apparaitre – interdisez-lui de s'approcher de cette échelle.

-Elle va venir ?

Lucy rougit quand les yeux de Bones se baissèrent sur elle. Les fantômes de sa malice habituelle brillèrent dans ses iris.

-Vous voulez que je lui dise de ramener un autographe ? (Il sourit doucement quand Lucy bredouilla une série de mot incohérent et déplaça magiquement l'échelle pour accrocher la photo d'une femme inconnue à Lucy). Oui, elle va venir. Elle veut accrocher un portrait.

-Vous avez fait la Bataille de Poudlard ?

Bones ne répondit pas, mais perdit le petit sourire qui flottait sur ses lèvres. Lucy s'en voulut d'avoir posé la question et s'éloigna de quelques pas pour dépoussiérer la photo d'Eugenia Weasley. Elle contempla longuement le visage de sa défunte tante. Avant de retourner à Londres, sa mère l'avait prise dans ses bras et lui avait avoué qu'elle ressemblait beaucoup à Eugenia – et qu'elle en était fière. Lucy tenta de voir les ressemblances sans y parvenir : sa tante était belle, blonde avec un sourire solaire qui creusait des fossettes dans ses joues. La seule chose qui les reliait étaient ces grands yeux bleus limpides. Elle ressemblait davantage à Fred Weasley, avec son grand nez et ses tâches de rousseurs ... et bien sûr, la flamboyante chevelure qui faisait la renommée de la famille. Lucy vit soudainement une ombre s'abattre sur le visage souriant de son oncle et leva les yeux sur le professeur Bones. Il contemplait la photo, la mâchoire contractée et Lucy se souvint qu'ils s'étaient connus à l'école. Elle voulut retourner le cadre et un petit sourire retroussa les fines lèvres de Bones.

-Ne vous en faites pas. Ça fait ... juste très longtemps que je n'avais pas vu sa photo.

Il se laissa tomber à même les dalles à côté de Lucy et effleura deux autres cadres du bout des doigts. Les parents de Teddy, reconnut la jeune fille, le cœur serré.

-Eux aussi je les connaissais ... j'ai fait parti de l'Ordre. Quand j'ai appris ...

Sa voix détailla sur la fin et Lucy sentit sa gorge se fermer. Son regard vagabonda plus loin, vers un portrait toujours couché face contre terre. Celui de Zephan. Les larmes montèrent aux yeux de Lucy.

-Professeur ... je suis infiniment désolée ...

Bones cligna des yeux et Lucy fut presque certaine qu'une larme s'échappa. Mais il parvint à la cacher aux yeux de son élève quand il lui fit face, l'air perplexe.

-De quoi donc ?

-Pour ... pour Zephan, c'est ... enfin, je ...

Les mots lui manquaient et elle avait dû mal à soutenir le regard calme, mais profondément chagriné de son professeur. Un tic nerveux agita le coin de sa bouche et il y passa la main pour l'apaiser.

-Oh, Lucy ... surtout, ne vous rendez absolument pas responsable de ce qui s'est passé. La directrice m'a parlé, que je sache réellement pourquoi Zephan est ... (il s'interrompit, soupira profondément et reprit dans un filet de voix : ) mort ... Croyez-moi, vous n'êtes en rien responsable. Ce n'était pas vous qui teniez la baguette.

-Mais ...

-Lucy, croyez-moi, je sais ce qu'est la culpabilité. Je sais que c'est impossible d'y échapper lorsqu'un drame s'abat sur nos vies. Qu'on ne peut pas s'empêcher de se demander s'il en aurait été autrement si je n'avais pas pris telle décision, fait tel choix ... ça peut vous obséder, bousiller une existence de se poser ces questions. Alors écoutez-moi et intégrez : vous n'êtes pas responsable. Ni vous, ni Adam ... Ni le petit Gethin.

Lucy dévisagea son professeur, stupéfaite, une larme figée sur sa joue. Gethin restait l'une des personnes les plus affectées par la mort de Zephan – et sans doute celle qui s'en sentait le plus coupable. Il mangeait à peine, dormait peu, évitait Arwen Bones qui devait symboliser toutes ses erreurs. Lucy eut à peine le temps de se demander si son professeur était au courant pour le don de Gethin qu'elle se rendit compte que c'était parfaitement le cas. Un petit sourire s'était étendu sur ses lèvres et il posa une main sur l'épaule de Lucy.

-Ils ne sont plus seuls, Lucy. On va les aider. Surtout lui. Parce que c'est notre rôle. Pas simplement de vous hurler dessus, de faire de grands cours magistraux de façon sadique ou de piquer vos vivres. Mais de vous accompagner pour faire de vous les meilleures personnes possibles.

-Il faut que vous lui disiez cela, demanda Lucy, la gorge nouée. A Gethin.

-Je comptais le faire. Même si à cause de lui, on s'en ait pris à ma fille... Mais encore une fois, ce n'est pas sa faute. Rien n'est de sa faute.

Il hocha plusieurs fois la tête et Lucy comprit qu'il essayait surtout de se convaincre lui-même. Il adressa un dernier sourire qui tenait plus du rictus à la Serpentard et se saisit du portrait de Remus Lupin pour grimper de nouveau à son échelle.

-Et souvenez-vous, si ma femme arrive, elle n'a pas le droit de toucher à cette échelle. Frappez-la s'il le faut et dites que c'est de ma part, votre professeur vous l'ordonne.

-C'est ainsi que tu parles de la femme de ta vie, ça fait plaisir !

Lucy sursauta et vit Victoria Bennett en personne arriver par la grande porte de chêne, un cadre rectangulaire enveloppé par du papier kraft dans les bras. Elle semblait en grande difficulté pour transporter son fardeau et Lucy eut le réflexe d'aller l'aider. Elle saisit un bord du cadre avant que l'ancienne joueuse de Quidditch ne le laisse échapper. Son cœur marqua un battement lorsque le regard bleu de Victoria Bennett croisa le sien. Elle n'avait vu que ces yeux en photo ou sur les posters de la chambre de Roxanne, c'était déstabilisant de les croiser pour de vrai.

-Merci, soupira-t-elle en repoussa une mèche de cheveux brun qui lui barrait le front. Ce n'était pas mon mari qui allait m'aider !

Le « mari » était dit d'un ton presque moqueur qui surprit Lucy. Elle lança un regard perplexe à son professeur, perché sur son échelle à installer le cadre de Remus Lupin, complétement indifférent à l'arrivée de sa femme.

-C'est parce que depuis quelques années, j'ai appris que tu étais une sorcière et que tu savais de servir de ta baguette. Où sont les enfants ?

Le sourire de Victoria Bennett se fana sur ses lèvres. Elle reprit le cadre des mains de Lucy avec un dernier « merci » et s'approcha du mur, le visage fermé.

-Je les ai laissés avec Stephen ... Ils ont essayé d'aller voir Shannon, mais ...

-Elle ne veut voir personne ...

Lucy regretta d'être intervenue quand les yeux de Victoria Bennett se posèrent sur elle. Elle avait l'impression d'être face à un monument – quand bien même le monument faisait presque une demi-tête de moins qu'elle. Un léger sourire effleura les lèvres de la joueuse de Quidditch.

-Tu dois être Lucy, c'est ça ? Shanny m'a parlé de toi ... (Elle présenta une main amicale à la jeune fille). Je suis sa tante, Victoria.

-Elle sait, lança Bones depuis son perchoir. Elle veut un autographe.

Lucy s'empourpra violemment et Victoria eut un regard moitié amusé, moitié blasé sur son mari. Faisait fi du fait qu'il était en train de placer le portrait de Nymphadora Tonks, elle agrippa l'échelle à deux mains et la secoua si fort que Bones faillit basculer dans le vide. Il se rattrapa au mur in extremis, un cri étranglé sur les lèvres.

-Bennett ! Je vais t'arracher les yeux !

-Ne l'écoute pas, il dit ça depuis qu'on est né, souffla-t-elle à Lucy sur le ton de la confidence. Et résultat, on a deux enfants, et une bague au doigt !

Elle agita sa main où brillait son alliance avant de serrer son cadre contre elle. Lucy laissa échapper un sourire timide. Il lui semblait que Shannon avait évoqué un amour « passionnel » en parlait de son parrain et de sa tante et elle commençait à comprendre en les voyant se chamailler comme des enfants. Elle était en train de se demander quel portrait se cachait derrière ce cadre quand Bones descendit de l'échelle pour la désigner du menton.

-Lucy, à votre tour. Vous commencez par qui ?

-Euh ... Eugenia.

Le sourire de Victoria se figea sur ses lèvres et elle observa Lucy monter à l'échelle pendant que Bones faisait léviter le portrait de sa tante à côté d'elle. Les larmes aux yeux, la jeune fille le fixa à la pierre, sur le socle que Mrs. Sullivan avait préparé. Puis ce fut le tour de Fred et quand elle descendit, elle remarqua que son professeur et sa femme avaient tous deux les larmes aux yeux. Une larme roula même sur la joue de Victoria Bennett lorsqu'elle déballa son cadre, révélant les traits d'un adolescent figé dans ses dix-sept ans et dont l'étiquette dorée indiquait « Cédric Diggory ». Elle ne s'embarrassa pas de monter à l'échelle et le plaça sur l'une des plus basses positions. Quand elle revint vers lui, Bones enlaça sa femme, le visage rivé sur le portrait du garçon. Lucy ignorait qui elle était mais savoir qu'il était mort dans la fleur de l'âge, comme Colin Crivey accroché un peu plus haut, lui fit verser une larme.

Comme personne n'en avait le cœur, ce fut Mrs. Sullivan qui acheva cette longue litanie de portrait mortuaire en accrochant le visage malicieux et souriant de Zephan Finnigan.

***

Comme devant la gargouille du bureau de la directrice, des centaines de bouquets furent déposées en dessous du visage du Gryffondor. Lucy en déposant un avec Luke le lendemain de son installation et aperçut, coincés entre les fleurs, des peluches ou images de Farfadet. La légende du Farfadet Zephan Finnigan était en route.

Comme promis, Bones avait longuement parlé à Gethin : Lucy les avait vu ensemble au bord du lac Noir. Ce n'était pas le premier professeur à discuter avec lui, mais ce fut le premier qui parvint à le rassurer. Le benjamin des Scampers avait passé sa fin d'année avec Minerva McGonagall et Harry Potter, qui discutaient de comment masquer les particularités de Gethin tout en le protégeant. Ce fut Pénélope Campbell, ancienne médicomage, qui avait apporté la solution. Ils avaient décidé de faire passer ça pour une maladie, qui entrainerait vertiges et absences. La Maître des Potions lui avait fourni une fausse potion, qui en réalité calmait ses nerfs et l'anxiété à chaque fois qu'il était susceptible d'avoir une absence.

-Je savais bien qu'au fond, elle n'était pas méchante, clama Gethin en observant la potion d'une vague couleur bleue.

-Et bien tu aurais pu nous le dire avant qu'on ne l'accuse, répliqua Lucy en ébouriffant ses cheveux.

Gethin tira la langue d'un air puérile. Ils revenaient de la Forêt Interdite : l'enfant avait tenu à voir le phénix pour la dernière fois avant la fin de l'année scolaire et Lysander les y avait conduit de bon gré.

-J'en viens même à me demander si ce n'est pas la prochaine directrice de Poudlard, se demanda Lysander, l'air sérieusement songeur. Elle est l'une des plus anciennes : les deux postes vacants après la Bataille de Poudlard étaient les Potions et la Défense contre les Forces du Mal. Les autres sont arrivés ensuite.

-Mais elle est jeune, s'étonna Lucy, sceptique.

-Mais brillante et puissante. C'est ton père qui l'a dit non ?

Lucy garda le silence, se souvenant effectivement des mots que son père avait eu sur son ancienne petite-amie avant de quitter Poudlard. Il en avait été même jusque avouer qu'elle avait été la meilleure élève de leur année – sous-entendant ainsi qu'elle était meilleure sorcière que lui. Elle lorgna vaguement Gethin, qui lui jeta un regard féroce :

-Je-ne-suis-pas-une-boussole !

-Oh je sais, Gethin ...

-Et je ne peux pas le savoir, parce que ce n'est pas quelque chose de sûr et que je ne ressens que les choses sûres. Tout comme je ne pouvais pas savoir si la loi d'Amnistie allait passer – parce que oui, Luke est déjà venu me demander ça. Après les dessins, les prophéties ... C'est différent, je pense. Surtout les prophéties. C'est souvent plus destructeur, d'après McGonagall. Et c'est pour ça qu'elles ne sont pas sûres. Elles dépendent entièrement des personnes qui veulent les réaliser. Comme celle que j'ai faite. Si Crivey n'avait pas voulu la réaliser, peut-être qu'elle serait tombée dans l'oubli, tu vois ? Je ne sais pas si je suis clair ...

-Limpide, Gethin, assura Lysander en tapotant sa tête. Oh, bonjour Hagrid !

Gethin et Lucy se tournèrent vers le garde-chasse, qui revenait de son potager, son parapluie rose à la main. Il agita la main, un grand sourire faisant frémir sa barbe, alors que Crockmou se précipitait vers eux pour venir baver sur leurs genoux. Gethin, peu habitué aux marques d'affection du molosse qui faisait presque sa taille une fois dressé sur ses pattes arrière, tenta de se dérober.

-D'où vous venez, comme ça, vous deux ? s'enquit Hagrid d'un air suspicieux quand ils arrivèrent à sa hauteur. Oh peu importe, après tout. Vous voulez boire une tasse de thé ?

-Non merci Hagrid, refusa poliment Lucy avec un sourire. Je dois commencer à rassembler mes affaires dans le dortoir des Poufsouffle, je me suis un peu trop installée.

-Votre Salle Commune n'a toujours pas été réhabilité ?

Lucy secoua la tête. D'après Greengrass, leur Salle Commune était habitable, mais ils préféraient être prudent et raffermir les sorts de protections durant l'été avant de laisser les Serpentard dormir dedans. Elle était donc condamnée à vivre ce qui restait de l'année – certes plus grand-chose – dans la même pièce que Mary Arlett. Certes Maeve et Zoey, plus aimables et courtoises, compensaient quelque peu, mais Shannon manquait toute de même cruellement à Lucy.

-Et toi ? (Hagrid sonna une grande tape dans le dos de Lysander, le faisait hoqueter et tomber ses lunettes) Qu'est-ce que tu vas faire cet été ? T'inscrire à l'école de Magizoologie ? J'en entendu dire qu'il y en avait une très bonne en France.

-Je ne compte pas passer par l'école, expliqua Lysander en ramassant ses lunettes. Même si c'est vrai que celle de France est excellente. Je vais sans doute ... Rejoindre mon père au Pérou, dans un premier temps. Faire du terrain. Franchement l'école ... Ce n'est pas fait pour moi.

C'était sans doute vrai, songea Lucy. Lysander, malgré son intelligence et son statut de préfet-en-chef, n'avait jamais été fait pour l'école. Et il serait sans doute plus heureux et plus efficace en entamant bille-en-tête une carrière de terrain. Penser à cela rendit Lucy triste, car cela lui rappelait que son cousin ne serait plus là l'an prochain. Gethin paraissait songer à la même chose car une moue déforma ses lèvres.

-C'est vrai que c'est ta dernière année ...

-Oh ne t'en fais pas. Lucy reste pour t'emmener dans la Forêt Interdite.

-Alors ça non, vous n'avez pas le droit, s'insurgea Hagrid en balançant sa tête. Enfin, vous n'avez pas eu assez d'ennuis comme ça cette année ?

Gethin, Lucy et Lysander échangèrent un regard coupable qui ravi Hagrid. Il finit par pousser un gros soupir.

-Enfin. Je vous laisse, je dois aller asperger le potager de produit anti-limace. Tu m'enverras des photos du Pérou Lysander ? Et toi de la Roumanie Lucy ?

-Comptez sur nous, sourit la préfète. Je vous enverrai des photos de Norberta et de Rubeus.

-Hey ! protesta Gethin. Moi aussi je veux des photos de dragon !

Hagrid éclata d'un petit rire et ébouriffa les cheveux du benjamin. Avant de retourner vers sa masure, il leur lança :

-Au fait, Louis vous cherchait tout à l'heure. Il a dit que si je vous voyais, il fallait que je vous dise d'aller à l'infirmerie.

-Pourquoi ?

-Aucune idée, tu lui demanderas.

Il s'en retourna vers son potager et Lucy et Lysander échangèrent un regard consterné. Puis, dans un parfait ensemble, leurs yeux tombèrent sur Gethin. L'enfant souriait d'un air malicieux et ne semblait plus se soucier d'être une boussole.

-Je pense que ça concerne Shannon.

C'était bien ce à quoi Lucy avait songé. Sans attendre son reste, elle fit volte-face et courut vers l'infirmerie, Gethin et Lysander sur ses talons. Elle arriva essoufflée devant l'infirmerie, les poumons brulants.

-Weasley !

Elle se retourna pour voir arriver Luke et Adam au bout du couloir. Si le Serpentard avait un grand sourire, c'était moins le cas du Gryffondor. Il ne s'était pas encore remis de la mort de Zephan.

-Tu as vu ton imbécile de cousin ?

-Non, mais Hagrid, oui. (Elle posa une main sur sa poitrine, haletante). Par Merlin je n'aurais pas dû courir si vite.

-Non, tu n'aurais pas dû, rit Gethin en arrivant à sa hauteur. Parce que Lysander était tellement pressé de te rattraper qu'il est tombé !

-Ce n'est pas drôle, maugréa le préfet-en-chef, effectivement couvert de poussière, ses lunettes à la main. Et en plus je les ai cassées ...

Il les répara d'un coup de baguette, devant le regard moqueur de Gethin. Adam eut un sourire crispé et Lucy glissa sa main dans la sienne.

-Qu'est-ce que Louis vous a dit ?

-Que Finnigan voulait nous voir, répondit Luke, perdant quelque peu son sourire. Pourquoi c'est lui qui est venu, d'ailleurs ? Et ... Euh, du coup je sais pas, c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?

Peut-être était-ce sans le vouloir, mais Lucy était sûre que Luke lorgnait Gethin. Et Adam dut le percevoir aussi parce qu'il frappa le préfet à l'arrière de la tête.

-Aïe ! Bon d'accord, je verrais de moi-même ! Euh. Qui y va en premier ?

-Oh je vous jure, grommela Lysander en posant la main sur la poignée. Bande de bébé-Botrucs.

Lucy esquissa un sourire attendri. Malgré tout, son cœur cognait fort contre sa poitrine et la pression des doigts d'Adam sur les siens indiqua l'appréhension identique que pouvait ressentir son petit-ami. Ils ignoraient ce que pourrait être la réaction de Shannon face à eux, une semaine maintenant après la mort de Zephan. Elle suivit Lysander dans l'infirmerie, le cœur battant la chamade. Hannah était en train de refaire les lits, et leur sourit quand elle les vit. Elle leur indiqua le fond de l'infirmerie, où des rideaux avaient été tirés pour plus d'intimité. Lysander fut encore une fois le premier à s'y rendre, les autres suivaient timidement ses traces, tels les bébés-Botrucs qu'ils étaient.

-Shannon ? fit Lysander avec une grande douceur.

La jeune fille leva la tête en entendant la voix du préfet-en-chef, et un léger sourire s'étendit sur ses lèvres. Lucy eut un véritable choc en la voyant. Elle l'avait déjà connue dans un mauvais état, lorsque que, au cœur de la tourmente, elle sacrifiait sommeil et santé pour trouver un antidote. Mais ce n'était rien en comparaison de son état actuel. Elle était terriblement pâle, et des cernes assombrissaient ses yeux verts. Ses cheveux blonds tombaient péniblement sur sa poitrine. Elle portait une fine blouse blanche d'infirmerie, et une partie de sa blessure était visible, moins terrible qu'une semaine plus tôt, mais inquiétante tout de même.

-Salut, Lys. Et salut, Lucy. Vous pouvez entrer, hein.

Même son timbre avait changé : il était brisé. Adam se mordit la lèvre quand il découvrit la jeune fille. Ils s'installèrent tous autour d'elle, et Gethin s'assit au bout de son lit. Ce fut le premier qui prit la parole en posant la question que tous brûlaient de poser :

-Comment ça va ?

-Ça va, assura-t-elle étonnement. Je ... pensais pas dire ça il y a encore trois jours mais ... ça va.

Elle jet un bref regard à sa table de nuit et Lucy y découvrit un plateau d'échec. Une partie paraissait y être entamée et le regard de Shannon se fit plus sérieux, comme si elle songeait à son prochain coup. Les mots de Louis résonnèrent dans son esprit : « j'ai un plan de Mousquetaire ». Lucy secoua la tête, amusée. Non. Ça c'était un plan de Louis Weasley. Un sourire s'échappa sur ses lèvres.

-Je n'en reviens pas ... Il est revenu à la charge ?

Les joues de Shannon rosirent.

-Je voulais juste ... Me changer les idées. Il ... Il joue mieux que je ne l'aurais pensé. (Elle fronça les sourcils). Vraiment mieux.

-Au point où il pourrait encore te battre ? demanda Lucy en examinant le jeu.

-Pas si je peux l'en empêcher.

Un silence s'abattit alors sur l'infirmerie. Adam était resté un peu à l'écart et les autres ne savaient pas que dire à la jeune fille sans paraître maladroit. Même Shannon ne semblait savoir que dire. Encore une fois, ce fut Gethin qui rompit le silence, en souffla d'une voix défaite :

-Dis ... Je suis désolé.

Shannon détourna les yeux des échecs pour les river sur un Gethin Scampers trépignant, l'air de ne pas savoir ou se mettre. Un instant terrible, Lucy crut apercevoir des larmes dans les yeux de Shannon, mais elle battit ses cils et poussa un profond soupir. Puis elle avança la main et prit celle de Gethin.

-Ça va. J'ai bien réfléchi ... Et non, tu n'as pas à t'excuser. (Elle leva les yeux sur Adam). Aucun de vous deux.

Lucy crut que son cœur allait exploser de soulagement. Les épaules d'Adam se détendirent un petit peu, mais son visage resta crispé.

-Tu es sûre ?

-Certaine. Ça ... ça n'a pas été facile. Les premiers jours ... Oui, je vous en ai un peu voulu. Enormément, même. Puis à force de potasser, sur ce qui aurait pu changer pour que ... (sa voix s'étrangla et Lysander caressa doucement son épaule). Bref. Je me suis rendu compte que ... Des milliers de choses auraient pu changer. Que si je vous considérais comme coupable alors ... En un sens je pouvais l'être aussi.

-Oh Shannon ... (Lysander s'assit près d'elle pour la prendre par les épaules). Tu ne dois pas te dire ça un seul instant enfin ... ça te boufferait.

Shannon eut un léger sourire mais cette fois elle ne put retenir la larme qui dévala sa joue crayeuse. Elle l'essuya rapidement en prenant une grande inspiration.

-Je sais. C'est pour ça que j'ai décidé que ... Je n'en voudrais qu'à Laureen. Je ne dis pas que c'est facile, il se peut que parfois ... Je sois désagréable. Je m'en excuse d'avance.

-Tu n'as pas à le faire, c'est normal, dit alors Adam d'une voix rauque. Je comprends parfaitement. Et malgré ce que tu dis ... je suis vraiment désolé, Shannon.

-Ça va, insista-t-elle en passant une main dans ses cheveux. N'en parlons plus. Laureen ... ce qu'elle a fait ... ça m'a déjà pris mon frère (Une autre larme s'échappa de ses yeux). Je ne veux pas que ça m'éloigne de mes amis.

-Ça ne le fera pas, la rassura Lucy, la gorge serrée. On est avec toi.

Shannon eut un léger sourire et essuya une nouvelle larme qui avait coulée. Puis elle serra la main de Gethin dans la sienne. Lucy vit que les yeux du premier année étaient mouillés de larme.

-Et ne t'en veux pas pour cette prophétie – parce oui, j'ai deviné que c'était toi qui l'avais faite. Au contraire, je devrais plutôt te remercier. Tu as raison, je ... Je l'aurais regretté.

Lucy échangea un regard d'incompréhension avec Luke et Adam. Gethin hocha doucement la tête et se jeta dans les bras de Shannon. La jeune fille referma ses bras sur lui avec automatisme, mais une grimace lui déforma ses lèvres. La blessure devait être encore douloureuse.

-Attention, bébé-Scampers, gronda Luke en prenant Gethin par le col. Tu ne voudrais pas la blesser un peu plus.

-Oups ! (le visage de Gethin s'empourpra et il s'écarta vivement de Shannon). Pardon.

-Pas grave. Je vais bien.

Ce n'était pas tout à fait vrai, Lucy le devinait. Il faudrait du temps avant que la tristesse, le chagrin et la colère ne la quitte. Ils seraient toujours en embuscade, surgissant à chaque brèche, chaque occasion, ravivant la flamme de la perte. Le pardon, lui aussi prendrait du temps. Mais Gethin et Adam paraissaient prêts à patienter.

-Si ça va alors ..., entonna Luke avec un immense sourire. Sache que nos longues heures de révisions dans la Salle-sur-Demande n'ont pas été vaines ! La loi d'Amnistie est passée, je vais pouvoir entrer dans la Brigade de police Magique !

-Louis m'a dit, dit Shannon avec un petit sourire, timide.

-Louis, répéta Lysander, soudain réprobateur. Shannon, sache que tu es trop intelligente pour tomber amoureuse d'un Mousquetaire !

-Milady, ajouta Lucy avec malice.

Le visage de Shannon s'empourpra violemment, et Lucy fut ravie de voir la couleur revenir aux joues de la jeune fille, chassant cette teinte craie maladive. Luke s'étrangla presque d'indignation et s'empressa d'arracher à Shannon la promesse qu'une telle chose n'arriverait jamais. Lucy se rapprocha d'Adam et prit doucement sa main. La pression était plus légère, plus détendu, et le sourire d'Adam plus serein. Ces larmes étaient loin, sa culpabilité moins virulente. Encore une fois, il faudrait du temps, mais cela se calmerait. Il le fallait.

Ils quittèrent une heure plus tard une Shannon plus vive, plus rouge, et plus souriante, malgré cette lueur hantée qui ne quittait pas son regard. Louis attendait devant l'infirmerie et s'y engouffra dès qu'ils la quittèrent.

-J'en reviens pas, grommela Luke en lorgnant la porte, l'air mauvais.

-Oh laisse faire, Louis est loin d'être le pire des Mousquetaires. Et Shannon sait se défendre. La trompe d'éléphant, c'était elle.

-C'est vrai ? s'assura Luke, l'air ravi.

Lucy laissa échapper un petit rire. La discussion avec Shannon l'avait rassurée, elle aussi, et avait ôter le poids de la culpabilité de ses épaules. Il fallait à présent qu'ils aillent de l'avant. Lysander s'en alla retrouver son frère, Luke aperçut Henry et, fidèle à sa promesse, s'empressa d'aller passer du temps avec lui, et Gethin partit dessiner – des vrais dessins, assura-t-il – dans sa Salle Commune. Lucy se retrouva seule avec Adam et lui fit face, un petit sourire mutin aux lèvres.

-Ça va mieux maintenant ?

La bouche d'Adam se tordit, et Lucy sentit son sourire mourir sur ses lèvres. Elle caressa doucement le visage du Gryffondor, puis ses cheveux.

-Adam, elle te l'a dit, elle ne te reproche rien ...

-Non. Elle a dit qu'à terme, elle nous pardonnerait, et que pour l'instant, elle essayait de se persuader que ce n'était pas notre faute.

-Tu ne peux rien lui demander de plus, souffla Lucy, inquiète de la dureté dans la voix d'Adam. Elle a mal, elle est en colère, c'est normal... Il faut lui laisser le temps et à toi aussi. Ça passera ...

Adam poussa un gros soupir, comme si sa culpabilité était cachée dans ses poumons et qu'il cherchait à l'extraire. Lucy lui prit doucement la main et le fit marcher dans le parc, lui faire prendre l'air pour effacer ses pensées morbides. Juin était à présent bien installé et les journées d'école touchaient à leur fin. Dans quatre jours, le Poudlard Express viendrait les chercher pour les ramener chez eux. En attendant, les élèves sortaient profiter du soleil, riant et jouant pour oublier les jours affreux qu'ils venaient de vivre. Lily trainait avec Hugo, son appareil photo autour du cou, à l'affut de la moindre situation cocasse. Alexandra et Dorothy étaient assises à l'ombre d'un frêne, à essayer de changer l'une des couleurs des cheveux de Dorothy. Jina et James jouaient avec un Vif d'or, cherchant qui l'attrapait le plus vite des deux, sous les yeux désabusés de Roxanne et Louis. L'amour de Zephan avait encore les yeux rouges, mais éclata tout de même de rire lorsque James s'étala de tout son long en manquant le Vif d'or. Eléonore et Marcus restaient à l'écart, profitant des derniers jours qu'ils leur restaient ensemble à Poudlard. Will jouait à la Bataille Explosive avec un groupe de quatrième année qui comprenait Rose, Albus, Scorpius, Hope et Max Yaxley et Lucy fut rassurée de voir qu'il souriait. Arwen Bones était adossée contre un arbre, sa guitare à la main, avec son frère jumeau. Elle ne chantait pas mais Lucy entendait d'ici la douce mélodie qui s'élevait depuis les cordes.

Elle conduisit Adam près du Lac, sans lâcher sa main et ils s'assirent sur le ponton, leurs jambes dans le vide, leurs pieds jouaient avec l'eau. Un sourire s'étala sur les lèvres de Lucy.

-Quoi ? s'enquit Adam, surpris par ce soudain sourire.

-Rien. C'est jusque que ... Être assis l'un à côté de l'autre au bord de l'eau ... ça me rappelle la première fois qu'on s'est embrassé. A Liverpool.

Un sourire tendre fleurit sur les lèvres d'Adam, réchauffant le cœur de Lucy bien plus que le soleil ne réchauffait sa peau.

-Je me souviens. A Albert Docks.

-C'était qu'il y a trois mois, mais je ne sais pas ... ça me semble être une éternité.

Le sourire d'Adam se fit un peu plus franc. Il bougea un peu la main et ses doigts effleurèrent ceux de Lucy, la faisant frissonner. Elle ne cessait de s'émerveiller de la façon dont les choses s'étaient mises en place avec Adam, avec naturel, simplicité, comme s'ils avaient toujours été ensemble. Elle n'avait pas une seule fois regretter sa décision sur les Docks, et s'en trouvait plus heureuse, plus épanouie qu'elle n'aurait pu le croire. Parfois, alors qu'elle embrassait Adam, qu'elle le regardait lire, ou qu'il la fixait avec ce petit sourire qui la faisait fondre, des mots flottaient dans son esprit, des mots qu'elle n'avait jamais prononcés et qui l'avait tout d'abord effrayé. Elle s'était interdit ces mots. Mais maintenant, c'était moins que le cas. Elle ignorait ce qui avait changé. La mort de Zephan, qui lui rappelait que la vie était atrocement courte et qu'un malheur se plaisait toujours à arriver au moment le moins opportun ? Les souvenirs qui affluaient avec le clapotis de l'eau ? La détresse touchante d'Adam, faisant monter son attachement à son paroxysme ? Alors sans l'avoir décidé, elle lança :

-Scampers ?

-Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça. Mais oui ?

-Je ... Je crois que je t'aime.

Elle voulait bien l'admettre, le « je crois » était de trop. Adam cligna des yeux, surpris, avant de lever son regard sur elle. Un lent sourire, incertain, effleura ses lèvres.

-Tu crois ?

-D'accord. Il se peut même que je sois sûre.

-Sûre de quoi ?

Lucy comprit en éclair en avisant la malice dans ses yeux qu'Adam voulait l'acculer, lui faire cracher le morceau, sans pincette, ni prudence. Lucy sentit son visage s'enflammer et elle passa une main dans ses cheveux. Puis, mettant sa fierté et son appréhension au placard, elle se pencha doucement sur Adam et effleura ses lèvres d'un baiser tendre.

-Je t'aime, Scampers, répéta-t-elle, tout contre ses lèvres.

Elle sentit le sourire d'Adam naître contre les siennes. Il lui prit délicatement la nuque et rapprocha le visage du sien pour approfondir leur baiser. Ils s'embrassèrent un moment, avec lenteur et douceur, leurs deux mains jointes sur le pont. L'autre main de Lucy alla se perdre dans les cheveux soyeux d'Adam. Puis il s'écarta, sans réellement s'éloigner et posa son front sur celui de Lucy. Le cœur de la jeune fille battait la chamade. Elle supposait que c'était de bonne guerre. Il avait été celui qui avait fait le premier pas. Elle lui devait bien le premier « je t'aime ». Le regard intense qu'Adam lui jeta liquéfia les entrailles de Lucy et accéléra les battements de son cœur. Puis un petit sourire espiègle retroussa ses lèvres.

-Le « Scampers » était de trop, il n'empêche.

Lucy leva les yeux au ciel, excédée qu'il brise ainsi sa bulle et elle lui donna un coup de poing dans le bras, arrachant un éclat de rire à Adam. Un sourire effleura malgré tous ses lèvres quand elle entendit le garçon s'esclaffer. Elle avait au moins réussi à lui faire oublier Zephan. Ce fut pour ça qu'elle se laissa faire quand il l'attira dans ses bras et qu'il cala son menton sur son épaule. Son souffle lui effleura le cou et un frisson parcourut l'échine de Lucy.

-Tu gâches tout, marmonna-t-elle néanmoins pour la forme.

-Et quoi, tu vas m'en vouloir ?

-Parfaitement !

Adam éclata à nouveau de rire, avant de se mettre à picorer des baisers dans le cou et sur la joue de Lucy. La jeune fille tenta de se dérober, mais il la maintint prisonnière de ses bras jusqu'à qu'elle pouffe comme une gamine. Elle finit par étirer le cou pour le regarder dans les yeux. Un éclat de tendresse brillait dans ses prunelles noisette et il écarta une mèche rousse de ses yeux. Ses doigts s'attardèrent sur sa joue, la caressant avec douceur.

-Moi aussi je t'aime Lucy.

Elle sentit un sourire insensé et terriblement niais s'étendre sur ses lèvres à ses mots et rapprocha son visage de celui d'Adam pour l'embrasser furtivement. Puis elle se calla dans ses bras, et il nicha son menton dans son cou. Un silence agréable se posa en eux et Lucy contempla la surface du Lac. Un bras du Calamar Géant fendit la surface, avant de s'écraser sur l'eau, arrosant les deux amoureux qui le contemplaient. Ils éclatèrent de rire en s'essuyant le visage. Les yeux d'Adam s'étaient éclaircis. Doucement, la culpabilité s'éloignait. Il fallait aller de l'avant. Pour la première fois depuis des mois, Lucy s'autorisa pleinement à se détendre dans les bras d'Adam. Les examens étaient finis. Les coupables des agressions avaient été arrêtés. L'année éprouvante s'achevait certes dans le deuil et la douleur, mais au moins elle s'achevait. Ils allaient pouvoir laisser ça derrière eux, songer à autre chose. A la Roumanie qui se profilait, qui faisait naître en Lucy des interrogations sur son avenir. Elle se souvint des mots de Lysander, il y avait si longtemps dans la Forêt Interdite. « Un jour, tu t'en iras d'ici, toi aussi. Et le monde s'offrira à toi. Fais attention à ne pas le louper ».

Non, Lys, se promit Lucy, le regard perdu dans les immensités du Lac. Je ne le louperais pas. 

***

 Alors ce petit ajout en début de chapitre? Je ne pouvais pas achever cette fanfic sans un petit moment Simoria tout de même <3 

Allez, c'était le dernier chapitre ! Ne reste que l'épilogue et ... le "big épilogue" le fameux truc de 25 pages. ET LE BILAN n'oubliez pas le bilan vous me connaissez j'aime les Bilans ! A tout de suite ! 

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